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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Le 03/12/12 à 01:55 sur France 4
Le secret de Brokeback Moutain
Le 03/12/12 à 20:35 sur NRJ12
Le 03/12/12 à 22:50 sur Arte
Le 04/12/12 à 20:50 sur W9
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Film français de Régis Roinsard
Interprètes : Romain Duris (Louis Echard), Déborah François
(Rose Pamphyle), Bérénice Béjo (Marie Taylor)
Durée : 1 h 51
La critique : Etrange destin que celui de Régis Roinsard, au nom qui semble lui-même venir des années cinquante : après avoir suivi le parcours classique de tout apprenti réalisateur (pubs, clips, courts-métrages, Canal +), le voilà propulsé à la tête d'une grosse machine formatée pour plaire, et qui plaira sans doute, avec un budget de 15 millions d'euros. Alors que la plupart des metteurs en scène choisissent un sujet personnel percutant pour leur premier film dans l'espoir de se faire remarquer (" La Naissance des Pieuvres", " La famille Wolberg" ou encore récemment " Augustine"- tiens, trois films de femmes), Régis Roinsard marque ses débuts par l'acrhétype du film français du moment : une comédie si possible un peu romantique, et cap sur les Trente Glorieuses, remède anesthésique pour temps de crise.
Après "Les Choristes", les différentes versions de "La Guerre des Boutons" et " Le Petit Nicolas", voici donc un nouvel avatar de la reconstitution minutieuse de la France des années cinquante, et on se frotte les mains en pensant aux fortunes que se font en ce moment les loueurs de 403 et de Panhard. Alors, vous me direz, pourquoi avoir encensé " OSS 117, Le Caire nid d'espions" (qui partage avec "Populaire" le même directeur de la photographie, l'excellent Guillaume Schiffman, et la même costumière, Charlotte David -elle a d'ailleurs retaillé le costume d'Hubert Bonisseur de la Bath pour le refiler à Louis Echard) ? Parce qu'entre le film d'Hazanavicius et celui de Roinsard, il y a juste une différence d'un degré, celle qui existe entre la copie nostalgique et la parodie. C'est d'ailleurs curieux de voir combien le cinéma hexagonal soi-disant moderne revient à la "qualité française" mise à mort par la Nouvelle Vague, avec le même acharnement qu'un Sarkozy éradiquant les fantômes de mai 68...
Après un prologue dans le bazar Pamphyle (spécial dédicace à mes amis de Saint-Fraimbault, 61350, 617 habitants qui vont apprécier d'être pris comme étalon du trou-du-cul-du-monde), nous nous retrouvons dans l'antichambre du bureau de Louis Echard, où une vingtaine de candidates dissertent sur l'accomplissement que représente pour une femme le fait de devenir secrétaire. Bien sûr, il y a la distance ironique d'un demi-siècle, on s'adresse à des spectateurs qui ont le recul nécessaire pour juger du saugrenu de cette représentation sexiste, et puis le personnage de Rose passe son temps à revendiquer son autonomie. Pourtant, il y a comme une gêne dans l'exagération des portraits féminins, particulièrement ceux des concurrentes de Rose, condensés des défauts traditionnellement attribués au sexe dit faible.
Alors, pourquoi mettre quand même un 6/10 ? Pour deux raisons : d'abord à cause des deux acteurs principaux, qu'on sent investis à fond dans ce projet, et qui se répondent parfaitement dans ce jeu de chat et de souris à l'instar des duos des grandes comédies américaines. Après " L'Arnacoeur", Romain Duris confirme combien il peut être bon dans le registre comique, et Déborah François, découverte dans "L'Enfant" et "La Tourneuse de pages ", met toute sa verve charmante au service de son personnage. On ne peut pas en dire autant de Nicolas Bedos... Ensuite, la réalisation est assez enlevée, particulièrement dans la mise en scène des duels dactylographiques, et malgré un scénario ultra-prévisible, on n'a pas le temps de s'ennuyer et on rit même quelques fois.
Evoquant son travail sur les couleurs, Régis Roinsard fait référence à juste titre à Jacques Demy. Mais en 1964, celui-ci tournait "Les Parapluies de Cherbourg", dont l'action se déroulait en 1959, année de l'action supposée de "Populaire". Allez chercher le DVD, revoyez ce chef-d'oeuvre ô combien plus moderne que ce premier film, et constatez que ces années-là pouvaient aussi être celles du drame, symbolisé par le départ de Guy pour la sale guerre en Algérie.
Cluny