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critiques d'octobre 2008

Dimanche 26 octobre 2008 7 26 /10 /Oct /2008 17:02

Film français de Jean-François Richet

Interprètes : Vincent Cassel (Jacques Mesrine), Cécile De France (Jeanne Schneider), Gérard Depardieu (Guido), Gilles Lellouche (Paul)


Durée : 1 h 53

Note :  7/10

En deux mots : Premier volet du dyptique sur Mesrine, plutôt réussi, avec un Vincent Cassel convaincant.

Le réalisateur : Né en 1966 à Paris, Jean-François Richet grandit en banlieue à Meaux, avant de trvavailler pluisieurs années en usine. Il réalise un premier film autoproduit en 1995, "Etat des lieux". En 1997, il tourne "Ma 6-T va crack-er", puis en 2001 "De l'amour". En 2004, il va aux Etats-Unis pour réaliser le remake du film de John Carpenter "Assaut sur le central 13".

Le sujet : En 1959, Jacques Mersine, engagé volontaire, participe aux exactions française de l'armée en Algérie. De retour à Paris, il se laisse entraîner par son ami Paul dans des cambriolages et se place sous la coupe du caïd Guido. Il rencontre Sofia en Espagne ; quand elle le rejoint à Paris, il l'épouse et ils ont trois enfants. Jacques se fait prendre dans un braquage. A sa sortie de prison, il accepte de se ranger pour garder Sofia, et se fait embaucher dans un atelier. Mais quand il se fait licencier, il ne sait pas résister à l'appel de ses anciens amis.

 

La critique : Les loueurs de 404 et de DS doivent se frotter les mains, ils sont assurés d'avoir du travail ces temps-ci grâce à la déferlante de biopics sur la production française. Un an après "Le Dernier gang" consacré au gang des postiches, six mois après "Sans arme, ni haine, ni violence" sur Spaggiari, une semaine après "Coluche", le premier des deux films de Jean-François Richet dédiés à l'ex-ennemi public n°1 sort sur les écrans, en attendant le deuxième volet le 19 novembre.
Première constatation : ce film ne présente pas les mêmes défauts que les biopics précédents, particulièrement la volonté de respecter à la fois la construction canonique propre au genre, et un souci de la reconstitution qui tourne à l'image d'Epinal.

La différence la plus évidente avec Piaf ou Coluche, c'est que finalement, ce qu'on a surtout retenu de la vie de Mesrine, c'est sa mort. Le reste, à part des photos d'un moustachu empâté, le souvenir d'évasions spectaculaires et d'un combat contre les Q.H.S., tout cela ne s'est pas inscrit dans la mémoire collective de la même façon que l'idylle de Piaf et de Cerdan ou que le lancement des Restos du Coeur. Par contre, la photo de la BMW criblée de balles Porte de Clignacourt et du corps ensanglanté affalé sur le volant ont marqué toute une génération, et c'est d'ailleurs par cet épisode que s'ouvre le film, le flash back de 1 h 40 commençant au moment où la bâche du camion se relève, dévoilant les policiers qui s'apprêtent à ouvrir le feu.

Ce premier opus porte sur le début de la "carrière" de Mesrine et s'arrête au moment de son épisode québecois. Il part de l'épisode fondateur, celui qui lui a fait dire dans L'Instinct de Mort : "On a armé ma main au nom de la Marseillaise, et cette main a pris goût à l'arme." : sa participation à la sale guerre en Algérie, à la torture et à l'élimination des fellaghas. Engagé volontaire pour racheter l'image d'un père collabo, ce n'est pas le boulot d'employé dans la dentelle que ce dernier lui propose qui peut le satisfaire, et quand il demande à son copain flambeur qui roule en Triumph "s'ils n'embauchent pas dans son boulot ?", on sait qu'il connait la réponse et la nature du travail en question.

La principale force du film, c'est l'absence de complaisance pour son héros. Si on comprend bien la fascination qu'il pouvait exercer par son aspect animal et sa capacité de séduction, on ne nous cache pas le versant sombre de sa personnalité, depuis son racisme forgé en Algérie et renforcé par sa fréquentation des cagoulards de l'O.A.S., jusqu'à la violence de sa colère qui culmine dans une scène quasi insoutenable avec Sofia. Prompt à évoquer le code d'honneur des bandits, Mesrine était  aussi capable de se comporter comme le dernier des salauds, et cet aspect nous est montré crûment.

Parce qu'il est construit comme une suite de tableaux (la guerre d'Algérie, les premiers braquages, la réinsertion impossible après la prison, l'exil au Canada) "Mesrine : L'Instinct de mort" se présente comme un film de genres, avec un "s" : film de gangster à la Giovanni pour la partie française, avec le jeu des couleurs nocturnes et des néons, puis film de prisonniers nord-américain façon "Les Evadés", avec un incursion états-unienne du côté de "Sugarland Express" et une référence au conditionnement carcéral d'"Orange Mécanique", pour culminer avec l'ultra violence à la Peckinpah des scènes d'action québécoises, filmées avec une efficacité acquise par le détour holywoodien de Richet. Notons enfin l'utilisation fréquente de split screens très seventies.

La fluidité de ce découpage en séquences typées est garantie par un rythme nerveux, une énergie constante, et un recours bienvenu à l'ellipse. Malgré quelques clichés (la révolte contre la lâcheté du père, le gangster bon père de famille), le film de Jean-François Richet réussit progressivement à captiver le spectateur, l'explosivité de Mesrine rendant possible à tout moment un éclat.

Vincent Cassel met sa puissance et sa nervosité au service de son personnage sans tomber dans l'imitation ou la caricature ;  Depardieu retrouve son personnage de "La Môme" dans une version dark, patron de cabaret et caïd du milieu, et son apparente bonhomie de pygmalion maffieux est démentie par la folie de son regard lors de l'exécution d'un proxénète.

Avec "Mesrine : L'Instinct de mort", Richet a réussi une réalisation à l'américaine sur un sujet très français, situé en permanence
dans son contexte historique. Espérons que le deuxième volet présentera les mêmes qualités ; en tout cas, ce premier épisode donne envie de le voir.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 18 octobre 2008 6 18 /10 /Oct /2008 16:08

Film français d'Antoine de Caunes

Interprètes : François-Xavier Demaison (Coluche), Léa Drucker (Véronique), Olivier Gourmet (Jacques)


Durée : 1 h 43

Note :  6/10

En deux mots : Plus qu'un biopic classic sur Coluche, l'histoire de la candidature avortée du comique préféré des Français : trop sage, trop prévisible.

Le réalisateur : Né en 1953 à Paris du journaliste de télévision Georges de Caunes et de la présentatrice Jacqueline Jouber, Antoine de Caunes commence sa carrière d'animateur télé dans des émissions musicales : Chorus, Les Enfants du Rock et Rapido. Aux côtés de José Garcia, il interprête de nombreux personnages dans ses chroniques de l'émission Nulle Part Ailleurs, avant de jouer au cinéma sous la direction de Claude Chabrol, Michel Deville ou Tonie Marshall.

Il passe à la réalisation en 2001 en adaptant le roman de Tonino Benacquista "Les Morsures de l'aube" ; il réalise ensuite "Monsieur N." en 2002 et "Désaccord parfait" en 2007.

Le sujet : En 1980, Coluche est au sommet de sa popularité. Un jour, il reprend au vol l'idée lancée par un de ses nombreux amis qui squattent en permance sa maison : devenir candidat à la Présidence de la République. D'abord prétexte à un gigantesque canular, cette candidature voit se rallier de nombreuses personnes dégoûtées du jeu politique traditionnel. Au fur et à mesure que les sondages grimpent, Coluche sent monter les menaces contre sa candidature : boycott des médias, lettres anonymes, pressions contre les maires pour les 500 signatures.

 

La critique : Comme d'hab, le cinéma français a un métro de retard sur son modèle et néanmoins concurrent américain : alors que voici plus d'une décénnie que fleurissent outre-Atlantique les films biographiques, ce n'est que récemment que les producteurs français se sont emparés du filon des biopics, comme on dit maintenant. Dans la foulée du succés de "La Môme", on a déjà eu le droit à  Sagan et Spaggiari, et on nous annonce Mesrine, Coco Channel (x 2), Montand, Gainsbourg et Romy Scneider.

Cet engouement s'explique certes par les succès de "Ray" ou de "Walk the Line" et par l'oscar de Marion Cotillard, mais il est aussi, hélas, révélateur du manque d'imagination du cinéma hexagonal. Dans ce type de film, pas besoin de beaucoup  de créativité : la matière principale est fournie par la vie du héros, et le traitement répond la plupart du temps à un schéma du type ascension/déchéance/rédemption. Le premier scénario présenté par Diastème à Antoine de Caunes balayait les vingt dernières années de la vie de Michel Colucci, du Café de la Gare au putain de camion. Rendons donc grâce à de Caunes de n'avoir pas donné suite à ce projet hagiographique, et d'avoir concentré l'action autour des quelques mois de la candidature Coluche.

Cela ne nous épargne pas la promo sur la performance de François Xavier Demaison ; Mario Cotillard ayant placé la barre très haut, on a le sentiment que tout bon biopic français doit reposer sur le transformisme de l'acteur principal ; cet élément de la ressemblance physique semble moins prégnant côté US, Jamie Foxx, Joachim Phoenix ou Denzel Washington ne cherchant pas à tout prix à jouer les sosies de Ray Charles, Johnny Cash ou Malcom X. Ils s'appuient sur  leur propre personnalité pour s'approprier leur personnage, un peu comme Michel Bouquet avec Mitterrand.

Concernant Demaison, la ressemblance est réelle, surtout grâce à un travail gestuel et vocal s'appuyant sur des mimiques ou des intonations propres à l'inventeur de Gérard ou du Schmilblik. Mais si cet emprunt au répertoire de Coluche pour le caractériser est convaincant pour le personnage public, il l'est nettement moins pour les scènes plus intimes. Or, si les premières sont nécessaires pour resituer l'histoire et réveiller le souvenir du spectateurs, ce sont les secondes qui font avancer le récit. Malheureusement, le surjeu de Demaison et le manque de fluidité et de naturel des autres acteurs enfermés dans leurs personnages d'Epinal (Professeur Choron, Reiser, Jacques Attali) transforme ces scènes en un Musée Grévin vaguement animé.

L'enjeu du film, le "Ira, ira-pas jusqu'au bout ?", est assez peu prenant, seul un Japonais perdu dans son bunker depuis août 45 pouvant ignorer l'issue du 10 mai 1981. Du coup, on se lasse assez vite des jeux de couloirs des courtisans de tous bords, et ce sont plutôt certains moments plus personnels qui intéressent, comme le cadeau d'un pistolet qu'il fait à Véronique, ou l'histoire de petit cyclope qu'il raconte à ses deux fils hilares dans leurs lits.

Manquant un peu de la folie de son modèle, "Coluche" se laisse pourtant regarder comme la reconstitution léchée (photographie sépia de Thomas Hardmeieir, 504 Peugeot et R 14 en arrière-plan)
d'une époque à la fois encore proche et déjà terriblement liontaine.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2008 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 12 octobre 2008 7 12 /10 /Oct /2008 19:08

Film américain de Woody Allen  

Interprètes : Scarlett Johansson (Cristina), Rebecca Hall (Vicky), Javier Bardem (Juan Antonio), Penelope Cruz (Maria Elena)



Durée : 1 h 37

Note :  7/10

En deux mots : Après Paris, Venise et Londres, Woody Allen écrit une carte postale de Barcelone, avec un trio d'acteurs qui se régalent.

Le réalisateur : Né en 1935 à Brooklyn, Woody Allen a commencé comme gagman pour Bob Hope puis comme rédacteur du show télévisé de Garry Moore. Il réalise son premier film en 1969 "Prends l'oseille et tire-toi", suivi en 1971 de "Bananas", puis en 1972 de "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander". Depuis maintenant trente-cinq ans et au rythme d'un film par an, il alterne les comédies de genre ("Guerre et Amour", "Zelig", "Annie Hall", "Manhattan"), les comédies dramatiques aux accents bergmaniens ("Intérieurs", "Hannah et ses soeurs"), les comédies sentimentales ("Maudite Aphrodite", "Tout le monde dit I love you" "Melinda et Melinda")  et les comédies policières ("Meurtres mystérieux à Manhattan", "Coups de feu sur Broadway", "Escroc mais pas trop", "Match Point", "Scoop" et "Le Rêve de Cassandre").

Le sujet : Vicky et Cristina sont les meilleures amies, et elles viennent passer l'été à Barcelone chez une cousine de Vicky avant le mariage de cette dernière avec un golden boy new-yorkais.  Elles rencontrent Juan Antonio, un peintre, qui les invite à l'accompagner à Oviedo. Cristina se sent prête pour une aventure avec lui, alors que Vicky se montre exaspérée par son arrogance.

 

La critique : Le générique traditionnel de Woody Allen, police Windsor blanche sur fond noir, alors que Giulia y los Tellarini égrènent leur chanson acidulée, Barcelona. Suit un plan d'une mosaïque de Miro à l'aéroport de la capitale catalane, avant que la caméra ne pivote pour suivre Vicky et Cristina qui partent visiter la ville. Sagrada Familia, Parc Güell, guitare et toro de fuego : Woody Allen ne craint pas la carte postale, au contraire, il pousse le cliché à fond : Juan Antonio est forcément peintre, son père est forcément poéte, et Barcelone est forcément romantique.

Débarquent donc dans cette ville filmée en permanence avec une photographie mordorée, deux touristes américaines, deux opposées : Vicky, la brune, titulaire d'un Master d'Identité catalane, performance d'autant plus méritoire qu'elle n'a jamais mis les pieds en Espagne et ne parle ni la catalan ni le castillan, et qui concoit l'amour comme un engagement durable ; et Cristina, la blonde, qui ne sait pas ce qu'elle attend mais qui sait ce qu'elle ne veut pas, prête à toutes les aventures et pourtant toujours insatisfaite.

Commence alors un marivaudage autour de Juan Antonio, un peintre qui "a eu une histoire torride avec une belle folle qui a essayé de le tuer", Roméo en Alfa qui ne s'est jamais consolé de la perte de sa Juliette. Triangle classique, mais la malice de Woody Allen brouille les cartes et réveille les ulcères, et entre joutes oratoires savoureuses et jeu de cache-cache, l'intrigue avance doucement, comme une journée d'été.

Puis commence la deuxième partie du film, annoncée par une fermeture et une ouverture à l'iris : le retour de la belle folle jouée par Penelope Cruz. La critique s'est extasiée sur le jeu de l'actrice d'Almodovar, et c'est vrai qu'elle est comme d'habitude époustouflante en passionaria hystérique, lointaine cousine ibérique de Frida Kahlo. Mais ces comparses ne sont pas mal non plus, notamment Scarlett Johansson dans un rôle plus contrasté, et Javier Bardem, aussi à l'aise en séducteur latino qu'en tétraplégique ou en tueur psychopathe.

On l'aura compris, "Vicky Cristina Barcelona" est plutôt un bon Woody Allen, construit astucieusement avec une voix off à l'ancienne qui accélère l'intrigue, des dialogues savoureux - mais moins logorrhéiques que dans d'autres films -, et une distribution impressionnante. On n'a pas le temps de s'ennuyer, grâce à cette savante construction et aux multiples rebondissements, mais Woody Allen a bien fait d'arrêter son film au bout d'1 h 37, car ce n'est pas sûr que le spectateur aurait tenu encore longtemps.

Pas franchement comédie, pas réellement film dramatique, ce quarantième film de Woody Allen ne prendra sans doute pas place parmi ses plus grands films. Il n'en reste pas moins un agréable divertissement, largement supérieur à la moyenne des films de ces derniers mois.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 11 octobre 2008 6 11 /10 /Oct /2008 16:59

Film français de Karim Dridi 

Interprètes : Marco Cortes  (Marco), Raymond Adam (Coyotte), Magalie Contreras (Rita), Simon Abkarian (Le père)



Durée : 1 h 48

Note :  5/10

En deux mots : L'errance d'un gamin mi-gitan, mi-algérien dans les quartiers Nord de Marseille. La critique a adoré, moi pas.

Le réalisateur : Né en 1961, Karim Dridi a commencé à réaliser des courts métrages sur la boxe, les différences culturelles et les inégalités sociales. Il réalise son premier long métrage en 1994, "Pigalle", puis en 1995 "Bye-bye" qui est présenté à Cannes dans la section Un certain Regard. Il tourne ensuite "Hors-Jeu" (1998), "Cuba Feliz" (1999) et "Fureur" (2003).

Le sujet : Marco a onze ans (et demi, précise-t-il), et il vient de fuguer du foyer où il avait été placé après avoir incendié la caravane de sa belle-mère, pour aller au chevet de sa grand-mère mourante. Hébergé à droite et à gauche, par son père qui le fait boire ou par son cousin nain, il se laisse embarquer dans des coups foireux : vol de sac à main, de scooter, de métaux, cambriolages et autres embrouilles.

La critique : Une nouvelle fois, je me retrouve perplexe devant un film qu'a encensé la critique. "Tant de joie, tant de force, tant de grâce observées avec vérité et pessimisme" pour Libé, "Khamsa est à l'image de ce bijou, symbole de partage et d'humanité, qui lui donne son titre : fragile et précieux" pour Télérama, "Khamsa fonce à toute allure, enjambe les obstacles, déjoue les pièges et prend les clichés de vitesse" pour Le Nouvel Obs : ne reste plus qu'à suivre la prescription du Monde ; "Il y a urgence à aller le voir", ce que j'ai donc fait en bon lecteur de la presse de gauche.

Très vite, un sentiment de malaise m'a pris. Je comprends bien sûr l'intention exprimée par Karim Dridi après avoir visité un camp de Gitans à Marseille : "J'ai vraiment  halluciné quand j'ai vu leurs conditions de vie. Ces gens font partie de la population française, mais ils sont le sous-prolétariat du sous-prolétariat, personne n'en parle."  Cette volonté se perçoit tout au long du film, par la description des conditions de logement, d'hygiène et d'environnement de "ces gens", et ce n'est pas parce qu'on est à Marseille que la misère serait moins pénible au soleil.

Mon malaise provient de ce qui nous est montré de cette population : vols, trafics en tous genres, racisme, combat de coqs et de chiens, et surtout une attitude éducative qui va de l'abandon pur et simple (la tante qui refuse de prendre son neveu avec elle alors qu'il est à la rue à 11 ans) et l'irresponsabilité totale (le père qui saoûle son fils avant de s'envoyer en l'air devant lui, tout en lui reprochant de n'avoir pas caché sa main de Fatma dans l'église lors des obsèques de la grand-mère). Certes les conditions de vie sont dures, les habitudes familiales et culturelles différentes de celles des Gaulois, mais tout cela est équilibré dans les films de Tony Gatlif par la description des liens familiaux, d'un sens de l'honneur et d'une place de la musique qui n'est ici que plaquée maladroitement sur le récit.

Et puis surtout, chez Gatlif, on est dans le registre du réalisme poétique, alors que cette distance n'existe pas un instant chez Dridi. On est plus proche des personnages adolescents de Doillon, mais contrairement au "Petit Criminel", l'énergie du personnage ne suffit pas à donner une ligne narrative au film. Quand Le Nouvel Obs souligne l'évitement des clichés, je reste franchement dubitatif ; l'histoire enchaîne les situations prévisibles et déjà vues, et on pense pêle-mêle au "Thé au harem d'Archimède", à "La Petite Voleuse" et, Planète Mars oblige, à "Comme un aimant".

La critique a aussi comparé "Khamsa" à "Entre les murs", à cause de l'identité de la démarche qui a consisté à utiliser de jeunes acteurs non professionnels à qui on a fait suivre des cours d'improvisation. La comparaison est malheureuse, car on ne retrouve pas la fluidité des élèves de Laurent Cantet, ni celle des collégiens de Kechiche dans "L'Esquive" ; outre la difficulté de comprendre certains dialogues marmonnés avec l'accent marseillais, on perçoit trop souvent le manque de naturel des acteurs comme un écran à l'adhésion au propos du film, et entre "Sale bicot" et "Marco ! Qu'est ce que tu fais là ?" (bon résumé de l'intrigue), la réplique la plus élaborée est "Les tigresses, les hommes ça les domptent"...

Poussé tout seul entre foyers de la DDASS et rejet familial et clanique, Marco exprime sa rage contre les animaux : il ne fait pas bon être hérisson, souris ou python dans ce film. Il se livre subrepticement à son cousin en lui avouant son rêve de devenir boulanger, métier bien de chez nous, celui de faire le pain des Français. Mais ces moments qui font exister un personnage sont trop rares, et la volonté de montrer ce que la société peut avoir fait d'un tel chiendent en résumant l'action à une suite de scènes filmées sans distance détourne le spectateur (ou en tout cas votre serviteur) d'un discours auquel il était pourtant disposé à adhérer.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2008 - Communauté : Cinéma
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