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Jeudi 13 décembre 2012 4 13 /12 /Déc /2012 06:43
Film américain de Benh Zeitlin

Interprètes : Quvenzhané Wallis (Hushpuppy), Dwight Henry
(Wink), Lowell Landes (Walrus)

Durée : 1 h 31

Betes.jpg

Note :
  8,5/10 

En deux mots :
Un conte initiatique cruel et poétique aux accents malickiens, Caméra d'or méritée à Cannes

Le réalisateur : Né en 1982 à New York, Benh Zeitlin grandit dans le Queens avant de faire ses études dans le Connecticut. Il participe à la création de la maison de production de courts métrages Court 13, et il s'installe à la Nouvelle Orléans après y avoir tourné son premier court métrage en 2008 "Glory at Sea".

 

Le sujet : Hushpuppy est une petite fille de 6 ans qui vit avec son père Wink dans le Bassin, une zone du Bayou menacée par la montée des eaux due aux tempêtes et à une digue qui protège les raffineries. Quand une tempête plus fortes que les autres entraîne l'inondation de tous le Bassin, Wink et quelques autres partent à l'assaut de la digue pour tenter de revenir à la normale. Mais l'eau polluée a fait son oeuvre et la vie disparait du Bayou, alors que la maladie de Wink s'aggrave. Hushpuppy part alors à la recherche de sa mère...

La critique : Il y a des films qu'on découvre en se disant très rapidement qu'on n'en a jamais vu un comme ça, et où en même temps affleurent à foison les réminiscences d'autres oeuvres qui l'installent immédiatement dans l'histoire du cinéma. "Les Bêtes du sud sauvage" fait partie de ces films-là, au même titre que "Zéro de conduite" ou "La Nuit du Chasseur", deux autres films sur l'enfance, deux premiers films aussi. Avec en même temps les imperfections d'un film de débutant et une incroyable audace, je dirais même une ambition que beaucoup de réalisateurs installés n'auront jamais, Benh Zeitlin réussit à raconter tout à la fois l'histoire d'une communauté qui lutte pour sa survie, les effets de l'industrialisation forcenée et du réchauffement climatique sur une des dernières terres sauvages, et le récit d'une éducation à la dure d'une fillette qui finit par se reconnaître enfin le droit à l'émotion.

 

Au début du film nous est montrée la digue qui sépare "le monde sec" surmonté des torchères des raffineries, du Bassin où résident quelques familles qui refusent de quitter leur coin de bayou menacé par la montée des eaux, défilant dans une manifestation festive à la Notre-Dame-des-Landes aux accents des violons cajuns et où les gamins de la crèche portent des couches lavables numérotées. Cet endroit n'existe pas réellement, c'est la fusion fictionnelle de plusieurs zones habitées par des communautés que Benh Zeitlin a découvertes en Louisiane. Bien sûr, on pense aux images de Katerina, mais Zeitlin n'a pas voulu réduire l'histoire à cet ouragan exceptionnel, en montrant combien les habitants sont habitués à vivre dans des conditions aussi dures. De même, la pollution de la plateforme BP Deepwater Horizon n'avait pas été écrite dans le scénario, puisqu'elle a eu lieu le premier jour du tournage à quelques kilomètres de là. Il n'y a pas eu besoin d'intégrer cette menace dans l'histoire, puisqu'elle était déjà présente sous la forme métaphorique des aurochs libérés des glaces du Pôle par le réchauffement climatique, et elle a aussi renforcé toute l'ambiance d'urgence du tournage.

 

Dans ce "plus bel endroit du monde "déjà chanté par James Lee Burke, vit dont une petite fille qui proclame "Il était une fois une Hushpuppy qui vivait avec son papa dans le Bassin". Elle habite dans une caravane déglinguée en face de l'amas de tôles de son père alcoolique qui pêche des poissons-chats à la main et résume sa philosophie éducative ainsi : "C'est mon boulot de papa de t'empêcher de mourir". Toute l'histoire est racontée sur le ton du conte par la voix off d'Hushpuppy qui évoque les adultes "qui parlent avec des mots que je ne comprends pas", et c'est même tout le film qui est vu à travers ses yeux et ses émotions qu'elle a appris à ne pas montrer et qui explosent de façon jupitérienne.

 

La caméra est portée et bouge beaucoup, le point n'est pas toujours fait, le montage s'est affranchi des règles élémentaires de raccord. Rien de bien neuf, me direz-vous ; c'est de cas de 90 % des films aujourd'hui. Mais Benh Zeitlin nous confirme que ce qui compte, ce n'est certainement pas uniquement la façon de filmer, ce n'est pas seulement l'intérêt de l'histoire racontée, c'est l'adéquation entre les deux. Là, cette caméra qui se faufile épouse la démarche saccadée d'Hushpuppy, la violence des éléments qui se déchaînent, le démembrement intérieur que ressent Wink, et cette grammaire déstructurée prend tout son sens. Benh Zeitlin a tourné en 2010, et il a mis deux ans à faire le montage de son film, travaillant particulièrement la bande-son, entre musique cadienne et perceptions assourdies.

 

Le miracle du film repose bien sûr aussi sur la toute jeune comédienne, 9 ans aujourd'hui, 6 au moment du tournage. Benh Zeitlin raconte ainsi sa rencontre avec Quvenzhané Wallis qui arrive et lui dit « Je sais lire, compter et roter sur commande. » Zeitlin lui demande de jouer une scène « avec subtilité ». Elle le regarde, et répond : « Benh, j'ai 5 ans. Tu crois que je sais ce que « subtilité » veut dire ? » : inutile de préciser qu'elle fut engagée. Présente dans tous les plans du film, elle impose sa gravité farouche et douloureuse comme une évidence, à la fois terriblement gamine dans sa façon de se réfugier dans l'imaginaire quand la réalité est trop dure -et elle l'est -, et en même temps prophétesse d'un monde qui disparaît.

 

Il y a du Terrence Malick dans la façon de filmer en mouvement perpétuel la nature qui imprègne les personnages, ainsi que dans l'utilisation de la voix off pour donner une dimension biblique au récit. Il est aussi amusant de constater combien les louanges tressées par la critique pour le très artificiel "Tabou" peuvent s'ajuster parfaitement au film de Zeitlin : "manifeste pour un cinéma réellement libre et lyrique" , "un miracle de cinéma" , "un objet fascinant, purement cinématographique", "un incroyable séisme émotionnel, poétique et cinématographique". Porté par une incroyable énergie, "Les Bêtes du sud sauvage", sans être pour autant une oeuvre facile et consensuelle, est incontestablement le film à voir en cette fin d'année, et le plus intéressant depuis au moins six mois.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de décembre 2012 - Communauté : Cinéma
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