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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Le 23/05/13 à 20:45 sur France 3
Le 24/05/13 à 00:50 sur Arte
Le 26/05/13 à 22:45 sur D8
Non ma fille, tu n'iras pas danser
Le 28/05/13 à 23:25 sur France 3
Film américain de Ang Lee
Titre original : Life of Pi
Interprètes
: Suraj Sharma (Pi Patel), Irffan Khan (Pi Patel adulte),
Adil Hussain (Santosh Patel), Tabu (Gita Patel)
Durée : 2 h 05
Note : 7/10
En deux mots : Ang Lee réussit à magnifier le principe du huis-clos grâce une appropriation brillante de la
3D.
Le réalisateur : Né en 1954 à Taïwan, Ang Lee étudie le théâtre avant de s'installer aux Etats-Unis en
1978 et de suivre des études de cinéma à New York. Il réalise son premier film en 1992, "Tui Shou", premier volet d'une trilogie chinoise dont le second, "Garçon d'Honneur",
obtient l'Ours d'Or à Berlin en 1993 (Le troisième volet est "Salé sucré" en 1994). Il change radicalement de sujet en 1995 avec "Raison et sentiments" inspiré de Jane Austen et
qui décroche l'Oscar du meilleur scénario, signé par Emma Thompson et à nouveau l'Ours d'or à Berlin.
Après "The Ice Storm" en 1997, il s'attaque au western en 1999 avec "Chevauchée avec le Diable", au wuxua en 2000
avec "Tigres et Dragons" et au film de superhéros en 2003 avec "Hulk". En 2005, "Le Secret de
Brokeback Mountain" obtient le Lion d'or à Venise et l'Oscar du meilleur
réalisateur. En 2008, il réalise "Lust, Caution".
Le sujet : Pi vit avec ses parents et son frère à Pondichéry où ils possèdent un zoo. Afin de garantir la réussite de ses
fils, son père décide de vendre le zoo et d'emmener les animaux au Canada. Mais le bateau qui transporte la famille et la ménagerie est pris dans une une tempête et sombre, entraînant la famille
de Pi. Celui-ci se retrouve sur une chaloupe qu'il partage avec Richard Parker, un tigre du Bengale.
La critique : Un film dont plus des deux tiers de l'intrigue se déroule à bord d'un canot de sauvetage, ça a déjà été fait ; ça s'appelait
d'ailleurs ainsi : "Lifeboat". Dans les deux cas, l'histoire raconte la lutte pour la domination dans ce huis clos forcé. Mais la comparaison s'arrête vite, parce qu'en 70 ans les moyens
du cinéma ont considérablement évolué, mais surtout parce que les approches des deux réalisateurs sont diamétralement opposées. Hitchcock avait choisi de se concentrer sur la dimension psychologique des personnages, de ne jamais poser la caméra
ailleurs que dans le canot, et de privilégier les gros plans. Ang Lee accepte le parti pris de tout film de naufrage qu'avait justement refusé Sir Alfred, à savoir de souligner l'isolement et la
fragilité de l'esquif en le cadrant dans des plans larges qui soulignent combien il est à la merci des éléments, et il pousse cette logique jusqu'au bout, profitant des possibilités données par
le numérique et la 3D pour varier tous les angles possibles : plongées, plans sous-marins, mouvements fluides qui inscrivent le bateau dans une représentation cosmogonique de son
environnement.
Autre différence de taille : la nature de la lutte pour le pouvoir dans l'embarcation. "Lifeboat" mettait aux prises neuf hommes manipulés par un nazi, alors que l'arche de Pi accueille un garçon de 16 ans, un zèbre blessé, une hyène, un orang-outang et un tigre du Bengale, struggle for life vite réduite à un face à face entre Pi et Richard Parker, le tigre affublé d'un nom humain suite à une erreur de paperasse, et à qui l'auteur canadien Yann Martel a donné le nom d'un homme victime de cannibalisme sur un canot de sauvetage. Enfant dans le zoo familial à Pondichéry, Pi avait subi une leçon de son père qui voulait lui faire comprendre que le tigre n'était pas un gros chat mais un prédateur féroce. Sur le canot, il comprend qu'il ne doit pas espérer apprivoiser le fauve, mais juste parvenir à le dresser. Paradoxalement, c'est la présence du tigre qui à ses yeux, des années plus tard, explique sa survie durant 227 jours : la peur l'a maintenu en alerte et lui a évité de se résigner.
Ang Lee a finalement repris le projet sur lequel avaient planché M. Night Shyamalan, Alfonso Cuaron et Jean-Pierre Jeunet (qui a dû renoncer à cause d'un budget estimé à 85 millions, le film d'Ang Lee coûtant finalement 120 millions), celui d'adapter le best-seller de Yann Martel. Le film est apparemment très fidèle au roman, y compris dans sa dimension spirituelle et religieuse qui vire rapidement au prêchi-prêcha, avec le looooooooooooooong développement new age sur la confirmation de l'existence de Dieu. Cet aspect pontifiant du film, ainsi que la musique sirupeuse de Mychael Danna, expliquent que ma note n'ait pas pu dépasser 7/10, et ce malgré les indéniables qualités du film : la beauté visuelle des images qui rappellent celles d'" Avatar", un humour qui allège une tension permanente (je saurais dorénavant comment désamorcer un tigre en lui collant le mal de mer), et la subtilité finale du scénario qui laisse le spectateur faire son choix entre deux versions, celle qui nous a été montrée n'étant pas forcément la plus réelle.
Film de commande, film de studio, film de Noël qui plus est, "L'Odyssée de Pi" n'en est pas moins un véritable film d'Ang Lee, tant ce dernier a su s'emparer des défis d'un tel projet qu'il caractérisait ainsi : "Ce qui m’a attiré dans ce projet c’est que le livre avait l’air impossible à adapter au cinéma. Je me disais qu'une personne lucide ne serait pas capable de se lancer ni de mettre de l’argent dans cette entreprise. Voilà pourquoi ce film est devenu mon destin et ma foi." Sa première approche de la 3D était parmi les raisons qui l'ont poussé à accepter le projet, et le moins qu'on puisse dire est que le résultat qu'il a produit avec est plutôt convaincant. Je ne suis pas un inconditionnel de la 3D, loin de là (porter des lunettes sur des lunettes juste pour se prendre dans la tronche des objets moches et flous...), et pourtant il y a ici un véritable univers graphique qui s'impose, jouant sur la luminescence et la profondeur. En faisant abstraction d'un déisme pesant et en se centrant sur la sublimation du face-à-face, on appréciera "L'Odyssée de Pi" comme un exercice de style brillant et une réflexion sur le choix de la vérité la moins douloureuse.
Cluny
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