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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Film canadien de Kim Nguyen
Interprètes : Rachel Mwanza (Komona), Serge Kanyinda (Magicien), Alain Lino Mic Eli Bastien (Commandant rebelle)
Durée : 1 h 30
La critique : Voilà encore un film qu'il va être de bon ton d'aimer, à l'instar d'un " Rengaine" : film à petit budget abordant un sujet peu traité, sélectionné pour l'Oscar du film en langue étrangère et bénéficiant d'une excellente critique. Il est vrai que le cas des enfants-soldats a peu été raconté au cinéma, à l'exception d'"Ezra", de Nigérian Nexton I. Aduaka, de "Johnny Mad Dog", de Jean-Stéphane Sauvaire et pour certaines scènes de " Blood Diamond" d'Edward Zwick (Je n'ai pas vu "White Material" de Claire Denis). Et pourtant, je suis très partagé par rapport à ce film : touché forcément par le sujet et par moment par le traitement qui en est fait, et en même temps très dubitatif quant à l'approche de ce thème par un réalisateur canadien qui aborde l'Afrique un peu comme Michel Ocelot avec "Kirikou".
Ca me gêne toujours de voir l'Afrique réduite à des rites de sorcellerie, des grigris et la recherche frénétique d'un coq blanc pour valider une demande en mariage, surtout si ce regard n'est pas porté par un Africain. A ce titre, " Viva Riva", tourné lui aussi en République Démocratique du Congo, montrait une réalité violente pleine de corruption, de prêtres trafiquants et de caïds angolais, mais cette approche réaliste avait la légitimité de venir de l'intérieur, sans la suspicion du regard néocolonial à la "Tintin au Congo" réduisant les Africains à des grands enfants superstitieux et crédules. Certes, on en peut pas mettre en cause la sincérité du film, l'utilité certaine de la dénonciation des méthodes des chefs de guerre qui utilisent depuis des décennies au Congo, au Sierre-Leone, ou au Libéria l'enrôlement forcé des enfants à la fois comme un moyen de se renforcer numériquement, mais surtout comme une arme de terreur.
La brutalité et le cynisme de ces "rebelles" surtout intéressés par leur propre pouvoir sont clairement montrés, ainsi que leurs techniques d'asservissement de ces pauvres gamins : le rite initiatique constituant à les pousser à exécuter leurs propres parents à la "kalach" pour leur éviter d'être massacrer à la machette, ou leur abrutissement à l'aide de la "sève magique" aux propriétés hallucinatoires. Il y a aussi une volonté d'équilibrer le propos en présentant des personnages positifs : le Magicien, qui a conservé son humanité malgré des années d'embrigadement forcé, le policier qui ramène Komona chez son oncle, le camionneur qui la ramasse sur la route.
Kim Nguyen a choisi une approche onirique pour distancier la violence du sujet : Komona est investie par son destin tragique du pouvoir de voir les morts, sous forme de fantômes couverts d'argile blanc. C'est notamment les spectres de ses parents qui la poussent à leur donner une sépulture, pour pouvoir faire le deuil de cette perte dont elle porte la culpabilité. Mais le film reste à mi-chemin de cette démarche, en n'allant jusqu'au bout de cette dimension poétique finalement pas franchement assumée. L'apparition des fantômes des soldats gouvernementaux qui encerclent Komona et le Magicien m'a fait penser à l'arrivée de Willard chez Kurtz dans "Apocalypse Now", et la comparaison est cruelle. Pour avoir une représentation à la fois réaliste et artistique de la condition des enfants soldats, mieux vaut après tout lire ou relire "Allah n'est pas obligé" d'Ahmadou Kourouma.
Cluny