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Mercredi 23 janvier 2013 3 23 /01 /Jan /2013 21:44

Film américain de Katheryn Bigelow  

Interprètes : Jessica Chastain (Maya), Jason Clarke (Dan), Joel Edgerton (Patrick)


Zero.jpg

Durée : 2 h 29

Note :  7/10

En deux mots : Reconstitution minutieuse et austère d'une traque de huit ans.

La réalisatrice : Née en 1951 à San Carlos en Californie, Katheryn Bigelow a suivi des études de peinture au San Francisco Art Institute. Elle réalise son premier film en 1982, "The Loveless", suivi en 1987 de "Aux frontières de l'Aube". Elle rencontre le succès en 1990 avec "Blue Steel", puis en 1991 avec "Point Break". Elle tourne en 1995 "Strange Days", écrit par son mari James Cameron. Suivent "Le Poids de l'eau" (2000) et "K 19, Le Piège des Profondeurs" (2002). En 2009, "Démineurs" obtient six oscars, dont ceux de meilleur film et de meilleur réalisateur.

 

Le sujet : Après le 11 septembre, Maya, jeune agent de la CIA.recrutée après le lycée se voit affectée à l'unité chargée de retrouver Ben Laden. Elle assiste ainsi aux interrogatoires musclés que subit Ammar, un membre d'Al-Qaida qui révèle l'existence d'un certain Abou Ahmed, qui serait le messager de Ben Laden. Pendant 8 ans, contre l'avis de sa direction qui croit l'information selon laquelle Abou Ahmed serait mort en 2002, elle va suivre cette piste, jusqu'à le localiser dans une villa d'Abbottabad au Pakistan où se trouverait Ben Laden.

 

La critique : "Zero Dark Thirty", cela désigne en jargon militaire la demi-heure qui sui minuit, et plus largement la nuit noire qui permet les opérations spéciales. Le premier titre de travail était "For God and country", phrase qu'on entend dans la bouche du Navy Seal qui vient d'envoyer un balle dans la tête d'Oussama Ben Laden, précédé ici de son nom de code, Géronimo, ce qui valut d'ailleurs une protestation officielle de l'arrière-petit-fils du chef apache, lui-même vétéran du Débarquement en Normandie. Les deux titres font référence à la dernière demi-heure du film, celle qui décrit l'assaut de la maison d'Abbottabad, et qui, excusez-moi du spoiler, conduit à l'exécution d'OBL, diminutif employé par les agents de la CIA pour désigner le leader d'Al-Qaida. Cette dernière demi-heure constitue une partie à part, elle-même très différente des deux heures qui précèdent, et c'est là où on retrouve le plus le goût pour l'exaltation de la brutalité virile de Kateryn Bigelow que je stigmatisais déjà dans ma critique de "Démineurs".

 

Filmé avec une caméra numérique spéciale, l'assaut du compound de Ben Laden est reconstitué avec fidélité, la caméra est placée du pont de vue des assaillants, et on progresse à coup de "bréchages" de portes jusqu'à arriver au moment où on entend un Navy Seal appeler "Oussama ?" comme on tente d'attirer un gamin boudeur, éclat de rire garanti dans la salle comble de l'UGC Défense. Rien de bien original donc, une reconstitution réaliste déjà vue mille fois, par exemple dans " Battle for Haditha" ou " Redacted". Le souci de réalisme qui reconstitue à peu près le temps réel de l'assaut décevra les amateurs de baston chorégraphiée, et ne fait finalement qu'étirer un peu plus un récit déjà assez longuet.

 

Fort heureusement, les deux heures qui précèdent sont d'un autre calibre. Elles retracent les huit années de traque de la petite unité de la CIA qui est chargée de localiser Ben Laden, et elles sont plus particulièrement centrées sur le personnage de Maya qui assiste aux aveux d'Ammar (dans la réalité Mohammed El-Katani) qui le premier balance le nom d'Abou Ahmed El-Kuwaiti et qui contre vents et marées se tient à cette piste avec l'absolue certitude qu'elle conduira à la "cible de niveau 3". Ce qui est intéressant dans la démarche de Kateryn Bigelow, c'est le choix de montrer l'ingratitude d'un tel travail, et de reconstituer le parcours labyrintique avec ses fausses pistes, ses déceptions et ses coups durs. Rien de bien glamour, on est loin de James Bond, d'autant plus que la réalisatrice oscarisée ne cache pas un fait avéré : la localisation d'OBL a été rendue possible par l'utilisation de la torture de l'eau, montrée ici en toute clarté.

 

Cette question a fait polémique aux Etats-Unis, non pas tant sur la véracité des faits reconnus depuis 2007 par la CIA et désavoués par Obama à son arrivée à la Maison-Blanche, mais sur l'ambiguïté du propos de Kateryn Bigelow dont on connait le soutien qu'elle a apporté au président actuel : le réalisme de la reconstitution qui rend les scènes difficilement supportables, les doutes exprimés par le bourreau n°1 tendent vers une condamnation implicite de cet usage. Mais en même temps, c'est une information obtenue par ce moyen-là qui a permis le succès de cette opération primordiale pour l'Amérique ; débat vieux comme le monde, celui de la fin et des moyens, et qui en Algérie justifiait la gégène au nom des innocents sauvés des bombes des attentats ainsi déjoués. Cette ambiguïté est symbolisée par l'attitude de Maya qui a du mal à supporter ces séances mais qui finit par y recourir elle-même, et qui lève un sourcil au milieu de son travail quand elle entend Obama en campagne en 2008 dénoncer la torture au nom du redressement moral de l'Amérique, comme soulagée de l'entendre annoncer la décision qu'elle n'a pas su prendre.

 

"Zero Dark Thirty" est le récit d'une obsession, et rappelle en ceci l'excellent " Zodiac" même si là on sait déjà qu'elle sera couronnée de succès. Maya a l'intuition que par Abou Ahmed elle trouvera Ben Laden, mais il lui fait pour cela convaincre la CIA, présentée comme une bureaucratie frileuse, et elle doit endurer les coups d'un combat avec un ennemi aveugle qui progressivement la cible elle-même : l'avancée du récit est ponctuée des attentats de Londres, du Marriott, et du Camp Chapman à Khost. De fil en aiguille, le combat d'une nation toute entière contre une nébuleuse se concentre en un duel, et on retrouve le sens du western déjà exprimé dans "Démineurs". Film bien plus complexe que l'apparente simplicité de son histoire, "Zero Dark Thirty" ne mérite sans doute pas la critique unanimement élogieuse qu'il a reçu des deux côtés de l'Atlantique, mais il a quand même le mérite de laisser le spectateur face à ses propres interrogations, et c'est déjà pas mal.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2013 - Communauté : Cinéma
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