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critiques de décembre 2007

Lundi 31 décembre 2007 1 31 /12 /Déc /2007 17:43

Film nord-coréen de In Hak-Jang

Titre original : The Schoolgirl's Diary

Interprètes : Pleins d'"Artistes méritants" que ni vous ni moi ne reverrons jamais
 

Cor--enne.jpg

 

Durée : 1 h 34

Note : 0,5/10 comme objet cinématographique, 6/10 comme curiosité géo-politique

En deux motsQuand l'idéologie stalinienne se fait scénariste, ça donne une kitcherie effrayante.

Le réalisateur : En 1997, In Hak-Jan avait remporté pour son précédent film "Myself in the distant Future" le très surréaliste prix du sixième Festival de cinéma de Pyongyang des pays non-alignés et en voie de développement.


Le sujet : Soo-Ryon est une excellente élève, qui vit avec sa mère, sa grand-mère et sa soeur cadette passionnée de football. Elle reproche à son père, chercheur dans un grand complexe industriel, de consacrer tout son temps à son travail et de ne jamais être là pour s'occuper d'elle et de sa mère, qui s'épuise à traduire pour lui des traités scientifiques.

La critique : La vision d'un tel film nous apporte deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est qu'il existe quand même un cinéma dans la dernière dictature stalinienne du globe. La mauvaise, c'est que ce pauvre nanard à l'intrigue aussi épaisse que la ration alimentaire quotidienne d'un Nord-Coréen a attiré 8 millions de spectateurs, ce qui, rapporté à la population de la République populaire démocratique de Corée, correspond aux 20 millions de Français qui sont allé voir "Titanic" en salles.

Si on considère ce film au second degré, on peut le prendre, plus que comme une excursion dans une lointaine contrée, comme un voyage dans le temps, un retour vers une Bordurie orientale, où les fillettes s'extasient devant du caramel de pomme de terre, où quand des lycéens remplacent une pauvre cheminée ils s'écrient spontanément "Vive la thermodynamique", et où la berceuse préférée de l'héroïne fait référence non aux moustaches de Plekszy-Gladz, mais au chemin emprunté par "notre Cher Général" pour rejoindre le front.

Ouvrage de propagande, premier film exfiltré vers les écrans occidentaux, "Le Journal d'une jeune Nord-Coréenne" enjolive certainement la réalité vécue par le peuple d'un pays où il y a un téléphone pour 0,04 habitant. Pourtant, involontairement, il montre l'état d'arriération du pays : l'usine où travaille le père semble dater du XIX° siècle, les ordinateurs utilisent au mieux Windows 95, et la première catastrophe domestique qui s'abat sur le pauvre foyer est causée par une installation électrique comme on en voyait dans les années 30 en France.

D'un point de vue cinématographique, on ne s'interroge pas comme Godard pour savoir si le traveling est une question de morale : visiblement, c'est surtout une question d'absence de moyens. Le stalinisme originel, celui de l'U.R.S.S., avait vu fleurir le cinéma d'Eisenstein, de Dziga Vertov ou de Kalatozov. Là, rien de semblable, juste un mélange du calendrier des postes (abus de coucher de soleil et de filtres orangés sur la mer) et d'"Olive et Tom" pour l'héroïque partie de football scientifiques-ouvriers pour célébrer l'invention paternelle de l'automatisation, avec une inspiration du côté du générique de "La petite Maison dans la prairie" pour filmer au ralenti Soo-Ryon dans un champ de paquerettes, histoire d'illustrer sa joie à l'idée de quitter sa pauvre masure pour un appartement dans une barre socialiste.

Mais le pire apparaît si on lit le scénario au premier degré, notamment quand on sait que le Cher Leader en a supervisé l'écriture : récit édifiant, "Le Journal d'une jeune Nord-Coréenne" présente le point de vue d'une jeune fille qui regrette l'absence de son père (et de sa soeur qui rêve que son ballon de foot -sport où excellait son père- lui rentre dans la bouche et qu'elle sent son ventre gonfler, mon psy adorerait !), avant qu'elle ne se rende compte que ces souffrances étaient justifiées puisqu'elles avaient pour contrepartie l'élévation de la productivité.

Nulle trace de police politique, nul milicien à l'écran ; au contraire, que des cadres du parti, des professeurs et des infirmières bienveillantes. Pas besoin de flics dehors, puisqu'ils sont dans les têtes. Ainsi, quand une camarade de classe évoque la honte que représente le travail inutile du père de Soo-Ryon, celle-ci la défie sur trois tours de piste pour laver l'affront, ce qui nous vaut un final au ralenti avec des râles dignes d'un film X du plus bel effet.

Au-delà de la curiosité devant ce summum de kitscherie, le sentiment qui prévaut (avec l'ennui, à partir de moment où on se désintéresse de l'enjeu dérisoire de l'intrigue) est celui du malaise devant ce totalitarisme quotidien et intériorisé ; le cinéma, même asservi à des fins de propagande, permet aussi de rendre compte de ces réalités-là.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 29 décembre 2007 6 29 /12 /Déc /2007 19:28

Film brésilien de Cao Hamburger

Titre original : O Ano em Que Meus Pais Saíram de Férias

Interprètes : Michel Joelsas (Mauro), Daniela Piepszyk (Hanna), Germano Haiut (Shlomo)

O-Ano.jpg

Durée :
 1 h 45

Note :
6/10

En deux mots
: "Le Viel Homme et l'Enfant", version judéo-brésilienne : sympathique.

Le réalisateur :
Né en 1962 à Sao Paulo, Cao Hamburger a commencé dans les années 80 par la réalisation de clips publicitaires. Il a réalisé aussi de nombreux téléfims, avant de tourner son premier long métrage de cinéma en 1999, "Le Château de Ra-Tim-Boum".

Le sujet : En 1970, le Brésil s'apprête à disputer la Coupe du Monde, la dernière de Pelé. Mais c'est aussi la pire période de la dictature militaire, et les parents de Mauro, 12 ans, doivent fuir en catastrophe leur maison de Belo Horizonte devant la répression. Ils déposent Mauro chez son grand-père à Sao Paulo, sans savoir que celui-ci vient de succomber à une crise cardiaque. 

Recueilli par Shlomo, un voisin, il est adopté par tout le quartier de la communauté juive de Sao Paulo. Alors qu'il découvre ses nouveaux voisins, parmi lesquels Hannah, garçon manqué maline, et la jolie Irène, serveuse du bar le plus proche, il attend le début de Coupe du Monde, date annoncée par son père comme celui de leur retour.

La critique : La plupart des spécialistes en conviennent, la plus belle Coupe du Monde fut celle de Mexico en 1970, avec des matchs d'anthologie comme la demi-finale Allemagne-Italie, et le bras en écharpe de Beckenbauer. Pour les Brésiliens, parmi les cinq coupes remportées, celle-ci a un goût particulier, parce que c'est la troisième et dernière de Pelé, qu'elle leur a valu l'attibution définitive de la coupe Jules Rimet, et qu'accessoirement la demi-finale contre l'Uruguay effaçait le traumatisme de la défaite à la maison lors du match décisif de 1950.

Décidément, dans ce continent sud-américain, le football offre un cadre rêvé pour les paraboles ; après l'argentin "El Camino de San Diego", voici donc une nouvelle chronique sur fond d'opium du peuple, comme le montre la scène où les communistes qui regardent le premier match de la selecao applaudissent mollement au premier but de la Tchécoslovaquie, symbole de la supériorité socialiste, et éclatent de joie quand Rivelino égalise 12 minutes plus tard. Scène très plausible, si je me souviens de la désertion de la fin de la manif pour le boycott de la Coupe du Monde en Argentine en 1978 afin de ne pas rater le but de Lacombe contre l'Italie à la 1ère minute...

Car la situation était le même huit ans plus tôt : d'un côté la plus belle équipe auriverde jamais vue, d'un autre côté la pire période de la dictature militaire, marquée par une terrible répression que fuient les parents de Mauro. Si en Yougoslavie on prétend que Papa est en voyage d'affaire, au Brésil on dit que les parents sont en vacances. Le départ se fait dans l'urgence, et la famille s'entasse dans la coccinelle bleue, oubliant à la maison les précieux goals du football-puce de Mauro. C'est cette précipitation qui explique que les parents ne se donnent même pas la peine de monter jusqu'à l'appartement du grand-père, sans se douter que l'ambulance qu'ils venaient de croiser transportait son corps.

"L'Année où mes Parents sont partis en vacances" présente un double aspect : d'un côté l'histoire racontée en évoque plein d'autres, du "Vieil Homme et l'Enfant" à "Momo d'Auber", d'autant que le procédé narratif choisi, celui de la voix off de Mauro adulte, a été particulièrement utilisé ces derniers temps, dans "Les Berkmann se séparent" ou dans "C.R.A.Z.Y.". D'un autre côté, le contexte de la Coupe du Monde et l'immersion du goy Mauro dans la communauté juive de Sao Paulo permettent de renouveler le genre, et offrent quelques scènes savoureuses, comme le derby entre les Italianos et les Judeos, dont le gardien est noir et se signe avant le pénalty, ce qui n'empêchent pas le rabbin d'exulter quand il arrête le tir.

Les petits traffics de la débrouillarde Hanna, les réunions de la communauté convoquées à la demande d'un Shlomo dépassé par l'apparition de celui qu'il appelle Moishele, le petit Moïse, ou les relations entre les voisins des différentes communautés, bref tout ce qui relève de la chronique ironique, tout cela fait mouche. Par contre, l'aspect plus tragique de l'histoire ne prend pas vraiment, la faute sans doute à un rythme trop syncopé et à un symbolisme parfois trop visible (mise au point sur la barbelé au premier plan, puis sur la voiture des parents, camera tressautante lors de la descente de la police militaire...).

Petit film aux couleurs sépias du souvenir, à mi-chemin entre le film pour enfants et le témoignage pour adultes, "L'Année où mes Parents sont partis en vacances" vaut surtout comme une chronique affectueuse sur la vie de gens si exotiques et si proches à la fois.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 29 décembre 2007 6 29 /12 /Déc /2007 10:56

Film français de Valeria Bruni Tedeschi

Interprètes : Valeria Bruni Tedeschi (Marcelline), Mathieu Amalric (Denis), Louis Garrel (Eric), Marisa Borini (La mère), Noémie Lvovsky (Nathalie)

Actrices.jpg


Durée : 1 h 47

Note : 6,5/10

En deux mots : Film mosaïque sur les angoisses de la quarantaine d'une actrice en mal d'enfant ; souvent drôle, parfois too much.

La réalisatrice : Né en 1964 à Turin dans une riche famille qui a quitté l'Italie par crainte des Brigades Rouges, Valeria Bruni Tedeschi arrive en France à l'âge de 9 ans.  Après une année d'hypokhâgne, elle suit l'Ecole des Amandiers à Nanterre, avec comme professeur Patrice Chéreau qui lui donne son premier rôle au cinéma en 1987 dans "Hôtel de France". Elle joue dans dans une cinquantaine de films, avec comme réalisateurs de prédilection Patrce Chéreau ("La Reine Margot", "Ceux qui m'aiment prendront le train"), Laurence Ferreira Barbosa ("J'ai horreur de l'amour") et Noémie Lvovsky (5 films, dont "Oublie-moi").
En 2003, elle réalise son premier film, "Il est plus facile pour un Chameau..."

Le sujet : Marcelline va avoir 40 ans, et rien ne va : elle n'arrive pas à trouver son personnage de Natalia Petrovna dans "Un mois à la Campagne" de Tourguenieff qu'elle doit jouer aux Amandiers, les disputes avec sa mère se multiplient, et sa gyneco lui annonce : "Il faudra vous dépêcher, mademoiselle". Les retrouvailles avec Nathalie, l'assistante du metteur en scène, qu'elle avait connue au cours de théâtre, accentuent son impression d'être passée à côté de sa vie, et les fantômes de son père, de son unique amour et de Natalia Petrova elle-même viennent la hanter...

La critique : Premier plan du film, la tante et la mère de Marcelline (jouée comme dans "Il est plus facile pour un chameau..." par Marisa Borini, la propre mère de Valeria Bruni Tedeschi) observent un piano pendu à la grue des déménageurs tout en discutant, et la mère dit : "Elle aurait pu épouser un prince... remarque, il était moche !'. Rires dans la salle, actualité oblige. Mais visiblement, elle parlait là de son autre fille, pas de celle qui avait été incarnée par une Chiara Mastroianni blonde dans son premier film.

Car Valeria Bruni Tedeschi brouille une nouvelle fois les cartes de la réalité et de l'auto-fiction. Le point de départ du film est un événement qui lui vraiment arrivé : son remplacement par l'assistante du metteur en scène Yves Beaunesme lorsqu'elle jouait Natalia Petrovna en 2000, et elle multiplie les emprunts à sa propre histoire : la nationalité italienne, le théâtre des Amandiers, où elle suivit les cours de Chéreau, l'appel à des anciens condisciples comme Olivier Rabourdin ou Bernard Nissile, ou le choix pour jouer Nathalie de Noémie Lvovsky, coscénariste de ses deux fims, pour laquelle elle a joué cinq fois, et surtout amie de vingt ans.

On retrouve dans "Actrices" les mêmes plaisirs et les mêmes agacements que dans "Il est plus facile pour un chameau...". Dans la colonne positif : une capacité à passer du dramatique au dérisoire, voire au burlesque, qu'elle justifie ainsi : " C'est comme avoir un fou rire à un enterrement, on a honte et pourtant c'est libérateur. Je ne saurais pas dire les raisons de ce type de rire, peut-être qu'une part de nous se révolte, a besoin d'être incorrecte. Il faut rire, sinon la vie est trop angoissante." Il y a aussi une redoutable efficacité des dialogues, et un plaisir de jouer des acteurs dont on sent l'esprit de troupe.

Dans la colonne négatif, le revers de la médaille : ça passe ou ça casse, et parfois ça ne passe pas ; il y a des situations trop outrées, des effets trop appuyés. Autant Amalric est drôle quand il impose à ses acteurs de sillonner la scène dans tous les sens au nom de son précepte : "Chercher la démarche, et le reste viendra", autant il est caricatural quand il donne une interview qu'on croirait écrite par les Inconnus de la grande époque. De même, si le personnage du fantôme de son père (interprété par Maurice Garrel) est touchant, l'apparition de l'amour de jeunesse suspendu aux branches du platane devant son balcon paraît bien ridicule, et la matérialisation pesamment pirandellienne du personnage de Natalia Petrovna jouée par Valeria Golino souligne inutilement ce qu'on avait compris depuis trois bons quarts d'heure.

J'ai passé toute la durée du film à m'interroger sur l'avis global que j'allais avoir, convaincu par une scène puis rebuté par la suivante, sensible à la liberté narrative, puis taraudé par un sentiment de mille fois déjà-vu. "Actrices" est peut-être tout cela à la fois, et resteront sans doute quelques scènes fortes, comme celle où Marcelline (prénom choisi en hommage à Mastroianni) partage le lit de sa mère, et où cette dernière la traite de "vieille petite fille stupide", ou celle où Marcelline refuse de porter une robe verte, qui même teinte en gris ou en bleu, restera une robe verte.

Cluny
 

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2007 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 23 décembre 2007 7 23 /12 /Déc /2007 12:13

Film américain de Francis Lawrence

Titre original : I Am Legend

Interprètes : Will Smith (Dr Robert Neville), Sally Richardson Whitfield (Zoe), Alice Braga (Anna)

Legend.jpg

Durée : 1 h 40

Note : 5/10

En deux motsDans New York livré à des mutants carnassiers, Will Smith joue au Survivor. Quelques scènes haletantes, mais un scénario bien neuneu.

Le réalisateur : Né à Vienne, Francis Lawrence a grandi à Los Angeles ; il a commencé en réalisant des videoclips pour Jennifer Lopez, Britney Spears ou Shakira. Il a tourné son premier long métrage en 2004, "Constantine", adaptation de la BD paranormale Hellblazer.

Le sujet : A la suite d'une pandémie provoquée par la manipulation d'un virus, la population mondiale a été décimée, et les survivants ont été exterminé par des mutants cannibales qui ne supportent pas la lumière. Dans New York, le Colonel Robert Neville semble être le seul survivant avec sa chienne Sam. Lui-même immunisé, il continue la recherche d'un vaccin qu'il avait commencé juste avant le cataclysme, et se rend tous les midis à l'endroit qu'il a annoncé dans un message lancé à la radio.

La critique : "Je suis une Légende" est un classique de la science-fiction d'épouvante, écrit en 1954 par Richard Matheson, l'auteur de "L'Homme qui rétrécit", et, plus exotique, des "Seins de Glace". Adapté une première fois au cinéma en 1971 par Boris Sagal sous le titre "Le Survivant" avec Charlton Heston dans le rôle titre (version rejetée par l'auteur), ce roman culte faisait l'objet de projets cinématographiques depuis des années, et les noms de James Cameron, Michael Bay ou Paul Verhoeven avaient circulé pour le diriger.

Grâce aux progrès des images de synthèse, il est maintenant facile de tourner dans un Manhattan déserté par les hommes, avec les ponts détruits et des gratte-ciel emballés, et la réalisation a été confiée à Francis Lawrence, sans doute pour sa capacité supposée suite à "Constantine" à mettre en scène des créatures maléfiques.

Le roman de Matheson actualisait le mythe des vampires (Neville allait chercher Dracula de Bram Stocker dans un bibliothèque pour apprendre à lutter contre eux), et le combat entre eux et le survivant, même s'il était raconté du point de vue de ce dernier, permettait de suivre l'émergence d'un nouvel ordre social et biologique instauré par les créatures dans leurs activités diurnes : les néo-vampires finissaient même par condamner Neville dans un tribunal improvisé.

Ici, rien de tel. S'ils présentent les mêmes caractéristiques, photosensibilité extrême et sauvagerie animale, les créatures n'existent que comme cobaye dans le labo du toubib militaire ou comme kamikazes hallucinés. Peu importe l'organisation qu'ils choisissent, peu importe le futur qu'ils nous promettent, leur rôle se limite à surgir du noir pour faire sursauter le spectateur : décidément, il n'est pas dans la culture américaine de s'attarder sur les coutumes de l'ennemi, dont on n'évoque ici que le concept de "dé-évolution sociale".

Non, le vrai sujet du film, c'est New York déserté, envahi par les carcasses de voitures, les biches et les lions, et traversé dans la scène d'ouverture par Will Smith au volant d'un bolide rouge à bandes blanches (réminiscence de Starsky et Hutch ?). Le cinéma, et particulièrement le cinéma hollywoodien joue un rôle d'exorcisme, et ce film s'ajoute à la longue liste des films mettant en scène des villes américaines dévastées, depuis "King-Kong" jusqu'à "La Guerre des Mondes", en passant par "Independance Day" et "A.I.", sans qu'aucun n'ait réussi à approcher la brutalité des images du 11 septembre.

Les scénaristes ayant délibérement fait l'impasse sur la vie côté zombies, difficile de tenir 100 minutes en étant seul au monde, et Will Smith finit par prendre sa chienne pour Wilson, le ballon de volley compagnon de solitude de Tom Hanks. Il y a donc une suite de flash-backs sur l'apparition du mal, dû à des manipulation de laboratoire (ce qui n'était pas dans le roman), la longue chronique des recherches bologiques et la lente plongée dans la folie de Neville, joué par un Will Smith pas très convaincant dans ce registre (Il est bien meilleur quand il double le DVD de "Shrek" ou qu'il chante a capella "I shot the Sheriff" !).

Et puis, la réalisation n'évite pas les poncifs du genre : le sentimentalisme larmoyant de la chambre d'enfant sur musique de violon, la référence obligatoire à Dieu ("Dieu n'est pas responsable. C'est nous."), ou les longs monologues devant les mannequins de la boutique de video. Intéressant pendant les 40 premières minutes, "Je suis une Légende" ne tient malheureusement pas la distance, et souffre -une fois de plus- d'un scénario absolument pas à la hauteur des effets spéciaux.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2007 - Communauté : Cinéma
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Samedi 22 décembre 2007 6 22 /12 /Déc /2007 15:34

Film israelien de Eran Kolirin

Titre original : Bikur Ha-Tizmoret

Interprètes :Sasson Gabai (Toufik), Ronit Elkabetz (Dina), Saleh Bakri (Khaled) 

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Durée : 1 h 26

Note : 6,5/10

En deux motsUne fanfare de la police égyptienne échoue dans un bled paumé du désert israélien ; pleins de bons sentiments, mais sympathique.

Le réalisateur : Né en 1973, Eran Kolirin reçoit le prix Lipper du meilleur scénario en 1999 pour "Zur Hadassim", de Gideon Kolirin. Il réalise en 2004 un téléfilm, "The long Journey".

Le sujet : Commandée par le Colonel Toufik Zachariya, la Fanfare de Cérémonie de la Police d'Alexandrie a été invitée pour l'inauguration du "centre culturel arabe" de Petah Tikvah. Suite à une erreur de prononciation, elle débarque à Bet Hatikvah, un trou perdu dans le désert à l'autre bout d'Israel. Sanglés dans leurs rutilants uniformes bleu ciel, ils apprennent que le prochain bus ne passera que le lendemain.
Accueillis par Dina, la patronne d'un boui-boui, ils sont hébergés pour la nuit dans le restaurant, chez Dina et chez Itzik, un client qui "fête" justement l'anniversaire de sa femme. Communiquant en anglais, Israéliens et Egyptiens partagent pour une nuit leur isolement et leur solitude

La critique : Quand celui qu'ils appellent "général", sans doute à cause de son uniforme d'opérette, leur explique que ses hommes et lui sont venus pour l'inauguration d'un centre culturel arabe, la réponse des trois Israéliens présents dans le bar est immédiate : "Ici, il n'y a pas de culture, ni arabe, ni israélienne". Avis confirmé par la suite, à la vision des distractions que les Israeliens peuvent offrir à leurs hôtes d'un soir : un snack blafard, un dancing pour patineurs à roulette et un repas d'anniversaire qui tourne en règlement de compte familial.

Dans ce Bagdad Café du Néguev, le désert n'est pas seulement un environnement écrasant : il est aussi un symbole des vies de ces habitants improbables et de leurs visiteurs imprévus. Désert affectif pour Dina, condamnée à saluer la femme de son amant occassionnel, pour Itzik qui supporte les jérémiades de sa femme et de son beau-père maintenant qu'il est devenu père, pour Papi qui ne réussit à approcher une fille que grâce à la drague accompagnée par Khaled, ou encore pour ce garçon qui reste à côté du taxiphone en attendant un hypothétique appel.

Côté égyptien, le paysage intérieur n'est pas tellement plus peuplé, que ce soit pour Toufik, veuf culpabilisé ou pour Simon qui n'a écrit que quelques mesures de son concerto et qui arrachent des regards rigolards aux autres membres de la fanfare quand il laisse entendre qu'il les dirige parfois. Il n'y a guère que Khaled, à la nonchalance bien peu miltaire, et dont l'anglais approximatif et le donjuanisme ont conduit à cet échouage, qui échappe au téléscopage des solitudes. 

On pense d'emblée à Tati, notamment dans la scène à l'aéroport, où la fanfare pose en rang d'oignon pour un touriste, et dont la photographie est perturbée par l'irruption du charriot de l'homme de ménage ; le burlesque affleure aussi parfois, comme dans la scène où Khaled, Papi et une jeune fille sont assis sur la banquette de la patinoire, Khaled mimant la parade amoureuse que Papi n'arrive pas à improviser.

Privilégiant le plan séquence, jouant sur des cadrages très photographiques et sur toute l'amplitude de l'échelle des plans, Eran Kolirin fait preuve d'une maîtrise appréciable pour un premier long métrage. Par contre, les personnages sont un peu trop stéréotypés pour sortir de cette tonalité de conte posée dès le départ par une voix off commençant par "Il était une fois...", et les bons sentiments ont le goût un peu sirupeux d'une patisserie orientale, ou d'un de ces films égyptiens avec Omar Sharif et Faten Hamama que diffusait la télévision israélienne, et qui conduisent Dina à constater : "Ma vie est un film arabe..."

Un des charmes de ce film réside sans doute dans la discrétion avec laquelle le réalisateur évoque le contexte du Proche-Orient : la présence d'une fanfare égyptienne en Israel peut apparaître comme incongrue, mais ce serait oublier les accords de Camp David ont bientôt trente ans. Dans le café, un musicien est assis à côté d'une photo jaunie d'un char israelien ; il accroche alors discrètement sa casquette par dessus pour masquer cette image qui lui évoque sans doute des souvenirs douloureux. C'est la seule évocation, furtive, de l'ancien antagonisme des deux pays. Plus que l'opposition, c'est la difficulté de communiquer et de se comprendre qui traverse le film, et elle se manifeste aussi au sein des deux communautés.

Drôle, astucieux et poétique, "La Visite de la Fanfare" n'a sans doute qu'un défaut, celui de chercher un peu trop ostensiblement à émouvoir - et d'y parvenir.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2007 - Communauté : Cinéma
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