Partager l'article ! Superstar: Film français de Xavier Giannoli Interprètes : Kad Merad (Martin Kazinski), Cécile de France (Fleur), Louis-Do de Lencques ...
Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Octobre 2012 | ||||||||||
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La critique : Mais pourquoi donc suis-je allé voir cette bouse ? J'avais pourtant relu mes critiques de " Quand j'étais chanteur" et de " A l'Origine", et particulièrement cette dernière où déjà j'assumais mon aversion pour le poujadisme franchouillard qui suinte du cinéma de Xavier Giannoli, alors que seuls à l'époque les Cahiers du Cinéma et Libération avaient échappé à la vague d'enthousiasme de la critique lors de la projection cannoise. Pour "Superstar", certains ont gardé leurs lunettes aveuglantes, comme Le Monde qui parle "d'une des plus belles productions que l'année nous ait données à voir" ou Marianne qui évoque "un édifiant thriller existentiel", mais nombreux sont ceux qui prennent leur distance avec un film aussi inconsistant.
Peut-être était-ce le sujet de la célébrité jetable, de l'accès au quart d'heure warholien facilité par le fait que des milliards d'individus ont un appareil photo-caméra dans leur poche, et de l'emballement du buzz médiatique qui me semblait intéressant ? Toujours est-il que justement, ce sujet-ci n'est pas traité, ou alors sous la simple forme d'un enfonçage de portes ouvertes et d'une dénonciation populiste des méchants producteurs qui s'en foutent des vrais gens, lesquels gens se font d'ailleurs rebalancer la responsabilité de la méchanceté universelle quand ils se mettent à brûler leur idole !
Le pitch tient en une ligne : sans aucune raison, un inconnu devient célèbre du jour au lendemain grâce au buzz internet relayé par la télévision. C'est après tout le principe de la télé-réalité depuis plus de dix ans, sauf que là, la victime n'est pas consentante. Giannoli va donc étirer à l'infini ce postulat de départ qui aurait pu donner matière à un sympathique court métrage, avec une déjà bien longue première partie qui filme Martin Kazinski dans le rôle du pauvre pitit papillon pris dans la toile (web en anglais, ;-) ), puis, comme le film s'enlise dans les dénégations horripilantes de notre Français moyen, une deuxième partie où il va rencontrer une série de personnages caricaturaux à souhait qui tous vont l'enfoncer : le producteur sans scupule, le fils naturel de Fogiel et de Delarue, un avocat intéressé, un travelo au grand coeur et un rappeur cousin de Balavoine et de Joey Starr...
Déjà, s'il avait eu un minimum de courage et/ou d'intelligence, Giannoli aurait choisi un inconnu. Prendre Kad Merad comme symbole de l'anonyme, cela revient à confier à DSK la présidence du jury de la Rosière ! Remarquez, cela permet une mise en abyme amusante, quand on voit sur un panneau la photo de Kad Merad en couverture d'un tabloïd qui proclame "Kasinski, on le voit trop !" Dans son coming out tragique à la "Tchao Pantin", le malheureux Kad Merad se cantonne dans un rôle de simplet hébété qui bafouille en se grattant "C'est une erreur, il n'y a pas de raison", et le sentiment de fausseté s'installe très vite, entre le jeu stéréotypé, l'absence de vérité du personnage et l'impossibilté d'oublier l'acteur aux 2 millions d'euros annuels.
"Superstar" se veut une charge contre la machine imbécile de la télé réalité. C'est d'ailleurs ce que dit Pascal Mérigeau dans le Nouvel Obs,
quand il énonce que ce film aurait "pour seul mérite d'alerter que déjà l'entreprise serait salutaire". Soit. Mais comment peut-on alors cautionner au nom du cinéma le fait de reprendre
à ce point les procédés de cette même télévison qie l'on dénonce ? Toute la première partie est traitée comme un résumé d'un épisode de Secret Story ou de Un Dîner presque
parfait, étiré, répété, remonté, commenté...Il n'y a pas un gramme de mise en scène sincère, que de la copie de copie, ponctué par des dialogues affligeants du type "L'homme qui ne
voulait pas être céllèbre, c'est un messager ! " ou "Il est venu pour nous punir, ce mec !"
Le dernier film de Giannoli représente donc la France à la Mostra de Venise, avec un autre réalisateur abonné des festivals, Olivier Assayas. Voilà donc ce que le cinémé français estime avoir de plus présentable ; bonne chance face à Terrence Malick, Brian De Palma, Kim Ki-Duk, Paul-Thomas Anderson ou Marco Bellochio... Après tout, c'est une image assez fidèle de l'absence d'imagination et d'originalité de la production hexagonale actuelle que ce long pensum prétentieux et démagogue. D'ailleurs, Xavier Giannoli a-t-il eu un sursaut de lucidité quand il fait dire au producteur : "Au début, c'était intéressant, après c'est un peu long" ? Mais voilà, même au début, c'est long.
Cluny
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Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne
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