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critiques de mars 2010

Dimanche 21 mars 2010 7 21 /03 /Mars /2010 16:01
Film allemand de Fatih Akin

Interprètes : Adam Bousdoukos (Zinos), Moritz Bleibtreu
(Illias), Birol Ünel (Shayn), Pheline Roggan (Nadine)

Durée : 1 h 39

Soul.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
Comédie culinaire décalée et conte optimiste plutôt réussi.  

Le réalisateur : Né en 1973 à Hambourg de parents turcs, Fatih Akin suit les cours de la Hamburger Hochschule für bildende Künste. Il réalise son premier long métrage en 1998, "L'Engrenage". En 2004, "Head-On" lui vaut l'Ours d'Or à Berlin, et en 2007 "De l'autre côté" remporte le prix de la mise en scène à Cannes.

 

Le sujet : Zinos Kazantsakis possède un petit restaurant dans une friche industrielle de Hambourg. Quand il embauche Shayn, un cuisinier exigeant qui vient d'être viré de son emploi précédent parce qu'il refusait de servir un gaspacho chaud, les clients commencent à affluer. Comme il souhaite rejoindre sa copine Nadine à Shangaï, il décide de donner les pleins pouvoirs sur la gestion du restaurant à son frère Illias qui est en liberté conditionnelle. Mais ces deux projets vont tourner à la catastrophe...

La critique : Longtemps catalogué comme le cinéaste de l'immigration entre Allemagne et Turquie, après le succès critique de "De l'autre côté" essentiellement tourné à Istanbul, Fatih Akin a décidé de tourner un film 100 % allemand, et pour être plus précis, hambourgeois. Ce retour aux sources est symbolisé par le choix de l'acteur principal, Adam Bousdoukos, qu'il a connu au collège et qui comme d'autres protagonistes du film tel Birol Ünel, appartient à ce qu'à Hambourg on appelle la bande à Fatih.

Alors certes, on n'est pas dans "Derrick" ou "La Clinique de la Forêt Noire" (malgré la photographie un peu verdasse typique des films d'Outre-Rhin), tant les protagonistes de cette histoire de gargotte alternative proviennent de partout : Grecs, comme les deux frères Zinos et Ellias, Gitan, comme Shayn, Turcs, comme la kiné qui le prend en charge après qu'il se soit fait un tour de reins, ou comme le rebouteux aux méthodes musclés qui finit par le remettre d'aplomb. Les Allemands de souche n'ont pas forécement les beaux rôles, à l'instar de Neumann, promoteur arriviste et véreux, ou de la contrôleuse du fisc nymphomane. La future ex-copine de Zinos, la très bourgeoise Nadine, s'en sort un peu mieux, ainsi que Sokrates, le SDF qui squatte le hangar de Zinos tout en le traitant de sale étranger.

Fatih Akin explique d'entre les tournage de "Head-on" et de "L'autre côté" et celui du troisième film à venir de sa trilogie sur l'immigration, il avait envie de faire un break, et d'écrire  une comédie. Il raconte : "J'ai proposé le scénario à un autre réalisateur qui a trouvé l'idée absconse : pourquoi m'empêcher de faire le film dont j'ai envie ? J'avais peur des réactions et de la hype parce que la comédie n'est pas un genre considéré : c'est tellement léger que ça donne à beaucoup l'impression de facilité. Avec le recul, je me rends compte que j'avais tort : réussir une comédie n'est pas aisé."

Alors, l'a-t-il réussi ? Pour être franc, on n'est pas plié en deux d'un bout à l'autre du film, même si quelques gags fonctionnent plutôt bien, comme l'élément perturbateur de sa hernie discale sur ses amours par webcam ou la place que prend un bouton dans la résolution finale. Mais de toute façon, plus qu'une comédie proprement dite, "Soul Kitchen" est plutôt une comédie de moeurs, et la description un brin nostalgique du Hambourg de son adolescence.

Fatih Akin possède un indéniable sens du rythme, nécessaire pour concentrer les nombreux rebondissements en 1 h 39, et ses choix de cadrage (caméra mobile, recours au grand angle) et de montage (nombreuses ellipses de temps suggérées par un montage clipesque) s'adaptent à ce tempo. Le jeu des acteurs est lui aussi survitaminé, et nuit un peu à l'empathie nécessaire envers les personnages, particulièrement celui d'Adam Bousdoukos qui finit à force de gueulantes à rendre Zinos peu sympathique.

Il y a quelques très belles scènes, comme le coup de foudre d'Illias pour Lucia, filmé dans la lumière stroboscopique et bleutée d'une boîte de nuit, ou la vision subjective au grand-angulaire de la fin de party au Soul Kitchen. La bande originale évoque celles de Tarantino par son éclectisme, et Fatih Akin justifie cela par le fait que la particularité des boîtes à Hambourg est le métissage des influences musicales et la prédominence de la Soul. Meilleur dans les scènes de groupes que dans les scènes plus intimistes, "Soul Kitchen" est un film sympathique un peu foutraque, pas toujours très fin, mais porteur d'un optimisme qui fait du bien.


Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2010 - Communauté : Cinéma
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Samedi 20 mars 2010 6 20 /03 /Mars /2010 18:17
Film français de Pascal Chaumeil

Interprètes : Romain Duris (Alex), Vanessa Paradis
(Juliette), Julie Ferrier (Mélanie), François Damiens (Marc)

Durée : 1 h 55

Arnacoeur.jpg

Note :
  6,5 /10 

En deux mots :
Comédie romantique sans prétention, portée par un très bon casting.  

Le réalisateur : Pascal Chaumeil commence comme assistant réalisateur pour Régis Wargnier ("Je suis le seigneur du château") ou Luc Besson ("Le Cinquième élément", "Jeanne d'Arc"). Il devient ensuite réalisteur pour la télévision : téléfilms ("Clémence" en 2004 et "Mer belle à agitée" en 2005) et séries ("Avocats et associés", "Fais pas ci, fais pas ça").

 

Le sujet : Assisté de sa soeur et de son beau-frère, Alex fait un métier original : briseur de couple. Quand le richissime Van der Becq lui demande de faire capoter le mariage de sa fille Juliette prévu une semaine plus tard, il accepte d'autant plus qu'il est menacé par un créancier maffieux. Malheureusement, la tâche s'avère très compliquée : Juliette est éperdument amoureuse de son fiancé. 

La critique : Bon, d'accord, la situation de départ n'a rien de très nouvelle : un beau gosse missionné pour séduire une riche héritière et qui en chemin tombe sous le charme de la belle, c'est le synopsis de nombreuses comédies romantiques. Pourtant, Pascal Chaumeil renouvelle le genre, en inventant ce métier si particulier de briseur de couple. La scène d'ouverture nous permet d'admirer la technique très au point des trois Pieds Nickelés, avec fausse vaccination d'enfants marocains et envol de colombes, puis sa déclinaison sous divers aspects : chanteur de gospel, joueur de curling, caillera ou serveur de barbecue coréen. Mais attention, nous n'avons pas affaire à un vulgaire suborneur : Alex a des principes, et il ne s'attaque qu'à des femmes dont il pense que la rupture sera bénéfique.

Décliné de la sorte, le principe de la bergère méfiante et du ramoneur perfide avait de bonnes chances de faire mouche. Mission à moitié remplie, avec en positif le choix de mélanger stéréotype et autodérision pour les deux acteurs principaux. Vanessa Paradis définit son personnage comme "glamour avec du peps, autoritaire et pêchu", et elle apporte son image d'icône tout en acceptant de l'écorner, et c'est assez jubilatoire de voir la chanteuse de Divine Idylle en fan absolue de Georges Michael et de "Dirty Dancing".

Romain Duris nous rappelle qu'avant Audiard et Chéreau il a été un acteur de comédie avec Cédric Klapisch, et il est parfait dans ce registre digne de Bebel dans "Le Magnifique", avec une mention particulière pour sa technique lacrymale, et un clin d'oeil au pianiste de "De battre mon coeur s'est arrêté". Les seconds rôles complètent cette distribution efficace, avec une Julie Ferrier dont la sobriété bienvenue tempère l'hyperactivité de ses deux compères, et un François Damiens belgissime qui n'a peur de rien, ni du taser ni du ridicule.

En négatif, la gestion ratée de la difficulté principale de toute comédie romantique, à savoir le maintien de la tension narrative quand la comédie laisse la place à la romance, et du coup un contraste voyant entre un rythme artificiellement survitaminé en première partie et un amollissement dans la deuxième partie. Autre bémol, la ligne rouge de la vulgarité parfois franchie avec le personnage de Marc et surtout avec celui de la copine nymphomane jouée par Héléna Noguerra. Il y a deux ou trois scènes où on rit franchement (celle de l'insensibilité de la cuisse, par exemple), quelques autres où on sourit et une bonne moitié du film où on attend.

Le scénariste Laurent Zeitoune dit s'être inspiré de "New York-Miami". Il rejoint en cela deux autres comédies françaises tournées elles-aussi dans les palaces de la Riviera : "Quatre étoiles" et "Hors de Prix" ("La Fille de Monaco" partageait le même décor, mais pas la même ambition), et à l'instar de ces deux films, il ne fait qu'approcher par intermittence la grâce des oppositions de personnages, le sens implacable du rythme et la virtuosité des dialogues des maîtres de la Screwball comedy.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2010 - Communauté : Cinéma
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Samedi 13 mars 2010 6 13 /03 /Mars /2010 18:19
Film français de Roselyn Bosch

Interprètes : Mélanie Laurent (Annette Monod), Jean Reno
(Dr David Sheinbaum), Gad Elmaleh (Schmuel Weissman), Sylvie Testud (Bella Zygler)

Durée : 1 h 55

Rafle.jpg

Note :
  5 /10 

En deux mots :
Les bons sentiments ne font pas les bons films ; les bonnes intentions non plus.  

La réalisatrice : Grand reporter au Point pendant une dizaine d'années, Roselyn Bosch produit avec Ilan Goldman "1492" dont elle écrit le scénario. Elle écrit aussi pour Pierre jolivet ("En plein coeur"), Ariel Zeitoun ("Bimboland") et Graham Guit ("Le Pacte du Silence"). En 2005, elle réalise son premier film, "Animal".

 

Le sujet : Le 16 juillet 1942, la police française arrête 13 000 juifs dont 4000 enfants. La plupart sont internés au Velodrome d'Hiver, où Annette Monod, une jeune infirmière protestante se met au service du Docteur Sheinbaum. Elle s'attache aux enfants et les suit au camp de Beaune-le-Rolande. 

La critique : Il est des formulations dans les critiques de la presse qui sont comme des aveux : "Un film aussi puissant que nécessaire" (Métro), "Le genre de film qu'il est difficile de critiquer, tant il est nécessaire" (Excessif), "La Rafle fait oeuvre utile" (La Croix), "La retenue et la sincérité d'un film nécessaire" (Ouest-France) : tous insistent sur la nécessité et l'utilité du projet, avec une gêne sous-jacente de parler de "La Rafle" pour ce qu'il est aussi, un film, comme si oser critiquer un tel film relèverait du révisionisme faurissonnien. Pourtant, Rose Bosch a choisi le film de fiction et non le documentaire, et "La Rafle" doit pouvoir être critiqué comme n'importe quelle autre oeuvre.

Le cinéma a déjà évoqué la Rafle du Vel' d'Hiv', essentiellement dans "Les Guichets du Louvre" de Paul Mitrani en 1974 et dans "Monsieur Klein" de Joseph Losey en 1976. Dans ces deux films, la rafle servait de toile de fond et les réalisateurs s'attachaient à des destins individuels pour évoquer le sort collectif. Ce n'est clairement pas la voie choisie par Rose Bosch, qui a décidé de tout montrer : la vie avant la rafle, Hitler dans son nid d'aigle, les conciliabules entre Pétain et Laval, les négociations entre Bousquet, Leguay, Knochen et Danneker, l'internement au Vel' d'Hiv puis au camp de Beaune-la-Rolande...

Cet aspect didactique ne fonctionne pas, et la volonté de faire comprendre les responsabilités de chacun amène à plomber l'ensemble d'un aspect téléfilm de France 3, frisant parfois le ridicule, comme dans cette scène où les ministres applaudissent Pétain, ou celles singeant les films en Agfacolor d'Eva Braun filmant Hitler dans son nid d'aigle. Quant au gros plan du führer éructant dans son micro, elle m'a fait penser au "Dictateur", et la comparaison était cruelle...

Dans son intention pédagogique, la réalisatrice a multiplié les choix, finissant par perdre sa ligne directrice : outre les reconstitutions-images d'Epinal, elle a à la fois choisi de suivre une famille, celle d'un ouvrier trotskiste joué par Gad Elmaleh, mal à l'aise devant la responsabilité historique d'un tel rôle, et notamment le destin de son fils Joseph, et en même temps, afin de permettre une identification (de qui ? de ceux qui pense comme Raymon Barre qu'il y a des victimes moins innocentes que d'autres ?) elle centre le récit sur le personnage d'Annette Monod, incarnée avec retenue et justesse par Mélanie Laurent.

Enfin, elle ponctue le film de personnages secondaires à visée là encore pédagogique, censés représenter l'état du peuple français en 1942 : la boulangère antisémite (forcément grosse et moche), l'instit au grand coeur, le curé qui porte une étoile "Ami des Juifs", le capitaine des pompiers incarnation du service public. Dans l'ensemble, les héros quotidiens se situent parmi les petites gens, les salauds dans les institutions de l'Etat Français, reprenant ainsi la vision gaulliste du peuple résistant et de Vichy, accident de l'histoire.

Afin de jouer du contraste avec ce qui va suivre, la première partie nous montre un Montmartre idyllique, entre Robert Doisneau et Amélie Poulain, où les gamins portant l'étoile jaune chantent aux terrasses des cafés pour recevoir des pièces des officiers allemands, avant de leur piquer leur casquette. La réalisatrice explique que c'est pour mieux s'attacher aux personnages et notamment les enfants, mais cette façon de présenter la vie des juifs jusqu'en juillet 1942 me paraît bien naïve.

Rose Bosch explique aussi la génèse de son projet par cette observation : "le fait qu'il n'y ait aucune image - juste une photo des bus vides devant le Vel' d'Hiv' - me bouleversait." C'est vrai que la reconstitution (essentiellement en 3D) du Vel d'Hiv' est assez impressionnante, et permet de se  rendre compte de l'entassement de ces milliers de personnes dans des conditions insupportables. Mais la précision de cette reconstitution ne suffit pas, et scénaristiquement parlant, c'est surtout l'occasion de multiplier les scènes édifiantes : la générosité des pompiers, l'héroïsme quotidien du Français de base incarné par le plombier, et les dialogues insistants : "Dis, tu crois qu'on sera grand un jour ?".

Alors qu'une des intentions annoncées parvient à fonctionner, à savoir l'attachement aux personnages des enfants, Joseph et Nono particulièrement, la scène de la séparation des familles concentre tout ce que la mise en scène peut avoir d'excesssif : ralentis, gros plans sur les visages tordus de douleurs, champ-contre champs systématiques, musique lacrymale ; tout ce fatras appelé au secours, comme si les faits rapportés n'étaient pas suffisants en soit.

Devant cette grosse artillerie, lentement m'est revenu en mémoire le contre-exemple parfait, le film français permettant d'appréhender toute la dimension humaine de cette tragédie en plaçant la caméra à hauteur de personnage enfantin et en laissant à ces personnages le temps de créer de la véracité absolue : "Au Revoir les Enfants". Il y a entre le film de Rose Bosch et celui de Louis Malle tout ce qui sépare une grosse machine de producteur formaté pour arracher les larmes et assurer les entrées et un véritable film de cinéma : le talent d'un auteur.

Cluny 
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2010 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 7 mars 2010 7 07 /03 /Mars /2010 11:53
Film franco-britannique de Roman Polanski

Interprètes : Ewan McGregor (Le Nègre), Pierce Brosnan
(Adam Lang), Kim Catrall (Amelia Bly), Olivia Williams (Ruth Lang)

Durée : 2 h 07

Ghost.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
Thriller efficace qui permet à Polanski de traiter ses thèmes de prédilection : la réclusion, le complot, et  la paranoïa.  

Le réalisateur : Né à Paris en 1933, Roman Polanski s'installe en Pologne à l'âge de 4 ans. Contrairement à ses parents qui sont déportés -sa mère meurt à Auschwitz -, il réussit à fuir le ghetto de Cracovie. Dans la Pologne socialiste, il devient acteur avant d'entrer en 1955 à l'école de cinéma de Lodz. En 1962, il réalise son premier long métrage, "Le Couteau dans l'Eau", qui est nominé pour l'Oscar du meilleur filkm étranger, et lui permet de l'installer à Londres où il réalise "Répulsion" (1965), "Cul-de-sac" (1966) et "Le Bal des Vampires" (1967). En 1968, il tourne son premier film hollywoodien, "Rosemary's Baby". Il réalise en 1974 "Chinatown". A la suite de sa fuite des Etats-Unis, il tourne en Europe "Le Locataire" (1976), "Tess" (1979), "Pirates" (1986), "Frantic" (1988). En 2003, "Le Pianiste" lui permet d'obtenir l'Oscar du meilleur réalisateur.

 

Le sujet : Un écrivain est engagé pour réécrire les mémoires de l'ancien premier ministre britannique, Adam Lang. Il rejoint l'homme politique dans une île sur la côte est des Etats-Unis au moment où un de ses anciens ministres accuse Lang d'avoir menti sur l'intervention de son pays en Irak. Progressivement, le nègre découvre que la mort de son prédécesseur semble suspecte, et que ce dernier a dissimulé des documents sur la jeunesse de Lang.

La critique : Dans le contexte très particulier dans lequel sort "The Ghost-writer", il est difficile de faire la part entre les qualités du film qui lui ont valu l'Ours d'Argent à Berlin ainsi qu'une très bonne critique en France, et la volonté de manifester une forme de soutien au réalisateur. L'écart sur Allociné entre la notation moyenne des critiques de presse (3,6/4) et celles des spectateurs (2,6) est d'ailleurs symptomatique, et rappelle le décalage entre les réactions de Frédéric Mitterrand et de la grande majorité des intellectuels et celles exprimées dans les sondages il y a quelques mois.

Il y a des effets de l'affaire Polanski sur les conditions de tournage (les scènes dans l'île américaine ont été tournées en Allemagne) et de montage (finalisé à distance par le réalisateur assigné à résidence). On peut aussi s'adonner au petit jeu des messages cachés, comme certaines répliques qui prennent une dimension prémonitoire :"Il était irremplaçable, et pourtant il a fallu le remplacer", "Donc, je ne peux quitter les USA" ou "Nos enfants sont plus puritains que nous l'étions". Cependant, l'essentiel est ailleurs : "The Ghost-writer" est avant tout un film, et singulièrement un film de Polanski reconnaissable à des thèmes qui traversent toute l'oeuvre du réalisateur du "Locataire" : le complot, le huis-clos, les faux-semblants et l'ambiguité de ceux qui se présentent comme défenseurs du bien.

Et comme film, il est magistralement réussi, certainement un des meilleurs de Polanski depuis "Tess" (je n'avais pas été enthousiasmé par "Le Pianiste"). Il réussit d'emblée à créer à la fois le suspens et l'ambiance, par une scène qui rappelle bizarrement celle de "Shutter Island" : un ferry surgissant de la brume, les voitures qui en sortent, évitant une grosse BMW qui reste en soute, puis la police qui s'active autour de la voiture sur le quai, enfin l'image d'un corps découvert par la mer, réminiscence du début de "Jeune et Innocent". La référence à Hitchcock n'est pas fortuite, car les parallèles sont nombreux, tant dans la construction de l'intrigue à la "Topaz" que dans l'utilisation des décors, la villa d'Adam Lang rappelant celle de Vandamm dans "La Mort aux Trousses".

Le scénariste, Robert Harris, a puisé dans son expérience de journaliste politique durant les années Tony Blair pour rédiger le scénario de son roman, "L'Homme de l'ombre". Il avait déjà écrit des romans historiques comme "Enigma", sur la découverte du code de la machine de cryptage allemande durant la seconde guerre mondiale, "Archange" sur les dernières années de Staline, et surtout un roman uchronique, "Fatherland", qui se déroulait en 1964 dans un Berlin dirigé par Albert Speer et se préparant à la visite du président Joseph Kennedy. Comme dans ce roman où l'enjeu réel était la conférence de Wannsee, l'objet du suspens se trouve être un fait réel, à savoir la révélation de la soumission du premier ministre britannique aux Américains durant l'intervention en Irak.

C'est sans doute là que réside la fragilité du scénario : il n'est point besoin de risquer sa vie sur une île au large de Cape Cod pour découvrir la politique étrangère ultra atlantiste de Tony Blair, il suffisait pour cela de regarder cinq minutes la télévision en 2003. Cependant, si on accepte de considérer cet enjeu comme un simple McGuffin, la narration suffit à captiver le spectateur, notamment grâce à un sens du rythme (malgré des longueurs aux deux tiers du film), à une façon de présenter les personnages comme s'ils cachent tous quelque chose, et à une maîtrise de la composition impressionnante que j'illustrerai par deux plans : celui où, en plan fixe, on voit Ewan McGregor s'apprêter à quitter sa chambre dans la villa avec au premier plan le manuscrit, et le plan final où tout se passe en hors champ.

"The Ghost-writer" est un thriller à l'ancienne, où malgré sa durée (2 h 08) aucune scène, aucun plan n'est inutile et où la virtuosité n'est jamais gratuite. Pierce Brosnan incarne le politicien toujours sous contrôle avec une élégance glaçante, alors qu'Ewan McGregor donne vie avec subtilité à ce nègre sans nom, dont la principale qualité d'écrivain de biographies, à savoir la volonté de comprendre ses sujets, finira par entraîner la perte. Sans être le chef d'oeuvre annoncé par certains, faute d'un enjeu supérieur à la révélation de ce que tout le monde sait, et malgré la musique envahissante d'Alexandre Desplats, ce dix-septième film de Polanski mérite d'être vu, pour la leçon de mise en scène qu'il propose.

Cluny 
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2010 - Communauté : Cinéma
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