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Les critiques
clunysiennes
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Amateur de cinéma depuis plus de trente ans, je vais en moyenne deux fois par semaine dans les salles obscures. Je vous propose depuis décembre 2005 mes
critiques clunysiennes sur ce blog. Comme toutes critiques, elles sont subjectives, et elles mêmes susceptibles d’être critiquées. Contrairement aux critiques professionnels, n’étant pas
masochiste, je ne vais voir que des films que je pense aimer. M'étant frotté moi-même à la réalisation, je sais ce que chaque film représente d'investissements et d'espoirs individuels et
collectifs, et je prends plus de plaisir à encenser un film qu'à le descendre.
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Le 21/12/12 à 01:10 sur France 2
Le 23/12/12 à 20:45 sur France 4
Film américain de Tim Burton
Interprètes
: Johnny Depp (Barnabas Collins), Michele Pfeiffer (Elizabeth Collins), Helena Bonham-Carter (Dr Hoffman), Eva Green
(Angélique Bouchard)
Durée : 1 h 52
Note : 7/10
En deux mots : Tim Burton fait du Tim Burton, et c'est toujours plaisant, même si
ça reste sans surprise.
Le réalisateur : Né en 1958 à Burbanks, Tim Burton a suivi les cours du
California Institute of the Arts avant d'être engagé chez Disney, où il participe à l'animation de "Rox et
Rouky". Il réalise deux courts métrages "Vincent" et "Frankenweenie", avant de tourner son premier long en 1985 "Pee Wee Big Aventure". En 1988, il rencontre le succès avec "Beetlejuice", joué par Michael Keaton qu'il retrouve en 1988 dans
"Batman" et en 1991 dans "Batman, le
Défi".
En 1990, il met en scène pour la première fois Johnny Depp dans "Edward aux Mains d'Argent", collaboration qui
sera suivie de "Ed Wood" (1994), "Sleepy Hollow" (1999), "Charlie et la
Chocolaterie" (2005) et "Les Noces funèbres" (2005), "Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street" (2008) et "Alice au pays des merveilles" (2010). Il réalise
aussi "Mars Attack" (1997), "La
Planète des Singes" (2001) et "Big Fish" (2004).
Le sujet : Venu d'Angleterre à la fin du XVIII° siècloe, Joshua Collins fait
fortune dans la pêche et fonde la ville de Collinsport dans le Maine. Son fils Barnabas repousse les avances d'Angélique, une sorcière qui se venge en tuant ses parents et en poussant sa fiancée
Josette au suicide. Désespéré, Barnabas se jette à son tour dans le vide mais se retrouve transformé en vampire. Poussés par Angélique, les villageois s'emparent de lui et l'enterrent dans un
cercueil de métal fermé de chaînes.
En 1972, les derniers membres de la famille Collins végètent dans leur château qui domine la ville, où règne Angélique, elle aussi devenue immortelle. Mais quand des ouvriers libèrent Barnabas,
celui rejoint ses descendants pour fomenter sa revanche et rendre sa place à sa famille.
La critique : Les vampires ont toujours été à la mode, mais depuis" Buffy" et
"Twilight", ils ont pris un indiscutable coup de jeune. Pourtant, on ne peut accuser Tim Burton d'opportunisme, tant son projet d'adapter la série "Darks Shadows" qui connut 1225 épisodes entre 1966 et 1971 semble remonter loin.
Personne en France n'en a de souvenir vu qu'elle n'a jamais été diffusée dans notre pays. C'est peut-être un problème pour aborder ce film, étant donné qu'elle a marqué la génération de Tim
Burton ou de Michel Pfeiffer, qui 20 ans après "Batman : le défi", a empoigné son téléphone pour faire acte de candidature quand elle a appris que Burton était sur le projet d'adapter
cette saga gothique.
Du coup, il est difficile de discerner dans ce "Dark Shadows" ce qui était déjà dans l'original, et ce que le réalisateur a rajouté pour l'adapter à son univers. Quoi qu'il en soit, c'est indiscutablement un Tim Burton, et on retrouve tous les éléments qui font sa patte depuis "Beetlejuice", que ce soit dans le scénario : la malédiction ("Beetlejuice", "Edward", "Sleepy Hollows", "Les Noces funèbres"), la vengeance ("Batman", "Sleepy Hollows", "Sweeney Todd"), l'amour impossible ("Edward", "Les Noces funèbres"), ou dans des éléments du décor ou des costumes : le château qui domine le village ("Edward"), la robe lamée rouge et les choucroutes seventies ("Mars Attack"), jusqu'à l'arbre du Cap des Veuves qui rappelle celui de "Sleepy Hollow", sans oublier la mobilisation des acteurs fidèles : Johnny Depp, Helena Bonham-Carter et Christopher Lee.
Il y a trois catégories de scénarios dans la filmographie de Tim Burton : les scénarios originaux, les adaptations libres de romans, et les remake de films ou de séries. Définitivement, les meilleurs se trouvent dans les deux premières : "Edward", "Ed Wood", "Mars Attack" et "Charlie". L'obligation de respecter un minimum le synopsis original semble brider son imagination créatrice et parfois nuire à la fluidité narrative, et comme dans "Batman", "La Planète des Singes" ou "Alice", on sent quand même Tim Burton gêné aux entournures ici où là, notamment par rapport à la multiplicité des personnages inhérente à une série, et certains d'entre eux ne servent pas à grand chose dans le récit.
Alors bien sûr, cet exercice de style permet à Burton et à ses acteurs fétiches de rajouter une page à l'album de famille : Johnny Depp, bien sûr, qui pour sa huitième collaboration compose un personnage entre Michael Jackson et le Juge DeMort dans "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" ; Helena Bonham-Carter, chevelure rousse, grosses lunettes et robe à fleurs maronnasses endosse celui de la psychiatre de la famille, alors que Michelle Pfeiffer joue avec beaucoup de subtilité le rôle de la matriarche de la famille. A ces habitués sont venus s'ajouter des petits nouveaux : Eva Green en salope flamboyante et démoniaque, l'australienne Bella Heathcote tient le rôle de la pure ingénue qui était dévolu à sa compatriote Mia Wasikowska dans "Alice", et après "Kick-Ass" et "Hugo Cabret", Chloë Moretz confirme avec son rôle d'ado rebelle et lycanthrope qu'elle fait partie de la génération montante aux côté d'Elle Fanning et d'Hailee Steinfeld.
Bien entendu, c'est impeccablement réalisé. Après un prologue sépia qui rappelle dans sa dimension gothique "Sleepy Hollow", le corps du film est filmé en permanence dans une sorte de fausse nuit américaine qui évoque à la fois les années 70 et l'impossibilité du personnage principal à affronter le plein jour. Comme dans tout film sur le décalage dans le temps, de "Hibernatus" à "La Vie d'une autre", le scénario joue à fond du décalage entre le comportement de Barnabas et la modernité déjà un peu ridicule de 1972 (les hippies, Alice Cooper, Love Story). C'est souvent drôle, avec une mention spéciale à la réincarnation moderne de Méphistophélès, et on peut aussi occuper son temps à relever les références : "Délivrance" qui se donne dans le cinéma du village, l'hommage aux "Oiseaux" dans la ressemblance de Collinsport avec Bodega Bay ou les nombreuses citations musicales qui complètent la musique de Danny Elfman.. Tout cela fait un film agréable à regarder, mais où seuls quelques moments signent vraiment une oeuvre originale, et démarquent cette adaptation d'autres du même type, à commencer par celle que Barry Sonnefeld a réalisée pour "La famille Addams".
Cluny