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critiques de juin 2007

Samedi 30 juin 2007 6 30 /06 /Juin /2007 14:04

Film français de Claude Lelouch 

 

Interprètes : Dominique Pinon (Pierre Laclos), Fanny Ardant (Judith Ralitzer), Audrey Dana (Huguette), Zinedine Soualem (le commissaire)

 

Durée : 1 h 43


 

Note : 6/10


En deux mots : Un Lelouch débarassé de sa philosophie pompeuse, mais toujours désuet.


Le réalisateur : Né en 1937 à Paris, Claude Lelouch effectue des reportages dans le monde entier, avant de fonder en 1960 sa société de production, Les Films 13 et de réaliser son premier film "Le Propre de l'Homme", qui est un échec cuisant. Il tourne ensuite "La Femme Spectacle" et "Une Fille et des Fusils", avant de recevoir la Palme d'Or en 1966 pour "Un Homme et une Femme".


Il a tourné plus de cinquante films, parmi lesquels "Le Voyou" (1970), "Smic, smac, smoc" (1971), "L'Aventure c'est l'Aventure" (1972), "La Bonne Année" (1973), "Toute une Vie" (1974), "Robert et Robert" (1979", "Les Uns et les Autres" (1981), "Edith et Marcel" (1983), "Itinéraire d'un Enfant gâté" (1988), "Tout ça pour...ça!' (1993), "Les Misérables" (1995), "Hommes, Femmes, Mode d'Emploi" (1996). Depuis une dizaine d'années, il n'a plus rencontré le succés public, et sa trilogie "Le Genre Humain" n'a pas été achevée, le deuxième film n'ayant fait que 70 000 entrées.


L'histoire : Une jeune femme est abandonnée sur une aire d'autoroute par son fiancé qu'elle allait présenter à ses parents. Un homme qui a assisté à la dispute l'invite dans sa voiture. Après avoir refusé, elle accepte finalement, et elle lui demande de jouer le rôle de son fiancé quand il lui révèle qu'il est le nègre de l'auteure à succès Judith Ralitzer. Il y consent, et se fait adopter par la famille d'Huguette. Quand il rejoint Judith sur son yatch à Cannes, il lui annonce qu'il atrouvé la matière de son prochain livre, mais qu'il est bien décidé à le publier sous son nom, quitte à révéler son passé de nègre. Après avoir piqué une crise, Judith réussit à le convaincre d'écrire son livre pendant la croisière. 

 

La critique : Spécialiste des coups médiatiques (il avait offert leurs places à 45 000 spectateurs venus voir "Les Parisiens", perdant ainsi un million d'euros), Claude Lelouch a tourné "Roman de Gare" sous le pseudonyme de son prof de tennis, invoquant Emile Ajar et prétextant que s'il avait signé ce film, la critique l'aurait assassiné avant même de l'avoir vu. Curieuse argumentation, puisqu'il a révélé la supercherie bien avant sa présentation à Cannes (Romain Gary avait attendu d'obtenir le Goncourt pour dévoiler sa véritable identité), et surtout parce qu'au bout de trois minutes, spécialement après avoir vu Les Films 13 au générique, le plus béotien des critiques aurait reconnu la patte de Lelouch.


Car "Roman de Gare" est indubitablement un Lelouch, et plutôt un bon Lelouch. En limitant l'intrigue à trois personnages principaux, et surtout en évitant la naïveté prétentieuse de ses fresques se targant de résumer l'histoire de l'humanité par le télescopage de Jésus et de Marie Sarah, il retrouve l'efficacité narrative de "L'Aventure c'est l'Aventure" ou de "La Bonne Année". On a d'ailleurs l'impression que rien n'a bougé depuis ces années 70, et dans "Roman de Gare", on continue à s'évader avec un drap, les programmes d'Autoroute FM sont coupés par la lecture de dépêches, et les adolescentes rebelles chantent même du Bécaud. Quant à la ferme de la mère d'Huguette, on dirait une salle de feu le Musée des Arts et Traditions Populaires.


Le spectateur peut donc facilement reconnaître le style Lelouch : décalage entre le son off et l'image, caméra mobile, qu'elle soit portée à l'épaule (même si la caméra confirme sa sédentarisation des derniers films) ou fonçant au ras du bitume, chanson ritournelle (ici, hélas, M. 100 000 volts), appel à des potes des médias pour renforcer l'effet de réalisme (Serge Moati, mauvais comme un cochon, et Bernard Werber, heureusement muet - Houellebecq n'a d'ailleurs rien inventé), aphorismes patauds et volonté de mettre en valeur les acteurs.


Dominique Pinon obtient enfin un premier rôle, et il s'en sort plutôt bien, de même qu'Audrey Dana, pas toujours aidée par des dialogues dignes d'une séance d'impro à la MJC sur le thème "Pourquoi la vie ?". Fanny Ardant, version féminine de Sulitzer, nègre compris, prend visiblement plaisir à camper cette executive woman hitchcockienne, qui change de couleur de cheveux aussi souvent que Kim Novak dans "Vertigo".


Malgré ses grosses ficelles et ses fausses pistes pévisibles, le film vaut par son scénario habile bâti sur le thème récurent de l'identité trompeuse, et par un indiscutable savoir-filmer, depuis le huis-clos de la station d'autoroute jusqu'à l'escalier du Quai des Orfèvres, hommage à celui tant de fois cité par Lelouch de "Quand passent les Cigognes". Film seventies avec des téléphones portables et des Citroën C6, "Roman de Gare" se laisse regarder sans déplaisir, avec le sentiment étrange et un peu honteux de retrouver une vieille relation qu'on avait depuis longtemps rayé de son carnet d'adresses.


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2007 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 27 juin 2007 3 27 /06 /Juin /2007 20:52

Film français de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

 

Avec les voix de : Chiara Mastroianni (Marjane), Catherine Deneuve (Sa mère), Danielle Darrieux (Sa grand-mère)


Durée : 1 h 35


 

Note : 8/10

Prix du Jury


En deux mots : Adaptation très réussie de la BD éponyme : drôle, émouvant et graphiquement très beau.

 

Les réalisateurs : Né en 1970 à la Rochelle, Vincent Paronnaud est un dessinateur de bandes dessinées connu sous le nom de Winshluss.

Née en 1969 à Rasht, Marjane Satrapi arrive en France en 1994 et s'inscrit aux Arts Décos à Strasbourg ; elle rentre ensuite à l'Atelier des Vosges à Paris aux côtés de Joann Sfar ou Christophe Blain. Elle publie le premier tome de "Persepolis" en 2000.

 

L'histoire : A huit ans, Marjane est une petite fille pleine d'énergie qui vit à Téhéran avec ses parents et sa grand-mère. Admiratrice de Bruce Lee, elle se prépare à devenir prophète quand survient la révolution qui renverse la dictature du Shah. Son oncle Anouche, militant communiste, est libéré et offre à sa nièce un cygne qu'il a sculpté en prison dans de la mie de pain. Mais bientôt le régime totalitaire islamiste se met en place, et son oncle retourne en prison avant d'être exécuté. Alors que l'ordre moral islamiste est imposé partout, la guerre avec l'Irak fait rage. Pour protéger leur fille, ses parents l'envoient à Vienne à 14 ans. Elle découvre l'Occident, l'amour, la déception sentimentale et pour finir la rue. Elle rentre à Téhéran pour y suivre des études aux Beaux-Arts, mais elle supporte de moins en moins l'hypocrisie du système.

 

La critique : Comme beaucoup, j'avais découvert et apprécié dans Libération la bande dessinée de Marjane Satrapi, avec ses à-plats noirs et blancs et une narration qui évoquait "Maus" d'Art Speigelman, et c'est donc avec curiosité mais aussi une certaine inquiétude que je suis allé voir le film : de même qu'un bon livre ne fait pas forcément un bon film, une bonne BD ne débouche pas automatiquement sur un bon dessin animé.


Très vite, cette inquiétude s'est envolée. Non seulement on retrouve les principales péripéties et le ton si particulier de la BD, mais en plus la réalisation apporte ce qui est propre au cinéma, à savoir le mouvement et le rythme. Tout en restant d'une facture très classique (aucun recours à la 3D), le film utilise une large palette graphique : des couleurs pastels pour situer le moment de la narration (l'arrivée à Orly), un noir et blanc passant du high key au low key selon les humeurs de la narratrice lorsqu'elle raconte les événements de sa vie, et des formes très stylisées dans des teintes mordorées pour les récits imbriqués, magnifiés par l'imagination de la fillette, et tirant parfois vers les miniatures persanes. C'est cette diversité et ce mouvement qui manquaient tant à "Renaissance", le dessin animé de Christian Volckman.


Les auteurs sont allés chercher leur inspiration autant du côté des arts plastiques (l'horreur de Marjane devant la maison des voisins pulverisée par une bombe se figeant dans Le Cri de Munch), que du côté du cinéma, que ce soit l'expressionnisme allemand du point de vue visuel, que la référence revendiquée aux "Affranchis" de Scorcese pour l'énergie du montage et l'utilisation de la voix off. 


Mais ce qui fait sans doute la réussite du film, c'est le mélange permanent de l'humour et de l'émotion, du dérisoire et de la morale. Emportés par la formidable vitalité de la gamine, on rit à la voir apostropher Dieu (secondé à un moment par Marx, elle n'est pas la petite-fille et la nièce de communistes pour rien), organiser une expédition punitive contre un pauvre binoclard fils d'un agent de la savak, ou s'enthousiasmer pour les Bee Gees ou Iron Maiden et manifester un incommensurable mépris pour Abba. Plus grande, elle conserve cette part d'enfance qui se manifeste par son interprétation toute personnelle d'"Eye of the Tiger" ou quand elle exécute dans son souvenir Markus qu'elle a découvert au lit avec une blonde.


Marjane Satrapi a su entraîner avec elle un casting voix de luxe : Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni dans un nouveau duo mère-fille, et deux remarquables actrices pour la grand-mère : Danielle Darrieux dans la version française, et Gena Rowlands dans la version américaine. Il fallait ça pour porter cet admirable personnage, si droite dans ses valeurs et si truculente dans ses propos (elle accueille sa petite-fille qui à tellement grandi à son retour d'Autriche par un tonitruand "Tu vas bientôt pouvoir attraper les couilles du seigneur!").


Description impitoyable de la bêtise du régime des mollahs (le professeur des Beaux-Arts présente dans son cours sur Boticelli des diapos où les corps de la "Naissance de Vénus" sont camouflés, ou les dessins d'anatomie se font à partir d'un modèle entièrement dissimulé par son tchador), "Persépolis" parle aussi de plein d'autres choses, comme la douleur de l'exil, la culpabilité du survivant, la résistance quotidienne à l'oppression. Riche graphiquement, narrativement et émotionnellement, il a représenté la diversité culturelle française à Cannes, et ce n'est pas un hasard ni une injustice si, plus que les très franco-français "Les Chansons d'Amour" et "Une vieille Maîtresse", ce sont "Persepolis" et le franco-américain "Le Scaphandre et le Papillon" qui en sont repartis primés.


Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 23 juin 2007 6 23 /06 /Juin /2007 14:22

Film américain de Steven Soderbergh

 

Interprètes : George Clooney (Danny Ocean), Brad Pitt (Rusty Ryan), Matt Damon (Linus Caldwell), Al Pacino (Willy Bank)


Durée : 2 h 02


 

Note : 6,5/10


En deux mots : Rien de nouveau sous le soleil de Vegas, certes ; mais un récit emberlificoté et toujours malin qui présente avec élégance le mauvais goût d'une certaine Amérique.


Le réalisateur : Né en 1963 à Atlanta, Steven Soderbergh réalise un court-métrage, "Winston", qui lui permet de tourner son premier long-métrage "Sexe, mensonge et vidéo", qui obtient la Palme d'Or en 1989. Loin de tourner des films commerciaux, il réalise des films expérimentaux, comme "Kafka" (1991), "King of the Hill" (1993) ou "Schizopolis" (1996). Avec "Hors d'atteinte"en 1998, il tourne avec George Clooney avec lequel il va produire de nombreux films. En 2000, il a deux films nommés aux oscars "Erin Brokovitch" et "Traffic". Il réalise ensuite "Ocean Eleven" (2001) et "Ocean Twelve" (2004), avant de retourner à un cinéma plus expérimental avec "Bubble" (2006).


L'histoire : L'homme d'affaire Willy Bank, cynique et sans scrupule, évince son partenaire Ruben du projet de la construction d'un nouveau casino. Ruben fait un infarctus, et reste entre la vie et la mort. A son chevet, Billy Ocean et ses camarades jurent de le venger. Pour cela, ils s'appliquent à déjouer toutes les défenses du nouveau casino pour qu'il perde 500 millions de dollars le jour de son inauguration. 

 

La critique : Je suis allé à reculons voir ce troisième épisode de la saga de Mr Ocean et de ses accolytes Robins des Casinos, tant la critique est unanime à dénoncer la mollesse et l'inintérêt de ce film. Mais l'indigence de la programmation des sorties, et la confidentialité de la distribution des films potentiellement intéressants m'ont poussé vers "Ocean Thirteen".  Les reproches en partie justifiés à l'encontre du film sont les mêmes que l'on peut adresser aux divers sequels qui font le gros de la programmation de cette année 2007, avec une prédilection pour le chiffre 3 : perte de l'effet de surprise, empilement des personnages rendant l'intrigue confuse, autocitation devenant pesante.


Du point de vue de la confusion du scénario, ce n'est pas une nouveauté, car elle est consubstantielle à la saga Ocean, et le spectateur doit maintenant être habitué à se laisser porter sans trop chercher à comprendre quels sont les coups fourrés foireux tramés par la bande de Clooney, à l'exception notable du blaireau de la séance de 11 h 15 à l'UGC Maillot qui demandait toutes les trois secondes qui était qui à sa moitié sans doute affaiblie du cornet. Dégagé de l'obligation de rédiger un rapport de gendarmerie daté et circonstancié sur les agissements des pilleurs de casinos, j'ai donc regardé "Ocean Thirteen" comme je ne l'avais pas fait pour les deux précédents : un exercice de style virtuose sur le kitsch de Las Vegas, Jérusalem du capitalisme outrancier. La réalisation de l'auteur de "Sexe, mensonge et vidéo" et de "Bubble" devient elle-même tape-à-l'oeil, à grands coups de travelings optiques, de split screen et de recadrages insistants.


Mais même dans la caricature formelle, Soderbergh reste un grand réalisateur, et le soin mis par le directeur de la photographie Peter Andrews (qui n'est autre que le pseudonyme de Soderbergh) en témoigne ; on sent sa jubilation à passer quelques messages sous-marins dans un film grand public, comme le personnage de Don Cheadle en Mister America motocycliste affublé de la coiffure de James Brown, ou la valorisation de la lutte des travailleurs mexicains.


Et puis, la complicité des acteurs est une nouvelle fois perceptible. Clooney a dit à propos de leurs retrouvailles : "Nous formons un groupe de gens désireux de travailler ensemble le plus souvent possible. Nous partageons la même philosophie à propos de notre métier, à savoir que nous serions vraiment stupides de ne pas y prendre du plaisir et de ne pas mesurer nos privilèges." Ce groupe est prêt à s'agrandir, puisque c'est Al Pacino qui joue le rôle du salaud, et qu'Ellen Barkin qui avait été coupée au montage du 2 peut s'envoyer en l'air avec un Matt Damon Cyrano. Dernière raison de se laisser tenter, et non des moindres, le fait revendiqué haut et fort par Soderbergh et Clooney que les succés de la saga permettent de financer leurs autres films, comme "Syriana", "Good Night, and Good Luck" ou "Bubble".


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2007 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 17 juin 2007 7 17 /06 /Juin /2007 16:19

Film argentin de Carlos Sorin


 

Interprètes : Ignacio Benitez (Tati Benitez), Carlos Wagner La Bella (Waguinho)


Durée : 1 h 38


 

Note : 8,5/10

 

En deux mots : Road movie inventif, émouvant et drôlatique à la suite d'un pélerin adorateur de Maradona.

 

Le réalisateur : Né en 1944 à Buenos Aires tourne en 1985 "La Pelicula del Rey", qui obtient le Lion d'Argent à Venise. Son film suivant en 1989, "Eternas sonrisas de New-Jersey" avec Daniel Day-Lewis est un échec. Il se consacre ensuite à des tournages de films publicitaires, jusqu'en 2002 où il revient au cinéma avec "Historias Minimas", puis en 2004 avec "Bombon-el Perro".

 

L'histoire : Le 17 avril 2004, Diego Armando Maradonna est hospitalisé d'urgence à Buenos Aires suite à un accident cardiaque. Des milliers d'Argentins se rendent devant la clinique suisso-argentine pour le soutenir dans cet ultime combat. Dans la province des Misiones, le long de la frontière paraguayenne, Tati Benitez vit difficilement avec sa femme et ses trois enfants. Ex bûcheron licencié, il ramasse du bois dans la forêt pour un sculpteur. Il est aussi est surtout un fan absolu de Maradonna, dont il connaît tous les détails de la vie et de la carrière. Il trouve une racine dans laquelle il croit reconnaître le visage de son idole. Quand il apprend la nouvelle, il décide de se rendre à Buenos Aires pour offrir au footballeur sa statue.

 

La critique : Une cahute de bûcherons dans la forêt subtropicale. Un homme enfile son maillot albiceleste frappé du n°10, et part avec sa tronçonneuse sur l'épaule. Un insecte trace difficilement sa route dans la sciure, tandis qu'un arbre s'abat. Des témoins s'adressent alors à la caméra pour parler de Tati Benitez, et raconter que tout le monde l'appelle Diego, qu'il est incollable sur le pibe de oro dont il s'est fait tatouer le numéro dans le dos. D'autres rapportent qu'il a acheté 50 pesos une photo dédicacée, puis l'on voit le procès en authenticité de la relique, et quand la question est tranchée, non pas par le jugement de Dieu mais par celui d'un ouistiti, un client du bar lance "C'est sûrement un Brésilien qui lui a refourgué !"


Ces trois premières minutes du film donnent le ton : au travers de cette histoire simple, nous allons observer l'immense et le minuscule, le quotidien et le mythique. Disons-le tout de suite : "El Camino de San Diego" est une pure merveille, quelque chose entre "Une Histoire Vraie" et "La Nuit du Chasseur", évoquée par ces animaux en premier plan, chouettes ou marsupiaux, hommage à la descente de la rivière par John et Pearl.


"El Camino de San Diego" est d'abord un film sur la foi, celle dont Nougaro disait qu'elle est plus belle que Dieu. Le culte de Tati Benitez pour Maradona, représentatif de celui d'un peuple et d'un pays qui s'arrête pour attendre devant la télé l'apparition de Diego à la fenêtre de la clinique, où les mêmes qui se moquaient de l'afficion de Tati scandent des slogans de soutien devant cette même télé, et où les camionneurs klaxonnent pour célébrer l'amélioration de son état de santé.


La foi multiforme, chrétienne et païenne, comme celle de ce peintre qui a réalisé une fresque mêlant le Che et Gauchito Gil, mélange argentin de Robin des Bois et de Sainte Blandine, et qui s'engage à rajouter Maradonna pour compléter ainsi ce que Tati appelle la Sainte Trinité. Les manifestations de cette foi constellent tout le film : les statuettes du routier brésilien, le pendule de la Senora Matilde ou les centaines d'ex-votos dans le sanctuaire de Gauchito.


Cette foi aide à vivre dans un pays en pleine crise, et dont les manifestations émaillent le récit : le licenciement de Tati, les vendeurs à la sauvette pourchassés par la police, la piquet de grève qui bloque la route et qui laissera passer la statue miraculeuse. La gentillesse de Tati (certains diront la naïveté) est désarmante, et partout la solidarité de l'Argentine d'en-bas cherche à compenser la dureté de la vie.


Comme tout road-movie, le héros rencontre de nombreux personnages et croisent de multiples histoires ; mais à aucun moment, Carlos Sorin (un nom de footballeur !) ne tombe dans la caricature ou la galerie pittoresque ; chaque rencontre apporte au récit, structuré par le McGuffin qu'est la statue et le débat qu'elle suscite partout, pas toujours accessible à ceux qui ne connaissent pas l'Argentine (la ressemblance du chanteur Carlitos Mona Jimenez avec Maradona) ou le football ("T'aurais dû faire la statue de Francescoli", lance un collègue de Tati à l'annonce de l'hospitalisation de l'idole).


Nouvelle preuve de la vitalité du cinéma argentin, qui montre avec celui du Mexique qu'il existe sur ce continent d'autres possibiltés qu'Hollywood, "El Camino de San Diego" est un véritable bijou, poétique et subtil, bercé par la musique fersenienne de Nicolas Sorin. C'est en tout cas ma meilleure surprise depuis "La Vie des Autres".


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 16 juin 2007 6 16 /06 /Juin /2007 17:04

Film américain de Chris Miller (III)


Titre original : Shrek the Third

 

Avec les voix française de : Alain Chabat (Shrek), Med Hondo (L'Âne), Barbara Tissier (Princesse Fiona)


Durée : 1 h 33


 

Note : 6/10

 

En deux mots : Le retour de l'ogre pétomane, qui commence à s'essouffler.

 

Le réalisateur : Andrew Adamson, le réalisateur des opus I et II, a délaissé Shrek le temps de se consacrer au "Monde de Narnia". Il a confié la réalisation à Chris Miller, co-dialoguiste des deux premiers épisode, et voix américaine de Gepetto dans le I.

 

L'histoire : Shrek regrette son marécage, d'autant plus que le roi Harold son beau-père tombe malade. Avant de mourir, il désigne son gendre comme héritier du Royaume Fort Fort Lointain, à moins que celui-ci ne réussisse à convaincre Artie, un cousin de Fiona. Shrek, accompagné de l'Âne et du Chat Potté, s'embarque pour aller trouver Artie, quand Fiona lui annonce qu'elle est enceinte. Angoissé par sa prochaine paternité, impatient de fuir la cour pour retrouver son marigot, il essaie de convaincre le pusilamine Artie de bien vouloir quitter son école pour coiffer la couronne. Mais Charmant n'a pas dit son dernier mot, et il réussit à s'allier à tous les méchants des contes.

 

La critique : Difficile d'attribuer une note au numéro 3 d'une saga. Cette difficulté, déjà perçue pour "Spider Man 3" et "Pirates des Caraïbes, jusqu'au bout du Monde", est peut-être encore plus importante pour "Shrek le Troisième". En effet, l'enthousiasme devant "Shrek" provenait de la nouveauté iconoclaste, du choix de ce antihéros décalé et du dynamitage de l'univers traditionnel des contes et de leurs adaptations disneyennes. Cet engouement avait commencé à s'éroder au numéro deux, d'autant plus qu'il souffrait d'un excès de clins d'oeils parodiques à la culture pop qui obscurcissaient l'intigue.


Pour ce troisième épisode, vient s'ajouter la complexité de réembaucher les nombreux personnages apparus lors des deux premiers, et l'action n'y gagne certainement pas en fluidité. Les scénaristes ont décidé de s'attaquer à la légende arthurienne, et de confronter Shrek aux affres de sa future paternité. L'incursion du côté des chevaliers de la Table Ronde n'apporte pas grand chose, et la transformation de Camelot en un campus américain donne lieu à une caricature assez indigente ; Merlin foire ses tours (ahah), ce qui permet une idée plutôt réussie, à savoir l'échange de corps entre l'Âne et le Chat Potté.


Par contre, la réaction du géant vert devant la perspective de sa paternité est assez savoureuse, et son cauchemar où il finit sous une avalanche de Shreks juniors constitue un des meilleurs moments du film. C'est le versant positif d'un triste constat : Shrek a vieilli, il s'est assagi et même embourgeoisé, perdant ainsi son côté crade, irrascible et insubordonné. Et s'il revient au bouge natal, ce come-back rousseauiste n'est que l'ultime capitulation devant l'entrée dans l'âge adulte.


Il faudra aux scénaristes des épisodes 4 et 5 déjà en chantier un sacré regain d'imagination pour sortir leur héros verdâtre de ce piège amollissant et lénifiant ; la volonté de viser tous les publics (séance de ce matin de 5 à 80 ans, avec des bambins qui décrochent rapidement) risque fort de les dissuader de prendre ce tournant nécessaire.


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2007 - Communauté : Cinéma
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