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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Film américain de J.J. Abrams
Interprètes : Joel Courtney (Joe Lamb), Elle Fanning (Alice), Kyle Chandler (Jack Lamb), Noah Emmerich (Nelec)
Durée : 1 h 52
Le sujet : Dans l’Ohio en 1979, Joe vit seul avec son père shériff-adjoint depuis la mort accidentelle de sa mère. Il participe au tournage en Super 8 d’un film de zombie dirigé par son copain Charles, et sa motivation redouble quand Alice, la fille d’un homme arrêté par son père, vient rejoindre le tournage. Alors qu’ils tournent de nuit, ils assistent à une catastrophe ferroviaire provoquée par leur professeur de sciences. Avant que l’armée n’investisse les lieux, celui-ci leur ordonne de s’enfuir et de tenter de sauver leur peau.
Le sujet : Premier plan du film, fixe : une aciérie où un panneau annonce triomphalement 784 jours sans accident. Un homme accablé enlève un par un les chiffres de ce louable score, et met à la place un 1. Plan suivant : ambiance feutrée d’une réception après des obsèques, une femme fait part de son inquiétude pour Joe, alors que la caméra panneaute et montre un adolescent endimanché assis sur la balançoire du jardin enneigé…
Est-ce la participation active de Spielberg à la production de ce film, ou encore les articles multiples présentant J.J. Abrams comme le fils naturel du réalisateur de « La Liste de Schindler », mais toujours est-il que ce sens de l’ellipse narrative m’a fait penser au plan muet du « Soldat Ryan » où Mme Ryan apprend la mort de ses trois fils. Même capacité à résumer une situation en quelques images, là où tant d’autres écriraient dix scènes, même capacité à faire monter l’émotion par la simplicité percutante de la mise en scène, là où les mêmes embaucheraient un orchestre symphonique pour tenter vainement de jouer la corde lacrymale.
La comparaison des deux réalisateurs-producteurs est omniprésente, dans ce qu’il y a de meilleur (un sens du rythme qui alterne scènes d’actions à couper le souffle et moments plus intimistes qui donnent vie aux personnages, une maîtrise du langage cinématographique qui privilégie le hors-champ aux effets spéciaux) mais aussi ce qu’il y a de moins bon (un penchant pour les bons sentiments un peu sirupeux, une utilisation de la musique ronflante et redondante).
Malgré leurs vingt ans de différence, Spielberg et Abrams partagent avec leurs héros adolescents (et avec bien d’autres futurs grands réalisateurs : Tim Burton, Peter Jackson ou les frères Coen) le fait d’avoir débuté avec la caméra Super 8 de leurs pères, et la découverte par Charles de l’idée qu’un scénario pourrait finalement servir à quelque chose alors que les trois quarts du film ont déjà été tournés, tout comme le portrait de l’apprenti-artificier affublé d’un appareil dentaire proéminent sentent bon le vécu. Un conseil, d’ailleurs : ne quittez pas la salle au début du générique, puisqu’on y voit le film de zombies, hommage et pastiche savoureux.
Le film est situé en 1979, soit trois ans avant « E.T. ». Les gamins font référence au Vietnam quand ils se mettent à écrire des dialogues, on entend la télévision évoquer l’accident de la centrale de Three Miles Island, et quand de mystérieuses disparitions se multiplient, une habitante décrète que pour elle, jusqu’à ce que le contraire ait été prouvé, c’est un coup des Russes. La référence à « E.T. » est constante : les bicross sur lesquels les ados se déplacent, les longs travelings à leur poursuite dans les rues de la petite ville, le rôle de l’armée pour tenter de mettre la main sur l’alien, et jusqu’à la ressemblance de Joel Courtney avec Henry Thomas. Comme E.T., la créature ne demande qu’à rentrer chez elle, et là-aussi les ados l’aideront dans cette intention, notamment à la suite d’une scène qui évoque bien plus « King Kong ».
Mais on doit aussi comparer « Super 8 » avec une des productions du créateur de « Lost » : « Cloverfield ». Comme dans ce remake de « Godzilla », la créature n’est montrée que partiellement, et après plus de la moitié du film, et là-encore par le biais d’une pellicule, le Super 8 prenant la place de la mini-DV. Ce jeu de hors-champ est parfaitement maîtrisé, faisant monter la tension avec les mêmes effets que ceux bricolés par les ados faute de moyens, et la puissance impressionnante des effets spéciaux pour la scène de l’accident de train n’empêche pas de préserver le mystère.
Et puis, il y a les personnages attachants des ados : Charles, le bon gros qui espère que son statut de metteur en scène suffira à précipiter son actrice principale dans ses bras, Joe le maquilleur-maquettiste qui trace sa route de héros spielbergien, et Alice, la « grande » de 14 ans qui conduit en douce la voiture de son père. Cette dernière est jouée par Elle Fanning, vue dans « Somewhere » de Sofia Coppola et attendue dans « Twixt » du père de cette dernière. La scène où elle répète sa tirade et où tous se figent devant l’évidence de son talent est à la fois une troublante mise en abîme et une parfaite métaphore de l’adolescence, à savoir l’irruption de l’adulte sous la nymphe de l’enfant.
Au milieu de l’avalanche estivale de films de super-héros aux scénarios épais comme le Q.I. de Conan, « Super 8 » offre une histoire à l’ancienne, portée par une réalisation intelligente et sensible. En attendant les sorties plus ambitieuse de fin août (Téchiné, Almodovar, Sorrentino, Valérie Donzelli, Honoré), voilà qui nous fait agréablement patienter.
Cluny
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