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Dimanche 20 mai 2012 7 20 /05 /Mai /2012 16:30

Film français de Jacques Audiard

 

Interprètes : Marion Cotillard (Stéphanie), Matthias Schoenaerts (Ali), Corinne Masiero (Anna)


Durée : 1 h 55

 

Rouille.jpg


Note : 7/10

 

En deux mots : Une nouvelle leçon de cinéma de Maître Audiard, mais sur un scénario moins convaincant que ses films précédents.


La réalisatrice :  Né en 1952 à Paris, Jacques Audiard est le fils du réalisateur et dialoguiste Michel Audiard. Après des études de lettres, il commence dans le cinéma comme monteur, puis écrit notamment les scénarios de "Mortelle Randonnée" et "Baxter". En 1994, il réalise son premier film, "Regarde les Hommes tomber" qui remporte le César du premier film et le Prix Louis Delluc ; il tourne ensuite "Un Héros très discret" (Prix du meilleur scénario à Cannes) en 1996, "Sur mes lèvres" (César du meilleur scénario en 2001), "De battre mon coeur s'est arrêté" (8 Césars en 2005, dont celui du meilleur film) et " Un Prophète" (Grand Prix du Jury à Cannes, 9 Césars en 2009, dont celui du meilleur film).

 

Le sujet : Ali arrive à Nice avec son fils de 5 ans, et se fait héberger par sa soeur Anna. Il trouve un boulot de videur et accepte de participer à des matchs de boxe clandestins. Un soir à la sortie de sa boîte, il rencontre Stéphanie, dresseuse d'orques au Marineland. Il la raccompagne chez elle et lui laisse son numéro de téléphone. Stéphanie est victime d'un accident où elle perd ses deux jambes. Un jour, elle prend son téléphone et appelle Ali...

 

La critique : La première fois que la caméra de Jacques Audiard découvre le personnage de Stéphanie joué par Marion Cotillard, on voit d'abord ses jambes, le reste du corps étant caché par une poubelle derrière laquelle elle s'est effondrée après une bagarre sur le parking de la boîte de nuit où Ali officie comme videur. D'emblée, dans ce film d'un pur réalisateur pour qui le langage de l'image passe avant les dialogues "à la française", ce qu'il nous montre des corps est au coeur du récit. Ici, introduire Stéphanie par ce qu'elle va perdre a un sens, de même que le film s'ouvre sur les pieds de Sam, le fils d'Ali, qui trotte sur le macadam à la suite d'un père qui le trimballe comme un objet.

 

Les corps sont au premier plan, parce que c'est la transformation brutale de celui de Stéphanie qui ouvre la voie à un autre changement, à la sortie de cette rage qui habitait déjà la jeune femme, et parce que c'est la puissance de celui d'Ali qui lui vaut sa place dans cette société brutale, que ce soit sur le versant officiel, son boulot d'agent de sécurité, ou sur le versant clandestin, celui de boxeur de full-contact pour paris clandestins. Il faut dire que cette puissance physique contre-balance l'inaptitude affective et sociale d'Ali, qui manifeste la même animalité instinctive dans ses combats que dans ses relations.

 

Le film raconte donc le parcours croisé des deux personnages principaux vers la découverte de son humanité pour lui, vers sa reconquête pour elle, dont les blessures semblent bien antérieures à son accident. Ce parallèlisme est symbolisé par la place de l'eau dans ces basculements, celle chaude du Marineland pour elle, celle glacée d'Alsace pour lui. Tous deux partagent cette trajectoire brutale avec d'autres personnages des films d'Audiard : Paul dans "Sur mes lèvres" et Tom dans "De battre mon coeur s'est arrêté" pour leur dureté, voire Albert Dehousse dans "Un Héros très discret" pour la forme de rédemption que prennent leurs parcours.

 

Comme dans la prison de "Un Prophète", ou le milieu des marchands immobiliers véreux de "De battre mon coeur s'est arrêté", le monde qui sert de toile de fond à cette histoire est marqué par la violence et l'injustice sociale, et peuplé de personnages qui vivent de l'exploitation des autres comme celui de Martial, joué par Bouli Lanners, qui installe des caméras pour espionner les employés afin de piéger les délégués du personnel, et qui sur son temps libre organise des combats clandestins où de pauvres gars jouent le rôle de coqs ou de pitt-bulls.

 

Pour filmer ses deux personnages qui vivent chacun dans sa bulle, Audiard joue de toute la gamme des outils du cinéma : une photographie souvent surexposée et au grain apparent, les ralentis, l'alternance de caméras fixes et de steadycams nerveuses, le jeu sur la profondeur de champ symbolisé par le plan où Ali fait un jogging avec son casque sur les oreilles, indifférents aux ambulances qui foncent vers le Marineland. Dans ce plan comme dans d'autres, on retrouve le travail sur le son qu'il avait déjà fait dans "Sur mes lèvres", décalant le son et l'image et créant ainsi un sentiment de perception voilée.

 

"De Rouille et d'os" manifeste une nouvelle fois la maîtrise narrative de Jaques Audiard, avec cette capacité à réduire un événement à un plan, comme celui des caméras de Martial débusquées et jetées par terre. Dans n'importe quel autre film, on aurait eu une première scène pour nous montrer Stéphanie en reine des bassins, puis plus tard, une autre pour raconter son accident. Ici, pas besoin, ces deux moments sont réduits à un seul, avec un jeu subtil de dédoublement de l'image à la De Palma avec l'écran géant qui permet de voir la concentration de Stéphanie, alors que le plan d'ensemble permet de mesurer la fragilité de la jeune fille, avant qu'un plan subjectif sous-marin fasse naître le sentiment du danger à venir.

 

Les lecteurs de ces critiques le savent : je n'ai pas attendu " La Môme" pour souligner le talent de Marion Cotillard ; ici une nouvelle fois, elle donne corps à ce personnage à la fois fermé et rayonnant, et réussit à faire passer avec émotion des tirades casse-gueule comme celle de la délicatesse. Matthias Schoenaerts, encensé par la critique (je n'ai pas vu "Bullhead") m'a moins convaincu, tant son rôle de primate inconscient nécessite moins de finesse dans le jeu. C'est d'ailleurs dans l'aspect si monolithique de ce personnage d'Ali qu'il faut trouver les raisons de mon 7/10, apparemment en-deça de tout le bien que je peux dire par ailleurs du film ; je ne sais d'ailleurs pas si c'est la dimension si peu sympathique de sa personnalité (avec sa soeur, avec son fils), ou la fascination d'Audiard pour ce genre de personnage qui me gêne le plus, et qui fait que quatre jours après avoir vu le film (à la sortie, j'hésitais entre 8 et 8,5), le malaise prend le pas sur l'émotion.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de mai 2012 - Communauté : Cinéma
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