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critiques d'avril 2009

Dimanche 26 avril 2009 7 26 /04 /Avr /2009 22:24

Film japonais de Kore-Eda Hirokazu 

Titre original :
Aruitemo, Aruitemo


Interprètes : Hiroshi Abe (Ryota Yokoyama), Yoshio Harada (Le Dr Yokoyama), Kirin Kiki (La mère)




Durée : 1 h 55

Note :  8/10

En deux mots : Chronique familiale toute en subtilité, à la fois très japonaise et totalement universelle.


Le réalisateur : Né en 1962 à Tokyo, Kore-Eda Hirozaku est diplômé de l'université de Waseda. Il commence à réaliser de nombreux documentaires pour la télévision. Il tourne son premier long-métrage en 1995, "Maborosi", primé à Venise. Suivent "Après la Vie" (1998), "Distance" (2001) et "Nobody Knows" qui vaut à son jeune acteur le prix d'interprétation à Cannes en 2004.

Le sujet : Pour l'anniversaire de la mort de leur fils aîné, M. et Mme Yokoyama reçoivent leur fille qui vient avec son mari et ses deux enfants, et Ryota, leur fils cadet, accompagné de son épouse et du fils de cette dernière qui a perdu son père. Alors que la mère, sa fille et sa  bru préparent un repas plantureux, Ryota cache à ses parents qu'il est au chomage, et son père ne peut s'empêcher de manifester sa désapprobation de son mariage.

La critique : Alors que sa mère lui apprend une de ses fameuses recettes et qu'elles discutent en attendant Ryota, la soeur de ce dernier remarque en s'adressant à elle de sa voix aigrelette : "Parfois, tu dis des choses terrifiantes sans en avoir l'air!". Ce très juste constat semble s'appliquer aussi à tout le film de Kore-Eda Hirozaku, qui nous montre la violence des rapports familiaux, l'acidité des rancoeurs et des regrets et la cruauté des convenances sociales camouflées derrière la chronique d'un week-end en famille.

Au-dessus de tous les événements de cette réunion familiale plane le fantôme de l'absent, le grand frère mort d'avoir tenté de sauver de la noyade un garçonnet devenu un chômeur obèse et maladroit qui vient chaque année s'excuser auprès de la famille Yokoyama de vivre à la place du héros. Cette scène-clé résume toutes les composantes qui font la réussite du film : l'importance du rituel, ici l'hommage annuel qui  a pour but illusoire d'alléger la souffrance par la délectation de l'humiliation, la violence sous-jacente traduite par le dégoût exprimé avec hargne par la mère et la soeur à peine l'invité-otage parti, le sens féroce du détail, comme les chaussettes sales qui font pouffer le beau-fils de Ryoka, surnommé par le reste de la famille "le petit prince morose".

Il y a bien d'autres fantômes dans les placards de cette famille-là, comme la déception du père devant la médiocrité de la vie de Ryota, le ressentiment du cadet vis-à-vis de la place écrasante prise par son aîné avant même sa mort et qui se voit déposséder de sa place au profit du héros dans les anectodes de l'enfance, l'infidélité du patriarche révélée par un disque caché depuis des années par sa femme, ou le ressentiment de celui-ci en entendant ses petits-enfants appeler sa demeure "la maison de mamie". Mais on n'est pas ici dans le réglement de comptes à la "Festen", non, on se trouve bien au Japon, celui qui oscille entre modernité et tradition comme dans "Un artiste du monde flottant" de Katzuo Ishiguro.

Les sujets du films sont nombreux, et plusieurs d'entre eux pourraient faire basculer le récit dans le pathos. Une ou deux fois, Kore-Eda Hirozaku n'évite pas le piège du mélo ou de la lourdeur, notamment dans certains dialogues entre Ryoka et son père. Mais la plupart du temps, il esquive avec subtilité ces écueils, grâce à l'attention portée à des détails qui racontent plus et mieux qu'une narration frontale. Ainsi, quand on découvre Ryota, et que celui-ci gronde maladroitement son beau-fils d'avoir ri à l'école quand une de ses condisciples avait proposé d'écrire au lapin de la classe qui venait de mourir, le gamin lui rétorque "A quoi ça sert d'écrire des lettres que personne ne lira ?"

De même, les préparatifs de la photo de groupe se font en plan fixe sur l'autel surmonté de la photo du défunt, alors que la famille s'agite hors champ. Quand la femme de Ryota, qui a encaissé avec courtoisie toutes les vacheries balancées durant toute la journée par sa belle-famille, se permet enfin d'adresser un reproche à son mari, c'est parce que sa mère a acheté un pyjama pour lui sans avoir pensé à en prendre un pour son fils ; et lorsque Ryota sort avec son père pour voir l'ambulance emmener la voisine que le Dr Yokoyama s'est résolu à appeler, il se fait gronder comme un gamin de s'exhiber en pyjama...

Intrinséquement japonais (ne serait-ce que par la hauteur de la caméra, placée comme chez Ozu ou Mizoguchi à hauteur de tatami), "Still Walking" raconte aussi des histoires de famille comme on en trouve dans le monde entier : la gamine qui fanfaronne "J'ai pris 1,5 cm durant l'été" chaque fois qu'un adulte s'extasie de la voir si grande, la  complicité taquine entre frère et soeur devenus adultes, la mère qui cherche désepérement le nom d'un lutteur de sumo, les parents qui accompagnent Ryoka et sa famille à l'arrêt de bus en leur donnant un rendez-vous dont chacun sait qu'il ne sera jamais respecté.

Huis-clos aéré par quelques escapades cycliques (la promenade du père, la visite au cimetière), "Still Walking" prouve une nouvelle fois qu'on peut raconter une foule de choses dans une succession intelligente de plans fixes, en jouant sur la profondeur de champ, l'équilbre du cadre, le hors champ et surtout la justesse de la direction d'acteurs. Par la précision de son style quasi-documentaire, par la subtilité de son écriture et la force de son sujet, Kore-Eda Hirozaku confirme après "Nobody Knows" tout l'intérêt que lui avait témoigné le jury de Cannes présidé par Quentin Tarantino.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2009 - Communauté : Cinéma
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Mardi 21 avril 2009 2 21 /04 /Avr /2009 20:22

Film franco-américain de Bertrand Tavernier

Titre original : In the Electric Mist

Interprètes : Tommy Lee Jones (Dave Robicheaux), John Goodman (Balboni), Peter Sarsgaard (Elrod Sykes)




Durée : 1 h 57

Note : 6,5/10

En deux mots : Nouvelle escapade de Bertrand Tavernier outre-Atlantique : moins bien qu'un Tavernier hexagonal, moins bien qu'un Eastwood ou que "Trois Enterrements".


Le réalisateur : Né en 1941 à Lyon, Bertrand Tavernier collabore avec Les Cahiers du cinéma et Positif. En 1973, il tourne son premier long-métrage dans sa ville natale, "L'Horloger de Saint-Paul", première collaboration avec Philippe Noiret. Il réalise ensuite "Que la Fête commence" (César du meilleur réalisateur 1975), "Le Juge et l'Assassin" (César du meilleur scénario 1976), "Une semaine de vacances" (1980), "Coup de torchon" (1981), "Un dimanche à la campagne" (César du meilleur scénario 1983), "Autour de Minuit" (1985), "La Vie et rien d'autre" (1989), "L.627" (1992), "L'Appât" (Ours d'Or à Berlin 1995), "Capitaine Conan" (César du meilleur réalisateur 1996), "Ca commence aujourd'hui" (1999) et "Laissez-passer" (2002).

 

Le sujet : A New Iberia en Louisiane, le détective Dave Robicheaux enquête sur un meurtrier en série qui s'attaque à de très jeunes femmes. Il rencontre la star holywoodienne Elrod Sykes venu tourner un film avec le soutien financier du parrain local, Baby Fleet Barboni. Sykes lui révèle qu'il a trouvé dans le bayou les ossements d'un homme enchaîné abattu de plusieurs balles. Un soir qu'il a été drogué, Robicheaux rencontre le général confédéré John Bell Hood qui campe avec ses hommes.
La critique : Grand connaisseur du cinéma français, particulièrement celui des années 40, Bertrand Tavernier possède aussi une grande culture du cinéma américain, puisqu'il a notamment coécrit un dictionnaire de référence sur le cinéma US. C'est la deuxième fois qu'il tourne aux Etats-Unis, 25 ans après "Mississippi blues", le documentaire qu'il avait signé avec Robert Parrish. Cette connaissance du système hollywoodien ne l'a pas empêché de connaître le même sort que de nombreux réalisateurs européens dans sa collaboration avec les producteurs locaux, et "Dans la brume éléctrique" ne sort qu'en DVD aux Etats-Unis, et dans une version tronquée, et il n'a pas pu dédicacé le film à Philippe Noiret qui partageait son amour du roman, la DGA (Director's Guild of America) et WGA (Writers Guild of America) lui ayant signifié que s'il faisait cela, cela diminuait les statuts du metteur en scène et des scénaristes...

On comprend ce qui a pu attirer Tavernier dans le roman de James Lee Burke : l'ambiance bien particulière de cette Louisiane profonde où les habitants s'appellent Robicheaux, Girard, Patin ou Doucet, l'importance accordée aux particularités des personnages au détriment de la linéarité de l'intrigue, le soupçon de fantastique introduit par les appartition du général boîteux, et sans doute aussi l'idée de glisser Tommy Lee Jones dans la peau de Dave Robicheaux.

Pourtant, malgré une bonne histoire, une distribution prometteuse et un réalisateur talentueux et chevronné, le film ne réussit jamais à se dégager d'une certaine forme de brume même pas électrique. Les choix de réalisation (cadrages, mouvements, photographie) ne sont pas vraiment en cause, puisqu'ils semblent adaptés au propos. Cette impression de nébulosité repose d'abord sur l'histoire elle même, faite de fausses pistes, d'enjeux parallèles, de ruptures de rythme qui finissent par dérouter le spectateur le mieux intentionné.

La dimension chimérique du roman, autour des apparitions du général sudiste, présentait un des aspects les plus casse-gueule d'une adaptation. Sans tomber dans le ridicule, les scènes où interviennent les confédéré srestent plaquées sur le récit, et ce n'est pas le pompage éhonté de la fin de "The Shining" qui parvient à les crédibiliser.

Ensuite, l'adoption du point de vue américain amène à présenter sans recul critique, voire à justifier, un personnage qui tabasse allègrement témoins et suspects, et qui n'hésite pas à placer un flingue dans les mains d'un type abattu par les policiers alors qu'il sortait des toilettes avec une revue. Etrangement, ce qui paraît naturel chez Clint Eastwood ou Tommy Lee Jones quand il réalise "Trois enterrements" semble déplacé devant la caméra de l'auteur de "L'Appât". Tommy Lee Jones, acteur, est présent dans presque tous les plans, tout en semblant bizarrement peu investi, oscillant entre un surjeu autocaricatural et une atonie à contretemps. Heureusement, il y a John "Lebovski" Goodman dans le rôle d'un superbe salaud, arrogant et brutal. 

A avoir voulu réaliser un film trop américain, Bertrand Tavernier a perdu sur les deux tableaux : celui du film d'action, et celui du film d'auteur ; il ne parvient pas à trouver la tension et le sens du rythme d'un film  d'Eastwood auquel ce récit crépusculaire fait forcément penser, et il ne parvient pas à imposer sa patte de réalisateur européen dans un film qui ne se démarque pas du  commun de la production américaine.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 18 avril 2009 6 18 /04 /Avr /2009 14:20

Film français de Michel Hazanavicius

Interprètes : Jean Dujardin (OSS 117), Louise Monot (Dolores), Rüdiger Vogler (Von Zimmel)




Durée : 1 h 40

Note : 8/10

En deux mots : Le plus crétin des agents français se met cette fois au service de De Gaulle : suite très réussie qui reprend les codes tout en renouvelant les ressorts comiques.


Le réalisateur : Frère de l'acteur Serge Hazanavicius, Michel Hazanavicius a commencé à Canal + comme scénariste des Nuls. Au cinéma, il a cosigné le scénario de "Delphine 1, Yvan 0" et des "Dalton". Il a réalisé son premier film en 2004, "Mes Amis". En 2006, il réalise "OSS 117 : Le Caire nid d'espion" qui rencontre un grand succès.

 

Le sujet : En 1967, Hubert Bonisseur de la Bath alias OSS 117 se voit confier la mission d'aller au Brésil pour récupérer un microfilm contenant une liste de personnalités françaises ayant collaboré durant la guerre, en échange de 50 000 F qu'il doit remettre à l'ancien officier SS Von Zimmel. Repéré dès son arrivée par le représentant de la C.I.A. à Rio, il est ensuite contacté par les services secrets israeliens qui lui proposent la collaboration de Dolores, lieutenant-colonel du Mossad pour ramener Von Zimmel en Israel et le juger comme Eichman, et permettre à OSS 117 de récupérer le microfilm.
La critique : Je suis encore étonné (et réjoui) du succés qu'"OSS 117 : Le Caire nid d'espions" a rencontré, que ce soit en salle (2,2 millions de spectateurs), en DVD ou lors de sa récente diffusion sur M6 (4,6 millions de téléspectateurs). Etonné, car l'humour de Michel Hazanavicius repose sur un cocktail savant qui fait appel à l'intelligence et à la culture du spectateur, bref sur tout autre chose que les recettes habituelles des comédies françaises, gabarit "Asterix aux Jeux Olympiques" ou "Coco" (que je n'ai pas vu, la B-A m'a suffi).

Ce cocktail, dont on retrouve les composantes essentielles dans le deuxième opus, s'appuie sur une logique de l'absurde digne de Jean Tardieu, comme la conversation au SDECE où OSS 117 et ses collègues évoquent en s'esclaffant une kyrielle de noms dont on ne saura rien, et qui tire parfois du côté du burlesque, avec ici une mention spéciale pour Rüdiger Vogler, grand acteur de Wim Wenders, à qui le réalisateur reconnaît qu'il lui a demandé de faire"ce qu'il y a de pire pour un acteur allemand, un nazi dans une comédie française", et qui s'est inspiré de Chaplin et de Keaton pour composer son personnage.

Le deuxième élément repose sur la contextualisation de l'histoire dans une époque, un pays et une situation géopolitique. On passe donc de la IV° République de René Coty (mon frère, prof d'histoire en lycée, me racontait que depuis deux ans les élèves connaissaient l'ex-député de la Seine Inférieure) à la V° République du Grand Charles, dans un monde qui change et où apparaissent le féminisme, le mouvement hippie et la libération des moeurs. Bien entendu, comme le proclame la bande-annonce, si le monde a changé, OSS 117 n'a pas bougé d'un iota et son décalage n'est plus uniquement avec les spectateurs du XXI° siècle, mais aussi avec ses contemporains ; le rôle de Dolores sert d'ailleurs à ça, à opposer une parole sensée aux délires sentencieux et rétrogrades (c'est un euphémisme) du meilleur des agents du SDECE.

La troisième qualité des deux OSS se situe dans la perfection de la parodie formelle. Comme l'explique le réalisateur, entre 1954 et 1967 était passée la Nouvelle Vague, et si "OSS 117 : Le Caire nid d'espions" utilisait les codes hitchcokiens (transparences, nuit américaine), le nouvel épisode s'inspire plus du cinéma hollywoodien des années 60 : split-screens, coups de zoom ou piscine uniquement peuplée de superbes filles brésiliennes. Le soin apporté aux costumes (ah, l'ensemble pull-fuseau très Jean-Claude Killy d'OSS 117 à Gstaad, ou le costume de Robin des Bois-Eroll Flynn), aux décors et aux divers accessoires, comme le dit Michel Hazavanicius, "permet aux acteurs de dire d'énormes conneries".

Les références cinématographiques sont légion : Hitchcock, avec le vertige d'OSS qui rappelle "Vertigo", ou la scène finale où le Christ de Corcovado remplace le Mont Rushmore de "La Mort aux Trousses", "Sous le plus grand chapiteau du monde" dans le flash-back récurent qui nous montre ce que Hubert faisait avant d'être OSS, "L'Homme de Rio", bien sûr, dans l'utilisation des décors naturels (Corcovado, Brasilia, l'Amazonie) ou "Les Tribulations d'un Chinois en Chine", pour l'apparition répétée de tueurs chinois.

Comme dans toute bonne suite, on retrouve des éléments du premier film : les nazis, les tendances homosexuelles refoulées du héros, l'arrivée à l'aéroport entouré de belles filles ; mais il y a aussi des transpositions et des nouveautés. L'ignorance crasse de la géopolitique persiste, ainsi que les préjugés. Au Caire, OSS 117 faisait taire le muezzin qui l'empêchait de dormir ; à Rio, il hésite à confier son argent à des agents du Mossad, résume la Shoah par une phrase "Ah ça ! Quelle histoire..." Son antisémitisme se situe au niveau de l'inconscient d'un Louis de Funés qui expliquait candidement ses préjugés avant "Les aventures de Rabbi Jacob", ou de Raymond Barre déplorant les victimes "innocentes" pour désigner les non-juifs tués lors de l'attentat de la Rue des Rosiers. Et souvenons-nous qu'en 1967, De Gaulle avait qualifié les juifs de "peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur"...

Michel Hazanavicius a expliqué que "quand vous mettez deux scénaristes dans un bureau pendant huit mois et que vous les payez pour dire des conneries, ils disent des conneries. Le problème est d'organiser ces conneries dans une histoire pour faire un scénario qui lui-même n'a qu'un but, permettre de faire un bon film." Cette démarche se ressent, ce n'importequoitisme assumé avec maestria pour justifier des idées aussi loufoques que de faire danser la rumba à des officiers SS, de cuire un crocodile à la broche ou de construire un pédalo à tête de canard. Neuf fois sur dix, ça fonctionne parfaitement ; la dixième fois, ça à tombe à plat, déchet bien acceptable au regard du culot de l'ensemble.

Quand à Jean Dujardin, une nouvelle fois excellent,  il a donné dans une interview la clef pour comprendre son personnage : c'est un enfant de huit ans. On comprend mieux ainsi sa pensée magique qui l'amène à se protéger des balles en mettant sa main au-dessus de son visage (il a piqué l'dée à Daniel Craig), sa rapidité à se vexer et à s'entêter, ou son déni de la réalité qui l'amène à proclamer "C'est pas moi", alors que 30 personnes ont vu le coup partir de son lüger et abattre son prisonnier.

Quatre fois moins cher qu'Astérix, et quarante fois plus drôle, "OSS 117 : Rio ne répond plus" réussit la gageure de satisfaire l'envie de retrouver les composantes drolatiques du premier épisode, tout en sachant renouveler l'inspiration grâce à cette avancée dans le temps. Il ne nous reste plus qu'à attendre de voir HBdlB sauver les diamants de Bokassa, couler le Rainbow Warrior ou reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique.

Cluny 
Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2009 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 12 avril 2009 7 12 /04 /Avr /2009 16:10

Film français de Benoît Jacquot 

Interprètes : Isabelle Huppert (Ann/Eliane), Jean-Hughes Anglade (Georges), Xavier Beauvois (Thomas)




Durée : 1 h 31

Note : 8/10

En deux mots : Une femme disparaît, vue avec avec un mélange d'âpretré et de grâce par Benoît Jacquot.


Le réalisateur : Né en 1947 à Paris, Benoît Jacquot débute à 17 ans comme assistant de Bernard Borderie sur un des "Angélique". Il tourne ensuite des documentaires et des fictions pour la télévision avant de réaliser en 1975 son premier film, "L'Assassin Musicien", d'après Dostoïewski, puis "Les Enfants du Placard" en 1977. Ces deux films sont marqués par l'influence de Bresson et de Mraguerite Duras, dont il a été l'assistant. 

Il rencontre le succès en 1990 avec "La Désenchantée", puis en 1995 avec "La Fille seule". Suivent "L'Ecole de la Chair" (1998), "La Fausse Suivante" (2000), "Tosca" (2001), "Adolphe" (2004), "A tout de suite" (2005) et "L'Intouchable" (2006)

 

Le sujet : Pianiste virtuose, Ann Hidden prend une soir son compagnon Thomas en filature, et découvre qu'il a une maîtresse. Le même soir, elle rencontre Georges qu'elle n'avait plus vu depuis l'enfance. Elle décide alors de tout abandonner : Thomas, son appartement, ses concerts, et de disparaître, en ne gardant de contact qu'avec Georges. Après un long voyage pour brouiller les pistes, elle atterrit sur une île du sud de l'Italie, où elle tombe amoureuse d'une villa qui domine la mar.
La critique : "Je suis un peu brutale", dit Ann à Georges, comme pour s'excuser d'avoir été encore une fois trop franche. Cette brutalité, Benoît Jacquot semble aussi la revendiquer, et c'est ce qui fait toute la différence entre l'énergie dramatique de son adaptation du roman de Pascal Quignard, et la mollesse narrative de "Wendy et Lucy", qui aborde un sujet assez proche.

Prenons ainsi l'ouverture des deux films : chez Kelly Reichardt, un long traveling latéral sur Wendy qui joue avec Lucy dans la forêt, histoire de bien prendre le temps de présenter les deux personnages du titre ; chez Jacquot, un traveling avant subjectif, une voiture qui suit une autre sous la pluie, un montage nerveux, sortie de la Francilienne, panneau Choisy-le-Roi entraperçu, plan lointain sur l'homme qui descend de la voiture suivi, puis plan rapproché sur la femme qui descend de la voiture suiveuse, vision lointaine de la porte de la villa qui s'ouvre sur une femme à contre-jour qui enlace l'homme, gros plan du visage ravagé de la femme trompée, surprise d'une main qui surgit dans le champ, apparition de l'ami d'enfance.

A la lecture du synopsis et à la vision de la bande-annonce, je m'étais senti attiré par ce sujet : "éteindre" sa vie d'avant, comme le dit Ann, qui n'y a jamais pensé un jour ? Mais je m'étais aussi demandé s'il y avait matière à faire 90 minutes là-dessus, et si le dépouillement de tous les oripeaux de son univers antérieure ne nous conduirait pas vers un appauvrissement progressif de la narration.

Il n'en est rien, car tout en conservant ce rythme acéré, Benoît Jacquot prend le temps d'accompagner son héroïne dans la trivialité de ses démarches matérielles : vendre l'appartement, le mobilier, les pianos, solder son compte, couper l'électricité, le téléphone, annuler sa tournée, ainsi que dans la cruauté de ses séparations : Thomas, sa mère, ses amies de Bretagne à qui elle offre un dernier concert qui s'achève dans la dissonance, la tombe de son petit frère, ce parcours mené au pas de charge par Ann et Jacquot occupe la première moitié du film.

La seconde moitié commence avec sa fuite, puzzle et labyrinthe où quelques indices seulement nous permettent de deviner sa trajectoire : le Thalys, des plaques d'immatriculation rouges et blanches, la langue allemande, des douaniers italiens sur un chemin de contrebandiers, des rues napolitaines, tout cela avec un sens de l'ellipse qui tourne à l'épure : Ann arrive à un hôtel de montagne, au premier plan, floue, la tignasse grise d'un client. Plan suivant, elle se réveille en sursaut, la caméra panote et découvre la silhouette endormie de l'homme à la tignasse.

Puis l'île du bout du voyage, le coup de coeur pour ce cube rouge en haut d'une falaise, évocation de la Villa Malaparte à Capri et du "Mépris", la vieille femme qui comme Georges réplique à Ann qu'elle n'a pas à être désolée du décès de leurs proches, puisqu'elle n'y est pour rien. Même dans ce cadre là, fait de dénuement monastique face à la mer et de journées réduites à sa contemplation, le film ne sombre pas dans l'ennui, car on découvre d'autres sujets, d'autres personnages qui se cachaient dans l'ombre du thème principal.

Présente dans presque tous les plans, Isabelle Huppert, qui signe là sa cinquième collaboration avec Benoît Jacquot, s'impose comme une évidence ; on comprend que le réalisateur ait tout de suite pensé à elle quand Pascal Quignard lui a lu les épreuves de son roman, tant le mélange de douleur et de volonté farouche qui émane de sa frêle silhouette et de son jeu tout en nuance justifie en permanence le jusqu'au-boutisme de ce personnage qui ne sait répondre que "C'est vrai" au reproche de Georges qui constate "Tu n'es pas très sympathique".

Après "A tout de suite" et "L'Intouchable", Benoît Jacquot raconte pour la troisième fois consécutive l'histoire d'une femme qui part et se reconstruit ailleurs. Déjà passionnant en lui-même, "Villa Amalia" prend encore plus de relief quand on compare les trois films et que l'on voit les différents traitements (noir et blanc, numérique, argentique couleur, ou encore caméra portée, cadre fixe) mis au service d'un même sujet.

Cluny



Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 11 avril 2009 6 11 /04 /Avr /2009 16:47

Film américain de Kelly Reichardt 

Titre original : Wendy and Lucy


Interprètes : Michelle Williams (Wendy Carrol), Wally Dalton (l'agent de sécurité), Will Patton (le garagiste)




Durée : 1 h 20

Note :  5/10

En deux mots : Un road movie immoblie et vide, ça plait beaucoup à la critique.

La réalisatrice : Née à Miami, Kelly Reichardt réalise des clips en super-8 qui sont diffusés sur MTV. En 1988, elle s'installe à New York où elle travaille comme directrice artistique pour Todd Haynes ou Hal Hartley. Son premier long-métrage, "River of grass" (1994) est un road movie remarqué par la critique. Elle réalise ensuite "Ode"(1999), "Then a year" (2001) et "Old Joy" (2006).

Le sujet : Wendy fait la route avec sa chienne Lucy depuis l'Indiana en direction de l'Alaska, où elle espère trouver du travail. Dans une petite ville de l'Oregon, sa voiture tombe en panne et elle se fait arrêter dans une superette pour avoir dérobé de la nourriture pour sa chienne. Quand elle est libérée, Lucy a disparu. Elle part alors à sa recherche.

 

La critique :  Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, "Wendy et Lucy" a reçu un excellent accueil de la critique, Le Monde le qualifiant d'"un des plus beaux films du Festival de Cannes". A la lecture des critiques, on relève pêle-mêle : "minimaliste", ""humilité", "géostationnaire", "fil ténu" ou "minimum" ; dans Dvdrama, Romain LeVern synthétise cet avis quasi unanime : "Reichardt guette la sincérité à fleur de peau de l'actrice, comme l'éclat du non-événement".

L'éclat du non-événement. Diantre. Le non-événement, je l'ai clairement identifié : une lointaine cousine de Christopher McCandless perd son toutou, 80 minutes. L'éclat, plus difficilement. On comprend certes le propos de Kelly Reinhardt, montrer à travers cette histoire simple l'état d'une certaine Amérique, et sur ce plan, elle y parvient plutôt bien avec des détails qui s'intègrent au récit : un homme très âgé forcé de travailler comme vigile sur un parking, un handicapé en fauteuil qui gagne quelques dollars en revendant des canettes vides au recyclage, un jeune employé qui fait la morale à Wendy pour avoir volé deux boîtes de nourriture pour chien avant de la remettre à la police, autant de visages de la crise des Etats-Unis après 8 ans de présidence Bush.

Parce qu'elle partage avec Gus Van Sant son goût pour Portland, certains évoquent une proximité avec le réalisateur d'"Elephant". On peut effectivement repérer des similitudes factuelles, comme les balades dans la forêt de "Last Days", ou les trains de marchandise de Portland de "Paranoïd Park" ; mais la comparaison s'arrête là, car on ne retrouve pas la capacité d'envoûtement propre à GVS, vu la sécheresse de la réalisation et du jeu de Michelle Williams revendiquée par Kelly Reichardt.

Une nouvelle fois, on se retrouve confronté à l'équation impossible : comment rendre intéressant le quotidien et l'anodin, sans plonger le spectateur dans l'ennui ? A coup de longs travelings latéraux en plan large sur Wendy qui joue à la baballe avec Lucy, de plans fixes lointains sur Wendy qui sillonne la ville à la recherche de son animal, de toilettes sommaires dans les W.C. d'une station service, Kelly Reichardt place une telle distance par rapport à son personnage qu'il faut vraiment en vouloir pour ne pas s'en désintéresser.

Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2009 - Communauté : Cinéma
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