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Dimanche 27 janvier 2013 7 27 /01 /Jan /2013 22:56

Film américain de Steven Spielberg


Interprètes : Daniel Day-Lewis (Abraham Lincoln), Sally Field (Mary Lincoln), Tommy Lee Jones (Thaddeus Stevens), David Strathairn (William Seward)    


Durée : 2 h 29

 

Memorial.jpg


Note :  6/10 

En deux mots :
  Spielberg a bien du mal à animer la statue de marbre du Lincoln Memorial.

Le réalisateur :  Né en 1946 à Cincinnati, Steven Spielberg réalise en 1971 un premier téléfilm remarqué, «Duel». Son premier long-métrage de cinéma, «Sugarland Express» sort en 1974, un an avant son premier succès, «Les Dents de la Mer».
Grâce à ses premiers gains, il monte sa société de production, Dreamworks, et enchaîne les succès planétaires : «Rencontre du troisième type» (1978), «E.T.» (1982), la trilogie «Indiana Jones», «Jurassic Park» (1993), «La liste de Schindler» (1993), «Il faut sauver le soldat Ryan» (1998), «A.I.» (2001), «Minority Report» (2002), «Munich» (2006), un nouvel Indiana Jones, "Le Royaume du  Crâne de Cristal" (2008) et " Les Aventures de Tintin" (2011). 

Le sujet : En 1865, le président Lincoln vient d'être réélu. La Guerre de Sécession fait rage depuis quatre ans, et la victoire du Nord se dessine. Lincoln veut faire adopter le XIII° amendement qui abolit et interdit l'esclavage sur le territoire des Etats-Unis. Adopté par le Sénat depuis l'année précédente, ce texte a déjà été rejeté par la Chambre des Représentants. Il faut la majorité des deux tiers pour modifier la Constitution ; mais il manque une vingtaine de voix. Seule solution : convaincre des députés de la minorité démocrate.

La critique : Ce qu'il y a de bien avec Speilberg, c'est que quand on ne sait pas par où attaquer une critique, il nous reste toujours l'angle de la dimension autobiographique : ainsi "Jurassic Park" ou "La Liste de Schindler" peuvent être lus comme des métaphores de la tâche écrasante qu'est la production d'un film : Hammond découvre qu'il a enfanté un monstre, et Schindler pleure de ne pas avoir pu faire plus. Dans ce "Lincoln", ça marche encore, notamment quand après une des scènes les plus longues et les plus bavardes du film, Lincoln déclare: "Je dirais comme le pasteur : j'aurais pu raccourcir mon sermon, mais j'ai eu la flemme de m'arrêter". A un autre moment, alors que tous attendent autour du télégraphe les nouvelles du front, il annonce qu'il va en raconter une bien bonne, un de ses collaborateurs explose de rage : pour son 27ème film, sans compter tous ceux qu'il a produit, Steven Spielberg ressent toujours le besoin de se justifier de son besoin existentiel de nous raconter des histoires.

 

On le sait, "Lincoln" est un projet que Spielberg porte depuis des années : dès 1999, quand Doris Kearns Goodwin lui annonce son projet du livre qui deviendra "Team of Rivals : The Political Genius of Abraham Lincoln", il émet l'intention d'en acheter les droits et depuis 2005, année de la sortie du livre, Spielberg repousse la mise en chantier de son adaptation pour tourner entretemps quatre films. En 1997, il avait déjà traité de la question de la place de l'esclavage dans l'histoire américaine avec "Amistad", qui raconte notamment le procès intenté par les armateurs de ce bateau négrier dont les esclaves avaient pris le commandement, pour récupérer leur "cargaison" et dont tout l'enjeu était justement de savoir si des hommes pouvaient être considérés comme des marchandises.

 

Coïncidence ou effet induit de la présidence Obama, voilà que sortent deux films de grands réalisateurs américains sur la question de l'esclavage : il y a quinze jours " Django unchained", et aujourd'hui "Lincoln". Les démarches sont cependant très différentes, et leurs effets aussi. Tarantino place son action deux ans avant le début de la Guerre de Sécession, et lui qui n'avait pas hésité à faire mourir Hitler dans un attentat choisit de suivre de purs personnages de fiction, alors que Spielberg décide de concentrer son film sur quelques semaines de la fin de la vie de Lincoln, et de taper dans le Musée Grévin américain pour tous ses personnages : Thaddeus Stevens, Ulysses Grant, William Seward ou Fernando Wood. Si pour Tarantino, l'inscription de son style iconoclaste dans l'énergie d'une grande indignation donne un souffle jusque là jamais encore rencontré dans son œuvre, le traitement frontal d'un des moments-clés de l'histoire américaine, l'adoption du XIII° amendement a plutôt l'effet inverse, celui de rabougrir la flamboyance décomplexée du style de l'auteur d'"Indiana Jones".

 

On comprend ce qui a intéressé Spielberg, et qui peut se résumer par le sempiternel débat sur la fin et les moyens, au cœur de l'intrigue de " Zero Dark Thirty" : pour faire faire un pas de géant à la démocratie américaine, Lincoln va devoir avoir recours à de pauvres tripatouillages, achetant le vote de représentants démocrates (à l'époque c'était les méchants et les républicains les gentils) à coup de promesses ou de chantage à la réélection. En choisissant ce moment précis, la bataille à la Chambre des représentants pour l'adoption de l'amendement, il s'est placé dans une complexité constitutionnelle paradoxale : le lieu central de l'action va être le Congrès où le Président n'a pas le droit d'aller. Du coup, on navigue entre le film de débat parlementaire, variante du genre du film de procès (et dont le meilleur reste incontestablement "Advise and consent", d'Otto Preminger), et chronique intimiste d'un président entre réunion avec ses conseillers et dispute conjugale avec une Sally Field qu'on a connue plus en forme.

 

C'est dans ce volet du film qu'on aurait aimé que Spielberg ne fasse pas comme le pasteur. Les débats tactiques avec ses conseillers s'étirent et se répètent, et le conflit avec sa femme Mary tourne vite au ridicule, d'autant que Daniel Day-Lewis semble avoir pris la statue du Lincoln Memorial pour modèle, impassibilité marmoréenne et voix monocorde à la clé, l'Academy a pourtant adoré puisqu'il s'agit d'une "performance". Comme Spielberg a fait le choix plutôt courageux de ne pas sortir de ce double huis clos, de limiter les scènes de combats à quelques corps-à-corps dans la boue et de traiter l'assassinat du grand homme par l'ellipse, les meilleurs moments du films se situent dans l'affrontement à la Chambre et laisse la part belle à Tommy Lee Jones. On le sait depuis longtemps, John Williams est plus supportable dans le clinquant du film d'action que dans les violonnades lacrymales, et là... Signalons la très belle photographie de Janusz Kaminski, qui travaille avec Spielberg depuis "La Liste de Schindler", et qui s'est inspiré des tableaux de Manet ou de Degas. 

 

"Lincoln" partage avec "Django unchained" le seul défaut de ce dernier, sa longueur excessive. Il ne partage malheureusement pas ses qualités de rythme et d'humour, et on se dit que Spielberg aurait été mieux inspiré de faire comme Tarantino, à savoir de ne pas s'enfermer dans les pièges de la reconstitution pour traiter une question qui lui tient autant à cœur. Leçon d'histoire un brin académique, "Lincoln" ne retrouve le brio du petit génie d'Hollywood que dans de rares scènes et ne restera pas dans les grandes œuvres de sa filmographie.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de janvier 2013 - Communauté : Cinéma
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