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critiques de janvier 2007

Lundi 29 janvier 2007 1 29 /01 /Jan /2007 21:57

Film allemand de Florian Henckel von Donnersmarck  


Interprètes : Sebastian Koch (Georg Dreyman), Martina Gedeck (Christa-Maria Sieland), Ulrich Mühe (Hauptmann Gerd Wiesler), Ulrich Tukur (Grubitz)


Durée : 2 h 17




Note : 8/10


En deux mots : Une petite histoire permet d'illustrer la grande histoire, avec en prime, un suspens passionnant.


Le réalisateur : Descendant d'une famille noble de Silésie, Florian Henckel von Donnersmarck est né en 1973 à Cologne. Il a passé une partie de son enfance à New York. Après des études de littérature à Leningrad puis à Oxford où il rencontre Richard Attenborough, il suit les cours de l'Académie de cinéma et de télévision de Münich.


L'histoire : En 1984, le Ministre de la Culture de la R.D.A. veut se débarasser du dramaturge Georg Dreyman, parce qu'il est attiré par sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland. Il charge le colonel Grubitz de la Stasi d'organiser les écoutes de leur appartement, afin de réussir à compromettre cet auteur qui a toujours été dans la ligne, malgré son amitié pour des artistes frappés d'interdiction professionnelle. Révolté par le suicide de l'un d'entre eux, il écrit un pamphlet contre l'état policier est-allemand et décide de le faire parvenir au "Spiegel" à l'Ouest. Wiesler, l'officier de la Stasi jusqu'alors irréprochable et qui est chargé de les surveiller, se met à cacher les informations compromettantes à ses supérieurs.


La critique :  "La Vie des Autres", c'est la vie des 17 millions de citoyens de la République Démocratique Allemande, que la tristement célébre Sécurité Intérieure, la Stasi, avait pour mission d'espionner. 100 000 membres et 200 000 collaborateurs réguliers étaient chargés de cette mission, et de compiler tout cela dans des rapports soigneusement archivés. Quand après la chute du Mur, Georg obtient le droit de consulter son dossier, ce sont des dizaines de classeurs que l'archiviste admiratif lui amène. Le sens de cette espionnite était initialement de défendre l'état socialiste contre ses ennemis. Mais bien vite, et en tout cas après 40 ans de R.D.A., ce système policier fonctionnait surtout pour servir les intérêts privés de l'oligarchie dominante ; plus personne ne croit à une idéologie, seule la peur permet à ce système bureaucratique obsolète de survivre.


Le film commence par un interrogatoire mené par Wiesler, celui d'un pauvre type qui avait le tort d'être le voisin et peut-être l'ami d'un transfuge à l'Ouest. Cette séance est enregistrée, et sert de support au cours que Wiesler donne à l'Académie de la Stasi, et où il suffit qu'un étudiant pose une question dérangeante pour qu'en face de son nom, le prof trace une croix. Wiesler est donc un policier modèle, excellent technicien de son sale boulot, sans état d'âme. Quand il rencontre Georg l'intellectuel, avant même que le ministre lui en donne l'ordre pour exercer son droit de cuissage, il perçoit une menace et propose de le mettre sur écoute. Il s'acquitte de cette mission comme des autres, avec efficacité et sans ménagement pour ses subordonnés.


Durant tout le début des écoutes, avant que le destin ne fasse basculer Georg, le film nous montre en parallèle les vies des deux hommes : quand le dramaturge fait l'amour avec sa compagne (noté au rapport : "accouplement probable"), Wiesler le solitaire a le droit à une pute du ministère, qui vient faire sa tournée et ne peut pas rester, le camarade capitaine ne l'ayant pas réservée plus longtemps. Quel est exactement le chemin de Damas de Wiesler : la pitié qu'il éprouve pour Christa-Maria obligée de se donner au ministre adipeux ? l'écoute du "concerto pour un homme bon", joué par Georg en hommage à son ami suicidé ? Toujours est-il que du jour où il omet de consigner un fait anodin dans son rapport, il accepte un engrenage qui lui vaudra une rélégation dans une cave où son supérieur lui promet en 1985 de passer les vingt années à venir.


Tableau implacable de ce système de peur et de délation, "La Vie des Autres" est aussi un suspens passionnant, un jeu du chat et de la souris -ou plutôt de poule-renard-vipère, vu qu'il y a trois protagonistes. On oublie les 2 h 17 du film, grâce à une intrigue habilement ficelée, à une reconstitution soignée (il ne manque pas une Trabant !) et un excellent jeu des acteurs : Sebastian Koch, vu dans "Black Book", Ulrich Mühe, acteur de Haneke, et Ulrich Tukur, aperçu dans "Solaris" et "Le Couperet". Il aura fallu attendre les 126° et 128° critiques clunysiennes pour y voir figurer des films allemands ; bien que très différents ("Pingpong" est un récit intimiste alors que "La Vie des Autres" est un film à suspens politique), ces deux premières oeuvres semblent confirmer le renouveau du cinéma d'Outre-Rhin.


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2007 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 28 janvier 2007 7 28 /01 /Jan /2007 18:22

Film américain de Emilio Estevez


Interprètes : Anthony Hopkins (John Casey), Demi Moore (Virginia Fallon), Sharon Stone (Miriam), William H. Macy (Paul), Harry Belafonte (Nelson), Martin Sheen (Jack)


Durée : 1 h 52




Note : 6,5/10


En deux mots : Fresque chorale durant la journée qui a précédé l'assassinat de Robert Kennedy ; une belle idée, de bonnes intentions, mais beaucoup de clichés.


Le réalisateur : Né en 1962 à New York, Emilio Estevez est le fils de Ramon Estevez, plus connu sous le nom de Martin Sheen. Il commence à jouer à 18 ans dans "Outsiders" de Coppola. Tout en continuant sa carrière d'acteur, il devient réalisateur en 1986 avec "Wisdom", suivi de "Men at Work" (1990), "The War at Home" (1996) et "Classé X" (2000).

 

L'histoire : Le 4 juin 1968 ont lieu les primaires de Californie, décisives pour la campagne de Bobby Kennedy en vue de l'obtention de l'investiture démocrate à l'élection présidentielle. Son Q.G. de campagne est situé à l'Hôtel Ambassador de Los Angeles, et c'est là qu'il doit faire son discours à l'issue de la proclamation des résultats. Dans l'hôtel, plusieurs histoires se déroulent : un serveur mexicain est obligé de faire des heures supplémentaires et enrage de ne pas pouvoir aller voir les Dodgers, deux jeunes volontaires découvrent le LSD, une chanteuse alocoolique se dispute une nouvelle fois avec son mari, une journaliste tchèque essaie d'obtenir une interview de Bobby, le manager de l'Ambassador vire son intendant pour racisme en même temps qu'il trompe sa femme avec une standardiste, alors que le portier à la retraite trompe son ennui en jouant aux échecs avec un vieil ami...


La critique :  Si je garde un souvenir plutôt flou de l'émotion causée par l'assassinat de JFK (j'avais sept ans), je me souviens très précisément de l'instant de ce mois de juin 68 déjà si particulier, où la radio a annoncé l'assassinat de Bob Kennedy, et du sentiment de fatalité et de perte de la promesse d'un avenir meilleur qu'il avait laissé au collégien en vacances forcées que j'étais.


C'est sans doute un des intérêts principaux du film d'Emilio Estevez que de restituer cet espoir au coeur d'une Amérique ravagée par l'enlisement au Vietnam et la ségrégation raciale ; on ne voit Robert Kennedy que par le biais de documents d'époque, ou alors en silhouette et de dos quand il s'agit de le mêler aux acteurs du film. Mais on comprend bien l'engouement pour le sénateur de New York, surtout quand on l'entend prononcer certains discours qui semblent s'adresser aux spectateurs d'aujourd'hui, comme celui où il explique que les économies occasionnées par un retrait du Vietnam permettraient de venir en aide aux plus démunis, ou cet entretien étonnant avec des écoliers où il leur explique les conséquences de la pollution à une époque où le mot écologie n'était encore qu'une obscure discipline universitaire.


Emilio Estevez a choisi de nous parler de cet espoir en suivant une kyrielle de personnages (joués par une kyrielle de stars) et de montrer au travers de leurs problèmes les maux et les aspirations des Américains de cette époque. Ce procédé pousse à la simplification et transforme par moments le film en une galerie d'images d'Epinal : la vedette alcoolique qui humilie son batteur de mari, la jeune fille qui a accepté un mariage blanc avec un copain de classe pour l'empêcher de partir au Vietnam et qui en tombe amoureux, la femme qui se désespère parce qu'elle n'a pas de chaussures assorties à sa robe de soirée...


Vidés de leur consistance, engoncées dans des robes-carcans de Cardin, casquées de choucroutes vertigineuses et affublés des délires de la lunetterie de l'époque, la plupart de ces personnages ont du mal à exister au delà du cliché. Certes, quelques uns en réchappent, comme les deux jeunes volontaires de la campagne qui reçoivent d'un hippie christique leur sucre au LSD comme une ostie et vivent leur premier trip, ou surtout Miriam, épouse trompée et coiffeuse-confidente, jouée par une Sharon Stone qui domine une distribution inégale.


Le film trouve enfin un rythme avec la scène finale, quand on comprend le lien qui unit tous les personnages, et qu'images d'archive et reconstitution se mélangent alors que l'on entend le discours d'avril 68 contre la violence. Sympathique mais un peu mou, "Bobby" se perd dans le dédale des couloirs et des cuisines de l'Ambassador, et passe à côté du film altmanien qu'il aurait pu être.


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 27 janvier 2007 6 27 /01 /Jan /2007 14:18

Film allemand de Matthias Luthardt


Interprètes : Sebastian Urzendowsky (Paul), Marion Mitterhammer (Anna), Clemens Berg (Robert)


Durée : 1 h 29




Note : 7/10


En deux mots : Huis-clos familial étouffant. Assez réussi pour un premier film.


Le réalisateur : Né en 1972 à Leiden, Matthias Luthardt fait des études de littérature allemande et française avant d'étudier le journalisme en Allemagne et en France. En 2001, il réalise le court métrage «Blindgänger». Son documentaire «Menschen brauchen hobbies» est nominé pour le Silver Wolf Award au Festival du Documentaire d'Amsterdam. En 2005, Matthias Luthardt sort diplômé de l'école de cinéma de Potsdam-Babelsberg.

 

L'histoire : Paul, 16 ans, débarque à l'improviste chez son oncle un beau jour d'été, celui-ci lui ayant dit à l'enterrement de son père qui s'était suicidé qu'il pouvait venir quand il voulait. Ni attendu ni souhaité, Paul va s'incruster chez son oncle et sa tante Anna qui ont appelé leur fils Robert et leur chien Schumann. Des relations empreintes d'un mélange de complicité et de rivalité s'installent entre les deux cousins, tandis qu'Anna ne décourage pas les timides avances de son neveu.


La critique :  Quand Paul débarque dans la villa de son oncle, on sent bien qu'il n'est pas vraiment le bienvenu. Il y a des non-dits, des reproches, des conflits jamais résolus, surtout depuis le suicide de Frank. Son oncle Stefan voit en lui l'incarnation du reproche de la brouille avec sa soeur, Anna le perçoit immédiatement comme une menace pour sa quiétude, et sa première rencontre avec son cousin Robert perturbe la répétition de l'audition de piano qu'il doit passer quelques jours plus tard.


Les demandes appuyés sur la date de son départ, les allusions à la gêne qu'il occasionne glissent sur lui. Il ne répond pas aux multiples petites provocations, même quand elles prennent la forme de toast de bienvenue ou qu'elles attaquent son père. Il oppose sa présence, l'impose comme une évidence et propose même de poser le carrelage de la piscine. Pourtant, on sent d'emblée que l'explosion n'est pas loin, que toute cette douleur et cette colère contenues ne peuvent pas ne pas finir par sortir.


"Pingpong", jeu anodin, jeu des vacances, mais où ici aucune partie ne se termine, interrompue par des éclats de jalousie, des jeux de pouvoir, jusqu'à ce moment où Anna détruit la table à coups de pelle. Et à la fin, Paul joue seul avec rage sur la table replié, éjecté de cette famille où on ne sait pas communiquer. On pense par moment à "Festen", par la tension et le poids des secrets de famille. On peut aussi évoquer "La Tourneuse de Pages", notamment avec le rôle du piano comme catalyseur des rapports de forces, et à cause de cette menace que fait planer l'irruption d'une personne inattendue dans une maisonnée. Comme dans ce film d'ailleurs, le meilleur est dans l'atmosphère, dans ces menus détails qui instillent la perversion des relations entre le trois protagonistes, bien plus que dans les scènes "tragiques" où Matthias Luthardt n'évite pas toujours le piège du pathos démonstratif.


Mais malgré ces défauts, malgré la prévisibilités de certaines péripéties, ce film de fin d'étude vraiment maîtrisé, couronné à Cannes du Prix de la Jeune Critique, est quand même assez prometteur, et vient s'inscrire dans le renouveau d'un cinéma allemand qui semble sortir d'une longue latence.


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2007 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 21 janvier 2007 7 21 /01 /Jan /2007 22:55

Film français de Régis Wargnier


Interprètes : José Garcia (Commissaire Adamsberg), Lucas Belvaux (Danglard), Olivier Gourmet (Joss Le Guern), Michel Serrault (Decambrais)


Durée : 1 h 55




Note : 7/10


En deux mots : Adapation assez fidèle du roman de Fred Vargas, mais qui perd un peu trop de sa douce folie au profit d'un surplus de noirceur.


Le Réalisateur : Né en 1948 à Paris, Régis Wargnier débute comme assistant réalisateur pour Michel Deville ou Francis Girod. Il réalise son premier film en 1986, "La Femme de ma vie" suivi en 1989 de "Je suis le Seigneur du Château". Il remporte l'oscar du film étranger en 1993 avec "Indochine". Il tourne ensuite "Une Femme française" (1995) "Est-Ouest" (1998) et "Man to Man" (2005).

 

L'histoire : Dans le quartier de Beaubourg, Joss Le Guern, comédien au passé douteux, est crieur de nouvelles. Il lit à la criée  des annonces et des messages. Parmi ceux-ci, des textes étanges aux connotations anciennes. Dans le même temps, des signes tracés à la peinture noire apparaissent sur de nombreuses portes dans plusieurs quartiers de Paris. Le Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg ressent une menace, voire une malédiction derrière tous ces signes. Aidé du propriétaire de la pension de famille de Le Guern, il décrypte les textes lus à la criée et découvre que ce qui menace Paris, c'est la peste. Et bientôt un premier mort est découvert, le corps noirci, le visage figé de terreur...


La critique : Depuis "Debout les morts", je suis un grand amateur des romans de Fred Vargas. J'apprécie leur univers particulier, où l'intrigue passe souvent au second plan derrière la singularité des personnages : berger taiseux, ex-missi dominici du ministère de l'intérieur ou étudiant en archéologie. Et il se trouve que de tous ses romans, c'est sans conteste "Pars vite et reviens tard" mon préféré, entre autre parce qu'il faut attendre une grosse centaine de pages avant de voir apparaître le premier cadavre.


Or, cette lenteur dans les préliminaires, cet éveil progressif du sentiment de l'imminence chez Adamsberg font défaut dans l'adaptation de Wargnier. Quelques scènes d'exposition suffisent à nous présenter le commissaire atypique, et hop, en voiture Simone, on commence l'intrigue policière, avec poursuites et cascades à la clé. Le personnage de Le Guern, débretonnisé par son transfert de Montparnasse à Beaubourg et par son changement de passé (passant de la marine marchande à la comédie, ce qui nous fait perdre la conclusion rituelle de chacune de ses criées par la remémoration d'un naufrage célébre et si possible meurtrier) est à peine effleuré, ce qui est d'autant plus dommage qu'un Olivier Gourmet méconnaissable, amaigri et Bernard Lavillierisé, méritait plus de temps à l'écran.


José Garcia est plutôt pas mal, intériorisant son jeu comme il avait déjà su le faire dans "Extension du Domaine de la Lutte" ou "Le Couperet". Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'adopter la posture de ce jeune lecteur de Tintin, qui avait écrit à Hergé après la sortie du "Mystère de la Toison d'Or" pour protester contre le fait que le Capitaine Haddock n'avait pas dans ce film la même voix que dans les albums. Je l'imaginais plus grand, plus sec, plus aérien. Dans le rôle de Danglard, Michel Serrault évite le cabotinage et donne du poids à son personnage ; quant à Lucas Belvaux, je le préfère décidemment comme réalisateur...


Malgré une musique omniprésente aussi redondante que les sous-titres des quotidiennes de la Star Ac, la réalisation est assez efficace, et réussit à rendre compréhensible une intrigue pourtant compliquée. Mais cette fluidité narrative se fait au détriment de tous ces à-côtés qui font la substance même des livres de Fred Vargas. Alors, pour ceux qui souhaiteraient après la vision de ce film découvrir du Vargas, je conseille la lecture de "L'Homme à l'envers" et de "L'Homme aux cercles bleus".


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2007 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 21 janvier 2007 7 21 /01 /Jan /2007 17:00

Film anglais de Sean Ellis


Interprètes : Sean Biggerstaff (Ben Willis), Emilia Fox (Sharon), Shaun Evans (Sean)


Durée : 1 h 34




Note : 6/10


En deux mots : Premier film inégal, oscillant entre une inspiration kubrickienne et des relents benny hilliens.


Le Réalisateur : Né en 1970 à Brighton, Sean Ellis se passionne dès l'enfance pour la photographie. Il devient photographe de mode dans les années 90, avant de réaliser deux courts métrages : "Left Turn" en 2001, et "Cashback" qui est nommé aux oscars en 2004.

 

L'histoire : Ben Willis vient de rompre avec sa petite amie Suzy, à moins que ce soit lui qui se soit fait larguer. Toujours est-il que cet étudiant aux Beaux-Arts en perd le sommeil, au sens littéral du terme. Afin de rentabiliser ces huit heures supplémentaires par jour, il se fait embaucher dans une supérette. Il découvre alors qu'il a le pouvoir d'arrêter le temps, de figer tous les personnages et de continuer à se déplacer. Fasciné depuis l'enfance par la fugacité de la beauté, il en profite pour dessiner des clientes qu'il déshabille. Progressivement, il commence à oublier Suzy et à s'intéresser à Sharon, la caissière.


La critique : La lecture des critiques aurait dû me dissuader d'aller voir "Cashback". C'est la photographie de l'affiche et certains plans de la bande-annonce qui m'ont poussé à aller finalement le voir, parce qu'ils me faisaient penser à des scènes de Kubrick, essentiellement de "Shining" et de "Eyes Wide Shut". La vision du film m'a confirmé dans cette impression : une certaine lenteur narrative, l'emploi de grand-angulaires, le goût pour les travelings avant, le recours à la musique classique, ici Bellini et Ravel, tout cela évoque le réalisateur de "Full Metal Jacket".


Et cela fonctionne plutôt bien, surtout dans la première demi-heure, quand Ben raconte sa rupture et sa lente plongée dans l'hallucination, avec en point d'orgue la scène où il déshabille les clientes pour tenter d'en saisir la beauté. Un climat plutôt envoûtant s'installe, et on est curieux de savoir comme il va se sortir de cet état qui le ravage. Mais las, la suite n'est pas à la hauteur, on se perd dans des épisodes de la vie de la supérette, et Sean Ellis n'a pas encore la maîtrise nécessaire pour susciter rire et émotion dans une même scène.


Les personnages de ses deux collègues bas de plafond, vecteurs de gags sortis tout droit d'"American Pie", et plus encore celui du patron, tyranneau harceleur et pitoyable entraîneur de foot, tirent la seconde moitié du film vers un humour poussif à la Benny Hill, et les accélérations du rythme rappellent davantage les courses poursuites de l'idiot de la BBC que la scène où Alex couche avec les deux filles dans "Orange Mécanique".


A l'origine, "Cashback" était un court métrage de 18 minutes (qui a d'ailleurs été intégré dans le long métrage). Sean Ellis raconte : "Ayant réalisé le court métrage, je me demandais comment j'allais développer cette histoire pour en faire un long. Une fois trouvé le début et la fin, je me suis dit : "A partir de maintenant, j'écris dix pages par jour ". Du coup l'écriture en elle-même a pris sept jours". Cet aveu est à rapporter à ce que disait Almodovar à Cannes : "Les scénarios sont incroyablement peu travaillés, je ne comprends pas comment c'est possible : j'ai réécrit celui de "Volver" une vingtaine de fois".


Cet étirement et cette absence de travail du scénario se sentent dans la prévisibilité de l'intrigue sentimentale et la dilution progressive du rythme. Dommage, parce qu'il y a quand même une inventivité dans la mise en images (plus que dans la mise en scène), et quelques belles idées pour un premier film.


Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2007 - Communauté : Cinéma
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