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critiques de septembre 2010

Jeudi 30 septembre 2010 4 30 /09 /Sep /2010 20:54
Film canadien de Xavier Dolan

Interprètes : Monia Chokri (Marie Camille), Niels Schneider
(Nicolas M.), Xavier Dolan (Francis Riverëkim)

Durée : 1 h 35

Amours-imaginaires-copie-1.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
Deuxième film arty, virtuose et agaçant du petit surdoué québecois.  

Le réalisateur : Né en 1989 à Montréal, Xavier Dolan commence sa carrière comme acteur dans des films québecois, mais aussi dans "Martyrs". En 2008, il réalise "J'ai tué ma Mère", qui obtient trois prix à la Qinzaine des Réalisateurs à Cannes.

 

Le sujet : Francis et Marie sont les meilleurs amis du monde, fréquentant tous deux les milieux branchés de Montréal. Quand ils tombent amoureux de Nicolas, chacun va tout faire pour l'attirer à lui, interprétant le moindre de ses gestes dans le sens de ses espérances.

La critique : Lors de la présentation à Cannes de "J'ai tué ma mère", Xavier Dolan annonçait que son prochain film traiterait de la transexualité, et particulièrement de la relation de l'homme qui va changer de sexe avec sa fiancée. Ce projet continue bel et bien à exister, et il prendra forme en 2012 sous le titre "Laurence Anyways" avec Philippe Garrel (qu'on entrevoit à la fin du film) et Monia Chikri. Entretemps ont donc pris place "Les Amours imaginaires", nées d'un road trip que Xavier Dolan, Monia Chokri et Niels Scheider ont effectué aux Etats-Unis. Frustré du report sine die du tournage de "Laurence Anyways", Xavier Dolan a écrit dans une urgence rageuse le scénario des "Amours imaginaires" à partir de la trame élaborée avec ses deux amis.

Je n'avais pas vu lors de sa sortie "J'ai tué ma Mère" ; conscient de cette lacune soulignée par le buzz de la présentation des "Amours Imaginaires" à Cannes, je l'ai vu depuis en DVD. Rattrapage utile pour pouvoir distinguer dans la présente critique ce qui semble d'ors et déjà être la marque de fabrique du pourtant très jeune Xavier Dolan (21 ans), et ce qui différencie ce deuxième film de son prédécesseur. Au chapitre des similitudes, on retrouve un goût Hongkarwaïen pour les travelings qui suivent au ralenti des personnages de dos sur des musiques occultant le son d'ambiance, référence accentuée ici par les robes vintage de Marie qui renvoient aux fourreaux chamarrés de Mme Chan, et par leur goût commun pour les chignons à la Audrey Hepburn.

Le style de Xavier Dolan se caractérise aussi par un sens du cadrage qui laisse beaucoup d'air au-dessus des personnages, à l'encontre de la sacro-sainte règle des tiers ; dans son deuxième film, il abandonne heureusement le systématisme du placement des personnages bord cadre, regard dirigé vers le hors champ. On retrouve aussi pêle-mêle les pauses narratives constituées par des séquences mettant en scènes des personnages face caméra, les poursuites dans les forêts resplendissantes de l'automne canadien, la maison au bord du Saint-Laurent et Musset.

Autre point commun, le soin apporté à la bande originale avec des chansons qui font écho à l'action ; ici France Gall ("Quand ils sont longs les jours de pluie, quand je suis seule quand je m'ennuie, que dans un rythme monotone au fond de moi ton nom résonne"), Indochine ("J'aime cette fille aux cheveux longs et ce garçon qui pourrait dire non"), Vive La Fête ("Que les filles sont méchantes quand elle jouent à faire semblant"), Isabelle Pierre ("J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux") et Dalida ("Bang bang, di colpo lei, bang bang, a terra mi getto"), sans oublier le prélude de Parsifal quand Francis disparaît dans l'escalier après la pulvérisation de ses illusions, brève et superbe scène.

Au rayon des différences, un scénario moins convenu et démonstratif que pour "J'ai tué ma mère" ; ici Dolan raconte comment deux êtres peuvent perdre le contact avec la réalité en projetant leur désir sur un troisième, sorte de Tadzio au profil du David de Michelange. Comme contrepoint à ces amours imaginaires, ou à cette imagination de l'amour, Dolan a intercalé des scènes de sexe sans amour des deux protagonistes avec des partenaires occasionnels, filmés avec des filtres monochromes, et des monologues pseudo-documentaires de personnages qui parlent de l'amour, virtuel ou réel, avec un accent joual à couper au couteau.

De ce synopsis contenu dans le titre, Xavier Dolan parvient à tirer un film assez complexe, où la forme virtuose compense et renforce à la fois la langueur monotone qui s'installe au diapason de ces deux personnages s'enfonçant dans le fantasme de leur histoire. Je comprends que certains soient agacés par le feu d'artifice des moyens utilisés (filtres, ralentis, stroboscope, flous, diaporamas), par le milieu bobo dans lequel baigne l'histoire, ou par certains stéréotypes, comme le personnage de la mère de Nico, jouée par Anne Dorval. Mais ce film tourné par un réalisateur qui a l'âge où en France on commence à feuilleter les prospectus d'entrée à la fémis porte en lui une cohérence, une maîtrise narrative et une harmonie plastique que peuvent envier nombre de réalisateurs chevronnés.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2010 - Communauté : Cinéma
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Lundi 27 septembre 2010 1 27 /09 /Sep /2010 18:25
Film français de Fabrice Gobert

Interprètes : Ana Girardot (Alice ), Jules Pélisser
(Jérémie), Laurent Delbecque (Simon)

Durée : 1 h 33

Werner.jpg

Note :
  5 /10 

En deux mots :
Teen-thriller à la forme assez ambitieuse, plombé par la pauvreté de l'intrigue.  

Le réalisateur : Fabrice Gobert fait des études de commerce à l'EDHEC puis de cinéma à Paris III,. Il travaille ensuite comme assistant réalisateurs sur des films documentaires. Il réalise un court métrage en 1998, "Camille". Pour la série d'Arte "Lettre à un jeune cinéaste", il interviewe Lars Van Trier, Michael Haneke et Emmanuele Crialese. Il réalise aussi pour France 2 des épisodes des séries jeunesse "Coeur Océan" et "Age sensible".

 

Le sujet : En mars 1992 dans un lycée de la région parisienne, plusieurs élèves d'une même classe disparaissent à quelques jours d'intervalle. Des rumeurs courent dans l'établissement : on aurait retrouvé du sang dans un laboratoire, un professeur aurait été surpris avec un élève, Simon Werner aurait fugué pour retropuvé son père...

La critique : Des travelings qui suivent des élèves dans les couloirs d'un lycée tout en béton et en baies vitrées, accompagnés par une musique planante ; des scènes qui sont rejouées sous des angles différents, découvrant un autre point de vue, ça ne vous rappelle rien ? Fabrice Gobert ne s'en cache pas, puisqu'il cite Gus Van Sant parmi ses références : formellement, son premier film ressemble furieusement à "Elephant". Il a choisi le lycée de Bondoufle pour sa ressemblance avec celui de la région de Portland où G.V.S. avait reconstitué Columbine, et la musique de Sonic Youth rappelle celle d'Hildegard Westerkamp.

 

Formellement seulement, car les ados filmés par Gus Van Sant étaient taciturnes, n'avaient aucune communication avec les adultes et semblaient isolés dans leurs bulles. Ce silence était souligné par la longueur des déplacements dans les couloirs filmés en traveling, avec parfois une mise au point faite délibérément plus loin qu'eux. Chez Fabrice Gobert, pas de mélancolie pour ses jeunes personnages, même pour le souffre-douleur de service. Ils tchatchent tout le temps, avec des dialogues dignes de "Plus belle la vie" et (pas pour tous) le jeu qui va avec.

 

Pour son premier long métrage, Fabrice Gobert a choisi une forme plutôt ambitieuse : un découpage en quatre parties, chacune centrée sur un personnage (Jérémie, celui qui introduit les fausses pistes, Alice, celle qui finirait Prom Queen si elle était aux Etats-Unis, Jean-Baptiste, la tête de Turc qui aurait été geek si le film se déroulait vingt ans plus tard, et Simon, dont le mérite principal est de figurer dans le titre). Ce n'est pas non plus le comble de l'originalité ; sans remonter à "Citizen Kane", Tarantino ou Gonzales Inarritu nous ont depuis largement habitués à ce procédé.

 

Visiblement, le réalisateur a longuement réfléchi à son film, et on ne peut pas lui en faire grief. Chaque partie est filmée de façon différente : ainsi, celle consacrée à Alice privilégie les longues focales pour mieux isoler la star du lycée, avec même un projecteur isolé sur elle. Il a voulu aussi démarquer ses personnages des stéréotypes qu'ils incarnent : le sportif a la jambe dans le plâtre, la belle gosse cartonne en philo, l'intello est nul en maths... Malheureusement, cette réflexion se fait omniprésente à l'écran : la lumière se veut tellement signifiante qu'elle dégouline dans le cadre, la caractérisation des personnages se fait au prix de digressions qui dispersent le récit, et la situation dans les années 90 se limite à une affiche de Noir Désir et à la chemise à carreaux de Jean-Sébastien.

 

Le principal reproche réside sans doute dans la résolution de l'énigme de la disparition de Simon Werner. On peut comprendre la volonté d'opposer cette banalité aux fantasmes véhiculés par la rumeur ; on devine qu'il y a derrière cela un message du type McGuffin : peu importe ce qu'on raconte, ce qui compte, c'est comment on le raconte. Mais le spectateur ne peut adhérer à une telle démarche que s'il a été préalablement conquis par la virtuosité formelle. Ici, c'est loin d'être le cas, et dédoublement du récit se transforme en étirement, changement de point de vue en installation progressive de l'ennui, et quand arrive la pirouette finale, notre questionnement se limite à "tout ça pour ça ?"

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2010 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 19 septembre 2010 7 19 /09 /Sep /2010 22:11
Film sud-coréen de Im Sang-soo

Titre original : Hanyo

Interprètes : Jeon Do-Yeon (Euny), Lee Jung-jae
(Hoon), Youn Yuh-jung (Byunk-shik), Seo Woo (Hera)

Durée : 1 h 47

Housemaid.jpg

Note :
  8,5 /10 

En deux mots :
Im Sang-soo revisite un classique avec des accents d'Hitchcok, Chabrol et Clouzot : brillant et terrifiant.  

Le réalisateur : Né à Séoul en 1962, Im Sang-soo est le fils d'un célèbre critique de cinéma. Il étudie la sociologie, puis suit les cours de la Korean Film Academy. Il commence comme assistant pour Im Kwon-taek sur "Kim's War" en 1994. Il réalise son premier film en 1998, "Girl's Night out", suivi deux plus tard de "Tears". "Une Femme coréenne" est sélectionné pour la Mostra de Venise en 2003, et "The President's Last Bang" pour la Quinzaine de Réalisateurs en 2005. En 2006, il tourne "Le Vieux Jardin", qui évoque le soulèvement de Kwanju en 1980.

 

Le sujet : Euny est engagée comme aide-gouvernante dans une immense maison habitée par une riche famille composé de la femme, enceinte de jumeaux, du mari qui est rarement à la maison et d'une petite fille à la politesse grave. Rudoyée par la gouvernante, elle se plaît dans cette famille. Mais quand le mari la prend comme maîtresse, la vie de toute la maison bascule.

La critique : Présenté à Cannes en sélection officielle, "The Housemaid" est le remake de "La Servante" de Kim Ki-young, film désigné par Koreanfilm.org comme un des trois plus grands films coréens de tous les temps. Remake ? Cela reste à voir, tant les deux versions sont différentes. Dans le film de Kim Ki-young, l'histoire se déroule dans la maison confortable mais assez modeste d'un professeur de musique, alors que dans celui d'Im Sang-soo elle a pour cadre une résidence somptueuse habitée par la famille d'un homme d'affaire. Des personnages disparaissent (l'élève du professeur de piano qui sert d'entremetteuse), d'autres apparaissent (la vieille gouvernante, la belle-mère). Mais surtout, la nature de la servante change du tout au tout : manipulatrice perverse chez Kim Ki-young, elle devient une jeune femme enfantine et naïve pour Im Sang-soo, et l'histoire en est radicalement changée, à commencer par cet élément crucial : qui prend l'initiaitive de l'adultère ?

 

Im Sang-soo a bâti son film sous le signe de la symétrie. Dans la construction de l'histoire tout d'abord, avec une scène d'ouverture dont le premier plan nous montre une femme sur un balcon prête à sauter au dessus d'une foule de noctambules, d'employés de restaurant et d'éboueurs, le tout filmé en plan très courts, caméra portée et en éclairage naturel ; cette séquence s'oppose à la façon dont sont tournées toutes les scènes dans la maison, avec des longs  travelings fluides ou des plans fixes à la composition élaborée, et une superbe photographie. Cette scène initiale du suicide d'une femme dont on ne sait rien, et qui donne surtout matière au voyeurisme des passants, annonce la scène finale.


Ce principe de symétrie/opposition se trouve aussi dans la caractérisation des personnages : autour du mari, le mâle dominant de la maisonnée, à la fois surpuissant et assez falot, les femelles vont par paires. Deux femmes-enfants : l'épouse, enfant gâtée capricieuse et jalouse (même si elle lit Simone de Beauvoir), qui laisse exploser sa colère contre la vieille gouvernante en lui criant "A vos yeux, suis-je toujours une enfant ?", et Euny, présentée ainsi par Byunk-shik : "Elle est naïve, mais pas idiote", et qui fait la bombe dans la piscine du sauna dès que la famille a le dos tournée. Deux marâtres : la belle-mère, (trop) classique sorcière, et la vieille gouvernante, Byunk-shik, qui semble devoir jouer le rôle de Mrs Danvers dans "Rebecca", ou dans un registre moins tragique, celui de Raquel dans " La Nana". Mais le principe d'opposition joue là aussi, et Byunk-shik, lucide depuis toujours sur le fait que tout dans cette famille se résout avec de l'argent, finit par abandonner sa servilité pour affirmer sa dignité.

 

Plusieurs plans illustrent cette symétrie, comme celui où la vieille gouvernante, de dos, s'oppose à Hera et à sa mère assises de part et d'autre du canapé. Mais celui qui résume le mieux la situation en annonçant les malheurs à venir est celui où le mari se trouve au centre de l'image, avec à sa gauche son épouse enceinte jusqu'aux dents alanguie dans un fauteuil en train de feuilleter un magazine (dominante rouge) et à droite la porte ouverte de la salle de bain où Euny en sueur frotte la baignoire (dominante noire).

 

Nombreux sont les critiques, presse ou spectateurs, à reprocher au film de ne pas tenir les promesses que son début laisse entrevoir, et de basculer avec l'apparition de la belle-mère dans le mélodrame caricatural et convenu. Je comprends ce sentiment, tant la première moitié du film donnait une impression de cohérence entre la fluidité narrative et la sophistication de la mise en scène. Mais ce dérèglement n'est-il pas justement voulu, à l'image de l'implosion des codes de cette famille où un père apprend à sa fille de 8 ans qu'il faut "traiter les gens avec respect, c'est comme ça qu'on se montre supérieur" ?

 

La qualité de "The Housemaid" repose aussi sur sa dsitribution : déjà justement récompensée en 1997 pour " Secret Sunshine", Jeon Do-Yeon est formidable dans un rôle aussi changeant, passant de l'espièglerie au désespoir, de l'innocence à la colère dévastatrice. Lee Jung-jae a les qualités du personnage : une plastique impeccable et un grand vide intérieur. Seo Woo met son physique de poupée au service de ce personnage de pauvre petite fille riche. Quant à Youn Yuh-jung, c'est la troisième fois qu'elle travaille avec Im Sang-soo, rejoignant Yoon Jung-hee ("Poetry") et Kim Hie-ja ("Mother") dans la liste de ces actrices impressionnantes.

 

Au-delà de ses outrances, ou peut-être justement aussi à cause d'elles, Im Sang-soo confirme s'il en était besoin la remarquable vitalité du cinéma sud-coréen, qui joue aujourd'hui le rôle que le cinéma japonais occupait il y a quelques décennies, par la diversité de ses oeuvres et le talents de ses réalisateurs qui savent faire la synthèse entre tradition et modernité, avec un culot qui manque cruellement au cinéma français.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2010 - Communauté : Cinéma
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Vendredi 17 septembre 2010 5 17 /09 /Sep /2010 19:59
Film américain de Ben Affleck

Interprètes : Ben Affleck (Doug McRay), Rebecca Hall
(Claire Keesey), Jon Hamm (Adam Frawley), Jeremy Renner (James Coughlin)

Durée : 2 h 03

Town.jpg

Note :
  5,5 /10 

En deux mots :
Polar bien ficelé, mais sans grande originalité.  

Le réalisateur : Né à Berkeley en 1972, Ben Affleck a grandi dans le Massachusetts. En 1993, alors qu'il étudie à l'Oxford College, il réalise un court métrage "I Killed My Lesbian Wife, Hung Her on a Meat Hook, and Now I Have a Three-Picture Deal at Disney". En 1997, il signe avec son ami d'enfance Matt Damon le scénario de "Will Hunting" de Gus Van Sant. Il joue dans de nombreux films à Succés comme "Armaggedon", "Pearl Harbor" ou "Jeux de Pouvoir". En 2007, il réalise "Gone Baby Gone", d'après Dennis Lehane.

 

Le sujet : Fils d'un caïd du quartier de Charlestown condamné à une longue peine, et ancien hockeyeur pro viré de son équipe, Doug McRay est devenu avec ses trois complices un des braqueurs les plus efficaces de Boston. Quand ils attaquent avec des masques la banque dont Claire est directrice, et que celle-ci déclenche le signal d'alarme, ils l'emmènent pour protéger leur fuite avant de la relâcher. Ayant découvert qu'elle habite leur quartier, ils s'Inquiètent qu'elle n'ait repéré des éléments qui permettent de les identifier. Doug décide de rentrer en contact avec elle.

La critique : Comme son ami d'enfance Matt Damon, Ben Affleck a grandi à Cambridge, la ville de Harvard et du M.I.T. juste séparée de Boston par la rivière Charles. Ce lien à la capitale du Massachusetts se manifeste dans sa courte cinématographie en tant qu'auteur : "Will Hunting" a comme cadre le M.I.T.,"Gone Baby Gone" est une adaptation d'un roman de Dennis Lehane dont toute l'oeuvre se déroule entre la rivière Charles et la rivière Mystic, et le quartier de Charlestown, annexé par Boston en 1874, sert de toile de fond à ce nouveau polar. Comme le très new-yorkais Scorsese a posé ses caméras depuis deux films à Boston, on va finir par se représenter la ville d'Edgar Alla Poe comme la capitale du crime...

 

Après avoir vu "The Town", j'ai regardé en DVD "Gone Baby Gone" que j'avais raté à sa sortie, et j'ai été frappé par un certain nombre de similitudes : les travelings aérien au-dessus des blocs de briques rouges, l'usage (l'abus ?) de la caméra portée dans les scènes d'action, les plans sur la population ouvrière, ou la musique passe-partout de Harry Gregson-Williams. J'ai aussi été marqué par la différence entre les deux scénarios : celui tiré du roman de Lehane portait la noirceur inhérente à toutes ses histoires, même si l'ensemble est un peu affadi par le jeu mollasson de Casey Affleck. Le scénario de "The Town", tiré du livre de Chuck Hogan n'a pas la même gravité, et il oscille en permanence entre film noir et comédie sentimentale.

 

Pas de plongée au coeur du mal, pas de jeux troubles sur les apparences, pas de dilemne comme à la fin de "Gone Baby Gone". Au contraire, le recours aux souverains poncifs : le bad guy qui veut se sortir de son milieu criminogène et qui va faire le coup de trop, le gangster qui tombe amoureux de sa victime et qui se retouve pris dans la nasse de son mensonge. Cette impression de déjà-vu se retrouve aussi dans la réalisation de plusieurs scènes, comme ce braquage avec des masques qui rappelle furieusement la scène d'ouverture du " Dark Knight".

 

Il y a un indéniable savoir-faire, notamment pour les scènes d'action, mais on a l'impression d'avoir déjà vu chaque scène un bon nombre de fois. On ne s'ennuie pas vraiment, comme on ne se passionne pas non plus, et quelques heures après l'avoir vu, on commence déjà à oublier ce "The Town" formaté selon les normes en vigueur à Hollywood.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2010 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 12 septembre 2010 7 12 /09 /Sep /2010 17:00
Film argentin de Julia Solomonoff

Titre original : El Ultimo verano de la Boyita

Interprètes : Guadalupe Alonso (Jorgelita), Nicolas Treise (Mario), Mirella Pascual (Elba)
 
Durée : 1 h 30

Boyita-2.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
  Film sensible et subtil sur l'identité sexuelle à l'adolescence.  

La réalisatrice : Né en 1968 à Rosario, Julia Solomonoff suit les cours de l'ENERC, Ecole Nationale d'expérimentation et de réalisation cinématographique d'Argentine. Elle obtient une bourse pour suivre un Masters de cinéma à l'Université Columbia de New York. Elle est assistante réalisatrice sur "Carnets de Voyage", de Walter Salles. Elle travaille aussi avec Isabel Coixet et Fabian Bielinski. En 2005, elle réalise son premier long-métrage, "Hermanas".

Le sujet : A 10 ans, la vie de Jorgelita connaît de profonds bouleversements : ses parents se séparent, et sa grande soeur qui était sa complice et sa confidente prend ses distances avec ce garçon manqué qui la renvoie à l'enfance qu'elle vient de quitter. Plutôt que de devoir supporter cette mise à l'écart, Jorgelita décide de rejoindre son père à la campagne. Là, elle se lie avec Mario, le fils des métayers, qui s'entraine pour la course de chevaux qui le fera renter dans le monde des hommes.

La critique : La Boyita, c'est une curieuse caravane fabriquée en Argentine qui présentait la particularité de pouvoir se transformer en embarcation. Dans la cour de la maison de Jorgelita à Rosario, elle finit sa vie comme une vulgaire cabane, servant de refuge à la fillette et à Ju, sa soeur. Tout du moins, c'était le cas jusqu'à ce que cette dernière la repousse et la traite en gamine, et revendique sa chambre à elle. L'exposition de ce contexte occupe la première demi-heure du film, ce qui se justifie par la nécessité d'opposer la grande ville au bord du fleuve à la campagne de la Province d'Entre Rios peuplée d'Allemands, et la situation de Jorgelita à Rosario où elle est la dernière roue du carosse à celle qu'elle a à la campagne où son père l'appelle princesse.

 

La véritable intrigue débute avec l'arrivée de Jorgelita à la campagne, et sa rencontre avec Mario, un garçon un peu plus âgé qu'elle et que les autres qualifient d"orgueilleux et miséreux, comme son père". Je me suis longtemps interrogé sur la façon d'écrire cette critique, et notamment sur l'opportunité de révéler ce qui arrive à Mario. Ceux qui veulent garder le mystère sauteront donc les deux paragraphes suivants, mais il me paraît difficile de parler de ce film sans évoquer son sujet principal. Mario souffre d'hyperplasie surrénale congénitale, qui en touchant les petites filles amène à une survirilisation ; dans le cas de Mario, cela a conduit à ce qu'il/elle soit pris pour un garçon à sa naissance.

 

Quant apparaissent les manifestations de la puberté, règles et croissances des seins, Mario et sa mère sont dans le déni, par peur de la réaction machiste du père. Les explications que je donne sont celles d'un adulte qui est allé regarder sur wikipédia ; quand le père de Jorgelita commence à expliquer en médecin à sa fille ce qui arrive à Mario, celle-ci se bouche les oreilles, et quand elle découvre que son ami a ses menstruations, elle rétorque "Après tout, ma grand-mère a bien de la moustache".

 

Car c'est une des qualités du film que de se situer à hauteur d'enfant, à travers le regard de Jorgelita. Elle ne juge pas, sauf l'injustice du sort fait à son ami. Et les interrogations qui traversent son esprit sont davantage suggérées par la mise en scène que par les dialogues. La caméra de Julia Solomonoff s'attarde sur les corps, sur les indices de ses transformations, que ce soit dans les planches anatomiques des livres du père de Jorgelita, ou par des images plus métaphoriques comme la découverte de la mue d'un serpent ou la découpe d'une carcasse de boeuf.

 

Comme de nombreux films argentins de ces dernières années, cette chronique se situe dans un passé récent, puisqu'on entend à la radio parler du président Reagan. Mais contrairement à " Dans ses Yeux", situé sous le régime finissant d'Evita Peron, ou de " Agnus Dei" qui de déroulait sous la dictature des généraux, ou même du premier film de Julia Solomonoff, "Hermanas", qui évoquait l'exil, "Le Dernier été de la Boyita" n'est pas rééellement contextualisé, si ce n'est dans le souvenir de la réalisatrice : même si toute l'étendue de la Pampa entoure les protagonistes, le lieu de l'action se limite à l'entoutrage proche de Jorgelita. Soulignons enfin que la force du film repose aussi sur la qualité du jeu de ses jeunes acteurs, Guadalupe Alonso étant présente dans tous les plans du film et donnant toute la crédibilité à son personnage par la grâce de son jeu. 

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2010 - Communauté : Cinéma
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