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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Le 23/05/13 à 20:45 sur France 3
Le 24/05/13 à 00:50 sur Arte
Le 26/05/13 à 22:45 sur D8
Non ma fille, tu n'iras pas danser
Le 28/05/13 à 23:25 sur France 3
Film français d'Eric
Rochant
Interprètes : Jean Dujardin (Gregory Liubov), Cécile de France (Alice), Tim Roth (Rostovski), Emilie Dequenne (Sandra)
Durée : 1 h 43
Note : 4/10
En deux mots : Eric Rochant livre un film d'un autre temps, clinquant et creux.
Le réalisateur : Né en 1961, Eric Rochant est admis à
l'IDHEC. Après avoir réalisé trois courts métrages, il tourne en 1989 son premier long métrage, "Un monde sans pitié" qui obtient le César de la meilleure première œuvre. Il réalise
ensuite "Aux yeux du monde" (1990), "Les Patriotes" (1994), "Anna Oz" (1997), "Vive la République" (1997), "Total Western" (2000), "L'Ecole de la
République" (2006).
Le sujet : Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant
homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice,
son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.
La critique : Le titre fait référence au ruban de Möbius (du nom du mathématicien August
Ferdinand Möbius, 1790-1885), qu'on obtient en faisant subir une torsion d'un demi-tour à une longue bande de papier, puis en collant les deux extrémités, ce qui fait que le ruban ne
présente qu'une seule face. Il s'agit d'une métaphore expliquée à la fin du film, en travaillant pour le FSB, vous faites en réalité le jeu de la CIA, à moins que ce ne soit le contraire, mais
bon, en gros, dans le monde de l'espionnage, une poupée russe peut en cacher une autre. Afin de valider cette thèse, Eric Rochant n'a pas cherché à ponctuer le récit d'explications didactiques,
bien au contraire, il a opacifié à dessein le jeu de billard à plusieurs bandes auquel se livrent Russes et Américains. Pourquoi pas, on peut apprécier " Inception" ou " Shutter Island" et continuer à se demander en sortant de la salle si on a vraiment tout compris.
L'immersion dans un univers de faux-semblants et de jeux de dupes peut être une façon efficace de placer le spectateur dans la peau des personnages. Encore faut-il
que ce monde trouble apparaisse crédible, et c'est malheureusement là où le bât blesse. Il faut dire qu'Eric Rochant a accumulé les difficultés, à commencer par le fait de coller la nationalité
russe à Jean Dujardin, qui ajoute dans la liste de ses compétences linguistiques à son anglais de 4° un russe phonétique qui fera certainement de "Möbius" un grand succès comique à
Novossibirsk ou à Tcheliabinsk, ou de choisir Tim Roth uniquement pour sa ressemblance avec Roman Abramovitch. Les lieux (Monaco, Langley, Moscou) sont réduits à des images de cartes postales, et
la véritable qualité plastique du film (pellicule 35 mm, jeu sur la profondeur de champ, photographie contrastée) se réduit finalement à l'impression d'une de ces revues de luxe qui n'offre que
du vide clinquant sur du papier glacé.
Il y a quelque chose de presque touchant dans la naïveté d'Eric Rochant à enfiler les stéréotypes pour réduire son film à un palimpseste de "Largo Winch", et dans le décalage entre la volonté de complexité narrative et le besoin de tout surligner de façon tapageuse, à l'image de ce plan où Dujardin arrive en hélicoptère pour rejoindre son patron du FSB sur la musique de "A l'appel du grand Lénine" chanté par les chœurs de l'Armée Rouge, des fois qu'on n'ait pas cru à sa russitude, ou ce tic systématique de filmer l'enseigne de l'hôtel ou de la boîte où va se dérouler la scène suivante, ou encore ce gros plan hitchcockien raté sur la bouche de l'agent américain au moment où il fait sa révélation décisive.
Histoire d'espionnage, "Möbius" se veut aussi histoire d'amour, et mise sur le glamour du couple Dujardin/de France. Gêné dans le stéréotype du personnage et son invraisemblance linguistique, l'acteur oscarisé bride son jeu en permanence. Un peu plus crédible en Américaine capable de couler l'économie de l'Espagne en trois clics, l'actrice belge joue le contre-emploi, passant de la girl next door sympa à une tradeuse sophistiquée. Mais la romance ne fonctionne pas mieux que l'intrigue conspirationniste, et pour la même raison, celle de croire qu'il suffit d'accumuler des plans arty pour suggérer la passion charnelle, et je n'évoque pas les dialogues du type "Tu as des bras concrets"... Dès l'origine, "Möbius" était plombé par l'invraisemblance et la complexité de son scénario ; il aurait pu devenir intéressant dans la foi d'Eric Rochant dans son cinéma et dans le hiatus entre les deux, mais malheureusement à l'incompréhension se substitue vite le désintérêt, voire l'agacement devant une telle machine qui tourne à vide.
Cluny
Avril 2013 :
Mais qui a re-tué Paméla Rose ?
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