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Lundi 4 février 2013 1 04 /02 /Fév /2013 20:42
Film saoudien de Haifaa Al-Mansour 

Interprètes : Waad Mohammed (Wadjda), Reem Abdullah (La Mère), Abdulrahman Al Gohani (Abdallah


Durée : 1 h 37

Wadjda.jpg

Note :
  7/10 

En deux mots :
Premier film tourné en Arabie Saoudite : une réussite grâce à une histoire simple mais efficace.

La réalisatrice : Né en 1974 dans une petite ville d'Arabie Saoudite, Haifaa Al-Mansour est la fille d'un poète célèbre dans son pays. Elle a étudié la littérature à l'Université Américaine du Caire, puis elle a obtenu un masters de cinéma à l'Université de Sidney. Elle réalise trois courts métrages, puis un documentaire récompensé dans de nombreux festivals, "Des femmes sans ombres".

 

Le sujet : Wadjda a douze ans, et elle habite dans la banlieue de Ryad. Elle veut réaliser sonn rêve, acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais en Arabie Saoudite, les vélos sont interdits aux filles, et Wadjda décide de s'inscrire au concours de récitation coranique organisé par son école pour gagner la somme espérée.

La critique : Semaine faste, qui voit coup sur coup mon premier film biélorusse et mon premier film saoudien. Dès ses origines, le cinéma a emprunté deux voies : celle de l'illusion représentée par Méliès, aujourd'hui illustrée par " L'Odyssée de Pi" ou différemment par " Les Bêtes du Sud sauvage", et celle de la réalité représentée par les opérateurs des Frères Lumière partis filmer aux quatre coins de la planète (je sais, cette formule est digne du Maire de Champignac !). C'est cette fenêtre sur le monde qu'apporte aussi le cinéma, au travers de films aussi différents que " Aujourd'hui (Tey)", " La Parade" ou ce "Wadjda", premier film saoudien réalisé par une femme. Il faut dire qu'au royaume d'Arabie Saoudite, il n'existe pas de salles de cinéma, et que Haifaa Al-Mansour a découvert le septième art grâce aux soirées familiales organisées par son père.

 

"Wadjda" est donc le prénom de cette jeune fille de 12 ans qu'on découvre dans son école au milieu de la chorale qui ânonne un chant religieux. La caméra glisse au ras du sol, filmant en-dessous de l'ourlet de la stricte robe longue et grise de l'uniforme scolaire les ballerines et les sandales, pour s'arrêter sur des Converse aux lacets violets. Dans cet univers où tout est fait pour apprendre aux élèves leur devoir de soumission aux hommes et à une morale contraignante, d'emblée Wadjda nous est présentée dans sa capacité à investir à sa façon le peu d'espace de liberté qui lui est laissé. Face à un système oppressant et hypocrite symbolisé par la directrice de l'école, elle sait s'adapter quand il le faut, comme lorsqu'elle s'implique dans le concours de récitation coranique ou qu'elle affirme ne pas avoir vu deux grandes lire des revues occidentales, tout en conservant sa ligne de conduite comme lorsqu'elle répond devant toute l'école à la question que lui pose la directrice sur l'usage qu'elle fera de l'argent de son prix.

 

Plaidoyer pour une société plus ouverte, "Wadjda" offre aussi un état des lieux subtil de la condition des femmes saoudiennes, notamment par le biais du personnage de la mère de Wadjda, qui regarde sa fille avec attendrissement ("J'étais comme toi à ton âge"), tout en essayant de lui inculquer des préceptes rétrogrades alors qu'elle même souffre de voir son mari chercher une seconde épouse qui pourra lui donner le garçon qu'elle n'a pas eu. Aux travers des yeux de Wadjda, on découvre les contradictions de cette société, où certaines femmes portent le voile intégral et se taisent pour que leur voix ne soit pas entendue par des hommes, alors que d'autres travaillent à l'hôpital coiffée d'un simple foulard avec des collègues masculins.

 

L'espoir de changement est symbolisé par le personnage d'Abdallah, le copain de Wadjda qui se fait mener par le bout du nez par son amie et accepte notamment de lui apprendre à faire du vélo dans une scène très drôle : lorsqu'elle découvre qu'il a mis des petites roues à sa bicyclette, elle se sent humiliée et se met à pleurer de façon très démonstrative ; Abdallah démonte les petites roues, s'assoie à côté de Wadjda et lui dit "10 riyal si tu arrêtes de pleurer". Sans relever sa tête, elle tend alors la main, confirmant le diagnostic que d'autres ont fait : "Tu es dure en affaires...". Wadjda nous est aussi montrée dans des aspects moins reluisants, notamment quand elle va faire du chantage à la dénonciation au chauffeur sans papiers qui refuse de transporter sa mère, illustration discrète de la condition difficile des immigrés qui font marcher l'économie des pays du Golfe.

 

Il y a une mise en abyme évidente entre le destin de la réalisatrice et celui de sa jeune héroïne : Wadjda a un rêve qui est proscrit pour une fille dans son pays, celui de faire du vélo, alors que Haifaa Al-Mansour a dû se cacher dans une camionnette pour tourner les scènes en extérieur, par son effort et sa persévérance, Wadjda parvient à bousculer des règles millénaires tandis que la réalisatrice a finalement réussi après un détour par l'Egypte et l'Australie à tourner ce film dans son pays, et enfin, quand Wadjda sillonne les rues de Ryad sur son vélo (désolé du spoiler, mais je pense que la happy end est inscrite dans la nature même du film), elle rencontre la sympathie de ceux qu'elle croise, tout comme Haifaa Al-Mansour bénéficie finalement d'une reconnaissance, suscitant la controverse mais aussi l'admiration.

 

"Wadjda" a souvent la maladresse d'un premier film, quelques faux raccords qui choquent ou des ruptures de rythme non maîtrisées. Mais il porte aussi une énergie tranquille et une dimension de conte imprévu qui, comme le souligne Jacques Morice dans "Télérama", rappelle les premiers Kiarostami. Dans une opposition entre l'obscurité des intérieurs et l'éblouissement de la rue, le film d'Haifaa Al-Mansour parvient à la fois à nous montrer ce qu'il y a d'universel dans la volonté tenace de cette gamine attachante et à nous faire découvrir sans jugement ni caricature les contradictions d'une société si différente de la nôtre, démontrant une nouvelle fois s'il en était besoin l'universalité du cinéma.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2013 - Communauté : Cinéma
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