Quantcast

Combien de critiques ?

A ce jour, il y a 536 critiques publiées dans ce blog.

Pages vues

A la télévision cette semaine

Les Aventures de Tintin

Sur Canal +

Intouchables

Sur Canal +

L'Arnacoeur

Sur Canal +

Alpha Dog

Le 21/12/12 à 01:10 sur France 2

La première étoile

Le 23/12/12 à 20:45 sur France 4

 

Recherche

Recommander

Syndication

  • Flux RSS des articles

Calendrier

Décembre 2012
L M M J V S D
          1 2
3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31            
<< < > >>

critiques d'avril 2008

Dimanche 27 avril 2008 7 27 /04 /Avr /2008 20:02

Film espagnol de Paco Plaza et Jaume Balaguero

Interprètes :
Manuela Velasco (Angela Vidal), Ferran Terraza (Manu), Jorge Yamam (Sergio)



Durée
:  1 h 28

Note :
  5/10

En deux mots
Cloverfield catalan, gore et finalement sans grande originalité.

Les réalisateurs :
Né en 1973 à Valence, Paco Plaza a commencé par des courts métrages. Il sort son premier long métrage en 2001, "Les Enfants d'Abraham", déjà un film d'horreur. Il se tourne ensuite vers la télévision, avant de réaliser au cinéma "L'Enfer des Loups".

Né en 1968 à Lerida, Jaume Balaguero est diplômé en sciences de la communication. D'abord journaliste, il commence à tourner des courts métrages en 1994. En 2000, il réalise son premier long métrage, "La Secte sans Nom" ; il continue dans le film d'horreur avec "Darkness" (2002) et "Fragile" (2005).

Le sujet : Accompagnée de son caméraman Manu, la journaliste Angela Vidal tourne un reportage sur la vie nocturne d'une caserne de pompiers de Barcelone. Quand vient le premier appel, elle accompagne deux pompiers dans un immeuble pour porter secours à une vieille femme que les voisins ont entendu crier. Quand ils pénètrent dans l'appartement, la femme leur saute dessus et mord grièvement un policier avant de précipiter un pompier du haut de l'escalier. En cherchant à s'enfuir avec les habitants de l'immeuble, Angela découvre que celui-ci est confiné par la police.

La critique : "[Rec]" a été réalisé en 2007, avant la sortie de "Cloverfield". Les hasards de la distibution en France ont amené à ce que cet ordre soit inversé, et c'est peu dire que la vision au travers d'un camescope du lézard terroriste a défloré la surprise de cette version gore et catalane de "Panic Room". Même parti pris de filmer toute l'action au travers d'un camescope : celui passant de mains en mains pour faire un souvenir avant le départ au Japon de Rob, ou celui de Manu filmant Angela pour l'émission Pendant que vous dormez.

On retrouve donc les mêmes jeux sur l'utilisation du camescope : rembobinage, panne de torche, mise au point approximative et mouvements épileptiques, image verdâtre de la visée nocturne. Mais dans "Cloverfield", ces jeux ont davantage été déclinés, à l'image de la cassette elle-même identifiée au film, permettant les flash-backs et l'émotion de la réapparition de scènes au gré des surimpressions de la bande magnétique. Dans "[Rec]", ce que nous voyons n'est donc pas vraiment la cassette, mais ce que Manu pourrait voir dans son oeilleton, puisque quand il rembobine, on voit cette opération se dérouler.

Détail, direz-vous. Pas si sûr, puisque cette différence illustre ce qui fait pour moi la supériorité de "Cloverfield" : pousser l'exercice de style jusqu'au bout, et inscrire les différentes possibilités techniques offertes par le camescope dans le scénario lui-même, et d'autre part jouer du décalage entre le support sommaire et la sophistication des effets spéciaux : Godzilla de 70 m, destruction partielle de Manhattan et tête de la Statue de la Liberté balancée comme une boule de bowling. Dans "[Rec]", au-delà de la capatation vidéo, ce qui est inscrit dans le cadre, même tressautant, est bien classique et représentatif du gore cheap : mémé rondelette en nuissette ensanglantée, morts-vivants zombifiés et gamine de 6 ans cannibale (ce qui vaut une des scènes d'attaque les plus réjouissante depuis le cultissime "Le Monstre est vivant" de Larry Cohen, où un nourrisson mi-crabe mi-vampire à peine mis au monde dévastait la salle d'accouchement).

La volonté de dénoncer les manipulations de la télé-vérité ou la modification des comportements dès qu'une caméra apparaît est louable, et certaines scènes touchent juste, comme quand les habitants séquestrés par décision d'état prennent à témoin la caméra. Plus laborieux, et même carrément ratées sont les portraits des locataires lors des interviews, notamment ceux de l'asiatique et de la vieille tante raciste.

Mais surtout, malgré (ou à cause) de laborieuses explications sur l'origine vaticano-scientifico-vétérinaire de la mutation meurtière, l'histoire fait vite du surplace, emprisonnée comme les infortunés habitants dans ce huis clos étouffant, et si nous explorons les différents étages de cet immeuble barcelonais aussi consciencieusement que Perec dans "La Vie Mode d'Emploi", ils offrent malheureusement beaucoup moins de surprise et de diversité que celui du 11 rue Simon-Crubellier.

"Vous verrez aussi ce que personne n'a encore jamais vu", promettait Angela au début de son reportage dans la caserne des pompiers. Dommage que Paco Plaza et Jaume Balaguero n'aient pas su être à la hauteur de cette promesse, et nous cacher derrière les portes de bois massif des appartements autre chose que ces zombies sanguinolents mille fois déjà vus.

Cluny
Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2008 - Communauté : Cinéma
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Samedi 26 avril 2008 6 26 /04 /Avr /2008 13:28

Film israélien de Eran Riklis

Titre original : Lemon Tree

Interprètes :
Hiam Abbass (Salma Zidane), Ali Suliman (Ziad Daoud), Rona Lipaz Michael (Mira Navon



Durée
: 1 h 46

Note :
  5/10

En deux mots
: Parabole molle sur le droit à la terre en Palestine ; les bons sentiments ne suffisent pas à faire un bon film.

Le réalisateur :
Né en 1954 à Jérusalem, Eran Riklis a été élevé aux Etats-Unis, au Canada et au Brésil ; il a étudié à la Beaconsfield National Film School en Angleterre. Il réalise son premier film en 1984, "On a Clear Day You Can See Damascus". Il tourne ensuite "Final Cup" (1991), "Zohar" (1993), "Volcan Junction" (1999), "Temptations" (2000) et "La Fiancée syrienne" (2005).

Le sujet : Quand le ministre israélien de la Défense et sa femme s'installent dans une colonie en Cisjordanie, ils ont comme voisine immédiate Salma, une veuve palestinienne qui cultive des citronniers plantés par son père. Les services secrets décident de faire abattre ces arbres afin de protéger le ministre et sa femme d'une attaque terroriste.

Salma décide de faire appel à un avocat palestinien pour tenter d'empêcher l'application de cette décision. Mira, l'épouse du ministre, désapprouve le traitement infligé à sa voisine, qui lui révèle aussi combien son mari a changé et combien sa solitude si proche de celle de Salma est difficile à vivre.

La critique : Le précédent film d'Eran Riklis, "La Fiancée syrienne", traitait du même sujet : comment la raison d'état élaborée dans le conflit israelo-arabe amène à prendre des décisions absurdes et injustes pour les habitants des deux camps. Ici, c'est la décision d'instaurer des colonies de peuplement en Cisjordanie, la nécessité pour un ministre de montrer l'exemple et le hasard qui a placé le verger de Salma sous les fenêtres de Mira qui conduisent à cette injustice.

Comme l'explique un notable Palestinien à la pauvre Salma venue se plaindre dans un café rempli d'hommes qui se sont tu à l'entrée de cette femme, il y a des situations plus graves, celles des familles des kamikazes dont les maisons sont rasées par exemple. Même son de cloche du côté de l'autorité militaire israélienne, comme le dit un officier en lui montrant la file d'attente : "Ceux qui sont là ont de vrais problèmes, les vôtres sont dérisoires à côté".

Mais l'entêtement de Salma, et la parabole voulue par Eran Riklis, font de ce lopin de terre beaucoup plus qu'une affaire d'expropriation. D'ailleurs, quand Mira interpelle son ministre de mari en lui disant "Elle défend sa terre, tu aurais fait quoi à sa place ?", il répond : "C'est l'histoire de ce pays". Ce micro-litige qui devient une affaire d'état suivie par la presse internationale (un officiel norvégien vient assurer Salma du soutien de son pays, lui proposant en cas de problème, "d'appeler Oslo" !) permet de mettre en lumière les contradictions de ce conflit : malgré la loi du plus fort imposée par Israel, ce pays reste une démocratie où même le ministre de la Défense doit se soumettre aux décisions de la Cour Suprême, et les notables palestiniens sont plus soucieux de surveiller la moralité supposée de Salma, veuve depuis dix ans, plutôt que de la soutenir.

Malheureusement, l'action se disperse entre plusieurs histoires secondaires, comme la place envahissante que prend l'aguichante aide de camp du ministre, ou surtout l'idylle naissante entre Salma et son avocat. Une fois posée la situation, le récit se perd dans la bataille procédurale, et malgré notre compassion pour Mme Zidane (elle a d'ailleurs affiché chez elle une photo de son illustre homonyme, raison de plus pour nous la rendre sympathique !), l'intérêt s'effiloche progressivement, d'autant plus que la réalisation sans relief n'a rien pour nous surprendre.

La critique est assez enthousiaste devant le jeu d'Hiam Abbass ; pour ma part, je n'ai pas vraiment été emballé par sa prestation hiératique, et sans doute surtout par la façon engoncée de filmer son visage à la Irène Papas. La performance de son alter ego israélienne, Rona Lipaz Michael, m'a semblé plus subtile pour montrer sa solitude parallèle à celle de sa voisine et la montée progressive du doute devant les certitudes de son mari.

Dommage, j'aurais aimé aimer ce film écrit de même que "La Fiancée syrienne" par un réalisateur israélien et une scénariste palestinienne ; comme pour "La Visite de la Fanfare", une belle idée et de bons sentiments ne suffisent pourtant pas à remplir un film, et il y manque la poésie légère et grave d'autres oeuvres israéliennes récentes, comme "Les Méduses" ou "The Bubble".

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2008 - Communauté : Cinéma
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Dimanche 20 avril 2008 7 20 /04 /Avr /2008 16:17

Film français de Jean-Paul Rouve

Interprètes :
Jean-Paul Rouve (Albert Spaggiari), Gilles Lellouche (Vincent Goumard), Alice Taglioni (Julia)



Durée
:  1 h 28

Note :
  6/10

En deux mots
: Premier film de Jean-Paul Rouve, à la réalisation spaggiaresque : clinquante et bling-bling.

Le réalisateur :
Né en 1967 à Dunkerque, Jean-Paul Rouve a suivi les cours du Centre Dramatique du Nord-Pas-de-Calais avant d'être l'élève d'Isabelle Nanty au Cours Florent. Il fait partie sur scène et sur Canal + des Robins des Bois. Au cinéma, il joue dans "Karnaval", tourné dans sa ville natal, et dans de nombreuses comédies : "Astérix, Mission Cléopâtre", "Mais qui a tué Paméla Rose ?", "Podium" ou "RRRrrr !!!".

Mais il se fait aussi remarquer dans des rôles plus dramatiques : "Monsieur Batignole", "La Môme" ou "La Jeune Fille et les Loups". "Sans arme, ni haine, ni violence" est son premier film en tant que réalisateur.

Le sujet : En 1976, Albert Spaggiari réussi le casse de la Société Générale de Nice en passant par les égoûts. Quelques mois plus tard, il s'évade du Palais de Justice en sautant depuis le cabinet du juge d'instruction. Cinq ans plus tard, le journaliste Vincent Goumard retrouve sa trace dans un paradis touristique en Amérique du Sud.

Il approche Julia, la compagne de Spaggiari, puis Spaggiari lui-même. D'abord méfiant, celui-ci accepte de se raconter, contre la promesse de faire la couverture de Paris-Match.

La critique : Jean-Paul Rouve a expliqué pourquoi il avait réalisé ce film sur Spaggiari : "Ca fait un moment que j'avais envie d'écrire sur ce mec, il me faisait rire, il m'étonnait, il m'amusait aussi beaucoup, il se déguisait tout le temps, avec des déguisements de piètre qualité... J'aimais bien la dualité du personnage entre son côté voleur et son côté vedette. Et ce qui l'intéressait, c'était pas tant de voler de l'argent que d'être connu. Je pense qu'aujourd'hui il aurait fait la "Star Academy" ou il serait passé chez Delarue." On peut comprendre ce qui a attiré le Couscous de "Podium" dans ce Robin des Bois affublé de postiches pitoyables, et qui partageait avec son idole Alain Delon la particularité de parler de lui à la troisième personne.

On peut aussi ressentir une certaine gêne devant cette opération de réhabilitation de celui qui fut aussi membre de l'O.A.S.,  dont les deux "S" consécutifs de sa villa niçoise Les Oies Sauvages reprenaient la graphie de l'insigne de la SS, et qui avait choisi comme défenseur l'avocat du Front National Jacques Peyrat. Mais bon, ce n'était pas vraiment le sujet, et son attitude vis-à-vis de la vendeuse vietnamienne ("Vous avez voulu les cocos, et vous avez eu Pol Pot" "-Mais Pol Pot, c'était au Cambodge !") ne cache pas que ses années d'Indo ont laissé des traces.

Ces aspects de sa personnalité sont d'autant moins mis en évidence que Jean-Paul Rouve a choisi de se focaliser sur le personnage (fictif) de Vincent Goumard, faux journaliste et vrai flic. Cela se révèle une assez bonne idée scénaristique, en permettant de développer une double intrigue : d'une part l'histoire du casse de Nice, racontée morceau par morceau sous forme de flash-backs par Spaggiari dans son interview à étapes, et d'autre part le suspens au sujet de l'opération des policiers français qui planquent pour essayer d'exfiltrer l'ennemi public nunéro un. A cela s'ajoute la fascination qu'il exerce progressivement sur Vincent (il lui offre un cofre-fort miniature pour son fils dont c'est l'anniversaire), et la naissance du doute sur le bien-fondé de sa mission.

Que dire de la première réalisation de Jean-Paul Rouve ? Qu'elle est à l'image de son modèle : voyante, voire clinquante. Dès le générique de début avec l'évasion de Spaggiari en split screen sur fond de musique style James Bond, on comprend où le réalisateur a cherché son inspiration : dans les seventies. Chansons de Joe Dassin ou Julien Clerc, musique de "La 7° Compagnie" pour évoquer les anciens d'Indochine, jusqu'à la dictature sud-américaine qui semble sortie de "Tintin et les Picaros".

Le systématisme de certains procédés finit par lasser, comme les transitions entre présent et passé : le pied de Julia dans le pédiluve se transforme en botte dans l'égoût, le billet donné au cireur de chaussures devient billet dans les mains du jeune Spaggiari... La métaphore "je voulais faire un tube" est filée jusqu'au bout, et le "comique" de l'espagnol approximatif de Spaggiari émarge dans la catégorie comique de répétition. Etrangement, la prise de son, ou le mixage, rappelle les Godard de la grande époque, et on ne comprend pas une réplique sur deux.

Alors, on ne s'ennuie pas, on sourit de temps en temps, et on finit même par vaguement s'intéresser au besoin pathétique de célébrité du plus célèbre égoutier de France. Mais faute d'avoir clairement choisi une tonalité et une ligne directrice, le récit s'éparpille entre la reconstitution, le polar et la comédie, et tout cela ne suffit pas à faire un film, surtout quand on se réfère comme Rouve à Cassavetes.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2008 - Communauté : Cinéma
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Samedi 19 avril 2008 6 19 /04 /Avr /2008 17:06

Film thaïlandais de Pen-ek Ratanaruang

Interprètes :
Lalita Panyopas (Deng), Pornwut Sarasin (Wit), Apinya Sakuljaroensuk (Ploy)



Durée
:  1 h 47

Note :
  6,5/10

En deux mots
: Film aux accents lynchiens sur la dérive d'un couple ; très beau, très très lent.

Le réalisateur :
Né en 1962 à Bangkok, Pen-ek Ratanaruang a suivi des études d'histoire de l'art à Londres, avant de devenir directeur d'une agence de publicité en Thaïlande, où il réalise ses premiers films publicitaires. Il réalise son premier long métrage en 1997, "Fun Bar Karaoke". "6ixtynin9" (1999) fait le tour des festivals, "Monrak Transistor" (2001) est présenté à la Qinzaine des Réalisateurs à Cannes, et "Last Life in the Universe" vaut à son acteur Tadanobu Asano (vu dans "Mongol") le prix d'interprétation de la section A contre courant à Venise en 2004.

Le sujet : Après un voyage de 20 heures en avion, un couple échoue dans un hôtel de Bangkok. Lui n'arrive pas à dormir et descend au bar, où il rencontre une très jeune fille, Ploy, qui attend sa mère qui doit arriver de Stockholm quelques heures plus tard. Il l'invite à se reposer dans sa suite en attendant sa mère. Elle accepte, mais l'arrivée de Ploy déclenche chez Deng, l'épouse de Wit, une crise de jalousie.

La critique : En une semaine, premier film mongol, et premier film thaïlandais au palmarés des Critiques Clunysiennes ! Je me souvenais bien d'avoir déjà vu un film thaï avant d'avoir commencer à rédiger mes critiques, le kitchissime "Les larmes du Tigre noir", de Wisit Sasanatieng, et en me le remémorant, je m'attendais donc à quelque chose d'assez dépaysant et d'un peu rococo en allant voir ce "Ploy".

Côté dépaysement, pas grand chose à se mettre sous la dent, puisque l'action se passe presque exclusivement à huis clos dans un de ces hôtels haut de gamme aux standards internationaux, ressemblant aussi bien à celui de Tokyo dans "Lost in Translation", celui de Manille dans "John John", ou celui de Seoul dans "A Bittersweet Life", et dont on ne voit que la (les) chambre(s), le bar et les couloirs. Même les personnages sont internationaux : Wit et Deng vivent depuis dix ans aux Etats-Unis, et la mère de Ploy habite à Stockholm ("Ah oui, en Allemagne" "Non, en Suède").

L'histoire aussi est universelle : perturbés par un deuil (ils reviennent à Bangkok pour des funérailles) et par le décalage horaire, un homme et une femme s'interrogent sur la date de péremption de leur couple, troublés par l'irruption d'une jeune fille qui est elle même troublée par un rêve érotique. Point de paternel à venger, de pergola au bord d'un étang où fleurissent des lotus, d'histoire d'amour entre la fille du gouverneur et un bûcheron comme dans "Les Larmes du Tigre noir", mais une histoire sous hypnose ou sous jet lag, plus proche de David Lynch que du baroque du cinéma thaïlandais des années 60.

La scène de la rencontre de Wit et Ploy est superbe : filmée souvent de loin, au travers des chaises empilées ou entre deux banquettes vides, sous la lumière blafarde des néons, elle rend l'apparition de la jeune fille (jouée par Apinya Sakuljaroensuk qui avait 16 ans au moment du tournage) comme en apesanteur, avec sa dégaine si peu asiatique, yeux ronds et coiffure afro. Elle lui demande du feu, puis une cigarette ; elle lui fait écouter la musique sur son MP3, on entend la chanson comme si nous avions les écouteurs, puis sans changement de plan, la prise de son devient externe, et on n'entend que le grésillement de la chanson.

Ce dosage précis dans le rythme narratif qui soutenait cette première scène s'évapore malheureusement dès que Wit et Ploy montent dans la chambre. Pen-ek Ratanaruang choisit alors de laisser durer les scènes, sans doute pour suggérer l'étirement du temps entre rêve éveillé et sommeil, mais si certaines scènes sucitent un réel trouble, la plupart sont répétitives et sans surprise. Il réussit cependant à distiller des bribes d'information par des détails saisis au vol : un paquet de cigarette froissé sur un lit, un numéro de téléphone sur un papier, un visage déformé par le verre dépoli de la douche.

Evoquant pêle-mêle "Mullolhand Drive", "Lost in Translation" et "Eyes Wide Shut", "Ploy" souffre sans doute d'un scénario qui s'est planté au milieu du gué, entre onirisme et tentatives d'explication (le couple de la femme de chambre et du barman dans la chambre est-il rêvé ?), et on se passerait des évènements bien réels de la fin pour rester dans la tonalité fantastique-soft qui baigne le huis-clos de la chambre. Mais la virtuosité à filmer les corps, le sens du détail et la capacité à modifier la perception par la musique, la photographie et le cadrage font de "Ploy" une oeuvre singulière et de Pen-ek Ratanaruang un réalisateur très intéressant à suivre.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2008 - Communauté : Cinéma
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 13 avril 2008 7 13 /04 /Avr /2008 18:49

Film mongol de Sergei Bodrov

Interprètes :
Tadanobu Asano (Temudgin), Jonglei Sun (Jamukha), Khulan Chuulun (Borte)

 

Durée : 2 h 04

Note :
  6/10

En deux mots
: Dans cette production multinationale sur le modèle américain, seuls les paysages (superbes) sont mongols.

Le réalisateur :
Né en 1948 à Khabarovsk, Sergei Bodrov a suivi les cours de scénario à la VGIK, première école de cinéma de Russie. Il réalise son premier film en 1984. En 1996, "Le Prisonnier du Caucase" est nommé aux Oscars et aux Golden Globes. Plusieurs de ses autres films ont été distribués en Europe : "Crinière au vent, une âme indomptable" (1999), "The Quickie" (2001), "Le Baiser de l'Ours" (2002) ou "Nomad" (2004).

Le sujet : Le père de Temudgin conduit son fils de 9 ans choisir sa future épouse, Borte. En revenant, il est empoisonné, et sa femme et ses enfants sont chassés par Targutai qui se proclame Khan. Targutai ne peut tuer Temudgin vu son jeune âge, mais il le pourchasse jusqu'à ce qu'il ait l'âge. Dans sa fuite, Temudgin rencontre Jamukha qui l'accueille et le protège, et ils décident de devenir frères de sang. Devenu adulte, Temudgin va chercher Borte, et il vient la présenter à sa mère. Mais il est attaqué par une tribu rivale, les Mekis, qui le blesse et enlève Borte. Temudgin va alors chercher Jamukha devenu Khan pour lui demander de l'aider à attaquer les Mekis pour récupérer son épouse.

La critique : Plusieurs de mes amis m'ont dit ne pas avoir été étonnés de savoir que j'allais voir "Mongol", vu mon goût pour les cinémas exotiques, et certes, le fait de rajouter une cinématographie nationale dans ces critiques comptait dans les principales motivations pour découvrir ce film nommé aux oscars du meilleur film étranger (finalement remporté par "Les Faussaires").

De l'authenticité mongole, il y en avait sans doute plus dans "Le Mariage de Tuya" malgré la nationalité chinoise du réalisateur, que dans cette coproduction germano-russo-khazakho-mongole, et dont l'acteur chargé d'incarner le futur Gengis Khan est bizarrement japonais (remarquez, ça compose la nationalité chinoise des actrices de "Mémoire d'une Geisha"!). En effet, si les splendides décors suggèrent indubitablement les hauts plateaux de la Mongolie (même si le film a été tourné en réalité au Kazakhstan et en Chine occidentale), le reste évoque surtout les super-productions sur le modèle hollywoodien : scénario classique sur le modèle "la résisitible ascencion de...", chronologie déstructurée juste ce qu'il faut, mouvements de caméra vertigineux, et bastons clipesques avec tout plein d'hémoglobine qui gicle au ralenti.

Le début de "Mongol" annonce bien la couleur : un long traveling aérien au-dessus d'une cité impeccablement reconstituée en images de syhntèse, qui finit par pénétrer entre les barreaux de la cellule de Temudgin, dont le visage émerge de l'obscurité tel le masque d'Agamemnon. Puis un plan large, fixe, de la steppe mongole, avec les silhouettes à contre jour de cavaliers au galop, réminiscence de "La Cavalerie Rouge" de Malevitch. Une maîtrise du mouvement, une photographie soignée, et un sens de la composition constituent en effet les principales qualités du film, avec comme revers négatif une musique zapoum-zapoum envahissante, et un abus des facilités offertes par le numérique dans une surrenchère du type "Seigneur des Anneaux".

Les passages les plus réussis se trouvent plutôt dans la première partie, qui porte sur l'enfance et l'adolescence de Temudgin, et où Sergeï Bodrov décline les saisons un peu comme dans "Jeremiah Jonhson" pour raconter l'errance initiatique du futur maître d'un demi-monde. Le personnage de Borte, qu'il rencontre à neuf ans et qui lui demande de la choisir, introduit une note romanesque dans une épopée pour le moins virile, et permet quelques scènes buccolico-familiales avec la ravissante Khulan Chuulun.

Cinématographiquement dans la norme U.S., "Mongol" se veut aussi politiquement correct, avec un Temudgin qui s'impose au milieu de l'anarchie ambiante et de l'obscurantisme par son sens de la justice, sa reconnaissance du droit des femmes et un rationnalisme prémonitoire. Quand il proclame "Les Mongols ont besoin de lois ; je les leur donnerai, même si je dois tuer la moitié d'entre eux", on ne peut s'empêcher de penser qu'appliquée à l'Irak, cette profession de foi aurait pu être signé de George W. Bush...

Moins dépaysant qu'attendu, "Mongol" n'en est pas moins une honnête super production, un aimable mélange de western et d'heroïc fantasy paradoxalement un peu languissant qui peut se laisser voir dans une distribution aussi déserte que la steppe mongole.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'avril 2008 - Communauté : Cinéma
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires

Abonnez-vous sur Twitter

Pour être prévenu de chaque article, abonnez vous sur Twitter

 

TwittCC.PNG

Catégories

Créer un blog gratuit sur over-blog.com - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés