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critiques de février 2010

Mardi 2 mars 2010 2 02 /03 /Mars /2010 16:11
Film français d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Interprètes : Guy Marchand (Frédérick), Françoise Fabian
(Marianne), Sabrina Seyvecou (Delphine), Yannick Renier (Rémi)

Durée : 1 h 37

Arbre.jpg

Note :
  7 /10 

En deux mots :
Ducastel et Martineau abordent la question de la déportation homosexuelle dans le registre intimiste ; inégal, mais touchant.  

Les réalisateurs : Né à Lyon en 1962, Olivier Ducastel intègre la dernière promotion de l'IDHEC avant de devenir monteur, notamment pour Jacques Demy. Né à Montpellier en 1963, Jacques Martineau passe le concours de l'Ecole Normale Supérieure avant d'obtenir l'agrégation de lettres. Ensemble, ils tournent en 1998 "Jeanne et la garçon formidable", en 2000 "Drôle de Félix", en 2005 "Crustacées et coquillages" et en 2008 "Nés en 68".

 

Le sujet : A l’occasion des obsèques de leur fils Charles, Frédérick et Marianne reçoivent leur famille dans la propriété de Sologne. Guillaume, le fils cadet, s’en prend violement à son père qui n’est pas allé à l’enterrement. Après le départ de Guillaume, Delphine, la fille de Charles, reste quelque temps avec son ami pour essayer de percer le secret douloureux qui semble expliquer l’antagonisme entre Frédérick et ses fils.

La critique : L’Arbre, c’est le premier que Frédérick a planté quand il est arrivé dans ce coin de Sologne au sortir du camp de concentration de Schirmeck en 1943 ; la forêt, c’est celle qui l’entoure et le protège des hommes, et où la vérité se reconstruit lentement au cours des promenades qu’y font les membres de cette famille au bord de la crise de nerfs. C’est aussi bien sûr l’arbre qui cache la forêt, ici le secret qui pèse sur tous. C’est enfin l’activité de sylviculture qu’exerce Frédérick, qui s’inscrit dans la durée et dans ce que Jacques Martineau appelle une chaîne de transmission. « Or, ici, dit-il, la transmission est brisée. Le travail accompli depuis des générations s’effondre à cause de son secret trop tardivement révélé ».

Ce n’est pas déflorer l’intrigue de dévoiler la nature de ce secret, puisque la révélation intervient à la moitié du film. Olivier Ducastel et Jacques Martineau ont parlé de la condition homosexuelle dans toute leur œuvre : « Jeanne et le garçon formidable », « Drôle de Félix », «  Crustacées et coquillages » ou « Nés en 68 » parlent du sida, du rejet de la famille ou du mariage homosexuel. Le secret, c’est donc la cause de la déportation de Frédérick envoyé à Schirmeck pour homosexualité, où il était « méprisé par tous, à commencer par les autres détenus ».

Le film démarre très brutalement, avec une scène où un Guillaume éméché (joué par François Négret, le Joseph de « Au revoir les Enfants ») balance à son père « Tu nous fais honte ! ». Là, on se dit qu’on va devoir supporter un énième drame psychologique français, dans une ambiance de bourgeoisie de province à la Chabrol. Et puis, rapidement, les réalisateurs installent une autre ambiance, avec des plans comme ceux où Frédérick (interprété par Guy Marchand) écoute Wagner, qu’il ne veut pas laisser à ses bourreaux, ou des moments de confidence entre Marianne (Françoise Fabian) et sa belle-fille (formidable Catherine Mouchet).

C’est une particularité de ce film que les monologues des confessions de Frédérick et de Marianne réussissent ce que les dialogues surexplicatifs ne parviennent pas à faire, à savoir créer une réelle émotion ; car, comme le dit Olivier Ducastel, « Même si a priori, ce n’est pas évident, écouter des récits au cinéma peut être passionnant. Nous ne devions pas avoir peur de mettre en scène de longs récits ».

La volonté démonstrative amène à insister lourdement sur l’homophobie des fils, ou à décrire une peur du qu’en-dira-t-on qui semble d’un autre âge. Mais malgré ces défauts dus à une volonté de convaincre, « L’Arbre et la Forêt », Prix Jean Vigo 2009, présente le mérite de traiter d’une question volontairement oubliée de l’histoire officielle, tout en réussissant à émouvoir par la grâce des moments anodins plus que par le didactisme appuyé des dialogues.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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Samedi 27 février 2010 6 27 /02 /Fév /2010 19:28
Film français de Tony Gatlif

Interprètes : Marc Lavoine (Théodore), Marie-José Croze
(Melle Lundi), James Thiérrée (Taloche), Rufus (Fernand)

Durée : 1 h 51

Liberte.jpg

Note :
  7/10 

En deux mots :
Un beau film sur le sort des Roms pendant la guerre, où Tony Gatlif se montre plus à l'aise danns le registre poétique que dans celui de la reconstitution historique

Le réalisateur : Né à Alger en 1948 d'un père kabyle et d'une mère gitane, Tony Gatlif arrive en métropole en 1960. En 1976, il tourne son premier film, "La Tête en ruine". Suivent (entre autres) "Les Princes" (1982), "Latcho Drom" (1993), "Gadjo Dilo" (1997), "Swing" (2001) et "Exils" (2005), qui obtient le Prix de la mise en scène à Cannes.


Le sujet : Quand ils arrivent dans le village dont Théodore est maire, la quinzaine de Gitans qui venaient avant-guerre faire les vendanges découvrent que les choses ont bien changé en cette année de 1943 : il ne suffit plus de faire viser son carnet anthropométrique, il faut en plus se sédentariser sous peine d'être interné dans un camp. Dénoncés par leur ancien employeurs les gitans sont envoyés au camp. Théodore décide de les sauver : pour cela, il leur vend pour 10 francs une vieille maison à l'entrée du village.

La critique : En l'espace de trois semaines, le cinéma français présente trois films qui traitent de la déportation : "L'Arbre et la Forêt", qui évoque la question de la déportation des homosexuels, "La Rafle" sur la Rafle du Vel'd'Hiv' qui va sortir le 10 mars, et ce "Liberté" sur la déportation des Roms. Je n'ai pas vu "La Rafle", mais la bande-annonce me fait craindre le pire, dans le registre du pathos appuyé ("Ils prennent les enfants !!!") et de la reconstitution didactique. "L'Arbre et la Forêt" choisit de traiter cette question par le biais de la mémoire et du secret, et n'a donc pas à se confronter à la reproduction de la vie des camps, privilégiant intelligemment le témoignage raconté qui depuis "Shoah" a montré sa force.

Tony Gatlif n'introduit pas la distance du temps dans son récit : la narration est contemporaine à l'action ; elle démarre même en pleine guerre, et en pleine forêt, avec les roulottes qui cherchent à contourner les barrages des Allemands. Quand Théodore explique aux tsiganes les nouvelles lois en justifiant que c'est la guerre, l'un d'eux lui répond "C'est votre guerre, les roms ne font jamais la guerre". Plus tard, un des anciens qui raconte comment il avait pris le maquis dans une guerre précédente, constate lui-même qu'il s'agit là d'une guerre différente des autres.

Durant la guerre, les roms furent internés dès 1940 dans des camps familiaux. Ils ne connurent la déporation systématique qu'en Alsace et dans les départements du Nord rattachés au commandement militaire de Bruxelles, et c'est d'ailleurs dans le Nord que furent arrêtés Tolloche et ses compagnons qui inspirèrent les personnage du film. Tony Gatlif explique qu'initialement, il a pensé faire un documentaire, mais qu'il y a renoncé. "Je ne disposais pas d'assez d'éléments pour faire un documentaire. Les gens sont morts. Il y a très peu d'archives. On ne connaît pas de Juste vivant ayant sauvé des roms. Or ce dernier aspect est pour moi fondamental : comprendre pourquoi un homme ou une femme décide un jour de sauver des bohémiens. Cette leçon d'humanité, je voulais en faire un film."

Sans doute pour permettre une identification plus facile pour le spectateur, le scénario se centre sur les personnages de Théodore et de Melle Lundi, ces Justes qui servent de contre-points aux méchants, le notable collabo et les gendarmes brutaux. Les premiers sont un peu trop admirables et les seconds un peu trop zélés dans leur abjection ; Gatlif avait fait part de sa crainte ainsi : "Je ne voyais pas comment faire ce film, moi qui suis un cinéaste qui aime la liberté de la caméra, comment respecter les règles d'une stricte reconstitution". Crainte justifiée, car dans ses scènes de "stricte reconstitution", il ne peut éviter la caricature, comme celle de l'irruption des Allemands dans la salle de classe qui souffre cruellement de la comparaison avec celle de "Au revoir les Enfants".

Par contre, dès qu'il peut se servir de la "liberté de la caméra" pour filmer les roms dans leur soif de cette même liberté, on retrouve la puissance poétique dont il est capable, comme dans la scène où Talloche reprend au violon "Maréchal nous voilà" pour le transformer en envolée tsigane, ou celle où les paysans ont demandé aux roms de jouer de la musique pour que leurs poules se remettent à pondre, ou enfin ce plan d'ouverture où les barbelés du camp de Montreuil Bellay vibrent avec la musique comme les lignes d'une partition.

C'est quand il s'éloigne de son thème principal que "Liberté" touche le plus juste, à l'image de l'échec de la sédentarisation pourtant généreusement offerte et non pas imposée comme dans de nombreux pays et moments de l'histoire, ou de cette peur des fantômes qui traverse tout le film et qui selon Tony Gatlif, explique la difficultés des Roms eux-mêmes à évoquer le souvenir de leurs morts.

Il y aussi de belles idées scénaristiques pour intégrer la déportation des roms dans un contexte plus vaste et ne pas se laisser piéger par la concurrence des mémoires, comme le personnage de P'tit Claude, orphelin certainement juif recueilli par les roms (façon de casser le mythe des voleurs d'enfants), ou la scène fondamentale où Talloche trouve une montre d'argent sur les rails, une montre dont les caractères sont hébraïques. Pour ces moments de grâce, pour la musique qui rythme le récit, pour la performance de James Thiérée, "Liberté" est un film sincère et honnête qui mérite d'être vu.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 24 février 2010 3 24 /02 /Fév /2010 18:19
Interprètes : Leonardo DiCaprio (Teddy Daniels), Mark Ruffalo (Chuck Aule), Ben Kingsley (Dr Cawley), Max Von Sidow (Dr Naehring)


Durée : 2 h 17

Shutter.jpg


Note :
  8,5/10 

En deux mots :
Martin Scorsese en pleine forme + le meilleur roman de Dennis Lehane + un grand Leo DiCaprio = un polar psychologique époustouflant. 

Le réalisateur : Né en 1942 à Long Island, Martin Scorsese fréquente les salles de cinéma de Little Italy dans son adolescence, avant d'aller à l'université où il réalise ses premiers courts métrages. En 1965, il tourne "Who's that knocking at my door ?" avec son ami Harvey Keitel. Il tourne ensuite "Bertha Boxcar" en 1972, puis "Mean Streets" en 1973 avec Robert De Niro. Il obtient la Palme d'Or en 1976 avec "Taxi Driver", suivi en 1977 de "New York, New York" et en 1980 de "Raging Bull", sur la vie de Jack La Motta. Viendront ensuite (entre autres)  "La Valse des Pantins" (1983), "After Hours" (1985), "La Couleur de l'Argent" (1987), "La Dernière Tentation du Christ" (1988), "Les Affranchis" (1990), "Les Nerfs à Vif" (1993), "Casino" (1995), "A Tombeau ouvert" (2000), "Gangs of New York" (2003), "Aviator" (2005) et "Les Infiltrés" (2008).


Le sujet : Le Marshall Teddy Daniels, accompagné d'un nouvel équipier, Chuck Aule, arrive sur Shutter Island dans la baie de Boston alors que s'approche une tempête. Ils viennent dans ce pénitencier psychiatrique pour enquêter sur la disparition d'une patiente, Rachel Solando. Mais très vite, Chuck découvre que Teddy a des raisons personnelles pour venir sur l'île : retrouver Andrew Laeddis, responsable de la mort de sa femme.

La critique : Il  n'est pas étonnant que Martin Scorsese, dont toute l'oeuvre interroge la violence des hommes, ait été séduit par le roman de Dennis Lehane. Car, comme le dit en s'adressant à Teddy Daniels l'inquiétant Dr Jeremiah Naehling, sorte de Dr Merkwurdigliebe formidablement incarné par l'homme qui joua aux échecs avec la Mort, "Vous êtes un homme de violence" . Cette violence, il la porte en lui, contenue mais toujours prête à faire irruption, venue de deux traumatismes absolus : l'épisode véridique de l'exécution sommaire d'une cinquantaine de SS par les soldats de la 7° armée US lors de la libération de Dachau, et la mort de sa femme dans l'incendie criminel de leur maison. Mais elle est aussi présente dans le décor, cette île dont les bâtiments ont été construits lors de la Guerre de Sécession, période qui servait déjà de toile de fond à "Gangs of New York", récit de la violence originelle de la nation américaine. Elle l'est aussi dans le déchaînement des éléments, la tempête annoncée qui précipite Teddy et Chuck dans un tombeau. Elle l'est enfin dans le passé de chacun des patients de cet établissement, à la fois prison et asile, théâtre de la "guerre" que se livrent partisans de la lobotomie et adeptes de la camisole chimique.

Le film s'ouvre par un plan du ferry émergeant du brouillard comme la vedette du Capitaine Willard s'enfonçant dans le coeur des ténèbres, avec une photographie bleutée et le réalisme un peu carton-pâte des décors naturels qui évoquent les films des années 40-50 de la la RKO de Jacques Tourneur. L'approche de l'île, rythmée par une musique oppressante, rappelle la découverte de l'Île du Crâne et l'annonce du danger qui s'y cache. La découverte des murs de briques rouge sang de l'hôpital d'Ashecliffe à coup de longs travellings avant se fait sous le signe de la symétrie, symbolique du thème du dédoublement qui traverse le récit. Symétrie dans la composition, dans l'architecture, et même dans le montage, comme ces deux travellings parallèles montrant Teddy et Chuck dans leurs lits en train de réfléchir au décodage du message laissé par Rachel Solando.

Scorsese a choisi d'être extrêmement fidèle au roman, et ce n'était pas une solution de facilité, tant la construction du livre de Dennis Lehanne était complexe à rendre à l'écran, quand bien même son écriture est déjà très cinématographique. Une des difficultés était notamment de restituer les rêves et les flashbacks de l'histoire personnelle de Teddy, essentiels à la compréhension de l'intrigue. Dans cet exercice, Scorsese montre toute l'étendue de son talent, alternant des flashs rappellant les apparitions sanglantes des jumelles dans "Shining" et des scènes oniriques flamboyantes (sans jeu de mots), comme celle où Teddy retrouve Dolores dans leur appartement sous une pluie de cendres, Dolores dont le dos se consume quand son mari l'enlace.

La fidélité au roman amène au même étirement aux deux tiers du film comme dans le livre ; sans doute nécessaire au basculement du récit, cette demi-heure où l'intrigue semble suivre un parcours erratique à l'image de Teddy marque une baisse de tension et peut provoquer un ou deux décrochements (c'est ce qui explique que je n'ai pas donné mon troisième 9/10). La fin, y compris avec les différentes interprétations possibles, efface d'un seul  coup cette impression de langueur.

Dans une distribution parfaite (Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Max Von Sydow, Elias Koteas, véritable sosie de De Niro), Leonardo DiCaprio présent à l'image du début à la fin porte son personnage, de l'arrogance brutale à l'ébranlement intérieur. Il raconte avoir visionné plusieurs fois "Vertigo" pour s'inspirer du jeu de James Stewart, et pour voir notamment comment celui-ci exprimeait les conflits intérieurs qui animaient son personnage. Ce travail de préparation porte ses fruits, car Leo fait vivre brillament la remarque de Chuck : "A croire que la folie est contagieuse".

"Comment croire un cinglé ? Personne ne l'écoute", constate Rachel. Grâce à ce cinglé de cinéma qu'est Marty Scorsese, c'est à ce défi qu'est confronté le spectateur, sollicité en permanence par l'abondance des pistes, vraies, fausses ou les deux. Loin de se perdre dans le polar psychologique de Dennis Lehane, il réussit à la fois à l'enrichir par la maîtrise absolue du langage cinématographique, et à l'intégrer dans la continuité de son oeuvre, et tout ça pour notre plus grand plaisir, certes un brin masochiste.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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Samedi 20 février 2010 6 20 /02 /Fév /2010 17:03
Film américain de Wes Anderson

Voix originales : George Clooney (Mr. Fox), Meryl Streep
(Mrs Fox), Jason Schwartzmann  (Ash), Bill Murray (Badger)

Durée : 1 h 28

Fox.jpg

Note :
  5/10 

En deux mots :
En adaptant Roald Dahl avec une technique d'animation traditionnelle, Wes Anderson perd beaucoup de sa fantaisie et son récit s'étire

Le réalisateur : Né en 1969 à Houston, Wes Anderson a étudié la philosophie, avant de réaliser son premier court métrage en 1996, "Bottle Rocket", qu'il tourne ensuite en long métrage avec les frères Wilson. Il retrouve Owen et Luke  Wilson en 1998 pour "Rushmore", suivi de "La Famille Tenenbaum" en 2002, de "La Vie aquatique" en 2004 et de "A bord du Darjeeling Limited" en 2008.


Le sujet : Quand il apprend qu'il va devenir père, Mr. Fox promet à son épouse de ne plus voler de poules, et décide de devenir journaliste. Deux ans plus tard, quand il emménage juste à côté des trois plus grosses fermes de la région, l'envie de chaparder chez ses voisins le reprend.

La critique : Oserais-je l'avouer, je n'ai jamais beaucoup aimé Roald Dahl. Dans ma vie antérieure d'instit, je n'ai jamais infligé la lecture de "Charlie et la Chocolaterie", de "James et la grosse Pêche" ou de "Matilda" à mes élèves, préférant d'autres auteurs britanniques comme Anne Fine ou Michael Morpurgo. Je trouvais ses personnages caricaturaux, les intrigues paradoxalement à la fois abracadabrantesques et stéréotypées, et les bons sentiments bien envahissants. Alors, vous me direz, pourquoi avoir encensé l'adaptation de "Charlie et la Chocolaterie" par Tim Burton ? Parce que la réussite  incontestable du film repose à mon sens beaucoup plus sur ce que le réalisateur a insufflé de proprement burtonien dans le traitement des personnages et des décors, que sur les qualités propres de l'intrigue.

"Fantastic Mr. Fox" doit être une bonne adaptation : j'y ai retrouvé  exactement les mêmes sensations qu'en lisant un roman de l'auteur gallois : un lent ennui qui m'envahit devant une histoire qui me devient de plus en plus étrangère au fur et à mesure que mon attention se focalise sur les grosses ficelles de sa construction. Cette impression d'extériorité est ici renforcée par la technique choisie, celle de de l'animation de marionnettes image par image, avec des prises de vue frontales et un rythme saccadé qui nous renvoie cinquante ans en arrière, aux belles heures de l'animation tchèque.

Contrairement à Burton, la patte de Wes Anderson s'efface au contact du roman, et il manque le burlesque déjanté de ses précédents films, à quelques rares exceptions, comme l'explication des règles du whackbat, un jeu qui se situe quelque part entre le cricket et le quidditch. Wes Anderson a expliqué que "Fantastic Mr. Fox" était le premier livre qu'il ait lu, et qu'il portait ce projet depuis plus de dix ans. Il a poussé la déférence vis-à-vis de Roald Dahl jusqu'à aller s'installer quelques temps à Gipsy House, la propriété de l'écrivain dans le Buckinghamshire.

Le respect poussé à ce niveau explique peut-être pourquoi il s'est à ce point effacé devant l'oeuvre originale, et les mêmes causes ont produit les mêmes effets que pour Spike Jonze et son "Max et les Maximonstres". Je ne peux pas m'empêcher de comparer dans le même registre inspiré de "La Ferme des Animaux" (pas celle de TF1, celle d'Orwell) avec "Chicken Run", et la comparaison tourne à l'avantage des créateurs de "Wallace et Gromit", à la fois vis-à-vis du rythme de l'ensemble et de l'humour so british.

Trop décalé dans les dialogues et dans certains apartés pour séduire les enfants (j'ai fait l'erreur d'y aller à une séance de 14 h, les gamins étaient nombreux et j'ai malheureusement eu tout le loisir de percevoir les signes de leur décrochage), trop fidèle à un roman mal construit pour emporter l'enthousiasme des adultes, "Fantastic Mr. Fox" déçoit par rapport aux attentes que justifiaient les précedents films de Wes Anderson. Enfin, me déçoit, si je me réfère à la critique unanimenent enthousiaste, et qui me laisse une nouvelle fois perplexe.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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Samedi 13 février 2010 6 13 /02 /Fév /2010 16:56
Film russe de Pavel Louguine

Interprètes : Piotr Mamonov (Ivan IV), Oleg Yankovski
(Phillipe de Moscou), Youri Kuztnezov (Skrutatov),

Durée : 1 h 56

Tsar.jpg

Note :
  8,5/10 

En deux mots :
Pavel Lounguine réussit un film flamboyant sur l'opposition shakespearienne entre Ivan le Terrible et Philippe de Moscou. 

Le réalisateur : Né en 1949 à Moscou, Pavel Lounguine suit les cours de l'école de cinéma de Moscou. En 1990, son premier long métrage, "Taxi Blues" reçoit le prix de la mise en scène à Cannes. Il s'installe en France, et tourne avec des producteurs français des films sur la Russie : "Luna Park" (1992), "Un nouveau Russe" (2002). Il réalise en 2006 "L'Île", qui reçoit l'Aigle d'Or au festival de Moscou.


Le sujet : En 1565, Ivan IV, dit le Terrible, voit dans la fuite du métropolite du Moscou un signe de l'imminence du Jugement Dernier. Il s'entoure d'une garde personnelle, "Les Chiens du Tsar", reconnaissables à la tête de chien accrochée à leurs selles. Il rappelle son ami d'enfance, Philippe, higoumène du monastère des îles Solovski, et le nomme métropolite. Ce dernier finit par accepter, espérant contrer la cruauté d'Ivan, persuadé que tout le monde complote contre lui. Quand Ivan décide d'exterminer ses officiers qui ont perdu une ville face aux Polonais, Philippe décide de s'opposer publiquement au Tsar.

La critique : Eisenstein avait réalisé entre 1942 et 1944 deux de ses trois films prévus sur Ivan le Terrible. Si la première partie exaltait l'action unificatrice du premier Tsar de Russie contre les envahisseurs venus de l'Ouest, et avait reçu à ce titre les louanges de Staline à l'heure de la grande guerre patriotique, la deuxième partie avait été interdite tant la description de la paranoïa d'Ivan et de la cruauté de sa répression évoquait la dictature du Petit Père des peuples. L'opposition entre Ivan et Philippe constituait une scène centrale de cette deuxième partie, "Le Complot des Boyards", avec notamment le choeurs d'enfants qui chantait "Pourquoi, Chaldéens impudents, servez-vous un roi usurpateur ?".

Pavel Lounguine a choisi de concentrer son propos sur l'opposition entre Ivan et Philippe, et les autres aspects du règne d'Ivan le Terrible ne sont abordés qu'à travers le prisme de la folie du Tsar. Une des premières scènes du film nous montre Ivan en prière dans une chapelle rouge sang, vêtu d'une modeste chasuble, pris d'une crise de repentir mystique. Puis un long traveling arrière l'accompagne depuis la chapelle à travers le palais, et chaque station le voit recouvrir un nouvel habit richement brodé, pour déboucher sur une place où le peuple attend, prosterné. Ce plan séquence est symptomatique du va-et-vient permanent entre l'exaltation religieuse et l'autocratisme brutale du tyran qui rythme le film.

Face à Ivan se dresse Phlippe, l'ami d'enfance qui n'accepte le poste de métropolite que parce que le souverain lui demande de garder sa franchise et de lui dire ce qu'aucun courtisan n'osera prononcer. D'abord par ce qui reste de leur amitié, puis dans l'espoir d'infléchir la sinistre trajectoire du tsar par l'appel à la raison et la référence à la foi, Philippe accepte cette étrange cohabitation. Mais devant ce monarque qui ponctue chacune de ses cruautés d'une citation de l'Evangile, le métropolite comprend que l'essentiel n'est plus dans le réalisme politique, mais dans la simple affirmation morale.

On retrouve là l'opposition entre Henri VIII et Thomas Moore racontée dans "Un homme pour l'éternité", avec le même conflit intérieur entre amitié, espoir et fidélité à sa foi. Ce qui fait basculer Philippe, c'est sans doute la mort de la fillette, incarnation du peuple russe, persuadée que l'icône de la Vierge offerte par Ivan suffira à la protéger de l'ours, autre figure de la Russie. Cette scène époustoufflante renvoie à une autre scène où la même fillette met à l'eau
l'icône, qui, portée par le courant, finit par percuter et faire basculer le pilier du pont par lequel l'armée polonaise franchit le fleuve : les deux mêmes éléments, la fillette et l'îcone, illustrent les deux faces du mysticisme du tyran, la lumineuse nourrissant la ténébreuse.

Pavel Lounguine n'a pas peur du lyrisme exacerbé, ni de la violence parfois pénible à supporter, mais toujours justifiée par l'histoire. Par la flamboyance de sa mise en scène et le jeu shakespearien de Piotr Mamonov et d'Igor Yankovsli, son "Tsar" évoque à la fois Eisenstein, bien sûr, Kurosawa et Tarkovski, notamment avec l'incendie de la chapelle qui rappelle "Le Sacrifice". Porté par une superbe photographie, une science du cadrage et un sens du rythme qui respecte la pulsation du récit, ce film fait partie de ceux qui inscrivent pour longtemps des images et des émotions au creux de la mémoire : n'est-ce pas ce qu'on demande avant tout au cinéma ?

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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