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Mercredi 24 février 2010 3 24 /02 /Fév /2010 18:19
Interprètes : Leonardo DiCaprio (Teddy Daniels), Mark Ruffalo (Chuck Aule), Ben Kingsley (Dr Cawley), Max Von Sidow (Dr Naehring)


Durée : 2 h 17

Shutter.jpg


Note :
  8,5/10 

En deux mots :
Martin Scorsese en pleine forme + le meilleur roman de Dennis Lehane + un grand Leo DiCaprio = un polar psychologique époustouflant. 

Le réalisateur : Né en 1942 à Long Island, Martin Scorsese fréquente les salles de cinéma de Little Italy dans son adolescence, avant d'aller à l'université où il réalise ses premiers courts métrages. En 1965, il tourne "Who's that knocking at my door ?" avec son ami Harvey Keitel. Il tourne ensuite "Bertha Boxcar" en 1972, puis "Mean Streets" en 1973 avec Robert De Niro. Il obtient la Palme d'Or en 1976 avec "Taxi Driver", suivi en 1977 de "New York, New York" et en 1980 de "Raging Bull", sur la vie de Jack La Motta. Viendront ensuite (entre autres)  "La Valse des Pantins" (1983), "After Hours" (1985), "La Couleur de l'Argent" (1987), "La Dernière Tentation du Christ" (1988), "Les Affranchis" (1990), "Les Nerfs à Vif" (1993), "Casino" (1995), "A Tombeau ouvert" (2000), "Gangs of New York" (2003), "Aviator" (2005) et "Les Infiltrés" (2008).


Le sujet : Le Marshall Teddy Daniels, accompagné d'un nouvel équipier, Chuck Aule, arrive sur Shutter Island dans la baie de Boston alors que s'approche une tempête. Ils viennent dans ce pénitencier psychiatrique pour enquêter sur la disparition d'une patiente, Rachel Solando. Mais très vite, Chuck découvre que Teddy a des raisons personnelles pour venir sur l'île : retrouver Andrew Laeddis, responsable de la mort de sa femme.

La critique : Il  n'est pas étonnant que Martin Scorsese, dont toute l'oeuvre interroge la violence des hommes, ait été séduit par le roman de Dennis Lehane. Car, comme le dit en s'adressant à Teddy Daniels l'inquiétant Dr Jeremiah Naehling, sorte de Dr Merkwurdigliebe formidablement incarné par l'homme qui joua aux échecs avec la Mort, "Vous êtes un homme de violence" . Cette violence, il la porte en lui, contenue mais toujours prête à faire irruption, venue de deux traumatismes absolus : l'épisode véridique de l'exécution sommaire d'une cinquantaine de SS par les soldats de la 7° armée US lors de la libération de Dachau, et la mort de sa femme dans l'incendie criminel de leur maison. Mais elle est aussi présente dans le décor, cette île dont les bâtiments ont été construits lors de la Guerre de Sécession, période qui servait déjà de toile de fond à "Gangs of New York", récit de la violence originelle de la nation américaine. Elle l'est aussi dans le déchaînement des éléments, la tempête annoncée qui précipite Teddy et Chuck dans un tombeau. Elle l'est enfin dans le passé de chacun des patients de cet établissement, à la fois prison et asile, théâtre de la "guerre" que se livrent partisans de la lobotomie et adeptes de la camisole chimique.

Le film s'ouvre par un plan du ferry émergeant du brouillard comme la vedette du Capitaine Willard s'enfonçant dans le coeur des ténèbres, avec une photographie bleutée et le réalisme un peu carton-pâte des décors naturels qui évoquent les films des années 40-50 de la la RKO de Jacques Tourneur. L'approche de l'île, rythmée par une musique oppressante, rappelle la découverte de l'Île du Crâne et l'annonce du danger qui s'y cache. La découverte des murs de briques rouge sang de l'hôpital d'Ashecliffe à coup de longs travellings avant se fait sous le signe de la symétrie, symbolique du thème du dédoublement qui traverse le récit. Symétrie dans la composition, dans l'architecture, et même dans le montage, comme ces deux travellings parallèles montrant Teddy et Chuck dans leurs lits en train de réfléchir au décodage du message laissé par Rachel Solando.

Scorsese a choisi d'être extrêmement fidèle au roman, et ce n'était pas une solution de facilité, tant la construction du livre de Dennis Lehanne était complexe à rendre à l'écran, quand bien même son écriture est déjà très cinématographique. Une des difficultés était notamment de restituer les rêves et les flashbacks de l'histoire personnelle de Teddy, essentiels à la compréhension de l'intrigue. Dans cet exercice, Scorsese montre toute l'étendue de son talent, alternant des flashs rappellant les apparitions sanglantes des jumelles dans "Shining" et des scènes oniriques flamboyantes (sans jeu de mots), comme celle où Teddy retrouve Dolores dans leur appartement sous une pluie de cendres, Dolores dont le dos se consume quand son mari l'enlace.

La fidélité au roman amène au même étirement aux deux tiers du film comme dans le livre ; sans doute nécessaire au basculement du récit, cette demi-heure où l'intrigue semble suivre un parcours erratique à l'image de Teddy marque une baisse de tension et peut provoquer un ou deux décrochements (c'est ce qui explique que je n'ai pas donné mon troisième 9/10). La fin, y compris avec les différentes interprétations possibles, efface d'un seul  coup cette impression de langueur.

Dans une distribution parfaite (Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Max Von Sydow, Elias Koteas, véritable sosie de De Niro), Leonardo DiCaprio présent à l'image du début à la fin porte son personnage, de l'arrogance brutale à l'ébranlement intérieur. Il raconte avoir visionné plusieurs fois "Vertigo" pour s'inspirer du jeu de James Stewart, et pour voir notamment comment celui-ci exprimeait les conflits intérieurs qui animaient son personnage. Ce travail de préparation porte ses fruits, car Leo fait vivre brillament la remarque de Chuck : "A croire que la folie est contagieuse".

"Comment croire un cinglé ? Personne ne l'écoute", constate Rachel. Grâce à ce cinglé de cinéma qu'est Marty Scorsese, c'est à ce défi qu'est confronté le spectateur, sollicité en permanence par l'abondance des pistes, vraies, fausses ou les deux. Loin de se perdre dans le polar psychologique de Dennis Lehane, il réussit à la fois à l'enrichir par la maîtrise absolue du langage cinématographique, et à l'intégrer dans la continuité de son oeuvre, et tout ça pour notre plus grand plaisir, certes un brin masochiste.

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de février 2010 - Communauté : Cinéma
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