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critiques de juin 2010

Dimanche 6 juin 2010 7 06 /06 /Juin /2010 17:47
Film hispano-équatorien de Sebastian Cordero

Interprètes : Gustavo Sanchez Parra (Jose Maria ), Martina Garcia
(Rosa), Concha Velasco (Elena Torres), Xabier Elorriaga (Edmundo Torres)


Durée : 1 h 35

Rabia.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
A la lisière du fantastique, Sebastian Cordero signe un film troublant sur le voyeurisme et la frustration.  

Le réalisateur : Né en 1972 à Quito, Sebastian Cordero étudie le cinéma à l'University of Southern California. Il retourne en Equateur pour réaliser son premier long métrage en 1999, "Ratas, Ratones, Rateros", suivi en 2004 de "Investigations" qui reçoit le Prix du Jury du Festival de Sundance.

 

Le sujet : Rosa, immigré colombienne, travaille comme bonne dans la grande maison de la famille Torres. Quand son compagnon équatorien Jose Maria tue par accident son patron sur un chantier, il vient se réfugier dans la maison des Torres, à l'insue de tous, y compris de Rosa avec laquelle il communique par téléphone.

La critique : "Rabia", ça signifie la rage. Il s'agit de celle de Jose Maria, ouvrier du bâtiment équatorien traité comme un moins que rien sur les chantiers d'une grande ville (Bilbao ?), moqué par les voisins de l'immeuble  d'un marchand de sommeil où il partage une chambre avec huit de ses collègues et dont on se dit comme Rosa que finalement on ne sait pas grand chose de lui, de même que lui se rend compte à la fin du film qu'il ne connait pas le nom de famille de Rosa.

 

La rage, c'est le déclencheur du drame : c'est à cause de sa violence que Jose Maria est renvoyé de son travail, et c'est à cause de ce renvoi qu'il précipite son contremaître dans une chute mortelle. A chaque fois qu'elle survient, Jose Maria est filmé en plans serrés, y compris en traveling quand il se déplace, effaçant de la vision du spectateur tout ce qui l'entoure, comme la colère aveugle celui qui en est victime.

 

A cet enfermement d'une homme qui travaille pourtant en plein air s'oppose l'espace qui environne Rosa, celui de cette grande demeure Art Nouveau qui constitue à elle seule un personnage, un peu comme les maisons de "Psychose" ou d"Amityville". Rosa est souvent filmé depuis une autre pièce, en plongée d'un escalier ou d'une fenêtre, pour préparer le spectateur à se glisser dans la position de voyeur qui sera celle de Jose Maria dans toute la seconde moitié du film. On pense forcément à "Fenêtre sur Cour" pour l'impuissance de celui qui observe, dans une version encore un peu plus perverse, puisque l'invalidité du voyeur est ici due à son statut de fugitif qui l'oblige à voir l'insupportable sans réagir.

 

Ce n'est pas étonnant de retrouver au générique le nom de Guillermo Del Toro comme producteur, tant les éléments de parenté avec "Le Labyrinthe de Pan " sont nombreux : le choix de l'Espagne comme décor pour un réalisateur Sud-Américain, la présence comme personnage principal d'une femme victime de sa relation avec un homme constituant une menace, et surtout un style propre au fantastique ibérique, en filmant de vieilles maisons de façon inquiétante comme dans "[Rec] " ou "L'orphelinat". Pas de monstres à cornes où de vielles succubes ; le fantastique se niche dans la manière de capter les détails du capharnaüm des greniers de la demeure, dans la façon de faire surgir Jose Maria du nuage de dératisant, ou dans la lente transformation kafkaienne du même Jose Maria.

 

Curieusement, un autre film sud-américain a traité récemment de la relation de la bonne avec la famille qui l'emploie : "La Nana ", du Chilien Sebastian Silva. Même s'il n'est pas le thème essentiel de "Rabia", ce rapport est assez finement abordé, avec une opposition entre la morgue paternaliste du père et l'humanité lucide de la mère, jouée par Concha Velasco. L'actrice colombienne Martina Garcia interprète Rosa avec la même fragilité grave que sa compatriote Catalina Sandino Moreno dans "Maria, pleine de grâce".

 

Aussi bien du point de vue formel, par la qualité de sa photographie, l'adaptation des choix de cadre à l'écrin de la demeure et la justesse de l'interprétation, que du point de vue de ses différents sujets (la place des immigrés, la distance et la proximité dans les rapports amoureux), "Rabia" parvient tout à la fois à tenir la tension d'un thriller, à raconter un drame romantique et à se faire le reflet de la rage autodestructrice.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2010 - Communauté : Cinéma
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Mardi 25 mai 2010 2 25 /05 /Mai /2010 17:42
Film français de Romain Goupil

Interprètes : Valeria Bruni-Tedeschi (Cendrine ), Linda Doudaeva
(Milana), Jules Ritmanic (Blaise), Louna Klanit (Alice)


Durée : 1 h 30

LesMainsenlAir.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
Beau film sur l'enfance, sur fond d'expulsion de sans-papiers.  

Le réalisateur : Né en 1951 à Paris, Romain Goupil est un des fondateurs des Comités d'Action Lycéens en mai 68. Responsable du service d'ordre de la Ligue Communiste, il réalise son premier film en 1982 en hommage à son ami Michel Recanati qui s'est suicidé, "Mourir à trente ans" qui obtient le césar du meilleur premier film, la Caméra d'Or à Cannes et est nommé à l'oscar. Il réalise ensuite "La Java des Ombres" (1983), "Maman" (1989), "Sa Vie à Elle" (1995), "A Mort, la Mort" (1999) et "Une Pure Coïncidence" (2002).

 

Le sujet : Blaise, Ali, Claudio, Youssef, Milana et Alice forment une bande inséparable dans une école élémentaire du 18°. Quand Youssef se fait expulser, ils se disent que Milana, qui est tchétchène, risque d'être la prochaine. Les parents de l'école décident de garder les enfants menacés dans les familles, et Cendrine, la mère de Blaise et d'Alice, emmène Milana en vacances en Bretagne. mais quand la menace se précise, les enfants décident de prendre les choses en main.

La critique : Le film débute en 2067, avec une femme âgée qui se souvient de cette époque où les enfants étaient entassés dans de grands bâtiments par groupes de 30 appelés classes ("Je sais, c'est dur à comprendre"), dans la France de 2008/2009, ("je ne me souviens plus qui était Président de la République"). Cette femme, c'est Milana, qui était à l'époque une réfugiée tchétchène de 11 ans, et donc menacée de connaître le même sort que Youssef, à savoir les charters pour remplir les quotas de Besson.


Construit comme un long flashback ponctués de quelques commentaires de Milana en 2067, le film raconte comment  la peur de la séparation et de l'exclusion peut être vécue par un groupe d'enfants, ou plutôt une bande, et comment ceux-ci vont tenter de prendre leur destin en main au nom d'une solidarité naturelle. En arrière-plan, on voit comment ces mêmes évènements sont perçus par les adultes, avec toute la palette : Cendrine, mère de famille instinctive pour qui des évidences morales peuvent conduire à la transgression de la loi, son mari, réformiste qui préfère aller voir Daniel Vaillant pour plaider la cause des enfants qu'il connaît, et son frère, bourgeois égoïste qui l'accuse d'instrumentaliser ces pauvres gosses au nom de sa bonne conscience.


Entre ces deux visions, celles des enfants et celles des adultes, Romain Goupil privilégie la première. Il se justifie ainsi : "Je n'aime pas quand le cinéma utilise des enfants pour faire passer des émotions d'adultes, lors qu'on leur met dans la bouche des mots d'auteur qui font rire les vieux." Pour ne pas tomber dans cette caricature, visible encore récemment dans "Le Petit Nicolas" et dans le registre dramatique, dans "La Rafle", il a choisi de tourner à hauteur d'enfants, souvent en plans serrés, laissant les adultes hors champ.

 

Il a surtout pris le temps de travailler avec ses enfants acteurs, en privilégiabt l'improvisation et le jeu entre eux. Ce travail porte ses fruits, et la principale qualité du film réside dans la crédibilité de cette bande de gosses complices et solidaires. On pense par moment à "L'Argent de Poche" (par exemple la scène de la rose que Blaise n'ose pas offrir à Milana, et qu'il ramène à sa mère), voire à "Au Revoir les Enfants" par cette capacité à  témoigner d'une situation difficile tout en relatant avec justesse les émois et les petits bonheurs de l'enfance.

 

On ne retrouve pas la même grâce dans les scènes adultes, avec des personnages bien caricaturaux (les flics, la mère de Claudio) et des acteurs mal à l'aise (Romain Goupil, Hyppolite Girardot), comme si ces scènes étaient tenues à l'écart du reste du film de la même façon que les enfants communiquent entre eux à l'aide d'une sonnerie de portable à ultrason inaudible pour les plus de 18 ans. Comme dans beaucoup de films ("Welcome", par exemple), la force du juste propos de Romain Goupil se niche plus dans les à-côtés et les subtilités implicites que dans la dénonciation frontale d'une politique inhumaine.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2010 - Communauté : Cinéma
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