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critiques de septembre 2008

Dimanche 28 septembre 2008 7 28 /09 /Sep /2008 18:56

Film français de Christophe Barratier 

Interprètes : Gérard Jugnot  (Pigoil), Clovis Cornillac (Milou), Kad Merad (Jacky), Nora Arnezeder (Douce)



Durée : 2 h 00

Note :  4/10

En deux mots : "La Belle équipe" fait du music-hall autogéré : prévisible, raccoleur et désuet.

Le réalisateur : Né en 1963, Christophe Barratier a obtenu une licence de concert de l'Ecole Normale de Musique de Paris. En 1991, il entre dans la société de production de son oncle Jacques Perrin, Galatée Film, où il produit "Microcosmos, le peuple de l'herbe", "Himalaya, l'enfance d'un chef" et "Le Peuple migrateur". Après un court métrage en 2001, "Les Tombales", il tourne son premier long métrage en 2004, "Les Choristes" : 9 millions d'entrées, deux Césars et deux nominations aux Oscars.

Le sujet : Ben je ne vais pas me fatiguer, tout est dans la bande-annonce.


La critique : J'ai fait partie des neuf millions de Français qui ont vu "Les Choristes", et sans être aussi enthousiaste que beaucoup, j'avais trouvé cette histoire d'humanisation d'une maison de correction par la grâce du chant plutôt réussie. Et puis, quelques temps après, j'ai regardé sur une chaine cinéma "La Cage aux rossignols", le film de Jean Dréville de 1945 dont il était le remake : tout ce qui m'avait plu dans le film de Barratier s'y trouvait déjà, ce dernier ayant poussé la copie juqu'à choisir des acteurs ressemblant aux créateurs des rôles ou à reproduire décors, choix de cadrages et mouvements de caméra à l'identique ; par contre, tout le bric-à-brac larmoyant qui m'avait déplu avait été rajouté dans la version moderne.

Fort de son succès, Christophe Barratier a obtenu de gros moyens pour son deuxième film : reconstitution d'un Faubourg à la Trauner et Doisneau, casting transgénérationnel (pour la comédie à la Yves Robert : Pierre Richard ; pour la génération du Splendid : Gérard Jugnot ; pour les Deschiens : François Morel ; pour l'esprit Canal : Kad Merad) et mouvements de caméra sophistiqués, comme ce plan-séquence d'ouverture avec traveling glissant au-dessus des toits de Paris, descendant le long de la façade, accompagnant Kad Merad à la rencontre de Jugnot, puis suivant ce dernier à l'intérieur du théâtre, avec des raccords fondus au noir comme dans "La Corde"" ou "Snake Eyes". Seulement voilà, Barratier n'est pas Hitchcock ni De Palma.

Car ici, gros moyens riment avec grosses ficelles : un scénario affligeant, dégoulinant de bons sentiments, bourrés de clichés (le père devenu chômeur qui se voit retirer son enfant et qui sombre dans l'alcool, la mère qui bloque les lettres du pauvre petit, le méchant riche qui dirige un parti fasciste, la petite provinciale qui ensorcèle Paris...), des dialogues à l'avenant du style "Tu nous fatigues avec ta politique" "Tu parles du droit des travailleurs ?" ou encore "Regarde ce qu'il a fait de moi le monde"... Quand Jacky présente son numéro d'imitations minables et qu'on nous montre la gêne dans le public devant un tel fiasco, il y a comme  une mise en abyme du malaise des spectateurs du film.

Comme "Les Choristes", "Faubourg 36" baigne dans une nostalgie de l'âge d'or du cinéma français, jusqu'à le plagier sans mise à distance, comme si le cinéma n'avait pas évolué depuis Duvivier, Carné, Grémillon ou Renoir. Le personnage de Clovis Cornillac ressemble à un mix des grands rôles d'avant-guerre de Jean Gabin, le pittoresque des personnages incarnés par des seconds rôles se veut hommage à Carette, Dalio ou Saturnin Fabre, et jusqu'au prénom de la jeune héroïne, Douce, qui évoque le film d'Autant-Lara.

Surnagent dans ce pensum balourd quelques scènes furtives, comme l'enterrement de la fin, les chansons de Franck Thomas et Reinhardt Wagner qui rappellent Trenet voire Ferré (période "Est-ce ainsi que les hommes vivent") et surtout le premier rôle de Nora Arnezeder, aussi à l'aise dans son jeu d'actrice que dans celui de chanteuse.

Heureusement que "Faubourg 36" n'a pas été sélectionné pour représenter le cinéma français aux Oscars : après "Amélie Poulain" et "La Môme", inutile de renvoyer une nouvelle fois cette image béret basque et baguette que le cinéma américain a adopté chaque fois qu'il s'agit de représenter l'hexagone.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 27 septembre 2008 6 27 /09 /Sep /2008 14:43
Film canadien de Guy Maddin

Titre original : Brand Upon the Brain !

Interprètes : Isabella Rossellini (La narratrice), Gretchen Kirch (La mère), Sullivan Brown (Guy)



Durée : 1 h 35

Note :  7/10

En deux mots : Petite chronique des névroses familiales, gothique et surréaliste.

Le réalisateur : Né en 1956 à Winnipeg, Paul Maddin est diplômé de siences économiques. Après avoir travaillé comme guichetier dans une banque et peintre en bâtiment, il réalise en 1986 un premier court métrage, "The Dead Father", déjà marqué par un surréalisme gothique. Il traite ensuite les thèmes de la guerre dans "Archangel" (1990), de la déviance sexuelle dans "Careful" (1991), de la répression dans "Le Crépuscule des nymphes de glace" (1997) et celui de la folie dans "Tales from the Gimli Hospital" (1998).
En 2001, il fait appel aux danseurs du Royal Winnipeg Ballet pour "Dracula, pages tirés du journal d'une vierge", et en 2003 il tourne une autobiographie romancée, "Et les lâches s'agenouillent".

Le sujet :
30 ans après, Guy revient sur l'île où il a passé son enfance, dans le phare où ses parents tenaient un orphelinat. Il se remémore ses derniers moments avant son départ : sa mère tyrannique qui épiait en permanence les orphelins, Guy et sa soeur Sis, son père qui travaillait en permanence dans son laboratoire au sous-sol, l'arrivée d'une détective venue enquêter sur les trous mystérieux dans la tête des enfants.

La critique :
Je n'avais vu aucun film de Guy Maddin avant "Des trous dans la tête", et je ne pourrais donc pas le comparer avec ses réalisations précédentes. Les lecteurs qui connaissent déjà l'oeuvre de ce réalisateur atypique trouveront peut-être que j'enfonce des portes ouvertes, mais pour moi, ça a été un choc. Un choc positif, car le cinéma doit permettre la diversité, et entre "Parlez-moi de la pluie", "Entre les murs" et "Des trous dans la tête" (en attendant demain "Faubourg 36"), j'ai été servi point de vue variété.

Pour caractériser le style de ce film, je paraphraserai Guillaume de Baskerville répondant à Adso de Melk qui lui demandait quelle langue parlait Salvatore : "Aucune, et toutes à la fois". "Des trous dans la tête" ne s'apparente à rien de semblable, et en même temps on peut y repérer des influences multiples : Griffith, et particulièrement "Intolérance", pour l'emphatisme des intertitres et l'utilisation homéopathique de la couleur, l'expressionnisme allemand pour la façon d'étirer les ombres dans un noir et blanc contrasté au gros grain, Bergman et notamment "Le Septième sceau" et "La Honte" pour la façon de filmer la nature et le bord de mer, Luis Bunuel et "Un chien andalou" pour l'approche surréaliste, et "Frankenstein", et "Nosferatu", et "La Cité des Enfants Perdus"...

Guy Maddin filme comme dans les années 20, avec une image qui tressaute, du vignettage sur les bord, des ouvertures à l'iris, des effets Mélies et une pellicule dégradée. Mais à bien regarder cet exercice de style, on s'aperçoit qu'il s'autorise de nombreux anachronismes techniques : caméra portée, bruitages, et une narratrice (Isabella Rossellini) qui complète les intertitres.

La mise en scène baroque se met au service d'une intrigue très librement inspirée de l'enfance de Guy Maddin : "Le coeur de mon enfance, son essence mystique, impétueuse et fougueuse, a été marquée par une lutte sans merci qui opposait ma mère à ma grande soeur, une adolescente fraîchement épanouie. (..) Qu'elles se disputent au sujet d'une coiffure ou d'un ourlet, c'était en réalité la présence au sein de la maison d'une jeune adulte, avec ses désirs personnels, qui était à l'origine de l'opposition virulente de ces deux femelles."

Très librement inspirée, espérons-le : car dans cet orphelinat niché dans un phare (tout un symbole) règne une mère castratrice et incestueuse, avec un père savant fou qui traite sa progéniture en cobayes, une fille qui va pousser le conflit avec ses parents jusqu'au bout, et des orphelins terrorisés par Savage Tom ; avec pêle-mêle, un bain de térébenthine pour laver ses fautes, un elixir de jouvence, une toilette funéraire paternelle bondage, du vampirisme, une tache de vin héréditaire représentant la Roumaine, et un Guy jaloux (Jalous Guy, nous dit le panneau).

Découpé en douze chapitres (et un interlude), le récit avance en dessinant des boucles, avec des répétitions et des ritournelles, le tout rythmée par la musique de Jason Staczek, créée en improvisation lors du tournage. Dérivant en permanence entre les écueils du too much et du n'importe quoi, "Des trous dans la tête" réussit à les éviter grâce à la cohérence de la narration et des techniques utilisées, et s'impose comme une expérience sensorielle unique dans le cinéma d'aujourd'hui.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Mardi 23 septembre 2008 2 23 /09 /Sep /2008 18:30

Film français de Laurent Cantet

Interprètes : François Bégaudeau (François Marin), Esmeralda Ouertani (Esmeralda), Frank Keita (Souleymane)



Durée : 2 h 08

Note :  8,5/10

En deux mots : Palme d'Or méritée pour un film dense et audacieux qui émeut, fait rire et invite au débat.

Le réalisateur : Né en 1961 à Melle dans les Deux-Sèvres de parents enseignants, Laurent Cantet obtient une maîtrise d'audiovisuel à Marseille, avant d'intégrer l'IDHEC. Il réalise un documentaire sur la guerre au Liban avant d'assister Marcel Ophuls sur "Veillées d'Armes". Il réalise ensuite deux courts métrages "Tous à la Manif" (Prix Jean Vigo 1995) et "Jeux de Plage" (1995). En 1999, Arte produit son premier long métrage, "Ressources humaines" qui obtient le César de la meilleure première oeuvre.
Il reprend le même thème du travail pour son deuxième film en 2001, "L'Emploi du Temps", adaptation libre de l'histoire de Jean-Claude Romand.

Le sujet : François Marin entame sa quatrième année comme professeur de français au Collège Dolto dans le XX° arrondissement de Paris. Professeur principal de sa classe de quatrième, il engage avec elle des joutes verbales qui parfois dérapent. Confronté à l'agressivité de Souleymane, à l'impertinence d'Esmeralda et de Khoumba, au découragement d'Henriette ou aux espoirs de Burak, il bricole des solutions, coincé entre l'inégalité dans l'accès à la langue et la lourdeur de l'institution.


La critique : J'avais lu "Entre les murs" et je l'avais beaucoup apprécié pour sa drôlerie, pour son sens du rythme, pour l'honnêteté du narrateur dans sa façon de raconter aussi ses erreurs et pour l'équité de son ironie vis-à-vis des profs et des élèves. J'ai donc été ravi de voir le film de Laurent Cantet recevoir la Palme d'Or des mains de Sean Penn, et même un peu jaloux des élèves en train de poser avec leur babiole dorée aux côtés de Natalie Portman.

Depuis est venu se greffer un autre débat, qui n'est pas sans rappeler celui qui avait accompagné le succès de "Etre et Avoir" : Alain Finkielkraut dénonce (sans avoir vu le film) la suffisance de François Bégaudeau et Philippe Meirieu qualifie le film d'idéologiquement dangereux : "François Marin, avec les meilleures intentions du monde, met en oeuvre une pédagogie calamiteuse. (...) C'est une bombe à retardement contre l'école publique. Je crains que des parents, effrayés par le tableau que l'on en donne, n'aient qu'une idée : préserver leurs enfants de cet univers en les mettant à l'école privée !"

Diantre ! Bégaudeau complice de Mgr Di Falco ? De même que M. Lopez avait été transformé en Don Bosco laïque malgré sa pédagogie qui sentait quand même bien la naphtaline, doit on regarder M. Marin comme un prophète d'une didactique révolutionnaire de la frontalité ? Ce n'est à l'évidence ni l'intention du principal intéressé, ni celle de Laurent Cantet : "Le film ne cherche ni à ménager les uns, ni à charger les autres : ils tous leurs faiblesses et leurs fulgurances, leurs moments de grâce et de mesquinerie."

Contrairement à ce que craignent Finkielkraut ou Meirieu, "Entre les murs" ne prétend pas proposer un remède à la crise de l'enseignement en France ; il se contente d'établir un tableau clinique, et c'est déjà beaucoup. Ce diagnostic peut se résumer par cette phrase de Bégaudeau : "L'école crée sans cesse des situations géniales ; mais on sait en même temps qu'elle est, au final, discriminante, inégalitaire, qu'elle fabrique de la reproduction : cette tension est celle du film."

J'étais curieux de voir comment Laurent Cantet allait adapter le roman de Bégaudeau, quelles coupes il allait faire et quels épisodes il allait privilégier, sans dénaturer la pulsation donnée par la répétition des petits détails (les motifs brodés sur le t-shirt, les discours en boucle dans la salle des profs) et les grands événements (les nombreux conseils de discipline, l'avancée de l'action pour empêcher l'expulsion de la mère de Ming). Forcément, il a dû resserrer le récit entre les quatre murs de cette classe et moins jouer sur la rengaine. Mais ce qu'on perd en cocasserie, on le gagne en profondeur, et les plans larges intermédiaires viennent apporter une respiration après les gros plans du huis clos.

Car Laurent Cantet filme à l'intérieur de la classe comme rarement on l'a fait, différemment d'Honoré ou de Kechiche, par exemple. Sans jamais chercher à décrire l'espace par des plans d'ensemble, il filme constamment au plus près des personnages, jouant sur les voix hors cadre et sur la saisie au vol d'un détail (le drapeau algérien sur le pannonceau de présentation de Chérif, une main qui pianote un texto sous la table). Mais la clé de voûte de cette réussite impressionnante, c'est la qualité du jeu des jeunes acteurs. Ils ont travaillé l'improvisation pendant un an pour parvenir à s'approprier des dialogues écrits tout en les enrichissant de leur propre personnalité. Le résultat est fluide, et donne cette impression documentaire soulignée par la critique, alors qu'on est au summum de mise en scène et de la direction d'acteurs.

Cantet ne joue pas la facilité : pas de musique, aucun effet d'accéléré ou de ralenti. Il laisse aux scènes le temps qu'il leur faut, un peu comme chez Kechiche : les discussions entre profs pour savoir s'il faut déférer Souleymane en conseil de discipline peuvent paraître longues, mais elles sont nécessaires pour faire émerger les contradictions et les divergences. Et puis, la longueur ne se fait pas sentir grâce à la variété des sensations sucitées : certaines scènes déclenchent le rire, comme les contradictions dans lesquelles François s'enferme tout seul, ou le débat en conseil d'administration sur la machine à café, d'autres prennent aux tripes, comme l'attitude de la mère de Souleymane au conseil de discipline, ou le constat désespéré d'Henriette à la fin de son année.

Récompensé à Cannes, promis au palmarés des Césars, sélectionné pour représenter la France aux Oscars, "Entre les murs" mérite maintenant de rencontrer le plus large public : par la générosité qui traverse tout le récit et l'intelligence de la mise en scène, c'est clairement le film français le plus intéressant depuis "L'Esquive".

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 20 septembre 2008 6 20 /09 /Sep /2008 15:01

Film français d'Agnès Jaoui

Interprètes : Agnès Jaoui (Agathe Vilanova), Jean-Pierre Bacri (Michel), Jamel Debbouze (Karim)



Durée : 1 h 38

Note :  6/10

En deux mots : Comédie diesel et un peu molle du couple Jacri sur l'humiliation ordinaire.

La réalisatrice : Née en 1964 à Antony, Agnès Jaoui, après avoir fait hypokhâgne et le Conservatoire, suit au Théâtre des Amandiers les cours de Patrice Chéreau avec lequel elle joue dans "Hôtel de France". En 1992, elle écrit avec son compagnon Jean-Pierre Bacri sa première pièce, "Cuisine et dépendances", puis en 1996 "Un Air de famille" porté au cinéma par Cédric Klapisch et couronné du César du meilleur scénario. En 1993, ils écrivent pour Alain Resnais "Smoking/No Smoking", puis en 1997 "On connaît la chanson".
En 2000, elle passe à la réalisation avec "Le Goût des autres", qui sera suivi en 2004 de "Comme une image".

Le sujet : Agathe Villanova, écrivaine féministe, a décidé de s'engager en politique. Parachutée dans la région de son enfance, elle vient passer dix jours chez sa soeur Florence pour trier les affaires de leur mère décédée un an auparavant. Florence lui annonce qu'elle n'a plus les moyens de payer Mimouna, la femme de ménage que leurs parents avaient ramenée d'Algérie au moment de l'indépendance.

Le fils de Mimouna, Karim, qui travaille comme réceptionniste dans un hôtel, accepte à contre-coeur la proposition de son ami Michel de tourner un film sur Agathe Villanova dans la collection "Les femmes qui ont réussi",


La critique : J'avais des réticences à aller voir ce septième opus de la collaboration d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri, la faute à une bande-annonce peu attractive, à une critique pour le moins mitigée, et surtout à cette impression grandissante de remonter dans le temps chaque fois que je vais voir un film français ; mais bon, "Obscénité et Vertu" ou "Love Gourou", on ne peut pas dire que j'ai vraiment le choix (Jessica, pardonne-moi !)

Le début du film a confirmé mes craintes : l'histoire se présente plus comme un empilement de situations caricaturales, voire vaudevillesques et sans grands enjeux (Florence en veut à Agathe qui agace Karim qui reproche son attitude à Florence qui ne supporte plus la gentillesse de Stéphane qui lit Kierkegaard et qui sort avec Michel (Florence, pas Kiekegaard) qui ne sait pas comment intéresser son ado de fils...) que comme une intrigue cohérente, freinée qui plus est par un montage au rythme paresseux.

Heureusement, le dernier tiers du film redonne un peu de sens à l'ensemble, des passerelles s'établissent enfin entre les diverses sous-intrigues et on retrouve l'ironie douce-amère au limite du burlesque (l'interview perturbée par les bêlements des moutons que Michel n'arrive pas à chasser : "J'ai zéro autorité sur ces moutons", la diatribe antieuropéenne des deux paysans échappés de "Délivrance" qui recueillent le trio...).

Jamel Debbouze explique : "J'aime la manière dont Agnès et Jean-Pierre traitent l'humiliation ordinaire, ce mal du XIX° siècle : en s'arrêtant au détail parce que le diable est dans le détail", et c'est vrai qu'il s'agit là de la force du film : la condescendance paternaliste et néocolonialiste d'Agathe et de sa soeur pour Mimouna (formidablement jouée par une comédienne non professionnelle), la remarque d'Agathe sur Karim : "Il est pas bête, en fait", qui la définit ainsi en retour : "Comme militante, elle est sympa".

Même s'il continue à émarger dans le registre du bougon atrabilaire, Jean-Pierre Bacri glisse une naïveté enfantine dans son personnage de réalisateur dont l'unique heure de gloire a été un documentaire sur la corrida vue du point de vue du taureau. Jamel Debbouze, qui définit son personnage comme son premier rôle adulte, s'en sort bien, aidé par des dialogues écrits par deux personnes qui le connaissent très bien et ont su intégrer son sens de la formule.

Davantage construit sur un enchaînement de bons mots que sur une trame captivante, "Parlez-moi de la pluie" souffre d'une indolence et d'une impression de déjà vu propre au cinéma français contemporain ; il se regarde sans déplaisir, mais ira vite se ranger dans un recoin de la mémoire au milieu d'un paquet de films qui lui ressemblent.

Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2008 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 14 septembre 2008 7 14 /09 /Sep /2008 20:56
Film islandais de Baltasar Kormakur

Titre original : Myrin

Interprètes : Ingvar Eggert Sigurdsson (Inspecteur Erlendur), Augusta Eva Erlendsdottir (Eva), Björn Hylnur Haraldsson (Sigurdur Oli)



Durée : 1 h 34

Note :  7/10

En deux mots : Polar crépusculaire islandais (pléonasme ?) assez réussi, malgré quelques maladresses.

Le réalisateur : Né en 1966 à Reykjavik, Baltasar Kormakur est diplômé de l'Académie Dramatique d'Islande. Il mène de paire une carrière d'acteur et de metteur en scène de théâtre, en Islande et à l'étranger. En 2001, il réalise son premier long métrage, "101 Reyjkavik", suivi la même année de "The Sea". En 2004, il tourne aux Etats-Unis "Crime City", un thriller avec Forest Whitaker qui remporte le Prix de la Critique au Festival du Film Policier de Cognac.


Le sujet : L'inspecteur Erlendur et son équipe sont chargés de l'enquête sur l'assassinat d'un vieil homme à Reykjavik. La découverte d'une photo cachée dans son bureau et montrant la tombe d'une petite fille morte trente ans avant va conduire les policiers à se replonger dans une histoire dont les témoins survivants sont un policier corrompu à la retraite et un prisonnier psychopathe. Erlendur finit par atterrir dans une entreprise qui a établit un fichier génétique de toute la population islandaise, présente et passé, et qui a conservé le cerveau de la filette.

La critique : Les hasards de la distribution m'ont amené à voir mes deux premiers films islandais en moins d'un mois. "Jar City" n'émarge pas dans la même catégorie que "Back soon", celle de la comédie décalée, mais il partage avec le film de Solveig Anspach de nombreux aspects, comme une vision plutôt désabusée de l'islanditude, ou l'intégration des imposants paysages comme personnage à part entière, photographiés dans les deux cas par Bergsteinn Björgulfsson.

Quand il découvre la scène de crime, l'adjoint de l'inspecteur Erlendur lâche ce commentaire : "C'est un crime typiquement islandais : bordélique et sans intérêt", faisant écho à la qualification d'"Alcatraz du Nord"d'Anna Hallgrimsdottir.
Les tours et détours de l'enquête nous conduisent dans des grands ensembles (si, si, il y en a, ils ont juste pour toile de fond la montagne enneigée), dans une prison bien moins pittoresque que celle de "Back soon", dans une morgue, et dans l'équivalant du Musée Dupuytren des curiosités médicales, loin des images des dépliants touristiques. Baltasar Kormakur l'assume pleinement : "Cette partie de l'Islande est comme l'une des pièces de la maison qui nous gêne et qu'on évite de montrer aux invités."

Dès le début du film, on voit un employé signer un document dans les locaux d'une société privée qui collecte les données génétiques sur 95 % de la population islandaise depuis 1703, soit 700 000 personnes. Cette société, DeCode Genetics, existe réellement, et on voit d'ailleurs son directeur répondre à une interview. L'employé va ensuite à l'hôpital, au chevet de sa fille qui est en train de mourir d'une maladie orpheline, la neurofibromatose. Le film nous raconte ensuite en parallèle le deuil de ce père, et l'enquête de l'inspecteur, confronté lui aussi aux difficultés de la paternité avec sa fille junkie, et il faudra attendre les deux tiers du film pour que les deux actions se rejoignent, un peu comme dans "Les Rivières Pourpres", autre polar s'appuyant sur une utilisation délictueuse de la science et plaçant le cercueil d'une fillette au coeur de l'intrigue.

L'atmosphère est pesante, comme on peut l'imaginer avec une action qui commence par la mort d'un enfant et sa toilette funéraire sur fond de berceuse chantée par une chorale d'hommes, et qui continue avec une exhumation, et la découverte d'un corps en décomposition. Les personnages semblent assortis à la rudesse du paysage et du climat, dans ce pays où la demande de manger végétarien déclenche l'agressivité, et l'inspecteur Erlendur qui se délecte d'une tête de mouton (sûrement la scène la plus gore du film !) ou qui enfume sans vergogne son adjoint n'a pas grand chose pour attirer la sympathie. La photographie bleutée à gros grains accentue cette dureté, ainsi que le choix des décors, comme ce cimetière au bord de la mer qui rappelle le village de Bess dans "Breaking the Waves".

Souvent bien maîtrisée, la réalisation dérape parfois vers la facilité, comme la phrase prononcée par une personne interrogée par l'inspecteur : "Rien n'est plus terrible que la mort d'un enfant", et qui est immédiatement suivie d'un plan du père en deuil seul dans la chambre de sa fille. Par contre, la louable intention de Baltasar Kormakur de ne pas tomber dans une stylisation de la violence à l'américaine garantit une tenue à l'ensemble, dans un film où la complexité de l'intrigue importe moins que le climat psychologique qui baigne le récit.

Reste une interrogation naïve qui me tarabuste depuis la vision du film : pourquoi, dans un polar construit autour de la génétique, l'Inspecteur Erlendur n'a -t-il pas fait analyser l'ADN du sang sur le carreau ?

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2008 - Communauté : Cinéma
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