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critiques de décembre 2009

Dimanche 27 décembre 2009 7 27 /12 /Déc /2009 11:02
Film américain de Francis Ford Coppola

Interprètes : Vincent Gallo (Tetro), Alden Ehrenreich (Bennie), Maribel Verdu (Miranda), Klaus Maria Brandauer (Carlo)

Durée :
2 h 07

Tetro.jpg

Note :
  7/10 

En deux mots :

Le réalisateur :
Né en 1939 à Detroit, Francis Ford Coppola entre au département cinéma de l'UCLA. En 1963, Roger Corman lui permet de tourner son premier long métrage : "Dementia 13". Il écrit ensuite des scénarios, dont celui de "Paris brûle-t-il ?" en 1966. Le succés du "Parrain" en 1972 lui permet de tourner "Conversation secrète", qui obtient le Grand Prix au Festival de Cannes en 1974. Deux ans après, il emporte la Palme d'Or avec "Apocalypse Now". Suivent ensuite "Le Parrain" 2 et 3, 'Outsiders" (1983), "Rusty James" (1984), "Cotton Club" (1985), "Tucker (1988), "Jardins de Pierre" (1989), "Dracula" (1993) et "L'Idéaliste" (1998). Depuis, il s'est surtout consacré à la production, notamment des films de sa fille Sofia et de son fils Roman, avant de réaliser en 2007 "L'Homme sans âge".


Le sujet : Serveur sur un bateau qui fait escale à Buenos Aires, Bennie rend visite à son frère Angelo qu'il n'a pas revu depuis 10 ans et son départ des Etats-Unis. Bien accueilli par Miranda, l'amie de son frère, il l'est nettement moins par ce dernier qui se fait appeler Tetro et refuse tout ce qui lui rappelle sa famille, et particulièrement leur père chef d'orchestre à la notoriété et  à la personnalité écrasantes. Bennie s'installe chez Tetro et commence à fouiller dans ses affaires à la recherche des explications sur sa rupture avec sa famille.


La critique : Au début de "Rusty James", le spectateur est accueilli par le tag "The Motorcycle Boy reigns" sur les mur de Tulsa ; quand il arrive à la Boca, le quartier de Buenos Aires où vit son frère, Bennie tombe sur l'inscription "Ne lâche pas la corde qui te lie à ton âme". Ce n'est pas un hasard si je commence cette critique en faisant référence à "Rusty James", tant les similitudes sont nombreuses entre les deux films : tout d'abord, la superbe photographie en noir et blanc, avec des plans d'ensemble des deux villes, Tulsa et Buenos Aires, agissant comme des ponctuations du récit, et l'injection de la couleur, avec ici le rôle inversé qui lui est donné, celui du retour en arrière.

Le thème ensuite, celui de la fascination du cadet pour l'aîné, et des difficiles retrouvailles entre les deux, avec la différence dans la place du père, démissionnaire dans "Rusty James", écrasante statue du Commandeur dans "Tetro". Dans les deux cas, le point de vue adopté est celui du cadet, et si dans le premier les déchirures de l'enfance passaient au second plan derrière l'actualité de la relation de frère à frère, ici le rapport au père se trouve au coeur du récit, ainsi que la place dans la lignée comme le symbolise une de leur première promenade sur la tombe de l'aïeul italo-argentin.

C'est sans doute là que réside la principale différence entre l'oeuvre de 1984 et celle de 2009, l'abandon d'une certaine linéarité représenté par l'unité de temps et de lieu dans "Rusty James" au profit d'un récit plus complexe, construit comme une poupée russe autour des révélations sur l'identité de chacun, et dont la rupture prend forme avec le voyage en Patagonie (pour recevoir le Prix "Parricide" !), sorte de cul-de-sac du monde, avant le retour à Buenos Aires où tous les élements dispersés se retrouvent. La place de la famille aussi a évolué entre les deux films : refuge contre le monde extérieur dans "Rusty James" elle devient ici au contraire le lieu à fuir : "J'ai divorcé de ma famille", proclame d'ailleurs Tetro.


Forcément, on pense aux éléments autobiographiques : le père chef d'orchestre, le fils qui cherche à exister comme créateur dans un autre art, le petit-fils qui récupère le travail de son père. Francis Ford Coppola reconnaît cette inspiration tout en en fixant les limites : "
J'ai vécu les sentiments et les rivalités que je dépeins à l'écran, mais l'histoire du film n'a rien à voir avec la mienne. Par exemple, mon père Carmine était un compositeur talentueux, certainement trop centré sur lui-même pour être un artiste accompli, mais c'était un homme très doux, un père merveilleux : tout l'inverse de celui que je décris dans le film !"

Mais pour un fou de cinéma comme Coppola, la source d'inspiration ne peut se limiter à sa propre famille et à sa propre histoire, et une fois encore, les citations foisonnent : "Les Chaussons Rouges" et le "Contes d'Hoffman" de Michael Powell, la robe verte de Cyd Charisse dans "Chantons sous la pluie", le découpage du cadre en écrans multiples à la Brian DePalma lors de la cérémonie en Patagonie ; je me suis même demandé si le vol de la baguette dans le cercueil paternel n'était pas une référence à "Harry Potter et les Reliques de la Mort"...

Ma réticence à crier au chef d'oeuvre trouve son origine dans certaines scènes, ou peut-être plus précisément certains personnages vraiment trop caricaturaux (Francis, t'es trop ?), comme Alone, Abelardo et Josefina ; cette dernière fait d'ailleurs écho au personnage de Cassandra, la tentatrice écervelée de "Rusty James". Ces scènes étirent un peu le récit, et le détournent de l'essentiel, à savoir la relation entre Bennie et Tetro. Il n'en reste pas moins que "Tetro", tout comme "L'Homme sans âge", détonne dans la production actuelle par la flamboyance de sa mise en scène, la dimension tragique de son propos, et la qualité de jeu de ses principaux acteurs.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2009 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 23 décembre 2009 3 23 /12 /Déc /2009 07:59
Film iranien de Bahman Ghobadi

Titre original :
Kasi az gorbehaye irani khabar nadareh

Interprètes :
Negar Shaghaghi (Negar), Adhkan Koshanejad
(Ashkan), Hamed Bedhad (Nacer)

Durée :
1 h 41

Persans.jpg

Note :
  7/10 

En deux mots :
La soif de liberté et de musique de la jeunesse iranienne filmée à la dérobée comme un documentaire. 

Le réalisateur : Né en 1969 dans le Kurdistan iranien, Bahman Ghobadi réalise des courts métrages pendant son service militaire, avant d'étudier le cinéma à Téhéran. Il travaille comme assistant réalisateur pour Abbas Kariostami et Samira Makhmalbaf. Il tourne son premier film, "Un temps pour l'ivresse des chevaux", qui reçoit la caméra d'or à Cannes en 2000. Il réalise ensuite "Les Chants du pays de ma mère" (2002), "Les Tortues volent aussi" (2003) et "Half Moon" (2004).

 

Le sujet : Deux jeunes musiciens, Negar et Ashkan, viennent de sortir de prison. Ils cherchent à faire un concert à Téhéran pour financer leur départ clandestin pour Londres, et jouer au moins une fois dans leurs vies devant leurs parents. Pour organiser ce concert, il parcourent la ville à la rencontre des musiciens de tous les genres interdits.

La critique : Pour le régime islamique iranien, la musique est impure puisqu’elle procure gaieté et joie. Alors, quand il s’agit de monter un groupe d’indie rock, on imagine bien toutes les difficultés auxquelles les apprentis musiciens peuvent être confrontés. D’ailleurs, au début du film, Negar et Ashkan sortent de prison, et la plupart des musiciens qu’ils rencontrent ont eu maille à partir avec les nombreuses polices du régime.

Du coup, la musique se joue dans les caves, sur les toits, dans les étables ou les immeubles en construction, et la formidable énergie doublée d’une envie de liberté que dégagent ces musiciens s’oppose au carcan des autorisations délivrées au compte-goutte en vertu de règlements absurdes, comme celui qui interdit une chanteuse soliste mais autorise trois choristes. On comprend mieux pourquoi le livre de chevet de Négar est La Métamorphose

Bahman Ghobadi nous permet de découvrir un des aspects du bouillonnement de la vie culturelle underground à Téhéran, celui de ces nombreux groupes qui se développent dans tous les styles : hard rock, blues, rap ou world music. Mais il aborde aussi une question qui le travaille depuis deux ans, et l’échec de son précédent projet, « 60 seconds about us » : la problématique de savoir s’il est encore possible de créer en Iran, et donc la question de l’exil.  

Après les premières années du régime des mollahs où n’étaient autorisés que des films de propagande, le système de la censure s’est sophistiqué en imposant un code islamique interdisant de montrer une femme non voilée ou maquillée, des contacts physiques entre hommes et femmes ou des personnages portant une cravate. Progressivement, les cinéastes ont réussi à contourner ce code, et dans des films comme "Hors Jeu" de Jafar Panahi ou "A propos d’Elly" d’Asghar Fahradi, les personnages, et notamment les personnages féminins, montraient une liberté de comportement bien éloignée du dogme religieux.

Le pouvoir a manifesté alors une certaine ambigüité, autorisant ces films à aller récolter les prix dans les grands festivals, mais limitant leur sortie à quelques salles en Iran. Afin de ne plus avoir à finasser avec la censure, et parce qu’il savait que ce serait son dernier film iranien, Bahman Ghobadi a choisi de tourner "Les Chats persans" dans la clandestinité, jouant à cache-cache avec la police comme les héros de son film.

Tourné en numérique et sans éclairage, son film présente une forme éclatée, entre documentaire, fiction et clip, commençant dans une tonalité réaliste prononcée pour se finir dans une dramatisation symbolisée par un dernier plan de Negar, filmée pour la première fois tête nue, comme une annonce de ce qu'il pourra filmer en exil.


Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2009 - Communauté : Cinéma
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Mardi 22 décembre 2009 2 22 /12 /Déc /2009 19:20
Film américain de Spike Jonze

Titre original :
Where The Wild Things Are

 
Interprètes : Max Record (Max), Catherine Keener (La mère), Mark Ruffalo (Le petit ami)

Durée :
1 h 42

Maximonstres.jpg

Note :
  3/10 

En deux mots :
Spike Jonze perd sa créativité en dilatant un album jeunesse en un long pensum pédopsychologique.

Le réalisateur :
Né en 1969 dans le Maryland, Spike Jonze réalise des publicités pour Nike ou Coca-Cola, et des clips pour Björk, Daft Punk ou REM. Il réalise en 1999 "Dans la Peau de John Malkovitch" sur un scénario de Charlie Kaufman. Il produit l'émission Jackass sur MTV. Il tourne son deuxième film en 2003, "Adaptation".


Le sujet : Max est un enfant hyperactif, qui se sent ignoré par sa grande soeur et abandonné par sa mère qui partage son temps entre son travail et son nouveau copain. Après avoir piqué une nouvelle crise, il s'enfuit en bateau et arrive sur une île peuplée de sept créatures monstrueuses qui envisagent de le manger. Il réussit à y échapper en se faisant reconnaître roi par les maximonstres.


La critique : Adapter à l'écran les classiques de la littérature enfantine semble à la mode ces derniers temps : "Charlie et la Chocolaterie", "Le Petit Nicolas", et maintenant le conte de Maurice Sendak de 1963, certainement dans le top ten des B.C.D. des maternelles. Cette histoire d'un enfant tyrannique parce que malheureux et apeuré qui s'invente des monstres représentatifs de ses colères et de ses angoisses a très vite rencontré un grand succès auprès des enfants, et peut-être surtout, des adultes soucieux de donner à lire aux bambins ce livre exutoire.

Quand j'ai appris que l'auteur de "Dans la Peau de John Malkovitch" allait s'attaquer à son adaptation, je m'en suis réjoui car je pensais qu'on allait être dans le cas de "Charlie et la Chocolaterie" beaucoup plus que dans celle du "Petit Nicolas", à savoir l'appropriation de l'oeuvre d'un artiste par un autre artiste. Et puis, je me suis aussi dit que Spike Jonze avait dû suffisamment s'interroger au préalable sur la démarche de l'adaptation d'une oeuvre littéraire, puisqu'il en avait justement fait le thème de son deuxième film.

Après la vision du film, la déception prédomine, signalée par un incommensurable ennui. Il m'a fallu quelques temps pour comprendre pourquoi le soufflé était à ce point retombé, car on ne peut pas faire grief d'une trahison à la dimension graphique de l'adaptation : tout, de la dégaine de maximonstres jusqu'au costume de Max et à sa couronne, en passant par le voilier, tout est fidèle à l'original. Non, la racine du hiatus se trouve dans la transcription à l'écran du texte de Maurice Sendak.

Le texte de l'album compte exactement 353 mots pour 40 pages ; la rencontre de Max et des maximonstres se fait en une soirée, et  elle se résume à ce passage : "« Vous êtes terrible, vous êtes notre roi », « Nous allons faire une fête épouvantable » déclara le roi Max. « Ca suffit » dit Max brusquement. « Vous irez au lit sans souper ». Max, roi des Maximonstres, resta seul. Une envie lui vint d’être aimé, d’être aimé terriblement. De loin, très loin, du bout du monde, lui venaient des odeurs de choses bonnes à manger. Max renonça à être roi des Maximonstres."

Ces quelques lignes ont été diluée, étirée en une heure de film ; il a fallu donner à chaque maximonstre une personnalité, une place dans le groupe, une histoire. Et c'est là où le bât blesse : cette personnalité a été définie avec une volonté explicative à peine déguisée, afin de mettre en abyme de façon didactique les émotions de Max. La force du récit de Maurice Sendak réside dans la brutalité enfantine de ces terreurs ; dans le film, elle semble décryptée par un psychiatre qui aurait écrit une analyse psychanalytique du livre.

Comme exemple de la différence dans le traitement du récit, citons le voyage de Max jusqu'à l'île. L'album dit : "Ce soir-là, une forêt poussa dans la chambre de Max. D’abord un arbre, puis deux, puis trois, des lianes qui pendaient du plafond, et au lieu des murs, des arbres à perte de vue. Un océan gronda, il portait un bateau qui attendait Max." : tout se passe dans la chambre où Max est consigné. Dans le film, il s'échappe et traverse la ville jusqu'à la mer où attend le bateau. Volonté d'étirer le récit ou contresens, ou les deux : ce n'est pas la même chose, et l'enfant boudant dans sa chambre et évacuant sa peur à coup de jeu symbolique devient un enfant-tyran qui donne envie de justifier les décrets sécuritaires des maires instaurant le couvre-feu pour les mineurs dans leurs communes.

Pire, il se dégage de l'ensemble, en plus de l'ennui, un sentiment de malaise souligné par de nombreux spectateurs dans les avis donnés sur des sites comme allociné, et je partage cette impression. Je me suis interrogé pour savoir si c'était volontaire de la part de Spike Jonze, afin de représenter les terreurs de Max. Mais quand on donne au rêve l'aspect de la réalité, on lui fait perdre sa dimension onirique, et le réalisateur doit alors en assumer le propos comme sien. Terry Giliam a su montrer des rêves effroyables dans "L'Imaginarium du Docteur Parnassius", et tout dans sa réalisation montrait que ce n'était pas son point de vue, mais celui de Tony et/ou du Docteur Parnassus. Ici, le gamin braillard et ces télétubbies sous crack nous sont donnés à voir sans filtre, et ça devient vite insupportable.

Il est étonnant que Spike Jonze soit à ce point passé à côté d'un sujet qui lui tenait visiblement tellement à coeur. L'absence de Charlie Kaufman à ses côtés pour l'écriture du scénario comme pour ses deux premiers films explique peut-être cet échec, tant les éléments liés à l'imaginaire et qu'on retrouve dans des films d'autres réalisateurs dont il a aussi signé le scénario (Gondry) font ici défaut. Espérons que cette échec (moins de 100 000 entrées France à 15 jours de Noël) le conduise à retrouver cette inspiration, avec ou sans Kaufman.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 19 décembre 2009 6 19 /12 /Déc /2009 18:00
Film américain de James Cameron

Interprètes : Tom Worthington (Jake Sully), Zoë Saldana (Neytiri), Sigourney Weaver (Grace Augustine), Michelle Rodriguez (Trudy Chacon)

Durée :
2 h 41

Avatar

Note :
  6/10 

En deux mots :
La bataille de Little Big Horn chez les schtroumpfs de l'espace : le très beau 3D ne compense pas un scénario bourré de clichés. 

Le réalisateur :
Né en 1954 dans l'Ontario, James Cameron s'installe en 1971 en Californie où il est diplômé de physique. Il travaille dans les effets spéciaux pour la compagnie de Roger Corman, New Line Picture. Il réalise son premier long métrage en 1981, "Piranha 2", mais il se dispute avec le producteur et il reniera ce film. En 1984, il tourne"Terminator" qui lui vaut un succès planétaire. Il réalise ensuite "Aliens le retour" (1986), "Abyss" (1989), "Terminator 2" (1991), "True Lies" (1994) et "Titanic" (1997).


Le sujet : Ancien Marines devenu paraplégique, Jake Scully est envoyé en 2154 sur la planète Pandora pour remplacer son frère qui vient de mourir comme "pilote d'avatar" : il va conduire à distance une crature biologique qui a l'aspect d'un Na'vi, un des autochtones de la planète. A l'insu du Dr Augustine qui dirige ce programme d'avatars dans un but scientifique, il renseigne le colonel Quaritch qui prépare l'expropriation des Na'vi pour permettre l'exploitation du minerai qui se trouve sous leur lieu sacré. Mais quand le chef des Na'vi confie à sa fille Neytiri le soin de son initiation, il commence à s'interroger sur sa mission...


La critique : Les réalisateurs qui ont eu la chance - ou le talent - de réaliser des films cultes réagissent de façon différentes : certains enchaînent tournage sur tournage, comme Eastwood ou Soderbergh ; d'autres, comme Kubrick ou Malick prennent le temps : 12 ans entre "Full Metal Jacket" et "Eyes Wide Shut" pour le premier, 20 ans entre "Les Moissons du Ciel" et "La Ligne rouge" pour le second. James Cameron fait visiblement partie de la deuxième catégorie, puisqu'il aura attendu 12 ans entre "Titanic" et cet" Avatar", dont il portait pourtant le projet depuis près de vingt ans.

C'est paraît-il la vision du "Seigneur des Anneaux" qui l'a convaincu que les progrès du 3D rendaient enfin possible la création de l'univers de Pandora. Le processus n'est pas nouveau, puisqu'Hitchcock lui-même l'avait expérimenté en 1954 dans "Le Crime était presque parfait", avec les fameux plans de la clé ou de la main avec les ciseaux. James Cameron aussi s'est amusé avec la profondeur de ses plans pour profiter des effets de la 3D, et le résultat est franchement convaincant, avec un univers plastiquement très réussi.

Certes, il a pioché un peu partout pour cela : du côté de "Jurassic Park" et de "Starship Troopers"pour les animaux, de celui de "Robocop" ou de "Judge Dredd" pour les robots, et même de l'univers de Miyazaki pour les montagnes flottantes. Mais la mayonnaise visuelle prend, avec des choses très belles comme les espèces de méduses lunineuses, les mousses phosporescentes qui s'éclairent quand on marche dessus, ou le rodéo aérien pour dompter les sortes de ptérosaures qui servent de destriers aux Na'vis.

Le synopsis semblait assez prometteur, avec cette idée digne de Philipp K. Dick de l'avatar, renforcée par l'opposition entre le handicap du corps humain et l'extrême mobilité de l'avatar. Le caisson rappelle les precogs de "Minority Report", film tiré justement d'une nouvelle de l'auteur du "Maître du Haut Château", et toute l'initiation de Jakesully par Neytiri ne manque pas d'une certaine poésie. Progressivement, la dualité de Jake et le cas de conscience qui l'agite fait penser aux westerns comme "Little Big Man" ou "Soldat Bleu", où des visages pâles recueillis par des Indiens deviennent témoins des atrocités de la cavalerie contre leur peuple d'adoption.

Comme Crazy Horse réussissant l'union des tribus indiennes, Jake parvient à réaliser l'unités des différents peuples de Na'vis. En face d'eux, le colonel Quaritch est un digne héritier du Général Custer et du Lieutenant-colonel Kilgore ; d'ailleurs, ce dernier est évoqué par l'attaque des hélicoptères et par le nom de code donné à un de ses engins, Walkyrie.

Il n'y a pas de mal à reprendre des éléments d'autres histoires pour en construire une nouvelle, c'est ce que font la plupart des créateurs. Malheureusement, cette pratique de l'empreint se retrouve dans le traitement cinématographique et scénaristique de l'ensemble, sans aucune originalité. Que ce soit l'abus des ralentis, l'omniprésence lourdingue de la musique de James Horner, ou l'abondance de personnages stéréotypés (le jeune chef Na'vi soupirant de Neytiri, le capitaliste sans scrupule, le sous-Patton près à casser du Viet bleu), sans oublier le discours new age écolo qui soutend tout ça, l'impression de déjà-vu finit par agacer.

A propos de New Age, il est curieux de constater combien les Aliens dans les films américains ("Rencontre du troisième Type", "Mission to Mars") sont souvent dépositaires d'une conscience écologiste, comme s'il fallait habiter à quelques millions d'années-lumières de la Maison-Blanche pour chercher la communion avec la nature. Quoiqu'il en soit, avec son budget estimé à 350 millions de dollars, "Avatar" réussit à fournir du grand spectacle, mais cela ne suffit pas à faire un grand film.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2009 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 6 décembre 2009 7 06 /12 /Déc /2009 17:12
Film français d'Axelle Ropert

Interprètes : François Damiens (Simon), Valérie Benguigui
(Marianne), Léopoldine Serre (Delphine), Jean-Luc Bideau (Le grand-père)

Durée :
1 h 20



Note :
3/10 

En deux mots :
Archétype du premier film d'auteur français encensé par les petits copains de la critique, littéraire et prétentieux. 

Le réalisateur :
Née en 1972, Axelle Ropert a écrit les scénario de trois films de Serge Bozon : "L'Amitié" (1998), "Mods" (2002) et "La France" (2007). Elle réalise un court métrage en 2005, "L'Etoile violette". Elle est par ailleurs rédactrice en chef de La Lettre du Cinéma.


Le sujet : Maire de la ville de Mourenx, Simon Wolberg prépare sa réélection tout en voulant contrôler la vie de sa famille, enfin, je crois que c'est ce qu'a voulu raconter la réalisatrice... J'avais aussi le choix de reprendre le pitch : "Pour mes 18 ans, je veux un anniversaire vraiment spécial, le plus bel anniversaire de ma vie avec vous." Ce n'est pas un caprice, juste la demande insistante de Delphine adressée à sa famille. Ce souhait va susciter une agitation légitime - faire en sorte que cet anniversaire soit effectivement le plus beau -, mais aussi des interrogations plus profondes. Jour après jour, une série de fissures, certaines légères, d'autres irrévocables, va lézarder les apparences d'une famille promise à rester éternellement unie et heureuse. Une autre histoire, plus comique, et plus douloureuse aussi, se dessine peu à peu au fur et à mesure que la fête approche..


La critique : Je m'en veux. Une nouvelle fois, je me suis fait avoir par la critique. Pourtant, il y avait tous les signes habituels : un premier film réalisé par une critique, avec un enthousiasme désintéressé des confrères : "Singulier film-oxymore d'une grande réalisatrice en devenir" pour Excessif (le bien nommé), "un beau film d’aujourd’hui" pour les Inrocks, "l'élégance émouvante, la force joyeuse" pour Le Monde, et enfin, "Jouissance de l’insolite, parti pris de mise en scène perpétuellement surprenante, une grande réussite très recommandée" pour Les Cahiers du Cinéma : tout cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

J'aurais dû me souvenir de "Tout est pardonné", premier film de Mia Hansen-Løve, une autre critique, ou des films qui ne sont plus les premiers d'autres anciens des Cahiers du Cinéma, comme "Je pense à vous", de Pascal Bonitzer, ou "Les Chansons d'amour", de Christophe Honoré : point commun de tous ces films et de cette "Famille Wolberg", la primauté absolue accordée à des dialogues hyper-écrits, avec une prétention littéraire insupportable. Ici, on est servi, et largement, avec des dialogues du genre : "Faire l'amour n'a rien de scandaleux, Simon - Si, l'amour est un scandale", ou "Oh, les vieux font toujours des chichis - Toi, t'as toujours été vieux", ou encore "Tu crois que ça l'aidait à supporter l'approche de la mort ?".

Axelle Ropert définit ainsi son projet : "La Famille Wolberg" est un mélodrame familial, genre qui pose des questions dont j'aime la simplicité : qu'est-ce qu'un père de famille, comment un homme et une femme peuvent rester ensemble des années durant, comment laisser ses enfants partir et comment quitter son père et sa mère ?" Louable intention, mais le problème est que pour qu'on puisse s'attacher à ces personnages, il faudrait pouvoir y croire un minimum, d'autant plus que la réalisatrice a ajouté une dimension supplémentaire à son mélodrame familial avec la judaïté de Simon.

Or, tout dans la mise en scène, les dialogues et la direction d'acteurs nous laisse à distance. Dès la première scène, une discussion entre la mère, la fille et le fils dans la cuisine, tout sonne faux, depuis l'histoire de la rencontre entre elle et son mari jusqu'aux réactions  téléphonés des enfants. La deuxième apparition de Simon, après une visite à son père, joué par Jean-Luc Bideau qui réussit à surnager, nous le montre en train d'inaugurer une école Maxine Brown, morte à 25 ans "sans avoir connu l'amour" (j'espère qu'elle n'ira pas voir le film, vu qu'elle est dans la catégorie Living people de Wikipedia), avec des contre champs sur les collégiennes qui pouffent, sans qu'on comprenne ce qui les fait rire.

Tout est à l'avenant dans ce film : le personnage du beau-frère bohéme, la jalousie de Simon envers l'ancien amant de Marianne (joué par Jocelyn Quivrin qui réussit à rendre crédible son stéréotype de personnage), jusqu'au cancer de Simon dont on se contrefout sans même en avoir mauvaise conscience (à la différence de Jacques Gamblin dans "Le Premier jour du reste de ta vie"). Une scène résume pour moi la prétention surannée de l'ensemble : Benjamin, le fils Wolberg, demande à son oncle pourquoi son père dit de lui qu'il est en dehors de la vie ; Alexandre dessine alors par terre une ligne à la craie symbolisant le in et le off, et les voilà qui sautent à pieds joints de part et d'autre du tracé. Jacky Goldberg a trouvé dans les Inrocks que cela faisait "
d’une idée littéraire un émerveillement cinématographique" ; j'ai trouvé que c'était d'un ridicule achevé.

Ces 80 minutes m'ont paru interminables, et les seuls moments où je me redressais dans mon fauteuil étaient ceux où on entendait les chanteurs de northern soul dont on voit les photos sur le mur de la chambre à coucher des parents : ça fait bien long pour un clip.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2009 - Communauté : Cinéma
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