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critiques de mai 2010

Samedi 29 mai 2010 6 29 /05 /Mai /2010 17:48
Film indien de Karan Johar

Interprètes : Shah Ruck Khan (Rizwan Khan), Kajol Mukherjee-Devgan
(Mandira), Jimmy Shergill (Zakir Khan)

Durée : 2 h 40

Khan.jpg

Note :
  3 /10 

En deux mots :
Mélo bollywoodien américanisé, qui cumule les tares des deux cinémas.  

Le réalisateur : Né en 1972 à Bombay, Karan Johar est le fils du réalisateur Yash Johar, créateur des studios Dharma. Après ses études, il réalise à 25 ans "Kuch Kuch Hota Hai", déjà avec Shahruck Khan et Kajol, qui fait un triomphe en Inde. En 2001, il tourne "Une famille indienne", premier film indien à entrer dans le top 10 des sorties aux USA. "Khabi Alvida Naa Kehna", tourné en 2006 à New York dans la diaspora indienne, traite de l'infidélioté et du divorce.

 

Le sujet : Atteint du Syndromme d'Asperger, une forme d'autisme, Rizwan vit aux Etats-Unis depuis la mort de sa mère. En vendant des produits cosmétiques de l'entreprise de son frère, il rencontre Mandira qui tient un salon de coiffure. Malgré leur différence de religion (il est musulman, elle est hindoue), il l'épouse et ils vivent heureux avec Sameer, le fils de Mandira. Jusqu'au 11 septembre, qui change radicalement la situation des musulmans aux Etats-Unis.

La critique : Un film réalisé par un Indien aux Etats-Unis, avec des interprètes indiens dont l'acteur musulman Shah Ruck Khan, pour traiter de l'islamophobie post-11 septembre, voilà un projet qui pouvait sembler intéressant. Dans le désert des sorties d'après Cannes (je ne suis attiré ni par la énième adaptation d'un jeu vidéo pour ados attardés, même filmée par Mike Newell, ni par les ébats du couple Béart-Cohen), pourquoi ne pas aller voir ce qui était présenté comme le haut de gamme de la production de Mumbai.

 

2 h 40 plus tard, c'est le sentiment de m'être fait escroquer qui dominait, plus encore que l'ennui devant une fin qui ne finissait pas de finir. "My Name is Khan" n'est un film bollywoodien que par la langue hindi, les acteurs principaux et l'incroyable naïveté du scénario. Point de chorégraphies gigantesques et chamarrées, ni même de chansons sirupeuses : la seule fois où Mandira commence à chanter la version hindie de "We shall overcome", Rizwan lui demande à juste titre de se taire, tant elle chante faux.

 

Très peu indien, le film se présente donc comme remix maladroit de "Rain Man", pour le personnage d'autiste joué sans nuance par Shah Ruck Khan, et de "Forrest Gump", pour le trip rédempteur à travers les Etats-Unis, cette fois pour aller dire au Président des Etats-Unis "My name is Khan, and I'm not a terrorist". Il va chercher du côté du mélo, sans jamais effleurer la stylisation d'un Douglas Sirk. Bien au contraire, il rédige le scénario à la serpe, opposant le monde à la Benetton de la période heureuse d'avant le 11 septembre, à la chasse aux sorcière de la seconde partie où les sympathiques voisins se transforment en gremlins assoiffés de lynchage.

 

La mère de ce pauvre Rizwan lui a légué une morale bien encombrante : "Il n'y a que deux sortes de gens sur Terre, les Bons et les Méchants" ; celle de Forrest l'avait mieux préparé à la vie avec sa métaphore sur la boîte de chocolat. Malheureusement, ce manichéisme qui servit aussi de doctrine Georges W. a également inspiré les scénaristes, avec des situations ayant largement franchi la frontière du ridicule, comme ce mini Katrina s'abattant sur un bled de Géorgie, et où des cohortes de journalistes et de bénévoles du Croissant Rouge arrivent avant le moindre fonctionnaire américain.

 

Même absence d'originalité dans la réalisation : abus de ralentis, présence redondante systématique de la musique, surjeu des acteurs. Les escapades américaines de réalisateurs du monde entier qui ne perdent pas leur âme sont suffisamment nombreuses ("Blueberry Night", "Goodbye Solo" ou "La Princesse du Nebraska", pour ne citer qu'eux) pour montrer qu'il existait une autre voie que de singer le cinéma américain dans ce qu'il a de plus mauvais.

 

Mes remarques sur ce film, ajoutées au constat que je faisais dans ma critique de "Dans ses Yeux", m'évoque une interview dans "Mondovino", où un expert expliquait que les processus de vinification s'était tellement standardisés qu'on en arrivait à une production uniformisée sur toute la planète, ce qui favorisait fatalement les productions latifundiaires de l'hémisphère Sud au détriment des vins de terroir qui perdaient leurs âmes dans les refroidisseurs et les thermovinificateurs. J'ai un peu la même impression aujourd'hui en voyant des films venus d'Europe, d'Asie ou d'Amérique Latine qui cherchent à faire plus hollywoodien que le modèle, mais en moins bien, laissant paradoxalement la créativité au cinéma indépendant américain.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2010 - Communauté : Cinéma
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Lundi 24 mai 2010 1 24 /05 /Mai /2010 19:57
Film français de Jean-Luc Godard

Interprètes : Christian Sinniger (Le père ), Catherine Tanvier
(La mère), Jean-Marc Stéhé (Otto Goldberg)

Durée : 1 h 40

Socialisme.jpg

Note :
  4 /10 

En deux mots :
Godard continue à faire du Godard ; à part quelques fulgurances, c'est pathétique.  

Le réalisateur : Né en 1930 à Paris d'un père suisse, Jean-Luc Godard suit des études d'anthropologie à la Sorbonne. Lors de la fondation des Cahiers du Cinéma en 1951, il est un des premiers chroniqueurs. Après plusieurs courts métrages, il réalise en 1959 "A bout de Souffle", qui constitue un des films-phare de la Nouvelle Vague. Suivent "Le Petit Soldat" (1960), "Une Femme est une Femme" (1961), "Vivre sa vie" (1962), "Le Mépris" (1963), "Pierrot le Fou" (1965), "Masculin-féminin" (1966), "2 ou 3 choses que je sais d'elle" (1967), "La Chinoise" (1967), "Week-end" (1967), "Sauve qui peut (la vie)" (1979), "Prénom Carmen" (1983), "Je vous salue Marie" (1985), "Détective" (1985).

 

Le sujet : Depuis trente ans, vous connaissez un film de Godard qu'on puisse résumer ? 

La critique : Deux perroquets filmés en vidéo, puis un générique accéléré, blanc et noir sur fond rouge. Des plans de la texture de la mer filmés d'un bateau de croisière en Méditerranée. Off, ce dialogue : "L'argent est un bien public." "Comme l'eau, alors ?" "Exactement." Un femme accoudée au bastingage. Off, "Alger la blanche. Quand Mireille Balin laisse tomber Pépé le Mocko" "Et nous, quand une fois de plus, on a laissé tomber l'Afrique". Décalage entre l'image et le son, des dialogues partiellement inaudibles, ou coupés cut, le son du vent dans le micro. Un intertitre blanc sur fond noir : "Des choses". Un clip tourné dans la boîte du bateau avec un téléphone portable, musique techno sursaturée. Un intertitre rouge : "Comme ça".

Cinq premières minutes, et pas de doute, on est chez Godard. Cinq premières minutes, et déjà cette impression de reprendre un film commencé il y a 25 ans, voire 45 ans : il suffit pour s'en convaincre de lire le résumé de la première partie sur le site officiel : "En Méditerrannée, la croisière du paquebot. Multiples conversations, multiples langues entre des passagers presque tous en vacances. Un vieil homme ancien criminel de guerre (allemand, français, américain on ne sait) accompagné de sa petite-fille. Un célèbre phiilosophe français (Alain Badiou). Une représentante de la police judiciaire de Moscou. Une chanteuse américaine (Patti Smith). Un vieux policier français. Un ex-fonctionnaire des Nations-Unis. Un ancien agent double. Un ambassadeur de Palestine.... Il est question d'or comme autrefois avec les Argonautes, mais ce qui est vu (l'image) est assez différent de ce qui est dit (la parole)".

Et encore, il s'agit de la première partie de ce triptyque, la plus narrative des trois, si on peut employer ce terme ici, et malgré les aphorismes du genre "A cause de quoi la lumière ?" "A cause de l'obscurité" ou "On me l'a dit." "Et alors ? Dire ne suffit jamais", avec mon préféré : "On a supprimé les paradis fiscaux." "Alors, ce sera l'enfer", malgré ces phrases qui auraient pu être dites dans "Une Femme est une Femme", on arrive à reconstituer des bribes d'histoire, une ambiance et des éléments épars : la Guerre d'Espagne, Potemkine, l'Avenue Foch en 1943, la Palestine, Hollywood inventé par les Juifs..., le tout lié par de très belles images, presque toujours en plan fixe.

La seconde partie, résumée ainsi : "Le temps d'une nuit, une grande soeur et son petit frère ont convoqué leurs parents au tribunal de leur enfance" : belle idée, sauf que ce n'est pas ce qui nous est donné à voir : la fille lit Balzac devant une pompe à essence et un lama (il y en avait déjà un dans un camion lors du travelling de l'accident dans "Week-end"), balance à un Allemand qui veut du carburant "Allez envahir d'autres pays" avant de se justifier de ne pas parler à une journaliste de la télévision "On ne parle pas à ceux qui utilisent le verbe être". C'est prétentieux, mal joué, et l'immense énergie que j'avais mise depuis 45 minutes à essayer de suivre s'est définitivement évaporée, à l'image d'une bonne partie de la salle.

La troisième partie, "Visite de six lieux de vraies/fausses légendes, Egypte, Palestine, Odessa, Hellas, Naples et Barcelone" constitue juste un épilogue, un rappel de lieux visités lors de la croisière, et nous permet d'apprendre qu'en russe, escalier est féminin. "Film Socialisme" porte ce paradoxe de présenter une facture vue chez Godard depuis des décennies, et de continuer à dérouter, voire à lasser le spectateur, preuve que cette avant-garde d'il y a trente ans porte aujourd'hui bien plus ces trois décennies que son avant-gardisme. On ressent la même impression que devant "L'Etau" ou "Family Plot", le sentiment d'un immense savoir-faire qui ne marche plus, et la mélancolie qui traverse le film est aussi celle du spectateur qui se souvient d'"A bout de Souffle".

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2010 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 16 mai 2010 7 16 /05 /Mai /2010 12:32
Film argentin de Juan Jose Campanella

Interprètes :
Ricardo Darin (Benjamín Expósito), Soledad Villamin (Irene Menéndez Hastings), Pablo Rago (Ricardo Morales)

Durée : 2 H 09

Yeux.jpg

Note :  7,5 /10 

En deux mots : Oscar du meilleur film étranger pour ce thriller rétrospectif argentin, habile et parfois virtuose.  


Le réalisateur : Né en 1959 à Buenos Aires, Juan Jose Campanella a suivi les cours d'une école d'ingénieur, avant de tourner un premier moyen métrage en 1979, "Prioridad Nacional". Il s'installe à New York où il étudie à la Tish School of Arts. Il alterne la rélaisation d'épisodes de séries américaines (La loi et l'ordre, Dr House, 30 Rock) et des films de  cinéma : "El mismo Amor, la misma lluvia" (1999), "El Hijo de la novia" (2001), "Luna de Avellanada" (2004).

Le sujet : Quand il part à la retraite après sa carrière au Tribunal de Buenos Aires, Benjamin Exposito décide d'écrire un roman sur une  affaire sur laquelle il avait enquêté 25 ans plus tôt, le meurtre et le viol d'une jeune institutrice. Ce travail d'écriture l'amène à revenir sur cette affaire qui avait été classée pour des raisons politiques, mais aussi sur sa relation avec sa brillante chef de service, celle avec son collègue alcoolique et dévoué, et celle avec le mari incosolable de la victime.

La critique : C'est guidé par la curiosité que je suis allé voir ce polar primé aux Oscars : que vaut donc ce film que les jurés de l'Academy ont préféré au "Ruban Blanc" et à "Un Prophète" ? "Dans ses Yeux" ne pointe pas dans le même registre que les deux lauréats de Cannes, ayant apparemment moins d'ambition que la description par Haneke de la genèse de nazisme, ou que celle de la construction d'un caïd dans l'univers carcéral par Audiard. Il se présente à la fois comme une enquête sur un Cold Case et comme l'exorcisme des occasions manquées d'un homme qui part en retraite.

 

Il n'est finalement pas étonnant que "Dans ses Yeux" ait plu aux professionnels de la profession à Hollywood car, tout en étant très argentin, il posséde des qualités d'efficacité très américaines, ce qui s'explique par les nombreuses années passées par Juan Jose Campanella à réaliser des épisodes pour des séries haut de gamme comme House ou 30 Rock. Son film est très habilement construit, avec un patchwork de souvenirs enfouis, de morceaux du roman que Benjamin tente d'écrire et d'éléments de l'enquête contemporaine.

 

La difficulté que Benjamin rencontre à mettre sur le papier les épisodes d'une enquête vieille de 30 ans, la confrontation de ses souvenirs à ceux d'Irene, tout cela donne l'impression d'une mémoire recomposée comme on en trouve dans les romans de Kazuo Ishiguro, où on ne sait plus trop ce qui est véridique et ce qui a été déformé par le remord ou les regrets. A cette atmosphère crépusculaire symbolique du moment où Benjamin fait le bilan de sa vie, s'ajoute la pesanteur de la période de la fin du péronisme, juste avant le coup d'état des généraux, et l'ambiance à la Borges de ce tribunal à l'architecture imposante, où les commis croulent sous des piles de documents, et où des bureaucrates aux titres ronflants confondent Harvard et Cornell.

 

L'habilité de la construction, avec des fausses pistes, des indices laissés ça où là et des éléments récurents qui ne prennent leur sens qu'à la fin (la lettre A manquante sur la machine à écrire) est en permanence sur le fil du couteau, entre élégance subtile et ostentation superflue. La réalisation possède ces mêmes qualités, à l'image de ce plan séquence qui part du ciel pour survoler le stade du Racing à Avellaneda, et plonger parmi les barrabravas pour retrouver Benjamin qui se lance à la poursuite d'un suspect. Rien que pour ce plan, digne de celui qui ouvre "Snake Eyes", cela vaut le coup d'aller voir "Dans ses Yeux".

 

Pour éviter un climat trop pesant, Campanella introduit le contrepoint du personnage de Sandoval, l'acolyte alcoolique de Benjamin, gaffeur et fidèle. La faiblesse de l'histoire réside peut-être dans la non-histoire d'amour entre Benjamin et Irene, à la fois peu crédible et déjà-vue. Ricardo Darin, meilleur que dans "El Aura", incarne avec une langueur douloureuse ce personnage d'enquêteur balloté entre les compromissions de sa hiérarchie et les remords de ses erreurs.

 

Un poil trop long, parfois maladroit dans le passage entre deux registres, "Dans ses Yeux" n'en constitue pas moins un film très abouti, représentatif de la vitalité d'un cinéma argentin capable de damner le pion à "Un Prophète", "Le Ruban Blanc", mais aussi à l'excellent "Ajami" ; il bénéficie surtout de la capacité de son réalisateur à jouer habilement des codes du cinéma hollywoodien qu'il a appris à utiliser depuis des années.  

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2010 - Communauté : Cinéma
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Jeudi 13 mai 2010 4 13 /05 /Mai /2010 18:47
Film américano-britannique de Ridley Scott

Interprètes : Russel Crowe (Robin Longstride), Cate Blanchett
(Marianne), Max Von Sydow (Sir Walter Loxley), William Hurt (William Marshal)

Durée : 2 h 02

Robin.jpg

Note :
  5/10 

En deux mots :
Robin avant Robin des Bois : Ridley Scott poursuit son exploration du Moyen-Age sans trop se soucier de la vérité historique, avec un scénario-patchwork plutôt indigeste

Le réalisateur :  Né en 1937 à Durham (Grande-Bretagne), Ridley Scott est le frère aîné de Tony Scott. Il a commencé comme réalisateur de séries à la BBC. Il passe au grand écran en 1977 avec "Les Duellistes", qui lui vaut le Prix du Jury pour un premier film au Festival de Cannes. Il tourne ensuite en 1979 "Alien, le huitième passager", qui connaît un succès mondial, ainsi que "Blade Runner" en 1982, d'après Philip K. Dick. 
Il rencontre son premier échec en 1985 avec "Legend", un film d'heroic fantasy. Il tourne ensuite "Traquée" (1987), "Black Rain" (1988), avant de renouer avec le succès grâce à "Thelma et Louise" en 1991. Après plusieurs films qui sont des semi-échecs ("1492", "Lame de Fond", "A Armes égales"), "Gladiator" vaut à Russel Crowe l'oscar du meilleur acteur en 2001. Suivront ensuite "Hannibal" (2001), "La Chute du Faucon noir" (2002), "Les Associés" (2003), "Kingdom of Heavens" (2005), "Une grande Année" (2006), "American Gangster " (2007) et "Mensonges d'Etat" ('2008).


Le sujet : Robin Longstide est un archer dans l'armée anglaise de retour de croisade. Quand le roi Richard Coeur de Lion meurt dans le siège de Châlus, Robin et ses compagnons décident de rentrer en Angleterre. Suite à une promesse qu'il afaite au chevalier de Loxley avant que celui-ci ne meurt, il rapporte l'épé de ce dernier à Nottingham. Le père de Loxley décide alors de faire passer Robin pour son fils, afin que ses terres ne soient pas saisies par les homme du roi Jean .

La critique : A la fin de "Kingdom of Heaven", Balian redevenu forgeron en France croise la troupe de Richard Coeur de Lion qui part pour la Terre Sainte. C'est par la description de cette même armée revenue des croisades dix ans après que commence "Robin des Bois", et cette décennie de combats en Palestine a visiblement laissé des traces, puisque le Roi d'Angleterre semble plus préoccupé de restaurer son autorité féodale de duc d'Aquitaine et de Normandie que de sauver son âme, et le souvenir du massacre de Saint-Jean d'Acre constitue le sujet principal de la seule discussion entre le Roi et son archer.

 

Ridley Scott avait beaucoup aimé tourner "Kingdom of Heaven", et en pleine intervention américaine en Irak, ce film qui montrait les colombes chrétiennes et musulmanes poussées à la guerre par les faucons des deux camps est certainement un des meilleurs films du prolifique réalisateur britannique depuis des années. Dans ce "Robin des Bois", les beaux idéaux chevaleresques des croisés ont bien disparu, et si Robin comme Balian est un plébéien qui devient chevalier, il s'agit du résultat d'une usurpation et non d'un adoubement.

 

On pense aussi à "Gladiator", par la présence d'un Russel Crowe empâté et assez fadasse, mais aussi par certaines scènes d'embuscades dans des forêts bleutées ou de tranquillité buccolique ravagée par la cupidité des puissants. Robin est plus proche de Maximus que de Balian, plus jouet du destin que mû par des convictions profondes. Encore qu'il soit difficile de dresser un portrait précis du Robin de Ridley, vu que les nombreuses réécritures du scénario amènent à un fréquent dédoublement de la personnalité du héros : normal, cohabitent en lui à la fois l'archer de Sherwood et le shériff de Nottingham.

 

Ridley Scott a semble-t-il déclaré qu'il n'avait aimé aucune des adaptations précédentes des aventures de Robin, excepté celle de Mel Brooks... Dont acte. Mais son interprétation ne se dsitingue guère des autres, particulièrement par le manichéisme hollywoodien qui plaque une nouvelle fois les idées reçues du XXI° siècle sur une époque passée, l'Empire romain dans "Gladiator", la dynastie des Plantagenêt ici. Robin se voit dont investi de la mission inconsciemment héréditaire de faire passer l'Angleterre de la tyrannie à la monarchie constitutionnelle, et tant pis si 15 ans de règne de Jean sans Terre sont compressés en quelques mois, la mort de Richard datant de 1199 et l'épisode de la Magna Carta de 1215.

 

Cette entorse (plutôt une fracture ouverte) à la vérité historique n'est pas la seule ; le film donne l'impression d'un conflit franco-anglais, comme une simple anticipation de Napoléon, oubliant toute la dimension féodale de la rivalité entre Philippe-Auguste et les Plantagenêt. Les Français y sont donc fourbes à souhait, et du coup l'union nationale se fait contre l'envahisseur gaulois, alors qu'en réalité, si le futur Louis VIII débarqua bien en Angleterre en 1216, ce fut à l'appel des Barons anglais et avec la bénediction des évêques. Il n'eut pas besoin d'inventer des barges de débarquement en bois, modèle Omaha Beach, et il ne fut pas repoussé, puisqu'il alla jusqu'à Londres.

 

Bon, me direz-vous, on ne va pas au cinéma pour découvrir les théories de Duby et Le Goff. Que dire donc de ce "Robin des Bois" comme film ? Que malgré des batailles captées avec l'indéniable savoir-faire de Ridley Scott et quelques belles scènes comme celle de la rencontre avec sir Walter Loxley joué par l'increvable Max Von Sidow, il souffre de sa longueur inutile, d'une interprétation sans relief et d'une musique envahissante, Marc Streitenfeld succédant à Hans Zimmer dans le registre pompier. Film de producteur dans son projet même, "Robin des Bois" n'est sauvé ni par son scénario bricolé ni par une réalisation sans surprise.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2010 - Communauté : Cinéma
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Jeudi 13 mai 2010 4 13 /05 /Mai /2010 17:47
Film français de Gaspar Noé

Interprètes : Nathaniel Brown (Oscar), Paz de la Huerta
(Linda), Cyril Roy (Alex) 

Durée : 2 h 34

Enter.jpg

Note :
  6/10 

En deux mots :
Le nouveau Gaspar Noé, éblouissant dans sa forme, malheureusement creux dans son fond

Le réalisateur : Né à Buenos Aires en 1963, Gaspar Noé arrive en France à l'âge de 12 ans. Il suit les cours de l'Ecole Nationale Louis Lumière, avant de devenir l'assistant du réalisateur argentin Fernando Solanas. Après avoir tourné deux courts métrages, il réalise en 1991 un moyen métrage, "Carne". Pressé de reprendre ce film en long métrage, il décide plutôt d'en tournér la suite en 1998, "Seul contre Tous" qui obtient le Prix de la Semaine de la Critique à Cannes. En 2002, il revient à cannes avec "Irréversible".  

Le sujet : Oscar, junkie occidental à Tokyo, est abattu par la police. Son esprit sort alors de son corps et vole au dessus de la ville à la recherche de sa jeune sœur Linda qu'il avait promis de protéger.

La critique : Gaspar Noé est un réalisateur rare : un moyen métrage et trois longs métragesen 18 ans, voilà un rythme digne de Terrence Malick ou de Kubrick. Comme ce dernier dont il reconnaît s'inspirer, il prend le temps de construire ses projets, et ce choix permet de faire de chacun de ses films un événement. "Irréversible" avait créé la polémique lors du festival de Cannes en 2002, avec la crudité de la scène de viol et de celle du meurtre à coups d'extincteur. Certains y avaient vu de la complaisance, voire un plaidoyer pour l'autodéfense, alors que l'essentiel du film se situait dans l'adéquation du choix narratif (un montage à rebours) au propos (la douleur de la perte du bonheur est plus grande quand on connaît l'issue).


"Enter the Void " a été lui aussi présenté à Cannes, dans un version malheureusement inaboutie. Dépassé dans le registre provocateur par "Antéchrist", il a été fraichement accueilli par la critique qui lui ra eproché sa longueur et raillé ce que le Figaro a appelé le cinéma coloscopique. La version qui va sortir en salle a été retravaillée, un peu raccourcie (2 h 34 quand même), et un générique de fin stroboscopique a été rajouté en ouverture.


La première partie du film est tournée en caméra subjective, clignements de paupières inclus, avec la vision d'un trip sous DMT. Les flashbacks sont tournés en filmant Oscar de trois quart arrière. Quant à la vision post-mortem, elle est représentée par une caméra aérienne passe-muraille, procédé déjà utilisé au début d' "Irréversible".


Car il est fascinant de voir combien ce troisième long s'inscrit dans la continuité des films précédents : place du monologue intérieur comme dans "Seul contre Tous", intertitres godardiens blancs sur noir, plan séquence de dos comme dans "Irréversible", et même naissance en caméra subjective comme dans "Carne"... "Enter the Void" se vit comme une expérience sensorielle, un maelström de lumières flashy rythmé par les pulsations d'une musique oppressante coupée par des silences encore plus angoissants.


C'est brillant, toujours à la limite du too much mais souvent sauvé de l'overdose par des ruptures de rythme. Reste que ce brio formel se met au service d'un propos parfois confus, alourdi par des explications didactiques qui sonnent faux et une psychologie des personnages bien artificiel. La beauté formelle contraste avec le cadre décrit : strip-teaseuses, dealers sadiques, love hôtel glauque, voyeurisme du frère.


Lors de la sortie de "Seul contre Tous", Gérard Delorme disait « Comme certains insectes qui provoquent une répulsion instinctive mais sont indispensables à l'équilibre écologique, le cinéma de Gasper Noé fait partie de ces espèces rares qu'il faut absolument protéger. » Cette citation s'applique parfaitement à "Enter the Void" : agaçant, démesuré, prétentieux, mais tellement nécessaire dans le paysage frileux du cinéma français contemporain.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2010 - Communauté : Cinéma
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