Film américain de Ridley Scott
Interprètes : Noomi Rapace (Elizabeth Shaw), Michael Fassbender (David), Charlize Theron (Melle Vickers), Guy Pearce (Weyland)
Durée : 2 h 03
Note : 6/10
En deux mots : Ridley Scott reprend les commandes pour ce prequel de la saga Alien, avec son efficacité un peu lourdaude.
Le réalisateur : Né en 1937 à Durham (Grande-Bretagne), Ridley Scott est le frère aîné de Tony Scott. Il a commencé comme réalisateur de séries à la BBC. Il passe au grand écran en 1977 avec "Les Duellistes", qui lui vaut le Prix du Jury pour un premier film au Festival de Cannes. Il tourne ensuite en 1979 "Alien, le huitième passager", qui connaît un succès mondial, ainsi que "Blade Runner" en 1982, d'après Philip K. Dick.
Le sujet : Une équipe d'archéologues découvre en Ecosse des gravures rupestres vieilles de 35 000 ans qui comportent un ensemble de planètes déjà trouvé dans d'autres sites archéologiques à travers le monde. Ces planètes se situent dans un système solaire à des années lumières de la Terre, et semblent indiquer que c'est de là que viendrait l'origine de la vie humaine. Le PDG de Weyland Industries monte alors une expédition vers ce système solaire, avec l'espoir d'y trouver le secret de l'immortalité.
La critique : Dans le cadre de la grande frilosité créative d'Hollywood qui multiplie adaptations de Comics, remakes de films ayant marché à l'étranger, et les suites des blockbusters ayant touché le jackpot, est apparu depuis quelques années (la deuxième trilogie de Star Wars, plus précisément) un nouveau concept, celui du prequel (ou préquelle, ou encore antépisode au Québec !). Le principe en est simple : une fois qu'on a bien étiré un concept sur l'axe du temps, et qu'on a asséché les possibilités d'innovation, on remonte ce même axe pour expliquer la genèse des personnages ou des phénomènes présentés dans l'épisode inaugural, qui accessoirement est aussi celui qui a été le plus rentable.
Après quatre épisodes, plus deux cross-over avec Predator, la saga Alien avait atteint le fond, tant en qualité qu'en recettes. La particularité de ce prequel est qu'il fait appel au réalisateur originel, 33 ans après le premier "Alien", Ridley Scott ayant ensuite passé la main à James Cameron, David Fincher puis Jean-Pierre Jeunet. Il se retrouve donc avec l'obligation de reprendre les éléments laissés par ses successeurs, et notamment toutes les informations sur les particularités biologiques des créatures (xénomporphes, facehuggers, chestbusters, space jockeys, ingénieurs...). Cette nécessité de cohérence afin d'expliquer l'origine des bébêtes rend le synopsis aussi limpide que les explications du Pr Miloch dans SOS Météores, et on se perd un peu dans les poupées russes biologiques et narratives.
Par ailleurs, Ridley Scott a choisi de reprendre de nombreux éléments de la trame d'"Alien, le huitième passager" : l'hibernation de l'équipage, la présence d'un androïd dans ce même équipage, le secret sur le but réel de la mission, l'arrivée sur une planète hostile, la découverte du sanctuaire, le débat pour savoir si on ramène les membres infectés, le rôle du lance-flamme, et les différentes étapes de mutation des créatures. Le personnage d'Elizabeth Shaw jouée par Noomi Rapace correspond à celui d'Ellen Ripley, et même si elle endosse un habit de scientifique, on retrouve chez elle la même prémonition de la nécessité absolue d'éliminer les aliens, ponctuée par une scène d'auto-opération redoutable.
Non content de se citer lui-même, Tony Scott fait référence à deux films essentiels : "Lawrence d'Arabie", que regarde en boucle David, l'androïd de l'équipage joué par un Michael Fassbender qui s'est fait la tête de Peter O'Toole, et qui se construit ainsi sa personnalité via le cinéma, et "2001, l'Odyssée de l'espace". La référence à Kubrick est partout, à commencer par le thème central, la recherche des origines de l'humanité, à la petite différence près que le monolithe amenait la connaissance aux humanoïdes, alors qu'ici les ingénieurs apportent la destruction. Mais on retrouve aussi de nombreuses citations dans les détails : la personnalité du même David qui dans sa douceur cauteleuse évoque HAL, les sarcophages d'hibernation, le maquillage de Guy Pearce qui rappelle celui de David Bowman sur son lit de mort...
La réalisation souvent pachidermique de Ridley Scott (notamment l'omniprésence de la musique tsapoum-tsapoum, même sur les dialogues) n'aide pas à rendre bien digeste cette surcharge narrative et ces références voyantes, et tout cela confirme que l'aîné des frères Scott est bien un faiseur de film efficace et éclectique, mais pas un des grands réalisateurs de sa génération. Néanmoins, les 120 mn de ce "Prométhéeus" passent relativement vite, et c'est déjà assez réconfortant après les deniers pensums cannois que j'ai dû ingérer.
Cluny
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