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critiques de mai 2009

Mercredi 3 juin 2009 3 03 /06 /Juin /2009 22:55

Film britannique de Ken Loach

Interprètes : Steve Evets (Eric Bishop), Eric Cantona (lui-même), Stephanie Bishop (Lily), John Henshaw (Meatballs)




Durée : 1 h 59

Note : 7,5/10

En deux mots : Même quand il va du côté de la comédie, Ken Loach fait du Ken Loach, et c'est tant mieux.


Le réalisateur : Né en 1936 en Angleterre d'un père ingénieur, Ken Loach fait de brillantes études à Oxford. D'abord comédien, puis metteur en scène au théâtre, il rentre comme réalisateur à la BBC en 1963. En 1967, il tourne son premier long métrage, "Pas de larme pour Joy". Son second film, "Kes" (1970), l'histoire d'un enfant rejeté qui  apprivoise un faucon, est présenté à Cannes. En 1972, "Family Life", film terrible sur une adolescente acculée à la folie par sa famille, rencontre un grand succès critique. Après un long retour à la télévision, il revient au cinéma pour dénoncer les ravages de l'Angleterre thatcherienne sur la classe ouvrière : "Riff Raff"(1991), "Raining Stones" (1993), "Ladybird" (1993),  "My Name is Joe" (1998), "The Navigators" (2001). Il traite aussi d'autres sujets politiques : le conflit irlandais ("The Hidden Agenda", 1991), la guerre d'Espagne ("Land and Freedom"), le Nicaragua sandiniste ("Carla's Song", 1995), l'exploitation des travailleurs latinos à Los Angeles ("Bread and Roses").
Il obtient la Palme d'Or en 2006 pour "Le Vent se lève", avant de tourner "It's a free World"

 

Le sujet : Postier mancunien jamais remis de sa rupture avec Lily, son premier amour, Eric n'arrive plus à faire face aux difficultés de sa vie. Responsable de ses deux beaux-fils qui habitent avec lui et sur lequel il n'a plus prise, il ne parvient pas à aller revoir Lily pour partager la garde de leur petite-fille. Alors qu'il est à deux doigts de commettre l'irréparable, il voit se matérialiser dans sa chambre son idole de toujours, Eric Cantona. Celui-ci se met alors à coacher Eric pour l'amener à reprendre le contrôle de sa vie.
La critique : Il y a toujours chez Ken Loach des groupes de gens unis par un même combat et par une même appartenance qui permettent au héros de surmonter son isolement et de faire échec aux exploiteurs : cheminots, squatters, travailleurs immigrés de Californie, combattants des Brigades Internationales ou de l'indépendance irlandaise... Ici, il s'agit de postiers, représentants de ces services publics malmenés par des décennies d'ultralibéralisme, et qui incarnent une nouvelle fois la solidarité de la Grande-Bretagne d'en-bas.

Mais il ne s'agit pas de n'importe quels postiers : ce sont des postiers de Manchester, et si on les voit se déchirer, ce n'est pas entre supporters des red devils et des Citizen de Manchester City, mais au sein de la famille rouge, entre légitimistes et membres du F.C. United, le club créé par les supporters opposés au rachat du club par Malcolm Glazer. Car quand Ken Loach s'intéresse au football, il ne peut s'empêcher de montrer qu'aujourd'hui les ouvriers ne peuvent plus se payer de places au stade, alors que les petits caïds s'offrent une loge à Old Trafford.

La querelle entre partisans du F.C. United et de Man U donne lieu à une de ces scènes savoureuses de débat populaire que Ken Loach sait si bien mettre en scène. Autre scène typique de l'affection que le réalisateur porte à ses personnages, la séance de thérapie de groupe animée par Meatball, le chef de la bande féru de bouquins de psychologie appliquée, et qui invite ses collègues à s'imaginer dans la peau de leur idole, ce qui permet la réunion de Castro, Mandela, Ghandi, Sammy Davis Jr, Franck Sinatra et bien sûr, d'Eric Cantona.

Cantona, donc. On sait que c'est Eric the King lui-même qui a contacté Ken Loach pour lui proposer l'idée de la rencontre improbable d'un fan et de son idole. Paul Laverty, le scénariste de dix films du réalisateur de "Le Vent se lève", a alors eu l'idée de faire sortir Cantona de son affiche, un peu comme les personnages descendant de l'écran dans "La Rose pourpre du Caire". Cantona, maudit dans le foot français et adulé Outre-Manche, campe un personnage plus cantonesque que nature, comme il le justifie dans une réplique déjà culte : "I'm not a man, I'm Cantona".

Paul Laverty s'est amusé à lui écrire des proverbes du type "Qui sème des chardons, récolte des épines" ou "La plus noble des vengeances, c'est de pardonner", référence à la célèbre phrase lâchée par Cantona lors de l'affaire du mawashi-geri de Crystal palace qui fait dire à Eric, l'autre : "Je ne me suis jamais remis de tes foutues mouettes". Partageant un joint avec son protégé, jouant de la trompette ou servant de préparateur physique, l'acteur Cantona rend le personnage Cantona crédible, alors qu'on nage en plein fantastique.

"Looking for Eric" n'a pas la dimension épique de "Land and Freedom" ou de "Le Vent se lève", ni l'âpreté de "Family Life" ou de "Ladybird". Il n'en est pas moins un film jubilatoire, qui fait penser par moment aux meilleurs Capra, et une nouvelle affirmation des valeurs de solidarité et de foi dans l'humanité qui ont toujours structuré les oeuvres du plus attachants des réalisateurs britanniques.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 23 mai 2009 6 23 /05 /Mai /2009 16:44

Film hong-kongais de Johnnie To

Interprètes : Johnny Halliday (Francis Costello), Simon Yam (George Fung), Anthony Wong Chau-Sang (Kwai), Sylvie Testud (Irène)




Durée : 1 h 48

Note : 6,5/10

En deux mots : Lost in triad movie, rencontre plutôt réussie des deux Johnny/ie melvilliens.


Le réalisateur : Né en 1955 à Hong-Kong, Johnnie To a commencé comme assistant administratif puis comme réalisateur de séries à la TVB, la télévision de l'ancienne colonie britannique. Il passe au grand écran en 1980 avec "The Enigmatic Case", qui est un échec. Il ne tourne son second long-métrage qu'en 1986 ,"Happy Ghost 3", puis "The Big Heat" en 1988 et "All About Ah-Long" en 1989. En 1993, il rencontre un succés international avec "The Heroic Trio" qui révèle Maggie Cheung et Michele Yeoh. Il enchaîne ensuite au rythme de plusieurs films par an. Ont été distribués en France : "The Mission", "Fulltime Killer", "Breaking News" et le dyptique "Election".

 

Le sujet : Propriétaire d'un restaurant sur les Champs-Elysées, Francis Costello débarque à Macao au chevet de sa fille grièvement blessée dans le règlement de compte où ont péri son mari et ses deux enfants. Il lui jure de la venger, et quand il est témoin de l'exécution d'un couple dans une chambre d'hôtel proche de la sienne, il en profite pour demander aux trois tueurs à gage de l'aider à mener à bien sa vengeance.
La critique : "Ca veut dire quoi, se venger, quand on a tout oublié ?", demande un des tueurs engagés par Costello quand il constate que son commanditaire a perdu la mémoire, séquelle d'un balle restée dans le cerveau. Initialement, le scénario prévoyait que Costello était atteint de la maladie d'Alzheimer, et c'est semble-t-il ce détail qui a rebuté Alain Delon, trait d'union pourtant tout désigné entre le Jeff Costello du "Samouraï", et le Francis Costello de "Vengeance", qui précédera le remake du "Cercle Rouge" dans la filmographie de Johnnie To.

L'influence de Jean-Pierre Melville ne se limite pas à cet emprunt patronymique, ni même à la dégaine de Johnny Halliday, coiffé d'un doulos qui évoque plus celui de Gene Hackman dans "The French Connection" que les borsalinos de Delon, Bourvil ou François Périer. On retrouve le même type de personnage taciturne, le goût pour les scènes nocturnes et les néons, la photographie un peu grise et surtout l'indolence du rythme, zébré par des éclats de violence.

"Vengeance" est un film étrange, parlé en français, en anglais et en chinois, mais surtout très peu dialogué, avec la reprise des codes du polar et aussi ceux du western, comme dans la scène où Costello et ses trois complices tombent sur leurs proies en train de pique-niquer en famille. Etrange, à cause d'une impression de bric et de broc due à de nombreuses ruptures de rythme et à de brusques changement de style, à l'image du jeu de Johnny qui sonne plus juste en muet qu'en anglais, et en anglais qu'en français.

La stylisation à outrance fonctionne mieux pour certaines scènes que pour d'autres : dans la première catégorie, celle où Costello écrit Vengeance sur les photos d'identité judiciaire de ses proches avant de les jeter sur la moquette de sa chambre d'hôtel, ou celle où les trois compagnons de Costello subissent le siège des membres de la triade qui avancent en se protégeant derrière d'immenses cubes de papier à recycler qu'ils poussent devant eux. D'autres sont nettement plus tartes, comme celle où Johnny joue les yamakasi, celle où il tombe à genoux pour appeler les Mânes de ses disparus et retrouver la force de poursuivre sa vendetta, ou encore la réplique amnésique déjà devenue culte "What is revenge ?".

D'abord très classique (un gangster retiré sort de sa tanière pour venger les siens), l'intrigue bascule quand on découvre que Costello peut à tout moment perdre la mémoire, et on comprend d'un seul coup pourquoi il prend tout le monde en photo avec son polaroïd, à l'instar de Leonard Shelby dans "Memento". A défaut de tatouage sur son corps, l'inscription du nom de celui qui a commandité le massacre sur son Colt lui servira de fil rouge pour aller jusqu'au bout de sa promesse.

D'un intérêt inégal, basé sur un synopsis à la fois mille fois vu et parfois à la limite du surréalisme, "Vengeance" vaut le coup grâce à quelques scènes virtuoses d'un point de vue visuel, et à un retour ironique du boomerang de l'histoire, puisque c'était Johnny Halliday que Melville voulait pour jouer le rôle qui échut finalement à Gian-Maria Volonte dans "Le Cercle rouge".

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2009 - Communauté : Cinéma
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Jeudi 21 mai 2009 4 21 /05 /Mai /2009 12:29

Film espagnol de Pedro Almodovar

Titre original :
Los abrazos rotos

Interprètes : Penelope Cruz (Lena), Lluis Homar (Mateo Blanaco/Harry Caine), Blanca Portillo (Judit), Jose-Luis Gomez (Ernesto Martel)




Durée : 2 h 09

Note : 7,5 /10

En deux mots : Un Almodovar légèrement en panne, ça reste un film intéressant.


Le réalisateur : Né en 1949 dans la Mancha, Pedro Amodovar a commencé dans les dernières années du franquisme à tourner des films en super 8, à jouer au théâtre et à participer à un groupe punk-rock. En 1980, il réalise son premier long-métrage "Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier", suivi en 1982 du "Labyrinthe des passions", en 1987 de "La loi du désir" et en 1988 de "Matador", qui révèle Antonio Baderas. Avec Victoria Abril, il tourne "Attache-moi" (1989), "Talons aiguilles" (1991) et "Kika" (1993).

Il rencontre un succès mondial avec "Tout sur ma mère" en 1998 (Prix de la mise en scène à Cannes) et "Parle avec elle" en 2001. En 2004, il quitte l'univers féminin pour revenir sur son enfance dans une institution religieuse avec "La mauvaise éducation", mais il y revient en 2006 avec "Volver".

 

Le sujet : Depuis un accident de voiture 14 ans auparavant qui l'a rendu aveugle, le réalisateur Mateo Blanco se fait appeler Harry Caine et écrit des scénarios, aidé par son ancienne directrice de production, Judit, et son fils Diego. Quand resurgit du passé un jeune homme qui veut l'engager pour écrire un scénario, et quand Diego fait un malaise alors que sa mère est en province, il se décide à lui raconter enfin ce qui s'est passé 14 ans auparavant.
 
La critique : On ne saurait reprocher à Pedro Amlodovar de se répéter, ou alors on serait bien niais de ne pas avoir repéré dans ses seize films précédents les thèmes récurents tels que l'homosexualité, l'absence douloureuse des pères, la place des femmes au centre de l'intrigue, les secrets de familles ou la symbolique des couleurs. Pourtant, pour la première fois depuis quatre films, je ne suis pas sorti de la salle avec le souffle coupé, et l'impatience irrépressible d'avoir le DVD pour disséquer la composition de chaque plan ou les arcanes flamboyantes du scénario, et si j'ai été emporté plusieurs fois par l'émotion, j'ai aussi regardé deux ou trois fois ma montre.

Difficile de dire pourquoi ces "Etreintes brisées" ne procurent pas la même impression que "Tout sur ma Mère" ou "Volver", car on y retrouve les mêmes ingrédients, à commencer par la construction alambiquée du scénario, dont on sait l'importance que lui confère Almodovar dans la qualité d'un film. Il nous en donne d'ailleurs une leçon malicieuse dans une scène où Diego, encouragé par Harry, élabore en quelques phrases un synopsis à la "Twilight", où des vampires "non prosélytes" font fortune dans le commerce de l'écran total et où ils sont victimes d'érections dentaires.

Comme dans ces films précédents, il joue à merveille des retours en arrière, des récits imbriqués et de la multiplicité des traces, avec l'utilisation au générique des images du combo où des doublures attendent de céder leur place à Penelope Cruz ou à Lluis Homar, celles du making-off en video que tourne un Ernesto Junior affublé de la perruque d'Anton Chigurh, celles du film que tourne Lena sous la direction de Mateo et qui est la copie de "Femmes au bord de la crise de nerfs", les quelques images de "Voyage en Italie" vu en amorce d'une scène où la caméra se concentre sur les larmes qui envahissent le visage de Lena, la déclaration de rupture que Lena post-synchronise sur sa propre image video projetée par un Ernesto fou de jalousie, ou encore les différentes photos, celle de la plage de Lanzarote ou celles émiettées qui gisent au fond du tiroir depuis quatorze ans.

Il y a aussi ces idées fulgurantes, comme les larmes de Lena tombant sur une tomate rouge sang, la scène d'amour sous le drap qui symbolise le linceul auquel sont promis les deux protagonistes, ou cette autre scène d'amour filmée derrière la banquette du canapé d'où n'émergent que la vague du dos de Mateo et le pied de son éphémère conquête, alors que trône sur l'étagère du fond la fusée de Tintin.

A l'image de Woody Allen devenant aveugle avant le tournage dans "Hollywood Ending", le double de Pedro Almodovar se voit châtié d'avoir préféré son actrice à son film par la perte de la vue. Almodovar illustre en permanence cette perte du sens primordial, avec ses plans de doigts courant sur du braille, la lecture de la nécrologie d'Ernesto Martel par la voix synthétique de l'ordinateur de Mateo, ou le réflexe qui amène l'aveugle à regarder dans le judas. Ernesto, le producteur occasionnel, ne sait pas lire le langage des images, et il doit avoir recours à une interprète qui lit sur les lèvres de Lena et Mateo ce qu'il ne veut pas entendre.

Je partage l'avis de Thomas Sotinel dans "Le Monde" sur le déséquilibre qu'apporte l'interprétation fade de Lluis Homar, qui jouait Berenguer dans "La Mauvaise Education". Déséquilibre, car en face il y a Penelope Cruz, une nouvelle fois impressionnante, que ce soit en secrétaire, en "Belle de Jour" ou en "Sabrina", et une nouvelle fois, ce sont les actrices qui portent le film, les fidèles comme Blanca Portillo, Lola Duenas, Angela Molina, ou même Chus Lampreave ou Rossy de Palma qui n'ont qu'une scène.

Mise en abyme constante des difficultés d'écrire et de filmer, "Etreintes brisés" semble parfois souffrir de cette impuissance, et il manque quelque chose à ce film pour le mettre au niveau des précédents. Il est un peu à l'image du puzzle des photographies déchirées que tente de reconstituer Diego, chaque morceau est fascinant mais l'ensemble présente un aspect rafistolé. Néanmoins, rien que pour certains de ces morceaux, ce dix-septième film d'Almodovar présente bien plus d'attraits que la plupart des films actuellement à l'affiche.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 16 mai 2009 6 16 /05 /Mai /2009 20:03

Film suédois de Niels Arden Opley

Titre original :
Män som hatar kvinnor

Interprètes : Michael Nyqvist (Michael Blomkvist), Noomi Rapace (Lisbeth Salander), Sven-Bertil Taube (Henrik Vanger)




Durée : 2 h 35

Note : 7/10

En deux mots : Adaptation fidèle du premier tome de la saga Millenium, suédoise à souhait.


Le réalisateur : Né en 1961 au Danemark, Niels Arden Oplev a été révélé en 1996 à Berlin par son premier long métrage, "Portland". Il a ensuite alterné tournage pour la télévision danoise et pour le cinéma avec "Choop choop" (2001), "We shall overcome" (2006) et "World Aparts" (2008).

 

Le sujet : Après avoir été condamné pour diffamation contre un puissant homme d'affaires, le rédacteur en chef de la revue d'investigation Millenium, Michael Blomkvist, accepte l'offre que lui fait l'industrile Henrik Vanger d'enquêter sur une affaire vieille de quarante ans, la disparition de sa nièce Harriet. Il s'installe sur l'île de la famille Vanger, et commence à dépouiller les pièces amassées au cours des enquêtes précédentes. Intrigué par une liste de prénoms et de numéros, il reçoit l'aide de Lisbeth Salander, hackeuse rebelle et anorexique.
 
La critique : Hier, ce fut journée suédoise. Le matin, virée chez IKEA, suivie du traditionnel combat pour déchiffrer les hiéroglyphes de la notice de montage, puis cinéma avec l'adaptation du premier tome de la trilogie de Stieg Larsson ; il n'y a que la soirée qui n'a pas été raccord, avec la victoire du bellâtre norvégien aux dépens de notre archi-favorite, à en croire les commentaires des deux placardisés du PAF.

Suédoise, donc, ou tout du moins scandinave, puisque les producteurs ont su résister aux sirènes hollywoodiennes et engager un réalisateur danois, et à la place de Tom Hanks en Super Blomkvist ou de Keira Knightley en Lisbeth Salander, de parfaits inconnus pour quiconque ne connaît pas sur le bout des doigts le Who's who cinématographique du paradis de la social-démocratie nordique, des groupes néo-nazis et des psychopathes mysogines.

Je fais partie de ces quelques centaines de milliers de lecteurs qui, à l'automne, ont pris un peu par hasard ce polar venu du froid au titre étrange, "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes", et qui n'ont pas décroché avant d'avoir terminé les 1 740 pages de la comédie humaine inachevée de Larsson, puisqu'il avait prévu d'écrire dix volumes. C'est donc avec curiosité et circonspection que je suis allé voir ce premier opus, tant l'univers glauque et l'intrigue foisonnante me paraissaient casse-gueule à porter sur le grand écran.

Et bien, bonne surprise : l'adaptation de Niels Arden Oplev se révèle très fidèle à l'intrigue, y compris à ses passages les plus hard, comme la relation de Lisbeth avec son nouveau tuteur. Le réalisateur a expliqué qu'il avait refusé un premier scénario d'1 h 30, rédigé par un Anglais et qu'il a exigé une durée de 2 h 30 pour ne pas avoir à effacer tel ou tel aspect de l'histoire. Il a bien fait, car grâce à une réelle virtuosité à raconter de nombreux passages en des scènes courtes et très rythmées (je pense notamment aux recherches de Michael et de Lisbeth sur leurs ordinateurs), il réussit à recréer la tension nerveuse et le sens du tempo implacable qui faisaient beaucoup pour l'attrait du roman, et qui amènent à ce que les 150 minutes s'écoulent avec fluidité.

L'autre réussite se situe dans l'utilisation des décors naturels de la Suède, avec cette lumière si particulière qui restitue une partie  imprtante de l'ambiance glacée du livre. Alors certes, on pourra trouver Michael Nyqvist un peu mou et bien moins séduisant que son personnage de papier ; par contre, Noomi Rapace compose une Lisbeth Salander plutôt crédible, avec ce mélange de fragilité et de férocité qui en a fait progressivement la véritable héroïne de la trilogie.

On peut aussi trouver que la réalisation est sans surprise, qu'il y a une utilisation un peu trop systématique de la musique pour souligner pesamment les menaces qui pèsent sur nos deux enquêteurs, ou que la fin n'échappe pas au mélo un brin larmoyant ; ce n'est pas faux. Mais si cette réalisation n'apporte rien de plus au récit, elle présente le grand mérite de ne rien y enlever non plus, et d'offrir une illustration visuelle assez proche de celle que j'avais pu me faire à la lecture du roman.

Cluny 
Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 9 mai 2009 6 09 /05 /Mai /2009 16:47

Film britannique de Stephan Elliott

Titre original : Easy Virtue

Interprètes : Jessica Biel (Larita), Kristin Scott-Thomas (Veronica Whittaker), Colin Firth (Jim Whittaker), Ben Barnes (John Whittaker)




Durée : 1 h 36

Note : 7/10

En deux mots : Pas vraiment comédie, pas vraiment romantique, le film surprend par une tonalité mutiple plutôt réussie.


Le réalisateur : Né en 1964 à Sidney, Stephan Elliott a commencé comme assistant réalisateur en Australie. C'est dans son pays qu'il réalise ses trois premiers longs métrages, "Frauds" (1993),  "Priscilla, Folle du désert" qui gagne le Prix du Public au festival de Cannes 1995 et "Welcome to Woop Woop" (1997). En 2000, il tourne "Voyeur", adapté du même roman de Marc Behm que "Mortelle Randonnée".

 

Le sujet : John Whittaker, jeune Anglais de bonne famille, tombe amoureux de l'Américaine Larita Huntington quand il la voit remporter le Grand Prix de Monaco. Il l'épouse, et quelques semaines plus tard, les jeunes mariés débarquent dans le manoir familial. Si le père de John fait bon accueil à sa bru, il n'en est pas de même pour sa mère et ses soeurs, choquées de la liberté de vie de la belle Américaine, qui, ô scandale, déteste la chasse à courre.
 
La critique : "Un mariage de rêve" est adapté d'une pièce de 1927 de Noel Coward, et dont avait été tiré un des derniers films muets d'Hitchcock, baptisé "Easy Virtue" et traduit par "Le Passé ne meurt jamais". L'action de la pièce et du film étant à l'époque contemporaine, il ne serait pas venu à l'idée de Noel Coward ou de Sir Alfred (qui n'était d'ailleurs pas encore annobli) de commettre un sacrilège aussi anachronique que celui qui ouvre le film, à savoir la victoire d'une femme au G.P. de Monaco, puisqu'il fallut attendre 1975 pour voir Lella Lombardi marquer un demi point au G.P. d'Espagne, performance jamais rééditée depuis.

Passée cette introduction monégasque en sépia qui nous permet de reconnaître Sainte-Dévote, la Rascasse ou le Tunnel, l'action se déplace là où se déroulera tout le reste du film, dans un de ces man
  oirs du Surrey qui servent d'écrin au cinéma anglais, le dernier film en date étant "Reviens-moi", certes dans une autre tonalité.

Les premiers échanges à fleurets à peine mouchetés entre la pétulante Américaine et la tyrannique douairière laissent craindre le pire : un jeu caricatural, une photographie digne d'un téléfilm allemand, et un scénario construit uniquement pour mettre en valeur les bons mots du type "Je ne vais pas sourire - Tu es anglaise, fais semblant", "Elle est comme la noyade, elle devient agréable quand on cesse de lutter", ou "C'est un sujet délicat, on n'en parle pas... sauf en public".

Et puis, fort heureusement, l'action se décentre de la seule opposition entre les deux femmes, pour laisser la place à d'autres aspects de l'intrigue et à d'autres personnages, comme le père de John, jamais remis de la Grande Guerre où il emmena tous les hommes de son village à la boucherie, ou Sarah, aristocrate voisine et amie d'enfance de John, promise à lui pour permettre la fusion des deux domaines, ou encore Furber, le butler complice de Larita, bien loin des "Vestiges du Jour". 

Certaines scènes sont franchement drôles, comme la fin dramatique du pauvre Poppy (j'ai l'impression d'avoir vu une scène similaire il n'y a pas longtemps, mais où ?), d'autres sont plus poussives, comme le french cancan au gala des veuves de guerres. Mais progressivement, la tonalité comique s'efface pour s'attacher réellement aux personnages, jusqu'à une fin qui présente le grand mérite de ne pas correspondre aux lois du genre.

Je n'avais encore jamais vu jouer Jessica Biel, plus fameuse pour sa plastique que pour son jeu à en croire les premières pages de Google Images ; ici, en garçonne blonde platine, elle tient tête avec énergie et subtilité à une Kristin Scott-Thomas odieuse à souhait, et dont le surjeu demandé par Stephan Elliott réussit à passer grâce à la finesse de ses non-dits. Présent dans la plupart des comédies anglaises, Colin Firth joue ici avec un flegme dépressif, répondant à sa femme qui lui reproche de sourire : "Dieu m'en préserve !"

Ah, et un dernier détail : le pire anachronisme n'est pas de jouer Sew Bomb en fond sonore sur les images de la chasse à courre, mais de mettre une Frazer-Nash-BMW entre les mains de Larita, la marque anglaise ne s'étant alliée au motoriste bavarois qu'en 1934...

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2009 - Communauté : Cinéma
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