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critiques de juin 2008

Mardi 1 juillet 2008 2 01 /07 /Juil /2008 20:01

Film israélien d'Ari Folman

Titre original : Waltz with Bachir

Interprètes :
Ari Folman, Ori Sivan, Ronny Dayan



Durée
: 1 h 27

Note :
  8/10

En deux mots
: Thérapie en dessin animé d'un ancien soldat de Tsahal vingt ans après la guerre israelo-libanaise : créatif; intelligent et émouvant, .

Le réalisateur :
Né en 1962 à Varsovie, Ari Folman émigre l'année suivante en Israel. Il commence par réaliser des documentaires pour la télévision, avant de réaliser son premier long métrage en 1995, "Sainte Clara". Il signe en 2001 "Made in Israel", tout en continuant à écrire des scénarios pour la télévision.

Le sujet : Parce que son ami Boaz, ancien de Tsahal comme lui, l'a appelé en pleine nuit pour lui raconter un cauchemar récurent, Ari fait à son tour un rêve où il se voit à Beyrouth avec ses camarades sortir nus de la mer sous des fusées éclairantes. Il part à la recherche de ceux qui avec lui, vingt ans auparavant, avaient pénétré dans Beyrouth jusqu'aux camps de Sabra et Chatila. En croisant ses rêves avec leur souvenir, il parvient à retrouver la mémoire de la nuit du massacre de ces deux camps palestiniens.

La critique : Bachir, c'est Bachir Gemayel, le dirigeant des milices phalangistes élu Président de la République libanaise et assassiné le 14 septembre 1982, soit une semaine avant son entrée en fonction. La mort de ce leader maronite allié d'Israel conduisit trois jours plus tard au massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, perpétré par des miliciens phalangistes, et qui a fait entre 700 et 3500 morts.

La valse, c'est celle que fait un camarade d'Ari dans une rue de Beyrouth-Ouest sous le feu des snipers, vidant à l'aveugle le chargeur de son fusil-mitrailleur devant un immense portrait de Bachir, à l'image de ses camarades cramponnés à leurs mitrailleuses et tirant dans le noir de part et d'autre de leur blindé fonçant dans la nuit. Car la particularité de cette guerre, ou en tout cas de la façon dont elle est rapportée à travers le prisme des souvenirs fragmentés des vétérans, c'est qu'on n'y voit jamais l'ennemi, ou alors juste des rangers entraperçues depuis une cachette ou des silhouettes dans une voiture. La seule fois où on distingue le porteur d'un lance-roquette, c'est qu'il s'agit d'un enfant surgi de dessous les oliviers avant d'être abattu par un feu nourri.

Certains journaux ont présenté "Valse avec Bachir" comme un dessin animé documentaire. Catégorisation réductrice, ou alors on classe "Quand passe les Cigognes" ou "Voyage au bout de l'Enfer" dans le genre Fiction Documentaire... Comme dans "Persépolis" auquel il fait forcément penser (même démarche autobiographique, même support, même recherche plastique, même présentation à Cannes -avec un résultat malheureusement différent), l'histoire sert de toile de fond au récit ; mais le point de départ se situe justement dans la négation de la narration classique : l'amnésie, le "Je n'ai rien vu à Hiroshima".

Ari Folman choisit donc de partir de cet oubli pour en faire le fil rouge du récit : en utilisant les indices que l'inconscient veut bien lui laisser, les fragments de rêves de Boaz et de lui-même, et les souvenirs parcelaires de ses camarades, dont une psychiatre raconte comment il est facile d'en fabriquer des faux. Le plus intéressant dans ce parcours, ce n'est pas son arrivée : vingt ans après, tout le monde sait à peu près ce qui s'est passé à Sabra et Chatila, même si le niveau de complicité de la hiérarchie israelienne reste controversé.

Non, le sel de cet histoire, c'est le cheminement suivi par Ari et ses frères d'arme pour survivre à un tel épisode. De même que partout en France, des septuagénaires taisent leur Guerre d'Algérie, de même en Israel, des quadragénaires calfeutrent dans un coin de leur mémoire le souvenir d'une sale guerre, dans une société bâtie sur l'exaltation des succès héroïques de 48, 67 et 73, et où ces fils et petits-fils de rescapés de la Shoah ne peuvent concevoir de passer du côté des bourreaux. Quand un des temoins israéliens du massacre raconte la sortie des rares survivants du camp, il évoque la célèbre photographie du petit garçon les mains en l'air lors de la liquidation du ghetto de Varsovie, et ce téléscopage des images explique aussi la perte de la mémoire.

Ari Folman a choisi de tourner et de monter en vidéo le film avant d'en faire un story board de 2300 dessins qui ont ensuite été animés. Le choix de ce type de support paraît particulièrement judicieux à la vision, à la fois par le réalisme des décors et des mouvements qui ancrent le récit dans une forme de vérité, et à la fois par la distance poétique que le dessin permet d'introduire, notamment pour les scènes des rêves ou des réminiscences. Curieusement, si l'animation est fluide pour les scènes en mouvement, comme la traversée de la ville par les fantômes des 26 chiens de Boaz ou la scène où un soldat sur la plage préfigure l'air guitare avec son M16, par contre la lenteur quasi stroboscopique des déplacements des personnages lors des discussions épouse leur difficulté à avoir accès à leurs souvenirs.

Privilégiant les teintes ocre et sepia, les contre-jours et les jeux de lumières des néons sur le pare-brise d'une voiture ou des fusées éclairantes dans le ciel,  Ari Foldman joue aussi des contrastes entre les ténèbres des nuits de Tel-Aviv ou de Beyrouth et la blancheur de la Hollande sous la neige. Le choix des musiques très éclectiques est aussi particulièrement opportun, notamment dans l'effet de décalage entre la douceur de l'ambiance sonore et la brutalité de l'image.

Etrangement absent du palmarés de Cannes (un tel sujet ne pouvait que plaire à Sean Penn, et Natalie Portman, née à Jérusalem, a tourné avec Amos Gitaï), "Valse avec Bachir" est incontestablement un des meilleurs films de ce premier semestre 2008, par son inventivité, l'intelligence de sa construction et l'émotion sans complaisance ni facilité qu'il suscite.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 21 juin 2008 6 21 /06 /Juin /2008 14:48

Film belge de Bouli Lanners

Interprètes :
Bouli Lanners (Ivan), Fabrice Adde (Elie/Didier), Philippe Nahon (Le collectionneur), Didier Toupy (Le naturiste)




Durée
: 1 h 25

Note :
  7,5/10

En deux mots
: Road movie en Chevrolet septante-neuf, à travers une Belgique américaine ; très réussi.

Le réalisateur :
Né en 1965 à Moresnet-Chapelle en Belgique, Philippe "Bouli" Lanners a commencé par la peinture. Il joue des sketchs pour la télévision et apparaît pour la première fois au cinéma en 1990 dans "Toto le Héros". On le voit ensuite dans "Les Convoyeurs attendent", "Un long Dimanche de Fiançailles", "Quand la Mer monte", "Enfermé dehors", "Astérix aux Jeux Olymiques", "Cowboy" ou "J'ai toujours rêvé d'être un Gangster".
Il fonde le Festival de Kanne, en Belgique, puis passe à la réalisation en 1999 avec deux courts : "Travellinckx" et "Muno", avant de tourner son premier long en 2005, "Ultranova".

Le sujet : Ivan vit du commerce de voitures américaines qu'il ramène des Etats-Unis. Un soir, en rentrant chez lui, il surprend un cambrioleur venu lui voler quelques pièces pour aller retrouver ses parents à la frontière française. Comme celui-ci, toxicomane, lui rappelle son jeune frère, il le laisse partir. Quand il le retrouve au bord de la route plusieurs heures plus tard, il lui propose de le conduire chez ses parents. Commence alors un voyage qui leur fera rencontrer un collectionneur de vieilles voitures médium, un naturiste en camping-car, des motards qui ne veulent pas que les animaux soient mieux traités que les hommes, et un doberman balancé d'un pont.

La critique : Un vieux routard au front ceint d'un bandana, assis sur l'herbe du bord d'une route, proclame en flamand que Dieu est grand, et que s'il n'est pas le Christ, qu'Il lui envoie la foudre. Puis, sans rapport avec la scène qui a précédé, un homme avec une chemise aux écussons seventies (Gulf, STP, Champion), conduit dans la nuit une Chevrolet presque trentenaire. Il s'arrête devant son pavillon, découvre une vitre cassée, s'empare d'une barre de fer et part traquer le cambrioleur qu'il a entendu à l'étage. En plan large, fixe, on le voit chercher dans sa chambre pour finir par trouver le monte-en-l'air tapi sous son lit, qui négocie sa sortie contre le droit de garder le bocal de pièces jaunes.

Dès le début du film, le ton est donné. A l'image de ces bikers berrichons ou savoyards qui réussisent à transformer leur environnement en un tronçon de la route 66, Bouli Lanners parvient à faire de son bout de Wallonie un ersatz du Montana : faisant oublier que la Belgique a une densité de population trois fois supérieure à la France, il promène ses personnages à travers des plaines sillonées de routes faites de plaques de béton et au coeur des forêt ardennaises, et où les rares personnes rencontrées partagent avec les deux héros la carctéristique d'être à côté du monde.

Le plus jeune lutte plus ou moins pour sortir de la toxicomanie, erre sans but précis, peut-être juste dans l'espoir diffus que ce père militaire qui lui faisait chanter la Brabançonne tous les soirs accepte de le revoir. L'aîné a beau avoir un métier et une maison, sa marginalité n'en semble pas moins aussi grande : orphelin d'âge canonique, comme disait Brassens, il semble perdu dans ce monde trop adulte. Il y a d'ailleurs un côté terriblement enfantin chez ces Laurel et Hardy, entre Ivan qui s'entête à répondre "Si" à celui qui lui rétorque "Non", et Elie qui demande anxieusement dès qu'il est perdu "On est où ? On fait quoi ? C'est quoi ici ?". Ivan en est conscient, qui réplique à Elie enthousiaste de le présenter à sa mère : "Tu crois que ça va rassurer tes parents, de voir un gars comme moi ?"

On pense à Kaurismaki (pour le goût des endroits improbables et une forme d'ascétisme), à Tati (pour le burlesque de certains plans, comme celui de la caravane qui bascule chaque fois qu'un de ses occupants bouge), à Blier (pour le personnage de Philippe Nahon, collectionneur de voitures qui chacunes ont une bosse laissée par la personne qu'elles ont écrasées) ou aux frères Cohen, chez qui Bouli Lanners a emprunté la dégaine de John Goodman dans "The Big Lebowski".

Bouli Lanners explique qu'"Eldorado", c'était le nom de la Cadillac qu'il espérait avoir pour le tournage. Finalement, il a eu une Chevrolet Caprice, et "Caprice", ça n'allait pas à son film ; alors, ce fut quand même Eldorado. Anectode digne du scénario, où quand on pense voir Vesoul on se retrouve à Vierzon, et où Lanners scénariste semble partager l'avis de Lanners-acteur : "Un bon sujet de conversation, c'est pas facile à trouver, surtout quand on parle à son voleur".

Même si le film baigne dans une ambiance onirique, Bouli Lanners a nourri son film d'éléments de sa vie, comme l'indique la dédicace au générique de fin : à mes deux imbéciles de cambrioleurs. Au passage, le réalisateur règle ses comptes avec Alain Delon, qui avait été odieux avec lui et son compatriote Poelvoorde lors du tournage d'"Astérix aux Jeux Olympiques", et qui donne ici son surnom à un grand échalas naturiste surgi de nulle part dans un camping aussi désuet que l'Atomium.

Il explique ainsi ce rapport à sa propre expérience : "J'adore raconter des histoires parce que je mens tout le temps. Ma femme, elle, ne ment jamais. Des fois, je me rabats sur elle lorsque mes potes ne me croient pas. Disons que je ne mens pas mais que j'exagère toujours. Si on n'exagère pas les histoires qui nous arrivent, on se fait chier dans la vie. Autrement, si je n'exagérais rien, je ferais des documentaires ou du cinéma-vérité. Moi, je fais du cinéma-mensonge avec un sentiment de vérité."

Depuis quelques années fleurissent les road movie décalés, comme "Congorama", "Une Histoire Simple", "Drôle de Felix" ou "Western". Primé à la Quinzaine des Réalisateurs, "Eldorado" trouve naturellement sa place dans cette liste, grâce à la façon qu'a Bouli Lanners de filmer son pays comme une vaste étendue, loin "de l'image d'une Belgique grise et triste", à une histoire linéaire ("Ca parle de deux mecs qui partent d'un point A pour arriver au point B"), et à une tendresse sans illusion pour ses personnages.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2008 - Communauté : Cinéma
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Samedi 7 juin 2008 6 07 /06 /Juin /2008 14:44

Film franco-belge de Mabrouk El Mechri

Interprètes :
Jean-Claude Van Damme (JCVD), François Damiens (Le Commissaire Brugges), Zinedine Soualem (L'homme au bonnet), Karim Belkhadra (Le vigile)




Durée
: 1 h 36

Note :
  6,5/10

En deux mots
: "Un après-midi de Chien", version people/pieds nickelés : plutôt une bonne surprise.

Le réalisateur :
Mabrouk El Mechri se fait connaître par ses courts métrages "Mounir et Anita" (1998), "Génération Cutter" (2000) et "Concours de Circonstances" (2003). Il signe son premier long métrage en 2005, "Virgil".

Le sujet : Jean-Claude Van Damme ne va pas bien fort : réduit à jouer dans des films de série B pour des réalisateurs qui n'en ont rien à faire, il voit aussi sa fille demander à vivre avec sa mère parce qu'elle en a assez que ses camarades se moquent de son père. Il part se ressourcer en Belgique, mais dans le taxi qui le conduit de Zaventem à Bruxelles, il reçoit un appel de son avocat qui lui fixe un ultimatum : si à midi son client ne l'a pas payé, il abandonne sa défense.
JCVD s'arrête devant une poste de Schaerbeek pour retirer de l'argent, mais il tombe au milieu d'une prise d'otages. Seulement, comme il a été vu à travers la vitre de la poste par un agent, la police croit que c'est lui qui est aux commandes de ce hold-up.

La critique : Ces dernières années, les films mettant en scène des acteurs dans leur propre rôle et jouant sur l'ambiguité entre la ficdtion et leur propre réalité se sont développés, de "Dans la Peau de John Malkovitch" à "Jean-Philippe". Avec Jean-Claude Van Damme, se pose la question de savoir comment présenter une approche décalée d'un personnage intrinséquement aussi décalé. La force du film réside justement dans la réponse à cette interrogation : s'il y a bien des personnages complètement siphonnés, et en quantité, tant du côté des flics que des voyous, JCVD semble être paradoxalement le plus sensé.

Une des scènes-clé du film nous montre l'acteur cloîtré avec les otages en train de regarder la télévision qui présente un best-off de ses jean-claude-van-dammeries, de "1+1 ça peut faire 1, ou 11" à "Tout est neutral" en passant par ses "aware", et on lit sur son visage combien le passage en boucle de ses aphorismes dans les bêtisiers  a pu le blesser. Pourtant, le tournage de cette scène n'a pas été facile, comme le raconte Mabrouk El Mechri : "Pendant la première prise, il ne se passait rien sur son visage. On s’est isolés et je lui ai demandé où était le problème. Il m’a répondu : «Il faut que tu me dises exactement ce que tu veux, parce que moi, je suis blindé. J’ai tellement vu et revu ces scènes qui ont fait du mal à ma famille, que je ne sais pas quoi faire…» Il a fallu le mettre face à lui-même, être frontal et concret."

Des cinglés, donc, il y en a toute une galerie : Zinedine Soualem en braqueur psychopathe cousin de Anton Chigurh, fantaisie capilaire incluse, odieux à souhait ; Karim Belkhadra en preneur d'otages fan de base et suceptible ; François Damiens, le preneur de son de "Cowboy", en commissaire à la psychologie sommaire en butte à la guerre des police ; sans oublier une chauffeuse de taxi bavarde, la mère lacrymale de Jean-Claude Van Damme ou le chef manipulateur du GIGN belge.

Le danger d'un tel projet est de ne pas savoir dépasser l'idée de départ, et de l'étirer pendant 90 minutes. Heureusement, Mabrouk El Mehdi a su éviter cet écueil, et à la mise en abyme d'un JCVD en proie au doute s'ajoute une intrigue qui rappelle le chef-d'oeuvre de Sydney Lumet, "Un Après-midi de Chien". Il fait appel à une narration maline, avec une construction basée sur des flash-backs permettant une variation des points de vue qui nous montre les mêmes événements perçus différemment selon que l'on soit à l'extérieur ou à l'intérieur de la poste de Schaerbeek .

"JCVD" se veut un film de son temps, avec une photographie sépia, un recours systématique à la caméra portée, un montage syncopé et une musique parfois envahissante. Mais ces diverses afféteries peuvent trouver une justification dans leur résonance avec l'emphase baroque du héros, dont il se débarasse justement en se colletant à la dure réalité du fait divers, et qui rend son curieux monologue face à la caméra poignant. Acteur et personnage, Jean-Claude Van Damme montre une finesse insoupçonnée, et la descente de son piédestal clinquant se révèle un coup gagnant.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques de juin 2008 - Communauté : Cinéma
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