Film américain de Katheryn Bigelow
Titre original : The Hurt Locker
Note : 5 /10
En deux mots : Tentative pénible de modernisation des vieux poncifs militaristes yankee.
La réalisatrice : Née en 1951 à San Carlos en Californie, Katheryn Bigelow a suivi des études de peinture au San Francisco Art Institute. Elle réalise son premier film en 1982, "The Loveless", suivi en 1987 de "Aux frontières de l'Aube". Elle rencontre le succès en 1990 avec "Blue Steel", puis en 1991 avec "Point Break". Elle tourne en 1995 "Strange Days", écrit par son mari James Cameron. Suivent "Le Poids de l'eau" (2000) et "K 19, Le Piège des Profondeurs" (2002).
Certes, "Démineurs" permet de découvrir le travail très particulier de ces unités qui ne manquent pas de travail dans l'Irak ravagé par les attentats suicides et les EEI, Engins explosifs improvisés. Katherin Bigelow a un indéniable savoir-faire pour le grand spectacle, et son "Point Break" est devenu un film-culte, aidé en cela par Brice de Nice. L'explosion de la scène d'ouverture constitue un vrai morceau de bravoure, et le réalisme dela reconstitution ne peut être mise en cause.
Pourtant, j'ai assez vite ressenti un sentiment de gêne, renforcé par le fait que le réalisateur est une réalisatrice : afin de créer une intrigue entre deux explosions, Katheryn Bigelow a doté ses personnages de traits de caractère ultra-stéréotypaux. L'opposition entre le sergent James, tête brûlée inconsciente et le sergent Sanborn, soucieux de préserver la vie de ses équipiers est sensée donner du tonus à l'histoire : elle ne fait en réalité que décrédibiliser l'ensemble, tant elle semble sortie d'un film militariste des années maccarthistes.
On a le droit à tous les clichés du genre : la citation en exergue qui annonce "la guerre est une drogue", le colonel qui vient féliciter le sergent James d'être aussi "couillu", le soldat Elridge qui a honte de reconnaître sa peur, jusqu'à la réconciliation à coups de poing et à coup de gnole. Devant cette débauche de testostérone décérébrée, je me suis demandé si la réalisatrice avait choisi le deuxième degré, mais hélas, non.
Si on réussit à surmonter l'agacement devant cette énième déclinaison de la mythologie du mâle U.S., il y a quelques éléments intéressants à relever, comme la représentation subjective des Irakiens tels que les voient les soldats américains. Ils sont la plupart du temps filmés de loin, et le moindre de leurs gestes est interprété comme une menace, justifiant la virulence de la réaction, ce qui amène James à faire ce constat dans un moment de lucidité à la suite de l'humiliation subie par un suspect : "Si ce n'est pas un insurgé, ça l'est devenu".
Ce qui aurait pu être un témoignage intéressant sur l'impasse dans laquelle se trouve l'armée américaine se réduit finalement à un énième western (d'avant "La Flèche brisée", bien sûr), où les Indiens sont remplacés par des Irakiens dont la cruauté devrait conduire à adopter la pensée de Custer sur la nature d'un bon Indien. Le choix d'adopter les pires codes du film de guerre U.S. conduit de facto à légitimer le militarisme américain, et à continuer à produire idéologiquement de la viande à canon pour les interventions militaires futures.
Cluny
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