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critiques de mars 2009

Dimanche 29 mars 2009 7 29 /03 /Mars /2009 15:57

Film français de Lucien Jean-Baptiste

Interprètes : Lucien Jean-Baptiste (Jean-Gabriel), Anne Consigny (Suzy), Firmine Richard (Bonne Maman), Bernadette Lafont (Mme Morgeot)




Durée : 1 h 30

Note :  6,5/10

En deux mots : Bienvenue chez les Ch'kis, prévisible, mal fichu et sympathique.


Le réalisateur : Né en 1964 en Martinique, Lucien Jean-Baptiste arrive enfant en métropole. Il travaille pendant dix ans dans la publicité, avant de suivre le Cours Florent et se spécialise dans le doublage, faisant notamment la voix française de Don Cheadle et de de Will Smith. "La Première étoile" est son premier film.

 

Le sujet : Marié à Suzy, une métropolitaine, Jean-Gabriel habite à Créteil avec leurs trois enfants. Il vit de petits boulots et de combines, et joue régulièrement l'argent du foyer au PMU. Quand sa fille Manon lui demande pourquoi ils ne vont pas au ski comme ses camarades de classe, il lui promet d'y aller aux prochaines vacances. Suzy, consciente de l'état des finances du ménage, s'oppose à ce projet et refuse de les accompagner. C'est avec sa mère que Jean-Gabriel et ses trois enfants font route vers les Gets...
La critique : On sent parmi la critique comme un syndrome "Bienvenue chez les Ch'tis", la peur de passer à côté de ce qui serait la surprise de l'année, et ce alors que Gad Elmaleh et son "Coco" atteignent 2,4 millions de spectateurs en 15 jours malgré un éreintement quasi unanime. En cette période de crise économique et de déprime sociale, il y a visiblement une autoroute qui s'ouvre pour les comédies, puisque "La Première étoile" approche du demi million en première semaine, avec il est vrai dans ses bagages le Prix du Public et le Grand Prix du Jury au festival de l'Alpe d'Huez.

Le scénario de "La Première étoile" est construit sur une idée simple et efficace : une famille antillaise de banlieue débarque aux sports d'hiver, et la greffe de cette tribu exagérément ethnico-banlieusarde dans un milieu de beaufs montagnards lui aussi bien caricatural sert de ressort essentiel aux gags de cette comédie. En prenant un peu de "Black Mic-mac" (les trois copines bigotes  de Bonne Maman, le salon de coiffure afro où toutes les clientes s'esclaffent à l'idée de noirs au ski avant d'en faire des missionnaires, la Mercedes tunée jaune et mauve) et un peu des "Bronzés font du ski" (Bonne Maman damant la piste du tire-fesse en refusant de lâcher la perche, Jean-Gabriel perdu dans la neige), Lucien Jean-Baptiste réussit à construire un récit totalement prévisible, pleins de bons sentiments, et peuplé de personnages stéréotypés, mais qui fonctionne franchement bien.

La raison principale de cette réussite réside sans doute dans une sincérité qui se perçoit au-delà des exagérations propres à la comédie, et qui trouve ses racines dans les souvenirs d'enfance du réalisateur, parti lui aussi au ski avec sa mère. S'il y a des situations très convenues (Jean-Gabriel, archétype du "mâle antillais", beau parleur, joueur et irresponsable ; les franchouillards racistes à qui il suffit de partager une bonne biture pour dépasser leurs préjugés ; la pauvre petite fille riche entourée de boutonneux xénophobes qui tombe amoureux du mini-Corneille), on trouve aussi des scènes plus originales, comme la partie de scrabble entre Bonne Maman et son loueur, où ce dernier préfère éviter un scrabble mot-compte-triple par délicatesse, ou la très belle idée de faire chanter a capella "La Montagne" de Ferrat par la petite Marion lors du radio-crochet local, et où en entend les paroles parlant de l'exode rural ("
Ils quittent un à un le pays, pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés") prendre tout d'un coup une autre signification, déjà suggérée par les images d'archive du générique.

A côté du contrepoint réaliste de l'épouse de Jean-Gabriel jouée par Anne Consigny, on trouve des personnages plus typés, au premier rang desquels figure la mère de Jean-Gabriel, interprétée par Firmine Richard, négatif de Line Renaud, mais aussi le couple de savoyards antinomique incarné par Bernadette Lafont et Michel Jonasz, ou encore le dépanneur-perchman-présentateur du radio crochet, illustration de la polyvalence montagnarde, joué par Gilles Benizio, le Dino de Shirley.

Comédie française sans prétention mais non sans message, "La Première étoile" se laisse regarder avec plaisir, en sachant à la fois faire rire de détails propres à la communauté antillaise, mais aussi de situations universelles, de la maladresse des premières descentes à la douceur d'un dîner partagé dans un chalet.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 28 mars 2009 6 28 /03 /Mars /2009 16:47

Film japonais de Kiyoshi Kurosawa 

Interprètes : Teruyuki Kagawa (Le père), Haruka Igawa (La mèree), Koji Yakusho (Le cambrioleur)




Durée : 1 h 59

Note :  6/10

En deux mots : L'implosion d'une famille japonaise sous l'effet de la crise ; faute d'unité de style, le film ne réussit jamais à créer l'adhésion.


Le réalisateur : Né en 1955 à Kobe, Kiyoshi Kurosawa étudie à l'Université de Sociologie de Rikkyô, à Tokyo. Il réalise des films en super-8, avant de tourner son premier long métrage en 1985, "Kandagawa Wars", suivi de "The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl". Peu reconnu par le public, black-listé par les producteurs, il retourne à la fac où il enseigne le cinéma. Il revient à la réalisation par le genre fantastique : "Sweet Home" (1989), "The Guard from the Underground" (1992), et "Cure" (1997). Le succès de ce dernier film lui permet de sortir du fantastique avec "Licence to live" (1998), "Charisma" (1999), "Kaïro" (2001), "Jellyfish" (2003), "Seance" (2004) et "Loft" (2006).

Le sujet : Quand M. Sasaki, directeur administratif d'une entreprise japonaise, se voit licencier suite à la délocalisation en Chine de son service, il cache cette catastrophe à sa femme. Tous les matins, il part comme s'il se rendait à son travail, et erre d'agence pour l'emploi en soupe populaire. Son fils aîné, bien que mineur, veut s'engager dans l'armée américaine, tandis que le cadet détourne l'argent de la cantine pour prendre les leçons de piano que son père lui a refusés. Quant à leur mère, elle assiste médusée à la dislocation de sa famille...
La critique : Les patrons japonais ont une technique assez efficace pour licencier leurs cadres : après les avoir félicités pour le travail accompli depuis des années, puis leur avoir annoncé le transfert du service en Chine où trois employés reviennent au coût d'un travailleur japonais, ils les somment de répondre à la question suivante : qu'est ce que vous pouvez apporter à l'entreprise ? Faute d'avoir trouvé une réponse convaincante assez rapidement, Hiroyuki Sasaki se retrouve viré du jour au lendemain.

Au Japon plus encore qu'ailleurs, l'autorité du chef de famille dépend de sa position sociale, et M. Sasaki n'ose pas avouer à sa femme ce qui vient de lui arriver, dissimulant son licenciement en continuant à jouer son rôle de cadre modèle. On découvre bien vite qu'il n'est pas le seul, et il croise de nombreux autres chomeurs en costard-cravate dans les queues de l'ANPE locale et de la soupe populaire. Ce point de départ n'est pas forcément très original, c'est par exemple celui d'"Une Epoque formidable", ou dans une moindre mesure, de "L'Adversaire".

Sauf qu'ici, nous sommes au Japon, et la crise que traverse la famille Sasaki fait écho aux plaies de la civilisation nipponne : en voulant s'engager dans l'armée américaine au risque de partir en Irak, l'aîné souligne le statut de nation vaincue de la seconde guerre mondiale ; Kenji, le cadet, paie au prix fort d'avoir fait perdre la face à son instituteur, et le père proclame "La lâcheté, c'est ce que je déteste le plus au monde", alors qu'il cache à sa famille qu'il est devenu balayeur dans un centre commercial. L'apparence a visiblement plus d'importance que la vérité, et à ce jeu c'est son ancien camarade de classe qui a développé les techniques les plus pointues, comme faire sonner son portable cinq fois par heure, ou inviter à dîner son camarade de galère en le faisant passer pour un copain de bureau - ce qui ne lui évitera pas le pire.

La mère semble demeurer le dernier pilier stable de cette famille en décomposition, et il faudra l'intervention d'un cambrioleur (joué par Koji Yakusho, l'acteur fétiche de Kurosawa) pour la faire basculer à son tour, en une nuit que le père, la mère et le cadet vivront loin de la maison, chacun confronté à une forme du danger.

Beau sujet, servi en plus par un indéniable savoir-faire (sens du cadrage, économie intelligente de mouvements, photographie contrastée). Pourtant, on ne trouve jamais l'entrée dans le récit ; dans la première partie, le lent glissement des membres de la famille passe par la répétition des scènes qui finissent par générer l'ennui. Puis le dérèglement de la vie familiale prend une dimension vaguement fantastique, avant de déboucher sur une accélération frénétique, avec un montage tarantinesque (flash-back au milieu de l'action, scène montrée de deux points de vue successifs), et des effets de faux raccords qui ne fonctionnent pas (entrée de chaque personnage au milieu d'un mouvement, en général une chute, sans doute pour souligner la trajectoire des membres de la famille Sasaki).

"Tokyo Sonata" offre de très beaux passages, comme celui où M. Sasaki se défoule de son humiliation en se transformant en szamouraï dérisoire avec une barre ramassée dans la rue, ou celui de son épouse assise dans l'eau noire de la mer. Mais faute d'une véritable ligne narrative, le récit se disperse et notre attention avec.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2009 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 22 mars 2009 7 22 /03 /Mars /2009 16:11

Film français d'André Téchiné

Interprètes : Emilie Dequenne (Jeanne), Catherine Deneuve (Louise), Michel Blanc (Samuel Bleinstein), Nicolas Duvauchelle (Franck)




Durée : 1 h 45

Note :  6/10

En deux mots : Jeanne et le garçon vraiment pas formidable, tentative laborieuse d'expliquer l'inexplicable. Des personnages stéréoptypés et heureusement quelques scènes où on retrouve Téchiné.


Le réalisateur : Né en 1943 à Valence d'Agen, André Téchiné échoue au concours d'entrée à l'IDHEC, mais intègre la rédaction des Cahiers du Cinéma. Il tourne en 1965 un premier court métrage "Les Oiseaux anglais", et attend 1969 pour son premier long, "Paulina s'en va", avec Bulle Ogier, qui déconcerte le public. "Souvenir d'en France" (1975) avec Jeanne Moreau puis "Barocco" (1976) avec Adjani et Depardieu sont mieux accueillis. Il tourne ensuite (entre autres)  "Les Soeurs Bronte" (1979), "Hôtel des Amériques" (1981), "Le lieu du Crime" (1985), "Les Innocents" (1986), "J'embrasse pas" (1991), "Ma saison préférée" (1993), "Les Roseaux sauvages" (1994), "Les Voleurs" (1996), "Loin" (2001), "Les Egarés" (2003) et "Les Témoins" (2007).

 

Le sujet : Jeanne vit en banlieue avec sa mère Louise. Elle cherche un travail de secrétariat et postule en vain auprès de M° Bleinstein, un ancien amoureux de Louise. Elle rencontre Franck, qui pratique la lutte à l'INSEP. Elle s'installe avec lui quand il prend un emploi de gardien dans un entrepôt. Lorsqu'il est poignardé par un dealer venu chercher de la came dans l'entrepôt, elle découvre que Franck était au courant du trafic. A l'hôpital, Franck la rend responsable de sa blessure et de la peine de prison qu'il risque. Jeanne décide alors d'échaffauder le pire des mensonges...
La critique : On comprend ce qui a pu attirer André Téchiné dans cette affaire qui fit tant de bruit à l'été 2004, celle d'une fille qui inventa une agression antisémite qu'elle aurait subie dans le R.E.R. : le téléscopage d'une trajectoire individuelle qui amène quelqu'un à inventer une telle imposture, et de l'emballement politique et médiatique qui s'en était suivi, et qui avait fait dire à un chroniqueur qu'il s'agissait finalement d'"un mensonge qui disait la vérité".


C'est bien cette intention qu'explique Téchiné : "À l’époque, le fait qu’un mensonge, une pure fiction, puisse produire un tel effet dans notre pays m’avait beaucoup secoué. Cette tempête médiatique touche à des hantises et des fantasmes ancrés dans la société française. Je ne suis pas sûr qu’une telle histoire puisse avoir lieu dans un autre pays." André Téchiné a donc décidé de s'inspirer de cette histoire, ou plutôt de s'inspirer de la pièce de Jean-Marie Besset, RER, qui elle-même s'inspirait de ce fait divers.

Il s'en est emparé à sa manière, celle d'un cinéaste et d'un scénariste ; il a pris la trame de l'affaire, et il a construit un environnement et les histoires qui vont avec : celle du rapport de Jeanne et de sa mère ("On est très proches, on ne s'est jamais séparés"), celle de la liaison avec ce garçon comme on en rencontre tant chez Téchiné, brûlant d'une intensité inquiétante, celle de l'avocat juif et de sa famille, lui agnostique, son fils athée (ou le contraire), sa belle-fille religieuse et son petit-fils qui prépare sa bar-mitzvah (rien à voir avec "Coco").

Il s'est attelé à deux tâches : permettre au spectateur de construire sa propre interprétation du cheminement de Jeanne, et expliquer le contexte de l'époque qui a permis que l'affaire prenne une telle ampleur, avec une réussite très inégale entre les deux : autant la narration de la trajectoire de Jeanne (j'emploie ce mot à dessein, tant elle semble perpétuellement lancée, que ce soit sur ses rollers ou dans le R.E.R.) fonctionne parfaitement, y compris la part de mystère qu'elle conserve et que Téchiné revendique : "Traquer l’invisible, telle est ma démarche de cinéaste. J’ai l’impression que la caméra sert à ça."

A l'inverse, la volonté de confronter Jeanne à une famille concernée au premier chef par l'antisémitisme amène à la création de personnages épouvantablement fictionnels, la palme revenant au pauvre Mathieu Demy condamné à débiter des platitudes du type : "Bravo, tu m'as coupé l'apétit, c'est l'heure de mon billard" ou à souligner pesamment "On est face à un mensonge d'état : ce n'est pas cette pauvre fille, c'est eux qui ont fabriqué cette affaire du R.E.R.".

Michel Blanc n'est guère mieux loti, lui qui assème à son fils :"Tu n'avais pas les moyens de tes ambitions, tes tableaux étaient médiocres : tu as fait l'ESSEC, pour faire plaisir à papa" ou "T'es un vrai juif à l'ancienne, tu ne sais qu'embrasser ou engueuler tes gosses." Les dialogues archi-écrits ne prennent que rarement vie dans la bouche des acteurs, à l'exception notable d'Emilie Dequenne, qui, il est vrai, a peu de texte à dire.

L'opposition entre les scènes statiques des dialogues fumeux entre les membres de la famille Bleinstein et la façon de filmer Jeanne toujours en mouvement est frappante. Dans le premier cas on se trouve face à du théâtre filmé, dans le second cas on a droit à une caméra qui isole Jeanne dans la foule, que ce soit sur la voie sur berge réservée aux rollers ou dans le R.E.R., à une scène de chat sur internet qui réinvente la façon de filmer la rencontre amoureuse, ou ce plan splendide de Jeanne sous la pluie dans sa barque au fil de l'eau qui évoque la descente onirique de la rivière de John et Pearl dans "La Nuit du Chasseur".

Le personnage de Franck, joué par un Nicolas Duvauchelle incandescent, semblait prometteur, avec son mélange de séduction et d'effronterie, mais on découvre assez vite qu'il n'existe que pour mieux jeter Jeanne dans une scène assez ridicule. Faute de s'être concentré sur le personnage de la fille, l'impression d'ensemble est donc plutôt décevante, en-deçà de l'espérance face à un tel sujet et un tel auteur ; reste la performance d'Emilie Dequenne, étonnante d'intensité dans l'absence.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2009 - Communauté : Cinéma
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Samedi 21 mars 2009 6 21 /03 /Mars /2009 15:47

Film sud-coréen de Na Hong-jin 

Titre original :
Chugyeogja

Interprètes : Kim Yoon-seok (Joong-ho), Ha Jeong-wo (Young-min Jee), Yeong-hie Seo (Mi-jin Kim)




Durée : 2 h 03

Note :  4/10

En deux mots : Scénario bancal, ultra-violence complaisante, humour lourdingue : on est loin de la nouvelle merveille du cinéma asiatique annoncée par certains.

Le réalisateur : Né en 1974, Na Hong-jin a étudié les Arts Industriels à l’Université d’Hanyang et possède un diplôme d’Art de l’Université Nationale de Corée. Il a réalisé deux courts métrages, "A perfect red snapper dish" et" Sweat". "The Chaser" est son premier long métrage.

Le sujet : Ancien flic devenu proxénète, Joong-ho part sur la trace d'un mystérieux personnage qui s'avère avoir été le dernier client de deux de ses filles disparues depuis, et qui a emmené avec lui Mi-jin, une autre de ses filles. Il tente de faire appel à ses anciens collègues, mais ceux-ci sont mobilisée par une agression contre le maire de Séoul, et il se retrouve seul à essayer de sauver la nouvelle victime du psychopathe.

 

La critique :  Pour un premier film, "The Chaser" présente au moins l'avantage de ne pas décalquer les scénarios typiques du genre serial killer, de "Se7en" à "Zodiac" en passant par le local "Memories of Murder" : la première scène nous montre le meurtrier montant dans la voiture d'une de ses victimes, et au bout d'un petit tiers du film, le voilà qui est arrêté par la police la plus inefficace du monde, et qui mieux, passe aux aveux alors qu'il a été conduit au poste comme victime d'un tabassage en règle du proxénète ex-ripoux.

On le constate, point de suspense autour de l'identité du monstre, de traque en forme de jeu de piste ni même de mystère autour des motivations du psychopathe : on sait qui il est, comment il procède et les raisons du choix de son mode opératoire (le burin substitut phallique). Non, le seul suspense provient de l'incohérence et de la complaisance du scénario : qu'est ce que Na Hong-jin v
a encore nous inventer ?

Depuis le classique "Si dans 12 heures, malgré ses aveux circonstanciés, on n'a pas de preuves, le proc' va le libérer" jusqu'au plus inédit le-policier-qui-laisse-une-gamine-de-sept-ans-en-pleine-nuit-entre-les-pattes-du-proxénète, les rebondissements n'ont pour seul autre but que de permettre au psychopathe de continuer à jouer du marteau en toute impunité, histoire de justifier de jolies scènes de massacre où le sang et les morceaux de cervelle giclent bien au ralenti.

Je ne connais pas les règles de civilité en vigueur au pays du matin calme, mais force est de constater que les nuits y semblent bien agitées - entre lancer d'excréments sur le maire de Séoul, poursuites à pied dans les ruelles de Mangwon et bavures policières -, et que les rapports de travail quotidiens, que ce soit chez les souteneurs ou chez les flics, sont perpétuellement ponctués d'invectives et d'insultes. Ces dialogues caricaturaux, dits par des acteurs en roue libre, renforcent l'impression de gêne devant l'absence de cohérence de style ; plutôt malvenus dans un film de ce genre (l'enjeu est juste de savoir si la gamine de 7 ans va devenir orpheline), les effets soit-disant comiques relèvent d'un humour potache bien lourdingue.

La réalisation montre la même absence d'unité : la maîtrise technique "moderne" (caméra portée, plans très courts affranchis des règles de raccord, montage parallèle d'actions trépidantes, photographie glauque) tourne la plupart du temps à vide et n'évite pas la lassitude par la répétition des effets. Seule une scène réussit à s'imposer, celle muette où l'on voir à travers les vitres de la Jaguar inondée de pluie la fille de Mi-jin hurler sa douleur tandis que Joong-ho crie son impuissance au téléphone.

Si "The Chaser" était un film hollywoodien, il y a fort à parier que la critique aurait remarqué les incohérences, l'humour pipi-caca et la fascination malsaine pour la violence, au lieu de voir "un suspense diabolique", "une réussite sur tous les tableaux" ou "un modèle absolu du genre". Le cinéma asiatique, et notamment coréen, nous a donné suffisamment de chefs-d'oeuvres pour qu'on ne se sente pas obligé de crier au génie à chaque premier film roublard, quand bien même a-t-il réalisé 5 millions d'entrées là-bas.

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2009 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 15 mars 2009 7 15 /03 /Mars /2009 09:04

Film allemand de Dennis Gansel

Titre original :
Die Welle

Interprètes : Jürgen Vogel (Rainer Wenger), Frederick Lau (Tim), Max Riemelt (Marco)




Durée : 1 h 48

Note :  6,5/10

En deux mots : Adaptation allemande contemporaine d'une expérience de mise en scène du fascisme dans un lycée californien des années 60 qui pêche par une dramatisation excessive.

Le réalisateur : Né en 1973 à Hanovre, Dennis Gansel étudie à la Munich Film Schule et remporte le Prix Murnau du court-métrage avec son film de fin d'étude. Il réalise pour la télévision "Das Phantom" en 2000, un thriller politique sur la Bande à Baader. Il fait ses débuts sur grand écran en 2001 avec "Mädchen, Mädchen", un teen movie qui rencontre le succès commercial. En 2004, il réalise "NaPolA", un drame dont l'action se déroule dans un camp d'éducation nazi.

Le sujet : Professeur d'éducation physique et politique (??) dans un lycée allemand, Rainer Werner se voit attribuer un atelier sur l'autocratie, lui qui espérait animer celui sur l'anarchie. Il décide alors de faire vivre l'autocratie en grandeur réelle à ces élèves, en instituant un jeu de rôle qui dépasse très vite ses objectifs pédagogiques.

 

La critique :  Quand leur professeur qui porte chaque jour le t-shirt d'un groupe de rock différent (il doit avoir un cousin dans le collège de Bégaudeau) leur annonce que la semaine thématique portera sur la dictature, la plupart des lycéens du Marie Curie Gymnasium protestent : "On va encore devoir en bouffer du III° Reich", "Ras le bol de la culpabilité". La finesse de Herr Werner, qui exige que ses élèves cessent de l'appeler Rainer, consiste à recontextualiser la dynamique du groupe dans la vie du lycée : opposition à la classe d'en-dessous, justification de l'uniforme pour lutter contre la tyrannie des marques, valorisation du comportement collaboratif de chacun et isolement subtil de ceux qui résistent.

Car il y a quelques élèves à la personnalité plus affirmée qui s'opposent à l'expérience. Si un garçon quitte le cour sdès la première séance, c'est plus par dépit d'avoir été mis en minorité que par une manifestation de sa conscience. Par contre, deux filles refusent de poursuivre l'expérience, avant de tenter d'organiser une résistance : l'une par refus du nouveau rituel, l'autre quand il s'agit d'adopter la chemise blanche et le jean comme uniforme de La Vague.

Les autres oublient assez vite l'objectif de cette expérience, et trouvent des accents darcossiens pour saluer le retour à un ordre pédagogique et moral, sanctionné par l'adoption de l'uniforme, du salut au professeur et du fait de se lever pour prendre la parole ; beaucoup d'entre eux opposent ce sentiment d'appartenance à une communauté forte à la dilution des liens et à l'individualisme permissif de leurs parents.

Le générique de début mentionne que le scénario de "La Vague" s'appuie sur des faits réels, et on pense bien sûr à une expérience allemande, tant le contexte de l'expérience décrite dans le film fait référence à l'histoire passée (le III° Reich) et récente (la réunification, l'immigration turque, la culpabilité des générations d'après-guerre) de l'Allemagne. Pourtant, cette expérience s'est déroulée en Californie, à Palo Alto très exactement, la première semaine d'avril 1967. Menée par le Pr Ron Jones avec les élèves de Première du Lycée Cubberley, elle n'a donné lieu qu'à très peu de traces contemporaines, et les circonstances exactes de son déroulement donnent encore aujourd'hui matière à controverse.

A la lecture de la chronologie de la Troisième Vague, on est frappé de voir combien Dennis Gansel a été fidèle jusque dans les moindres détails aux conditions de l'expérience : mouvements gymniques et exigence de se faire appeler Monsieur le premier jour, écriture au tableau de la devise La force par la discipline, la force par la communauté, adoption d'un salut, autodésignation d'un garde du corps les jours suivants.

La vision du film m'a fait penser à la reconstitution de l'expérience de Milgram sur la soumission à l'autorité dans "I... comme Icare", d'Henri Verneuil. Mes recherches depuis m'ont confirmé dans cette analogie : Ron Jones a travaillé avec Philip Zimbardo, un des initiateurs des expériences de Standford, et lui-même ancien condisciple de Stanley Milgram. Autre rapprochement : Oliver Hirschbiegel, le réalisateur de "La Chute", a tourné en 2001 un film, "L'Expérience" qui transposait aussi l'expérience californienne de Zimbardo dans l'Allemagne d'aujourd'hui.

Bon, et sinon, comme film, qu'est ce que ça vaut ? Et bien, ça tient plutôt la route pendant les deux tiers du récit, et si les personnages de lycéens se répartissent assez vite dans des catégories stéréotypiques, le mélange de séduction et de manipulation du Professeur Werner réussit à rendre l'opération plutôt crédible. Malheureusement, par rapport au roman que Todd Strasser avait tiré de cette expérience, Dennis Gansel a choisi de dramatiser le dénouement : "
Nous avons changé la fin, parce que j’ai senti que spécifiquement avec notre histoire en Allemagne, il fallait que le message soit très clair. Si vous faites l’imbécile avec le fascisme, voilà comment vous finirez."

Cette intension démonstrative et lourdement didactique nuit en profondeur à la cohérence de l'ensemble. Malgré ce dernier tiers, "La Vague" a le mérite de raconter une parabole qui invite à la réflexion, sans doute plus sur les phénomènes de groupes que sur les dangers de résurgence de la peste brune.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de mars 2009 - Communauté : Cinéma
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