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critiques de décembre 2008

Dimanche 28 décembre 2008 7 28 /12 /Déc /2008 15:53

Film américano-britannique de Stephen Walker

Titre original : Young@heart

Interprètes : Joe Benoit, Eileen Hall, Fred Knittle, Bob Cilman 



Durée : 1 h 48

Note :  8/10

En deux mots : Documentaire drôle et émouvant sur une chorale de seniors du Massachussets et dont le répertoire tape dans le rock, le punk et le R'n B.

Le réalisateur : Né en 1962 en Grande-Bretagne, Stephen Walker a commencé comme scénariste à la BBC. Il fonde sa propre maison de production et réalise de nombreux documentaires pour la télévision, dont "Waiting for Harvey" (1999) sur le Festival de Cannes, "Hardcore" (2002) sur l'industrie pornographique et "Hiroshima, a day that shook te world" (2005).

Le sujet : En 2006, la chorale Young@heart se lance dans la répétition de nouvelles chansons pour le concert qu'elle va donner huit semaines plus tard. Composé de 24 retraités de 75 à 93 ans, elle est dirigée par Bob Cilman, 53 ans. Fidèle à son habitude qui a fait la réputation de la chorale dans le monde entier, celui-ci leur fait répéter "I Feel Good", de James  Brown, "Fix You" de Coldplay,  "Yes we can can"  des Pointers Sisters et "Schizophrenia" de Sonic Youth.

 

La critique : Le titre "français" est "I Feel Good !", pour une fois plus judicieux que l'original qui ne fait que reprendre le nom de la chorale. En effet, I Feel Good se révèle bien être le double enjeu de ce documentaire de facture très classique (une unité de temps : les huit semaines de répétition, de lieu : Northampton, Ma, et d'action : la préparation d'un concert, avec la voix off du réalisateur qui raconte son cheminement, un peu comme le fait Michael Moore) : d'une part, il se trouve que parmi les  répétitions des nouvelles chansons, celles de James Brown s'avèrent catastrophiques, puisque les deux solistes se plantent à tous les coups, Dora sur le rythme et Stan sur ses deux malheureuses phrases de texte.

D'autre part, il apparaît très vite que la vie de cette chorale ne ressemble à aucune autre, et que sa particularité réside dans l'importance que ses membres se "feel good" ; doux euphémisme, puisque durant les huit semaines du tournage, deux des choristes passeront de vie à trépas, notamment celui qui était au centre de l'affiche du concert qui proclamait "Alive and well". Comme dans tout documentaire sur un groupe ("Etre et Avoir", "La Vie est immense et pleine de dangers", "Jesus Camp"), Stephen Walker a casté, fait des choix parmi ces 24 choristes, pour nous les montrer dans leur intimité, en résidence (comme Eileen dont on nous dit qu'elle est la seule pensionnaire à avoir la clé parce qu'elle rentre souvent après que le personnel soit parti se coucher) ou chez eux.

C'est d'ailleurs une chose qui frappe parmi ces octogénaires, leur incroyable autonomie, à l'image de Lenny qui a un emploi du temps d'ado surdoué entre Young@heart, la chorale de l'église, The Harmonicas et son club de vélo, Steve qui conduit son bolide à fond ou Stan qui fait le taxi après les répétitions dans sa minuscule auto japonaise pour ses copains Joe et Eileen.

Autre qualité frappante partagée par les choristes, leur humour et leur vivacité d'esprit : Fred raconte ses tournées dans le monde entier : "de continent en continent, j'ai fini par devenir incontinent" ; Stan, un livre de sonnets de Shakespeare à la main, qui justifie sa participation à la chorale : "J'essaie d'élargir mon horizon" ; Eileen qui après avoir fait du gringue à l'équipe de tournage, constate : "J'ai eu une belle vie".

Il s'agit donc et d'abord du récit de la préparation d'un spectacle, avec ses moments de doute, de découragement, mais aussi ses instants de grâce et ses miracles. Ces répétitions permettent de comprendre le rôle du maître de choeur et fondateur de la chorale, Bob Cilman. Il montre un mélange de fermeté et de bienveillance : fermeté, quand il exerce un chantage à peine voyant ("Si vous n'êtes pas capables d'apprendre les paroles de "Yes we can can" - 71 fois "can"-, ce n'est pas grave, on la raye du programme"), ou quand il engueule devant tout le monde Stan qui s'emmêle dans ses deux pauvres phrases : on en vient à se dire que son comportement de chefaillon est intolérable, jusqu'à ce que Stan lui-même avoue malicieusement que si Bob est parfois dur, lui peut l'être bien plus.

Comme le dit Fred, "c'est un maître exigeant, mais c'est pourquoi Young@heart est ce qu'il est". Sa bienveillance se ressent à tout moment, dans sa façon d'encourager l'un, de confier une responsablilité à l'autre, de rappeler un autre que la maladie a écarté de la chorale. Et, puis, il est le responsable du choix provocateur des chansons. Provocateur par le style (faire chanter "Should I stay or should Igo" à Eileen, amatrice de musique classique), mais plus encore par le choix des textes qui prennent une autre dimension dans ces bouches-là : "Forever Young", "I Wanna Be Sedated" ou "Staying Alive", d'autant plus qu'il constate : "Avec eux, on entend bien les paroles".

Pour accepter que Stephen Walker vienne filmer sa chorale, Bob Cilman avait mis une condition : qu'il tourne les clips de plusieurs chansons : "I Wanna Be Sedated" des Ramones, "Road to Nowhere" des Talking Heads, "Staying Alive" des Bee Gees et "Golden Years", de David Bowie. Ils viennent ponctuer le suivi des répétitions, les visites chez les choristes et le récit des maladies de Bob Salvini et Joe Benoit. Points d'orgue de cette narration, les deux concerts : celui dans la prison du comté où ils viennent d'apprendre la disparition de Bob et chante en son honneur "Forever Young", et le concert final où l'on sait enfin si Dora et Stan s'en sortent avec I Feel Good.

Il y a du "Buena Vista Social Club" dans cette oeuvre  dont on peut dire, malgré la gravité des sujets collatéraux, la même chose  que ce que dit une participante de sa chorale : "elle est pleine de vie, comme nous".


Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 27 décembre 2008 6 27 /12 /Déc /2008 19:45

Film français de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Interprètes : Yolande Moreau (Louise), Bouli Lanners (Michel), Benoît Poelvoorde (L'ingénieur)



Durée : 1 h 30

Note :  5/10

En deux mots : L'esprit Groland tient la distance d'un long métrage pour l'histoire, beuacoup moins pour les personnages.

Les réalisateurs : Né en 1958, Benoît Delépine fait des études de journalisme avant d'entrer à Canal où il est écrit pour les Guignols pendant six ans. Puis il devient Michael Kael pour le Journal de Groland. Il écrit le scénario de "Michael Kael contre la World Company" en 1998.
Né en 1962 à l'Ile Maurice, Gustave Kervern collabore avec Bruno Sollo et Yvan Le Bolloc'h pour le Top 50 et Le Plein de super. Il rencontre Benoît Delépine à Canal sur l'émission Grolandsat. Ensemble, ils réalisent "Aaltra" en 2004 et "Avida" en 2006.

 

Le sujet : Quand elles découvrent que dans la nuit, leur patron a fermé l'usine et déménagé toutes les machines, les ouvrières d'une filature de Picardie décident de mettre en commun leur prime de licenciement afin de payer un tueur pour descendre leur patron. Louise, une ouvrière qui a fait quinze ans de prison, se propose pour trouver l'oiseau rare. Elle fait alors la connaissance de Michel, qui possède tout un arsenal.


La critique : Depuis une bonne décennie, les nouveaux "talents" bankable sur lesquels misent les producteurs viennent du petit écran, et particulièrement de Canal + : les Nuls, les Robins des Bois, Kad et Olivier, Djamel pour ne citer qu'eux. Mais le problème avec le cinéma, c'est que c'est justement du cinéma, et pas de la télévision. Les deux principales différences entre les oeuvres télévisuelles des différents tenants de l'humour Canal et l'architecture d'un film de cinéma se trouvent dans la durée et dans la solidité de l'histoire. Or, c'est bien souvent dans ce passage aux 90 minutes et aux contraintes de la construction scénaristique que les transfuges de la petite lucarne ont échoué.

Le premier film écrit par Benoît Delépine, "Michael Kael contre la World Comapny" en était la triste et laborieuse illustration. Simple étirement dans le temps du principe expérimenté dans le Journal de Groland, ce navet ne tenait ni la distance ni le rythme et l'humour délayé en devenait pénible. Dans "Louise-Michel", même si un certain nombres de leurs copains viennent faire un cameo (Christophe Salengro, Philippe Katerine, Siné, Matthieu Kassovitz, et si vous restez jusqu'à la fin du générique, Albert Dupontel), il ne s'agit pas d'une adaptation de Grolandsat.

Certes, la Picardie ressemble plus à la Présipauté qu'au Nord des Ch'tis et encore moins à celui de Benoît Dumont, et ce n'est pas un hasard si l'on fait un détour par Bruxelles, tant l'esprit déjanté et la critique sociale peuvent évoquer des films wallons de ces derniers temps tels que "JCVD", "Eldorado" ou "Cowboy". Il y a bien une histoire, entre "The Matador" et "Une journée bien remplie" : des ouvrières d'une usine fermée du jour au lendemain décident d'engager un tueur à gages pour éliminer leur patron. Mais à l'heure de la mondialisation, elles découvrent vite que celui-ci, une fois buté, n'était qu'un rouage d'une longue chaîne qu'elles vont décider de remonter.

C'est précisément dans la construction de l'histoire que réside la bonne surprise : ça tient la route, et même si on ne peut que déapprouver une solution aussi radicale au problème des patrons voyous, on éprouve de la sympathie devant ces ouvrières qui  appliquent à leur façon l'autogestion. La scène d'ouverture, l'incinération ratée d'un vieux miltant au son de l'Internationale, le discours paternaliste du DRH (joué par Francis Kuntz, spécialiste des crapules grolandaises) ou la fête des ouvrières au bistrot pour arroser leur nouvelle blouse, tout cela fonctionne bien et donne un cadre intérssant à l'histoire.

Par contre, les deux personnages principaux joués par Yolande Moreau et Bouli Lanners ne sont que des caricatures, des stéréotypes acceptables pour un reportage de deux minutes, mais qui sur une heure et demie ne réussisent pas à exister au delà de leur bien lourdingue ambiguité sexuelle. Yolande Moreau traîne sa carcasse hébétée, et on en vient à regretter son jeu monoexpressif quand elle pouffe de rire en voyant à la télé une marionnette de renard affublée d'une perruque, alors que Bouli Lanners, entre familistère Godin et pavillon des cancéreux, ne retrouve pas son humanité d'"Eldorado".

Quant à la réalisation, elle se contente du minimum fonctionnel, avec des cadrages bancroches et une photographie chiasseuse. Si on retrouve parfois l'humour anar de Groland, et que l'on pense de temps à autre à "L'Argent de la Vieille" ou à "Affreux, sales et méchants", on se sent aussi souvent gêné à la fois par le ratage d'effets poético-absurdes à la mode, et par la caricature finalement méprisante de ces petites gens, légitimée par la description tout aussi blafarde de leurs ennemis de classe.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 21 décembre 2008 7 21 /12 /Déc /2008 16:11

Film sud-coréen de Kim Jee-woon

Titre original :
Joheunnom nabbeunnom isanghannom

Interprètes : Woo Song-jung (Le bon), Byunh Hun-lee (La brute), Song Kang-ho (Le cinglé)



Durée : 2 h 08

Note :  6/10

En deux mots : Kim Jee-woon invente l'eastern Kalguksu (les nouilles coréennes) : le meilleur est dans l'hommage à Sergio Leone, le pire dans le reste.

Le réalisateur : Né en1964 à Séoul, Kim Jee-Woon a commencé comme comédien et metteur en scène de théâtre. Il réalise son premier film en 1998, "The Quiet Family", suivi de "Foul King" (2000), "2 Soeurs" (2003) et "Bittersweet Life" (2005).

 

Le sujet : Dans les années 30, le Japon qui a annexé la Corée en 1910 vient d'occuper la Mandchourie. Un riche collabo, vend une carte au trésor à un banquier japonais, tout en chargeant Chang-yi, dit La Brute, d'attaquer le train de ce dernier pour récupérer la carte après la transaction. Mais quand il arrive, la carte a déjà été volée par Te-goo, dit Le Cinglé. Un chasseur de primes, Do-Won, dit Le Bon, part alors à sa recherche.

 

La critique : Grâce à un système visant à protéger l'exception culturelle nationale, le cinéma sud-coréen est un des plus dynamique au monde, et les films autochtones dépassent 50 % des entrées. Si on connaît particulièrement le cinéma intellectuel de Kim Ki-duk, de Im Kwon-taek, de Hur Jin-ho ou de Lee Chang-dong, il existe aussi toute une génération de cinéastes qui ont investi leur créativité parfois gore dans le film de genre, comme Park Chang-wook ("Old Boy") ou Bong Joon-ho ("The Host").

S'ils avaient revisité le polar, le thriller ou le film fantastique, aucun n'avait osé le western. Kim Jee-Woon l'a maintenant fait, avec cet hommage au western spaghetti transposé dans le désert de Mandchourie. On retrouve la plupart des ingrédients du western : l'attaque du train, les duels, les longues cavalcades où les Japonais prennent ici la place des Indiens pour se faire descendre comme au tir aux pigeons, le chasseur de primes et les villes fantômes. Mais on retrouve surtout les références au cinéma de Sergio Leone : la musique ennio morriconesque, les gros plans sur les yeux ou les mains au-dessus des pistolets pour étirer le temps avant l'explosion de violence, les méchants aux trognes patibulaires, jusqu'à l'homme qui siffle dans le désert.

Ces scènes sont clairement les plus réussies, car elles citent l'original tout en l'adaptant à un contexte géographique et historique totalement différent ; Kim Jee-woon y déploie toute sa virtuosité, et la scène de l'attaque du train est un modèle de rythme et de fluidité du mouvement de la caméra.

Malheureusement, il en est du scénario comme du titre : s'il n'y avait que le Bon, la Brute et le Cinglé, passe encore. Mais il y a aussi le copain du Cinglé qui essaie de jouer perso, le commanditaire de la Brute qui tente de le doubler, les bandits du village fantôme qui s'en mêle, sans parler de l'armée japonaise d'occupation et de collabos tenanciers de fumeries d'opium. Résultat, tout le monde tire sur tout le monde, et comme ces gens là ont l'air bien résistant, ça n'en finit pas et on n'y comprend goutte.

De plus, le tout est baigné d'un humour qui a dû faire un tabac en Corée (7 millions d'entrées) mais dont on peut douter du raffinement, et dont le summum est le planter de poignard dans le fondement par des enfants. Une fois passé l'effet de surprise dû à cette étrange délocalisation du western, la dispersion de l'intrigue, la caméra tressautante dès qu'il y a une bagarre (et Dieu sait qu'il y en a !) et le surjeu de la Brute et du Cinglé finissent par lasser.

Malgré l'indéniable talent de Kim Jee-woon dans certaines scènes du désert, "Le Bon, la brute et le cinglé" s'avère finalement moins corrosif que le dernier exemple de transfert du seul genre purement américain du cinéma sur un autre continent, "Touche pas la femme blanche" où Marco Ferreri reconstituait la bataille de Little Big Horn dans le trou des Halles.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 20 décembre 2008 6 20 /12 /Déc /2008 16:13

Film français d'Agnès Varda

Interprètes : Agnès Varda



Durée : 1 h 50

Note :  8/10

En deux mots : Auto-documentaire en forme de patchwork inventif et plastique, émouvant  et familier.

La réalisatrice : Née en1928 à Ixelles, en Belgique, Agnès Varda suit les cours de Bachelard à la Sorbonne, l'école du Louvre et obtient un CAP de photographie. Elle devient photographe du Festival d'Avignon, et réalise en 1954 "La Pointe courte", monté par Alain Resnais. En 1961, "Cléo de 5 à 7" prend place dans la Nouvelle Vague de Godard, Truffaut et de son compagnon Jacques Demy. Elle alterne ensuite documentaires : "Daguerrotypes" (1978), "Documenteurs" (1982), "Murs, murs" (1982) ou "Les Glaneurs et la glaneuse" (1999), fictions : "Le Bonheur" (Prix Louis Delluc 1965), "L'Une chante, l'autre pas" (1976), "Sans toit ni loi" (1986) et un film qui mélange les deux, hommage à Jacques Demy qui était en train de mourir, "Jacquot de Nantes" (1990).

Le sujet : En revenant sur les plages qui ont marqué sa vie, Agnès Varda réalise un autodocumentaire fait d'installations plastiques, d'extraits de ses films ou de ceux de l'homme de sa vie, Jacques Demy ou de prises d'elle-même dans le décor qu'elle évoque.

 

La critique : Premier plan, une plage, forcément, et Agnès qui s'adresse à la caméra : "Je joue le rôle d'une petite vieille rondouillarde et bavarde qui raconte sa vie ; mais ce sont les autres qui m'intéressent". Puis elle explique le rôle des plages dans sa vie, et en respectant une chronologie qu'elle bousculera allégrement par la suite, elle commence par une plage de son enfance, une des plages belges de la Mer du Nord où elle installe tout un jeu de miroirs qui annonce la gigantesque mise en abyme que représente son film.

En suivant son récit et ses associations d'idées, on est donc invité à visiter les plages de Knokke, en face du casino où son père est mort, celle de la Guérinière à Noirmoutiers où elle avait acheté un moulin avec Jacques Demy, la plage de la Corniche à Sète, où elle se réfugia en 1940 et où elle tourna son premier film, celles de Santa Monica et de Venice où elle vécut la fin des années 60. Comme il était difficile de filmer une plage rue Daguerre où elle habite depuis cinquante ans, tel un Delanoe transformant les quais en station balnéaire, elle a fait déverser six camions-bennes de sable...

Histoire de sa vie, histoire de ses rencontres, "Les Plages d'Agnès" reprend un peu le procédé de "Jacquot de Nantes", avec une alternance de reconstitutions naïves, de retrouvailles semblables à celles des "Demoiselles ont eu 25 ans", des extraits de ses  films ou de ceux de Demy, mais aussi des rushs, des photos, et des traces des installations plastiques qu'elle a créé ces dernières années. Cet art du recyclage et du bricolage trouve son symbole dans la cabane qu'elle a fabriquée pour son exposition à la Fondation Cartier, dont les murs sont faits de la pellicules de "Les Créatures", un de ses films préférés et pourtant son pire échec commercial, et dont elle dit que c'est là que "la vieille cinéaste se transforme en jeune plasticienne".

Comme dans toute vie, certains passages sont plus intéressants que d'autres, à moins qu'ils touchent plus tel ou tel spectateur par rapport à son propre vécu ou sa connaissance de l'oeuvre de la réalisatrice. Pour ma part, l'épisode californien m'a un peu fait décrocher, excepté le bout d'essai qu'elle fit tourner à un Harrisson Ford juvénile refusé par les studios et sa rencontre avec Jim Morrisson qu'elle entraîna à Chambord sur le tournage de "Peau d'Âne". Mais ce décrochage fut bref, car Agnès Varda enchaîne sur la maladie de Jacques Demy pour la première fois désignée, le sida, et sur la concomitance du tournage de "Jacquot de Nantes" et de l'agonie de celui dont elle racontait l'histoire par procuration.

L'émotion est là, comme quand elle filme son amie d'enfance, la veuve de Jean Vilar qui perd la mémoire mais sait encore réciter Le Cimetière Marin, ou qu'elle évoque ses amis du TNP, tous disparus. Mais la nostalgie laisse souvent la place à son attention malicieuse aux gens, qu'ils soient ferrovipathe belge, vrais grands vieux ou voisins venus symboliser ses 80 balais.

Tout en portant incontestablement la griffe d'Agnès Varda et en reprenant ce qu'elle a inventé durant un demi-siècle de cinéma, "Les Plages d'Agnès" parvient parfaitement à donner une forme de ce qu'elle appelle une cinécriture à "tout ce fouillis qui émerge sporadiquement de ma mémoire". Oeuvre d'une octogénaire éclectique et créative, ce film apporte plus de vitalité et de jeunesse que bien des produits des nouveaux réalisateurs du cinéma français (Baratier, Claudel ou Nicloux par exemple).

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 13 décembre 2008 6 13 /12 /Déc /2008 15:12

Film américain de Ethan et Joel Coen

Interprètes : George Clooney (Harry Pfarrer), Brad Pitt (Chad Feldheimer), Frances McDormand (Linda Litzske), John Malkovitch (Osbourne Cox)



Durée : 1 h 35

Note :  6,5/10

En deux mots : Le nouveau film des frères Coen, moins bien que "The Big Lebowski", mieux que "O'Brother" sur l'échelle des crétins sublimes.

Les réalisateurs : Nés à Minneapolis en 1953 pour Joel et en 1957 pour Ethan, les frères Coen réalisent leur premier film en 1984, "Sang pour Sang", suivi en 1987 d'"Arizona Junior" et en 1991 de "Miller's Crossing". "Barton Fink" reçoit la palme d'Or au Festival de Cannes en 1991. Puis viennent "Le Grand Saut" (1994), "Fargo" (1996), "The Big Lebovski" (1998), "O'Brother" (2000), "The Barber" (2001), "Intolérable Cruauté" (2003),  "Ladykillers" (2004) et "No Country for Old Men" (2007) qui reçoit quatre oscars, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

 

Le sujet : Quand Osbourne Cox est viré de la CIA, il décide d'écrire ses mémoires. Sa femme Katie qui entretient une liaison avec un marshal, Harry Pfarrer, décide alors d'engager une procédure de divorce. Deux employés d'un club de gym, Chad et Linda, trouve un CD qui contient les mémoires de Cox, et se persuadent qu'il s'agit d'un document ultra-secret. Comme Linda a besoin d'argent pour payer ses quatre opérations de chirurgie esthétique, elle décide de faire chanter Cox. Devant le refus de celui-ci, elle se tourne alors vers l'ambassade de Russie...

 

La critique : Je ne peux résister au plaisir de commencer ma critique en citant François Forestier dans le Nouvel Observateur : "Le monde des Coen se divise entre pauvres cons, sales cons et cons tout court" ; en V.O., ça se dit morron, terme utilisé un nombre incalculable de fois par le sale con en chef, l'analyste "de niveau 3" de la CIA Osbourne Cox, joué par un John Malkovitch comme d'habitude excellent dans son rôle de cocu atrabilaire. Des sales cons, il y en a d'autres dans cette histoire, particulièrement du côté de Langley (Virginie), où des bureaucrates sapés comme l'agent Smith essaient de comprendre le scénario, tâche il est vraie relativement ardue.

Mais comme d'habitude chez les frangins de Minneapolis, ce sont les pauvres cons qui se taillent la part du Lion. Joel explique d'ailleurs la genèse du projet : "L'idée de ce film est partie de notre envie d'écrire des rôles différents pour des acteurs et des actrices que nous connaissons bien." Au premier rang de ceux-ci, on retrouve George Clooney qui après "O'Brother" et "Intolérable Cruauté" boucle ainsi ce que les Coen ont appelé la trilogie des idiots. Il incarne donc ici un marshal chaud lapin, bricoleur et joggueur qui se vante de n'avoir jamais tiré un coup avec son revolver depuis vingt ans.

Bien que marié et par ailleurs amant attitré de Mme Cox, il vit avec son temps et fréquente les sites de rencontre sur internet. Cela lui permet de rencontrer Linda Litzske, alias Frances McDormand, qui tourne ici son septième film avec son mari et son beau-frère. Ceux-ci nous la font d'abord découvrir en kit sous les doigts experts du chirurgien esthétique qui détaille les opérations nécessaires pour lui refaire une beauté. Lointaine cousine attardé du shériff Gunderson de "Fargo", elle a pour collègue Richard Jenkins (vu dans "The Visitor", et lui aussi à son troisième Coen), et un newbie dans la troupe : Brad Pitt.

Celui définit assez bien son personnage : "Je ne m'attendais pas à ce que mon personnage soit un abruti au crâne vide, machouilleur de chewing-gum, buveur de Gatorade et accro à l'IPod. C'est un idiot total... mais il a bon coeur. Je considère donc ce rôle comme un tremplin pour ma carrière !". Mention spéciale à la costumière et surtout au coiffeur qui l'a orné d'une coupe à la Desireless avec des mèches blondes du plus bel effet. On comprend la jubilation des deux frères à ainsi massacrer deux des principaux sex-symbols d'Hollywwod, même si cela ne se fait pas toujours dans la dentelle.

Bizarrement, on sourit souvent mais on ne rit que rarement, car pour déjantés qu'ils soient, les personnages n'ont pas l'originalité de The Dude ou la férocité de Carl Showalter et d'Anton Chigurh. Il y a d'ailleurs un paradoxe : la réalisation est nerveuse, le recours à l'ellipse fréquent, et pourtant on se surprend de temps en temps à décrocher, les enjeux étant multiples mais tous comptes faits pas très prenants : Linda réussira-t-elle à financer ses opérations ? Osbourne récupérera-t-il son CD ? Harry parviendra-t-il à jongler entre ses maîtresses et sa femme ?

L'intérêt principal du film réside finalement plus dans la forme scénaristique délibérément foutraque, avec un montage parallèle de trois ou quatre actions qui les rend illisibles, et on finit par se demander si les frères Coen n'ont justement pas voulu rendre  opaque une intrigue relativement simple parce que c'est la loi du genre. Et le boss de la CIA qui se fait expliquer les derniers développements de cette histoire abracadabrantesque par un sous-chef embarassé n'est autre qu'une métaphore du spectateur délibérément balloté par les deux trublions du cinéma américain.

Après la flamboyance de "No Country for Old Men" qui bénéficiait de la construction élaborée du roman de Cormac McCarthy, les frères Coen retournent à un mode mineur et nous proposent un agréable divertissement un peu languissant, avec des acteurs qui visiblement s'amusent plus qu'ils ne nous amusent vraiment.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2008 - Communauté : Cinéma
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