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critiques de novembre 2008

Dimanche 30 novembre 2008 7 30 /11 /Nov /2008 16:02

Film bitannique de Steve McQueen

Interprètes : Michael Fassbender (Bobby Sands), Lian Cunningham (Le Père Dominic Moran), Stuart Graham (Raymond Lohan)



Durée : 1 h 40

Note :  8,5/10

En deux mots : Premier film impressionant sur la grève de la faim des militants de l'IRA, entre Gus Van Sant et Francis Bacon..

Le réalisateur : Né en1969 à Londres, Steve McQueen étudie les Beaux-Arts à Chelsea puis à New York. Il devient vite célèbre dans le monde de l'art contemporain, par des installations à base de vidéo souvent inspirées du cinéma. "Hunger" est son premier long métrage.

Le sujet : En 1981, les membres de l'IRA détenus dans la prison de Maze en Irlande du Nord font depuis plusieurs années la grève de l'hygiène et refusent de porter l'uniforme des droits communs, réclamant le statut de prisonnier politique. Le jeune Dailey Gillen, condamné à six ans de détention, se retrouve dans la cellule de Gerry Campbell condamné à douze ans. Devant l'intransigeance du gouvernement de Margaret Tchatcher, et malgré les mauvais traitements permanents, ils décident de commencer une grève de la fain tournante, commencée par Bobby Sands.

 

La critique : Il s'agit d'un film sur la grève de la faim des militants de l'IRA dans la prison de Maze, et pourtant, après un panneau annonçant que 2187 personnes ont trouvé la mort depuis le début du conflit nord-irlandais, et un image quasi subliminale de femmes tapant avec des couvercles de casseroles, le film s'ouvre sur des mains meurtries qu'un homme plonge dans l'eau d'un lavabo, puis sur le cérmonial du matin : habillement, petit déjeuner, départ au travail. Seule indication sur cette scène ordinaire : l'inquiétude dans le regard de sa femme au moment où il part, et son réflexe à lui de regarder sous sa voiture avant d'enclencher le contact.

Cet homme à la mine douloureuse arrive à son travail, dans un vestiaire où d'autres hommes à la chair flasque enfilent leurs uniformes de gardiens de prison : d'emblée, Steve McQueen montre la souffrance des bourreaux et des victimes, sachant que les uns peuvent devenir les autres. D'ailleurs, quand les forces spéciales investissent le quartier des prisonniers républicains pour les extirper de leurs cellules et les tabasser systématiquement, il oppose l'image d'un jeune policier en train de pleurer derrière un pilier au sourire ensanglanté qui se dessine sur le visage de Bobby Sands qui sait que cette bavure supplémentaire est une victoire pour son camp.

Le film est construit en trois parties : la première montre la grève de l'hygiène et le quotidien des blanket prisoners, représentés par Dailey Gillen et Gerry Campbell. Presque entièrement silencieuse, cette partie se présente comme une plongée angoissante dans un univers de matières : excréments, urine, déchets alimentaires. La vision de plasticien de Steve McQueen affleure dans la plupart de ces images, mais cette approche ne sublime pas la dureté de ces conditions de détention, bien au contraire. Pour un premier film, le réalisateur britannique montre une extraordinaire maîtrise de la grammaire du cinéma. Il joue avec intelligence du rythme, étirant les scènes de l'ennui carcéral et accélérant les explosions de violence, que ce soit la rebellion des prisonniers devant la distibution des fringues dérisoires, ou le déchaînement de la brutalité des gardiens. Déjà dans cette partie, Steve McQueen utilise les corps comme enjeu et symbole du combat qui se joue. A la nudité écorchée des carcasses des républicains, il oppose les uniformes impeccables de leurs geoliers.

Puis vient la scène charnière du film. Après ce tunnel de mutisme collectif, et avant la plongée dans le silence individuel, il nous offre un plan séquence de 22 minutes de joute oratoire entre Bobby Sands et le père Moran. Filmée en plan fixe, à contre-jour, la discussion est impeccable de tension dramatique ; après un round d'observation où Sands place déjà quelques banderilles sur l'ambiguité institutionnelle de l'église, le combat s'engage quand il annonce sa résolution et celle de ses compagnons de lancer les grèves de la faim tournante, ce qui correpond à un suicide pour l'ecclésiastique.

Curieusement, les trois films que cette scène m'a évoquée sont aussi anglais : "Land and Freedom" pour la discussion sur la collectivisation des terres, "Le Vent se lève" pour le débat devant le tribunal populaire, et "Secrets et Mensonges" pour la discussion entre Cynthia et sa fille
, là aussi captée dans un plan fixe qui laisse la place au jeu des acteurs.

Après ce déluge de parole, retour au silence. Le troisième volet, symétrique du premier, bascule dans une autre dimension. Progressivement, alors que le corps se couvre d'escarres, montrés avec la crudité d'un Francis Bacon, Bobby Sands perd le contact avec la réalité extérieure, à l'image de Blake dans "Last Days" de Gus Van Sant, auquel on pense souvent dans cette dernière partie du film.

Guerre politique et nationale, le conflit irlandais est aussi une guerre de religion entre catholiques républicains et protestants unionistes. L'image christique traverse tous le film : les détenus chevelus, barbus et habillés d'une simple couverture, le gardien abattu à bout portant effondré sur les genoux de sa mère Alzheimer maculée du sang de son fils, pieta grotesque, ou le corps décharné de Bobby Sands comme une descente de croix.

Certes, le sujet abordé est grave, et l'efficacité de la mise en scène n'épargne pas le spectateur. Mais l'intelligence de la réalisation, époustouflante pour un premier film qui a d'ailleurs obtenu la Caméra d'Or à Cannes, rend le propos perpétuellement passionnant, avec la satisfaction supplémentaire de se voir interpelé dans sa raison et sa sensibilité.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de novembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 29 novembre 2008 6 29 /11 /Nov /2008 12:57

Film français de François Dupeyron 

Interprètes : Félicité Wouassi (Sonia), Claude Rich (Robert), Elisabeth Oppong (Suze), Ralph Amoussou (Victor)



Durée : 1 h 32

Note :  5/10

En deux mots : Malgré une idée de départ originale, le film s'enfonce assez vite dans le mélo poussif et bourré de clichés.

Le réalisateur : Né en 1950 dans les Landes, François Dupeyron a été diplômé de l'IDHEC. SEs courts métrages "La Nuit du Hibou" et "Lamento" obtiennent un César en 1984 et 1988. La même année, il tourne son premier long métrage, "Drôle d'endroit pour une rencontre", avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve. Suivent "Un coeur qui bat" (1991), "La Machine" (1994), "C'est quoi la vie ?" (1999), "La Chambre des officiers" (2001), "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" (2003) et "Inguelezi"(2004)

Le sujet : 2003, c'est l'été de la canicule aux Mureaux. Le jour où elle marie sa fille aînée, Sonia découvre que son époux vient de mourir d'une crise cardiaque, juste après avoir perdu tout l'argent du ménage au PMU. Avec la complicité de son vieux voisin, elle enterre le corps dans la cave et fait croire qu'il est parti rejoindre ses autres femmes en Afrique. Seule avec ses trois enfants, Sonia doit faire face aux traffics de l'aîné, à la grossesse de la cadette et à la déprime du benjamin, tout en poursuivant son métier d'aide ménagère auprès des petits vieux de la cité, exposés aux dangers de la canicule.

 

La critique : La lecture de quelques critiques avait orienté mon choix, difficile cette semaine vu le nombre élevé de sorties intéressantes, vers ce qui était présenté comme une comédie sociale douce-amère, une sorte de résurgence des comédies italiennes de la belle époque de Scola ou Monicelli. Traiter la question de la vie des familles africaines dans les cités sous forme de comédie sur fond de canicule paraissait tentant. Et puis, François Dupeyron n'est-il pas l'auteur de "La Chambre des Officiers", un des films les plus intéressants sur les traumatismes de la Grande Guerre avec "La Vie et rien d'autre" ?

Premier plan, premières scènes, pourquoi pas ? Un plan fixe en légère contreplongée sur la devanture d'une boutique de beauté africaine d'où entrent et sortent des hommes et des femmes en boubous ou en baggys : on peut se croire aussi bien à Dakar, à Barbès ou aux Mureaux ; puis à l'intérieur de la boutique, la patronne délurée passe de la future mariée belle comme un coeur à la "reine-mère" qui accepte de se faire faire une coiffure de gala. On retrouve ensuite Sonia dans la laverie dont elle s'occupe, qui vide un S.D.F. venu se réfugier dans le sèche-linge. Début sympathique, ambiance originale, énergie des actrices, ça commence plutôt bien.

Mais très vite, voilà que s'ouvre la boîte à clichés : le père qui joue (et perd) toutes les économies de la famille au tiercé, y compris l'argent nécessaire pour la location de la salle du mariage, puis le grand frère qui se fait serrer par les keufs avec une barrette dans sa poche, puis la fille qui hurle son dégoût à son père, puis le frère qui se bat avec le père, puis la mère qui sépare tout ce petit monde : c'est un mélange étrange de "Cosby Show", d'"Affreux, sales et méchants", le tout joué comme un sitcom.

Le décès du patriarche et son enterrement dans la cave pour continuer à toucher la pension, sous les conseils avisés du voisin, Vieil Homme indigne joué par Claude Rich, voilà qui relance un moment l'intérêt du récit, d'autant que dans cet environnement rempli de petits vieux alors que grimpe le mercure, on se dit qu'il y a matière à une comédie féroce. Las, elle ne vient pas, faute d'avoir choisi un ton résolument acerbe. François Dupeyron ne s'y est pas résolu, et il navigue entre mélo social déjà vu plein de fois, chronique de la misère ordinaire et bluette sentimentale peu convaincante.

Mère Courage trace donc sa route entre Tatie Danielle hargneuse, voisin libidineux, cadette en cloque, benjamin qui insulte sa mère parce qu'elle a osé éteindre sa console et aîné qui lui balance à la tête l'absence du père (celui-là même qu'il voulait fumer trois scènes plus tôt). Ces soubresauts scénaristiques ne réussissent pas à combler le vide, et on s'ennuie très vite et très fort. La réalisation est à l'unisson de ce scénario sans nuance : puisqu'il fait chaud, les couleurs seront chaudes, et collons-y-donc un bon filtre jaune une bonne fois pour toutes ; et pour faire genre moderne, plaçons la caméra sur l'épaule, oublions l'horizontale et filmons comme si on était au front.

A vouloir à la fois témoigner de la vie dans les cîtés, présenter la difficulté des mères à élever des enfants dans un tel environnement, évoquer l'incurie du système hospitalier et du gouvernement Raffarin durant la canicule et raconter une histoire sur le modèle de "Quatre mariages et un enterrement "(C'est à ce film qu'il fait référence dans le dossier de presse), François Dupeyron rate toutes ces cibles et ne nous offre finalement qu'un remake poussif de "Black mic-mac", avec pour trait d'union une Félicité Wouassy dont la sincérité et l'énergie ne suffisent pas à combler l'aspect superficiel du personnage.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de novembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 23 novembre 2008 7 23 /11 /Nov /2008 22:07

Film américain de James Gray


Interprètes : Joaquin Phoenix (Leonard Kraditor), Gwyneth Palthrow (Michelle), Vinessa Shaw (Sandra), Isabella Rossellini (Ruth Kraditor)



Durée : 1 h 50

Note :  8/10

En deux mots : James Gray filme une histoire d'amour impossible comme ses polars noirs : une vraie réussite.

Le réalisateur : Né en 1969 dans le Queen's, James Gray a été marqué par les films de Coppola. A 25 ans, il réalise "Little Odessa" qui obtient le Lion d'Argent à Venise en 1994. Il réalise en 2000 "The Yards", puis en 2007 "La Nuit nous appartient", tous deux avec Joaquin Phoenix.

Le sujet : Leonard souffre de troubles bipolaires ; après une rupture difficile, un séjour en institution et plusieurs tentatives de suicide, il se retrouve chez ses parents, dans le quartier juif de Brighton Beach. Son père organise une rencontre avec Sandra, dont le père s'apprête à s'associer avec lui. Mais Leonard tombe sous le charme d'une nouvelle voisine, Michelle, qui sort avec un homme marié et le prend comme confident.

 

La critique : Une critique plutôt enthousiaste, un nouveau film de James Gray pour effacer la déception de "La Nuit nous appartient", voilà deux bonnes raisons pour me convaincre d'aller voir quand même "Two Lovers", malgré mon goût modéré pour les comédies romantiques, genre auquel je rattachais ce film suite à une lecture un peu hâtive du pitch. De ce point de vue, j'ai été rassuré dès la première scène : dans une lumière blafarde, Leonard avance d'un pas chancelant sur une jetée de Brighton Beach, avant de se jeter dans l'eau. Ramené au sec par des sauveteurs qu'il remercie à peine, il rentre chez lui, ou plutôt chez ses parents qui en le voyant trempé comprennent qu'il a remis ça...

D'emblée, tant du point de vue formel que du point de vue narratif, James Gray installe une tension, comme une menace qui plane sur ce que va vivre Leonard. Tout ce que fait cet ado trentenaire ressemble à l'avancée d'un funambule sur un fil ondulant, et la caméra hésitante ainsi que la photographie exsangue soulignent cette vulnérabilité. Très vite, on apprend qu'il souffre de troubles bipolaires, pour lequel il prend des comprimés. Bipolaire, c'est aussi ainsi qu'on peut définir son parcours sentimental durant le film, entre Sandra la compréhensive, qui semble s'excuser des manigences de leurs parents, et Michelle la dépressive qui l'entraine dans son tourbillon où elle n'a pas prévu de place pour lui.

Comme "Little Odessa" situé dans la communauté ukrainienne, comme "The Yards" situé parmi les familles maffieuses du métro new-yorkais, comme "La Nuit nous appartient" situé dans le milieu des flics du N.Y.P.D., "Two Lovers" s'inscrit dans la vie bien particulière d'une communauté, ici celle des ashkénazes de Brighton Beach, et Bar Mitzvah et Rosh Hachana rythment le récit. Comme toujours chez James Gray, l'appartement familial est un personnage à part entière, évocant celui de sa grand-mère à Sandra et le parfum de l'enfance à Michelle, avec les portraits des ancêtres qui intimident les amants.

Ce cadre familial et communautaire oppressant, le sentiment de danger qui enveloppe Leonard, tout cela le pousse vers l'imprévue, celle qui symbolise la liberté, mais aussi le rêve impossible, cette voisine qu'il épie à travers sa fenêtre sur cour. Certes, derrière la sash-window de Michelle, pas de macchabée réel, mais le cadavre métaphorique des espoirs de ce Tanguy involontaire, embauché pour jouer le terzo incomodo et oublié à la porte d'une boîte de nuit.

Pour ce qu'il annonce comme son dernier rôle, Joaquin Phoenix s'adapte une nouvelle fois au propos de James Gray, avec lequel il tourne pour la troisième fois. Avec sa démarche en perpétuel déséquilibre, ses sourires gênés et ses emportements adolescents, il donne vie à un personnage qui représente au delà de la boursouflure fictionnelle une part de chacun de nous.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de novembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 22 novembre 2008 6 22 /11 /Nov /2008 13:56

Film français de Jean-François Richet

Interprètes : Vincent Cassel (Jacques Mesrine), Ludivine Sagnier (Sylvia Jeanjacquot), Mathieu Amalric (François Besse), Olivier Gourmet (Commissaire Broussard)



Durée : 2 h 10

Note :  6,5/10

En deux mots : Deuxième épisode de la vie de Jacques Mesrine, un peu moins intense que le premier.

Le réalisateur : Né en 1966 à Paris, Jean-François Richet grandit en banlieue à Meaux, avant de travailler pluisieurs années en usine. Il réalise un premier film autoproduit en 1995, "Etat des lieux". En 1997, il tourne "Ma 6-T va crack-er", puis en 2001 "De l'amour". En 2004, il va aux Etats-Unis pour réaliser le remake du film de John Carpenter "Assaut sur le central 13". Il tourne ensuite les deux volets de l'histoire de Mesrine, dont le premier épisode est "L'Instinct de Mort".

Le sujet : Revenu en France, Mesrine est arrêté une première fois ; il manoeuvre pour comparaître devant le tribunal de Compiègne, où son complice Michel Ardouin a planqué une arme dans les toilettes. Après avoir pris en otage le juge, il réussit à s'enfuir. Arrêté une deuxième fois par le commissaire Broussard qui a encerclé sa planque, il passe plusieurs années à la Santé où il rencontre François Besse. Avec lui, il réussit à s'évader grâce à des armes introduites par son avocate ; ensemble, ils organisent plusieurs braquages.

 

La critique : Le deuxième épisode se termine là où commençait le premier (on ne peut pas m'accuser de spoiler, la mort de Mesrine n'étant un secret pour personne), sauf que cette fois, l'épisode qui va de la sortie de Mesrine et de Sylvia de leur planque de la rue Belliard jusqu'au guet-apens de la Place Clignancourt est filmé du point de vue des hommes de la BRB de Broussard et de l'OCRB d'Aimé-Blanc.

Pas étonnant que Jean-François Richet ait ainsi procédé à une répétition en boucle, car il n'a fait après tout qu'imiter son modèle : malgré son indéniable créativité, Jacques Mesrine a souvent reproduit les mêmes actes dans sa "carrière" : l'évasion, l'enlèvement d'un vieil homme pour une rançon, l'interview provocatrice, jusqu'au double braquage improvisé, boucle dans la boucle, figure inventée au Canada et renouvelé à Paris avec Ardouin, qui lui même succède à Ferreira et Mercier, et précède Besse.

Cette tendance à la redondance a certainement posé un problème à Richet, et plus particulièrement pour ce deuxième épisode qui est à la fois plus long (de 17 minutes) et plus reserré dans le temps (de 1973 à 1979) et dans l'espace (pas de virée en Algérie, en Espagne ou au Canada, tout se passe en France). Dans la première moitié de "L'Ennemi public N°1", braquages, courses poursuites, fusillades et carambolages s'enchaînent, et ce n'est que grâce au brio de Richet pour filmer ces scènes à l'hollywoodienne (même si les R12 et les 204 sont moins glamours que des Ford Gran Torino ou des Mustang) que l'on ne sombre pas dans l'ennui.

Les qualités soulignées dans "L'Instinct de mort" sont bien présentes dans la deuxième partie : indéniable sens du rythme, puissance de l'interprétation de Vincent Cassel, et absence de complaisance au-delà de la fascination. Pourtant, la mayonnaise ne prend pas toujours, la faute sans doute à un manque de choix clair dans la tonalité, entre comique dérisoire et fresque épique. Dans son ambivalence devant son personnage, le réalisateur finit par exagérer et sa dimension héroïque, entre Mandrin et Robin des Bois, et sa dimension dérisoire, notamment quand il se met à flirter avec les thèses ultra-gauche de son nouvel ami Charlie Bauer.

Celui-ci, joué par un Gérard Lanvin à l'accent pagnolesque, le conduit au pire épisode de la longue cavale de l'ennemi public N°1, celle de l'enlèvement du "journaliste" du torchon d'extrême-droite Minute (celui la même que Desproges qualifiait de sartrien, puisque "pour moins de dix balles, vous avez à la fois La Nausée et Les Mains Sales"), Jacques Tillier, laissé pour mort avec trois balles dans la peau.

Cette mesrinisation de l'ensemble du film se diffuse aussi à toute la distribution, transformée en gang des postiches : un Olivier Gourmet aminci avec le collier de barbe de Broussard, un Samuel Le Bihan empâté avec les rouflaquettes de Michel Ardouin, dit "le Porte-Avion" pour la puissance de son armement, ou une Ludivine Sagnier à la perruque rousse. Seul Mathieu Amalric échappe à ce relookage plastique trop pesant et incarne un François Besse rabat-joie très convaincant.

Malgré ces réserves, "L'Ennemi public N°1" se laisse regarder sans déplaisir, grâce à un montage nerveux, et à la précision documentaire de certains épisodes oubliés, comme la tirade de Mesrine à son procès où pour démontrer la corruption de la justice et de la pénitenciaire, il exhibe la clef de ses menottes achetée pour 300 000 anciens francs. Moins épuré, moins tendu que le premier, il déçoit un peu l'attente, tout en ne faisant quand même pas regretter d'être allé au bout du cycle consacré à celui que le producteur Thomas Langman qualifie de dernier des gangsters français. 

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de novembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 16 novembre 2008 7 16 /11 /Nov /2008 13:35

Film britannique de Saul Dibb 

Interprètes : Keira Knightley (Georgiana), Ralph Fienes (Le Duc de Devonshire), Charlotte Rampling (Lady Spencer), Hayley Atwell (Lady Bess Foster)




Durée : 1 h 50

Note :  6/10

En deux mots : Un mix de Barry Lindon et de Lady Di, qui se laisse regarder grâce aux acteurs malgré un adadémisme parfois pesant.

Le réalisateur : Né en 1968, Saul Dibb a d'abord été directeur de la photo avant de réaliser des documentaires, notamment "Easy Money" sur une actrice de X. En 2005, il tourne sa première oeuvre de fiction, "Bullet Boy", portrait incisif sur la violence dans les milieux défavorisés en Grande-Bretagne.

Le sujet : Georgiana, fille de Lady Spencer, épouse à la fin du XVIII° siècle William, 5° Duc de Devonshire. Celui-ci se révèle être distant, intéressé uniquement à la voir lui donner un héritier mâle. La Duchesse cherche à oublier la froideur de son ménage en soutenant activement les politiciens whig comme James Fox et Charles Grey, favorables à l'indépendance des colonies américaines. Après la naissance de deux filles, et alors que le Duc multiplie les liaisons, la Duchesse rencontre à Bath Lady Elisabeth Foster, abandonnée par son mari qui lui a retiré ses trois garçons. Malgré l'intérêt du Duc pour Elisabeth, les deux femmes deviennent amies.

 

La critique : Curieusement, et malgré les différences d'époques, de styles et de nationalités, les trois derniers films que j'ai vus traitent du même sujet, à savoir la difficulté d'être une femme dans un monde façonné par les hommes. Après le docu-fiction des "Bureaux de Dieu" et le mélodrame crépusculaire de "L'Echange", voici donc l'adaptation du livre d'Amanda Foreman sur la Duchesse de Devonshire, femme originale et populaire, qui fut la maîtresse du futur premier ministre Charles Grey et qui perdit plusieurs millions de livres au jeu.

Reprenons : une Lady Spencer qui épouse un grand du royaume plus âgé, froid et distant, qui fut adulée par le peuple et traînée dans la boue par la presse, et qui ne maintint son mariage que pour ses enfants malgré les frasques de son mari, ça ne vous rappelle rien ? Cette lecture "Point de Vue-Images du Monde" de l'histoire de celle qui fut l'arrière-arrière-arrière-grand-tante de Diana Spencer n'est pas fortuite, il suffit de constater la similitude physique entre Keira Knightley et Lady Di, ainsi que certaines scènes (le peuple qui acclame la jeune mariée au grand agacement de son ducal époux) ou répliques ("Quand ils paraissent, tous les regards sont sur elle", "Le Duc de Devonshire est le seule à ne pas aimer sa femme", "Vous agissez ainsi parce que vous avez toujours besoin qu'on vous aime"). Amanda Foreman qui a conseillé Saul Dibb souligne d'ailleurs la ressemblance entre les deux femmes : "Georgiana et Diana étaient toutes deux des femmes intelligentes et puissantes qui ont été mises en pièces par la presse et se sont battues pour se reconstruire et devenir au final les femmes qu'elles voulaient être".

Alors que Diana avait à composer avec l'étiquette compassée de la Cour et la tyrannie de sa belle-mère, Georgiana se confronte au sort des femmes de son temps, fussent-elles de sang noble, soumises à l'arbitraire de leurs maris, et la figure de la royale douairière est ici tenue par la mère de la Duchesse, jouée par Charlotte Rampling. Plus qu'à Diana, on pense surtout durant toute la première moitié du film à "Marie-Antoinette", tant l'obsession de donner un héritier pèse sur le destin des deux femmes.

La comparaison entre le film de Sofia Coppola et celui de Saul Dibb est cruelle pour ce dernier. Quand la première introduit sa propre vision et son propre univers dans une histoire pourtant tellement balisée, le second prend bien soin de suivre les sentiers battus, que ce soit du point de vue pictural (Reynolds et Gainsborough ayant peint Lady Georgiana) ou cinématographique (l'incontournale "Barry Lindon", avec scènes éclairées à la bougie, ici dans des teintes plus rousses que chez Kubrick). Cet académisme semble encore plus indigeste avec le recours à tout le catalogue du genre (coup de tonnerre dans le lointain quand arrive une mauvaise nouvellle, envol de canards sauvages sur la campagne anglaise après la violence conjugale), et particulièrement avec la musique violonneuse de Rachel Portman, omniprésente et redondante.

Pourtant, on ne s'ennuie pas vraiment, car même si l'histoire en rappelle bien d'autres, certaines scènes accrochent, la relation entre Georgina et la maîtresse de son époux intrigue, et l'Angleterre offre suffisamment de palais, de chateaux et de paysages champêtres pour offrir un bel écrin aux émois de la Duchesse. Keira Knightley s'en sort plutôt bien, mais dans un décor assez similaire, elle ne retrouve pas la liberté aérienne d'"Orgueil et Prejugés". Après avoir campé Amon Goetz et Voldemort, Ralph Fiennes réussit à rendre la complexité du personnage du Duc, corseté par le code de somportement de son époque et de sa caste.

Impeccable reconstitution avec de beaux costumes, des décors somptueux et la crème des acteurs britannique, "The Duchess" manque pourtant d'un détail qui change tout : un véritable regard de cinéaste.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de novembre 2008 - Communauté : Cinéma
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