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Mercredi 12 septembre 2012 3 12 /09 /Sep /2012 20:50

Film français de Noémie Lvovsky

Interprètes :
Noémie Lvovsky (Camille), Samir Guesmi (Eric), Yolande Moreau (La mère), Michel Vuillermoz (le père)


Camille.jpg

 

Durée : 1 h 51

Note :
  4/10

En deux mots
: Remake inavoué de "Peggy Sue s'est mariée", qui sonne faux la plupart du temps.

La réalisatrice :
Née en 1964 à Paris, Noémie Lvovsky fait ses études à la Femis dont elle sort diplômée en 1986. Elle réalise quatre courts métrages avant de tourner son premier long métrage en 1994, "Oublie-moi". Suivent "La Vie ne me fait pas peur" (1999), "Les Sentiments" (2003) et "Faut que ça danse" (2007). Depuis "Ma femme est une actrice" (2001), elle a aussi tourné comme actrice dans 25 films.

Le sujet : Camille a seize ans quand elle rencontre Eric au Lycée. 25 ans plus tard, Eric la quitte pour une femme plus jeune. Après une soirée très arrosée de la Saint-Sylvestre, Camille se réveille 25 ans plus tôt, quelques jours avant de rencontrer Eric, peu de temps avant de tomber enceinte, et quelques semaines avant la mort de sa mère.

La critique : On a tous rêvé un jour de pouvoir revivre sa jeunesse en gardant le bénéfice de l'expérience de la maturité, et en profitant de la connaissance de son parcours pour ne pas recommencer les mêmes erreurs. C'est donc exactement l'expérience que nous propose Noémie Lvovsky... sauf que cette impression de déjà vue est largement partagée par le spectateur, puisque dans ses moindres détails, il revit le scénario de "Peggy Sue s'est mariée", film tourné par Coppola en 1986, soit un an après la période où se situe le retour vers le passé de Camille ! Après tout, on a le droit de faire des remakes, d'interpréter un classique... Sauf que nul part dans le dossier de presse il n'est fait mention du film de Coppola !

 

Au delà de ma gêne devant ce comportement poivred'arvoresque, parlons donc du film. Pour moi, Noémie Lvovsky actrice présente deux visages : celui tout en subtilité de Madame Campan dans "Les Adieux à la reine " ou de la mère dans " A moi seule", et celui, horripilant, de la mère d'Hervé dans "Les Beaux Gosses". La vision de la bande-annonce m'avait alarmé, l'impression de retrouver le surjeu et les mimiques agaçantes du film de Riad Sattouf s'étant très vite imposée. Pourtant, la critique était unanime, alors...

 

La vision du film a confirmé mon inquiétude : le principal problème de "Camille redouble", c'est Noémie Lvovsky en tant qu'actrice. Je suis conscient que c'est dur de dire ça, d'autant que je ne remets pas en cause la sincérité et le plaisir évident qu'elle a certainement eu à jouer ce personnage, sachant en plus qu'elle n'avait pas prévu de le jouer, et que c'est son producteur Jean-Louis Livi qui a tout fait pour la convaincre. Très lucidement, Noémie Lvovsky explique : "Je n’ai pas peur du ridicule, en général (rires). Lorsque je joue, j’aime me retrouver dans des situations qui le frôlent. C’est le manque de vérité qui rend le ridicule insupportable. Mes partenaires et moi cherchions à être vrais et la question du ridicule était évacuée." Las ! Cette noble intention ne transparait pas du tout à l'écran, et le too much pousse partout au basculement dans ce ridicule : les dialogues, les situations, les costumes, le décor de la maison des parents récupéré des Deschiens par Yolande Moreau.

 

Déjà même avant son voyage dans le temps, Camille adulte est une caricature : actrice ratée qui fait des panouilles sur un film gore où elle se fait égorger, femme trahie qui pique une crise hystérique quand elle fait visiter l'appartement du bonheur passé, mère alcoolique protégée par sa fille. Forcément, quand Noémie Lvovsky se retrouve habillée en Karen Cheryl, ça ne s'arrange pas, d'autant qu'elle croise un paquet d'autres personnages outranciers : le prof de français pervers joué par Mathieu Amalric, le prof de théâtre insupportable (comparez avec celui joué par Thierry Frémont dans "Un Ticket pour l'espace", ce sera cruel), le groupe des pétasses qui se moquent de son physique.

 

Quand le film tente de passer sur le registre de l'émotion, cela ne fonctionne pas toujours, particulièrement vis-à-vis des parents de Camille, trop engoncés dans des stéréotypes, alors qu'il ne manquait pas grand chose pour que Yolande Moreau et Michel Vuillermoz soient formidables, juste un peu de finesse sans doute. Le seul personnage qui réussit à être crédible, c'est celui du prof de sciences joué par Denis Podalydés, qui se trouve le vecteur d'une des rares belles idées, celle de la volonté de Camille de garder un enregistrement de ses parents.

 

Une nouvelle fois, je reste sidéré par l'enthousiasme de la critique (au Grand Journal, Denizot le présente comme le coup de coeur de la rentrée, et Xavier LeHerpeur explique qu'on n'a jamais vu ça depuis "La Guerre est déclarée", autre film très surévalué). Heureusement, quelques critiques de spectateurs sur Allociné sont venus me rassurer sur la fait que je n'étais pas le seul à avoir succombé à cette hypnose superlative !

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Lundi 10 septembre 2012 1 10 /09 /Sep /2012 20:33

Film français de Pascal Bonitzer

Interprètes :
Jean-Pierre Bacri (Damien Hauer), Kristin Scott-Thomas (Iva), Isabelle Carré (Aurore), Claude Rich (Sébastien Hauer)


Hortense.jpg

 

Durée : 1 h 40

Note :
  7/10

En deux mots
: Une bonne surprise, grâce à un scénario efficace et un Jean-Pierre Bacri parfait.

Le réalisateur :
Né en 1946 à Paris, Pascal Bonitzer étudie la philo à Nanterre avant d'intégrer Les Cahiers du Cinéma. Il écrit son premier scénario en 1976, "Moi, Pierre Rivière", pour René Allio. Il écrit ensuite pour Jacques Rivette (10 films, dont "La Belle Noiseuse"), Raoul Ruiz, André Téchiné ("Les Innocents"), Barbet Schroeder ou Benoît Jacquot. Il passe à la réalisation en 1995 avec "Encore", suivi de "Rien sur Robert" (1999), "Petites Coupures" (2003), "Je pense à vous" (2006) et " Le Grand Alibi" (2008).

Le sujet : Poussé par sa femme Iva, Damien se résout à demander rendez-vous à son père, conseiller d'état, pour que celui-ci intervienne afin d'empêcher l'expulsion d'une réfuigiée serbe. Seulement voilà, Damien s'entend très mal avec son père, et chacune de ses tentatives se solde par un échec retentissant. En même temps, autour de lui, tout commence à se détraquer...

La critique : Première scène, un gros plan sur le visage d'Agathe Bonitzer qui fixe intensément un personnage hors champ. Puis un plan plus large, elle est sur une scène, un banc, un arbre, à côté un jeune homme, à qui elle dit : "Merci d'être là. On ne voit pas grand monde..." Son partenaire l'embrasse alors par surprise, une voix hors champ "Non ça ne va pas", contrechamp sur la salle, Kristin Scott-Thomas qui craque "On arrête, j'en ai marre, vous en avez marre." Fin de cette répétion d'une adaptation du "Moine Noir" de Tchekhov. Puis la même dans une voiture avec l'acteur qui conduit :"Je ne coucherai jamais avec toi - Pourquoi ? - D'abord, parce que je ne couche jamais avec mes acteurs, et puis... je ne suis pas libre".

 

Là, je me suis dis que c'était mal barré. Peu d'humeur à supporter en ce moment un énième film d'auteur prétentieux et nombriliste, voilà que je me retrouvais face à un nouveau marivaudage germanopratin, avec des dialogues pourquoi-la-vie ? à la pelle... La dimension 6° arrondissement se renforce dans l'appartement haussmanien avec plinthes, cheminée et lambris, personnage principal du cinéma français de ces 40 dernières années. Et puis apparaît Jean-Pierre Bacri. Son pré-ado de fils balance à sa mère qui s'énerve "Pourquoi tu gueules ? Papa dit qu'il va le faire !" Et un regard de Bacri sur son fils, mélange de reproche éducatif et de complicité masculine, suffit à me faire basculer vers une notation positive, à me remobiliser pour donner sa chance au film.

 

La scène suivante finit de me conquérir : Bacri retrouve sa bande de potes au café (Jacky Berroyer, Benoît Jacquot), leur raconte combien ça lui coûte de devoir faire cette démarche vis-à-vis de son père ; s'engage alors cet échange, au sens d'un échange de double au tennis : "T'as des rapports simples avec ton père ? - Je n'ai de rapport simple avec personne. - Le mien il est mort, ça simplifie - Pas toujours..." Le film fourmille de dialogues très écrits mais qui tombent parfaitement, portés par des comédiens excellents, mais surtout grâce à un sens très approprié du tempo.

 

Dans "Rien sur Robert", aucun personnage ne s'appelait Robert, il s'agissait juste d'une allusion à Robert Desnos. Dans "Cherchez Hortense", on s'attend à partir à la recherche d'une Hortense, et bien non, Hortense est le nom de famille du grand homme (joué par Philippe Duclos, le juge Roban dans "Engrenages") qui peut régulariser la situation de Zorica, la réfugié serbe dont Damien (Bacri) a épousé la cause. Il s'agit d'un MacGuffin, car si la régularisation ou l'expulsion de la jeune femme semble l'enjeu dramatique principal, elle sert surtout de prétexte à faire le portrait d'un quinquagénaire qui va vivre en quelques jours la confrontation brutale à l'égoïsme d'un père-statut du Commandeur, la découverte de l'infidélité de sa femme et la violence d'un amour pour une jeune femme beaucoup plus jeune que lui.

 

On retrouve dans cette trame de nombreux éléments des films précédents de Pascal Bonitzer : la loi du triangle développée dans "Rien sur Robert", la bousculade avec le coup de feu de "Encore", jouée en plus par le même Jacky Berroyer, le principe du quiproquo amoureux de "Petites Coupures" ; Damien est bien le prolongement des personnages incarnés par Jacky Berroyer, Fabrice Lucchini et Daniel Auteuil, un nouvel avatar de Bonitzer lui même. Jamais Bacri n'a été aussi bon, échappant à la caricature de lui-même de beaucoup de ses films précédents, arrêtant très vite ses emportements pour signifier par un regard, par un silence, l'étendue du désespoir qui l'envahit quand il découvre que son père a eu une vie amoureuse bien plus intense que la sienne ou que la jeune fille qu'il idéalise est quand même un peu une nunuche qui croit aux voyantes.

 

L'intelligence de la mise en scène repose sur un principe de point de vue tournant : on suit d'abord Iva (Kristin Scott-Thomas), puis Damien qui va à son tour passer d'un personnage à un autre : son père, son vieux copain suicidaire, Aurore (dans "Encore", Aurore était déjà le prénom qui cachait Catherine), puis on entend la scène entre Damien et Iva du point de vue de leur fils Noë qui écoute en cachette. C'est justement ce que font les personnages une fois qu'on les a abandonnés qui sert de moteur à l'avancée de l'intrigue, et ce point de vue omniscient mais sélectif donne une dynamique constante à la narration.

 

Vous remarquerez que je fais référence aux trois premiers films de Bonitzer, sortis avant le début de ces critiques ; normal, j'ai mis 4/10 aux deux suivants. Avec "Cherchez Hortense", Pascal Bonitzer retrouve le mélange de lucidité et de cruauté adouci par la tendresse pour ses personnages qui faisait le charme de son cinéma. Même si on peut lui reprocher de continuer à circonscrire le monde au Quartier Latin, son dernier film est sans doute le plus achevé et le plus complexe, une comédie intellectuelle que Jacques Mandelbaum dans Le Monde appelle très joliment une farce lacanienne, l'histoire d'un fils et d'un père sévère...


Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 9 septembre 2012 7 09 /09 /Sep /2012 16:16

Film franco-américain de Quentin Dupieux


Interprètes : Jack Plotnick (Dolph Springer), Eric Judor (Victor), William Fichtner (Master Chang)


Durée : 1 h 34


Wrong.jpg

Note : 7/10 


En deux mots : Film nonsense bien plus construit qu'il n'y paraît ; intéressant.


Le réalisateur : Né en 1974 à Paris, Quentin Dupieux fait ses premières armes de réamlisateur de clip dans l'équipe de Michel Gondry. Sous le nom de Mr. Oizo, il réalise plusieurs albums de musique électronique. En 2006, il réalise son premier film, "Steak", avec Eric et Ramzy. En 2010, il présente à Cannes "Rubber", l'histoire d'un pneu serial killer.

 

L'histoire : Employé d'une agence de voyage dont il a été licencié il y a trois mois, Dolph Springer découvre un matin que son chien Paul a disparu. Il part à sa recherche, mais en vain, jusqu'à ce qu'il soit contacté par Master Chang, le patron d'une mystérieuse société qui kinappe les animaux domestiques pour renforcer l'affection de leurs maîtres. Seulement voilà : la camionette qui emportait Paul a eu un accident et a brûlé avec son chauffeur, et Paul a réellement disparu.


La critique :  Je n'avais pas vu les deux premiers films de Quentin Dupieux, mais je me souviens avoir eu envie d'aller voir "Rubber", attiré par le pitch, celui d'un pneu tueur et télépathe. Je regardais hier Le Cercle, le Masque et la Plume de Canal+, où les critiques étaient divisés entre ceux qui appréciaient l'absurde et la poésie de "Wrong", et ceux qui opposaient Gondry à Dupieux, trouvant chez le premier une inventivité et un renouvellement permanent, et reprochant au second de déjà répéter au bout de trois films le mêmes trucs arty et décalés. Ce reproche m'étonne, car j'ai écouté une interview de Quentin Dupieux au moment de la sortie de "Rubber", expliquant qu'il avait détesté le tournage de "Steack", trouvant que la lourdeur de la machine classique (maquillage, mise en place des lumières, du son) bridait toute créativité du metteur en scène en étirant à l'infini les temps d'attente, qu'il en avait conclu que le cinéma de papa était mort, et qu'il lui fallait réinventer le cinéma, ce qu'il a fait dès son deuxième film, notamment en assurant le cadre lui-même et en privilégiant le plan-séquence aux sacro-saintes règles des raccords.

 

Quoiqu'il en soit, n'ayant vu ni "Steack", ni "Rubber", je peux donc porter mon regard sur ce "Wrong" en tant qu'objet cinématographique en soi. Premier constat, au-delà de la dimension loufoque et surréaliste de l'histoire, il y a un véritable scénario, où la mécanique de l'absurde répond à une logique implacacble, qui fait qu'un événement qui semblait gratuit au début du film prend toute sa cohérence une heure après ; ainsi l'agacement du voisin de Dolph quand celui-ci lui parle de ses joggings, ou la longue discussion entre Dolph et la standardiste de Jesus Organic Pizza sur le pléonasme que représente la lièvre à moto de leur logo, ou encore les conséquences de la transformation d'un palmier en sapin, tous ces petits faits anodins nourrissent la suite du récit.

 

"Wrong" raconte donc l'histoire d'un homme au nom de chien, Dolph, qui se trouve inconsolable de la disparition de son chien au nom d'humain, Paul. Quentin Dupieux définit son cinéma comme la contamination du réel par le bizarre, et c'est exactement l'effet que ressent le spectateur. Le radio réveil qui revient constamment comme dans "Une histoire sans fin" passe de 7 h 59 à 7 h 60, les personnages se téléphonent à quelques mètres de distance, les pompiers font la pause devant une camionnette qui brûle, il pleut à l'intérieur de l'agence de voyage, et tout cela est filmé comme si c'était naturel ; dans le dernier exemple, la gêne que ressentent les employés ne vient pas de ce déluge intempestif, mais de leur agacement devant le fait que Dolph continuent à faire semblant de travailler trois mois après avoir été viré.

 

Le cinéma "réinventé" par Quentin Dupieux se caractérise par une maîtrise formelle : des choix de cadre toujours signifiants, un jeu sur la profondeur de champ pour isoler les personnages ou des détails et figurer un point de vue, une photographie surexposée qui adopte la tonalité du rêve éveillé. Il y a aussi un vrai travail des personnages par les acteurs : Jack Plotnick, vieux routier des séries TV US déjà vu dans "Rubber"qui campe son incompréhension douloureuse de bête abandonnée, Eric Judor déjà présent dans "Steack" qui joue un jardinier avec l'accent de Maurice Chevalier, ou William Fitchner, l'agent Mahone dans "Prison Break", qui incarne l'étrange Master Chang qui erre dans sa limousine, action très à la mode à Cannes avec " Cosmopolis" et " Holy Motors".

 

Malgré quelques répétitions et quelques scènes qui fonctionnent moins bien que d'autres, "Wrong" réussit à maintenir constamment l'intérêt par la tension qui traverse le film de bout en bout, par la cohérence de sa construction scénaristique, et par des accents lynchiens jamais gratuits qui rendent presque logique l'absurde des situations. Isabelle Regnier dans Le Monde écrit que "Wrong" est au cinéma ce que le sample est à la musique ; peut-être, mais le DJ qu'est Quentin Dupieux alias Mr. Oizo sait depuis longtemps construire son oeuvre propre à partir de samples, et c'est bien ce qu'il réussit à faire au cinéma.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Jeudi 6 septembre 2012 4 06 /09 /Sep /2012 20:47

Film américain de William Friedkin


Interprètes : Matthew McConaughey (Killer Joe), Emile Hirsch (Chris Smith), Juno Temple (Dottie )


Durée : 1 h 42


Killer.jpg

Note : 6/10 


En deux mots : Film glauque, dérangeant, foutraque et vrtuose.


Le réalisateur : Né en 1939 à Chicago, William Friedkin a appris le métier sur les plateaux de la télévision, réalisant même un épisode de la série "Alfred Hitchcock présente". Il tourne son premier film sur grand écran en 1967 "Good Time", puis adapte trois pièces de théâtre : "L'Anniversaire", "The Night they raided Minsky" et "Les garçons de la bande". Il rencontre le succès en 1971 avec "French Connection", puis en 1973 avec "L'Exorciste". Il attend quatre ans avant de tourner son film suivant, "Le Convoi de la Peur", un remake du "Salaire de la Peur". Il enchaîne ensuite des films inégaux, revenant parfois à la télévision : "La Chasse" (1980), "Police Fédérale Los Angeles" (1985), "Le Sang du Châtiment" (1988), "Nurse" (1990), "L'Enfer du Devoir" (2000), "Traqué" (2003) et "Bug" (2007).

 

L'histoire : Pourchassé par un caïd à qui il doit de l'argent, Chris a une idée : tuer sa mère pour que sa soeur Dottie touche l'argent de son assurance vie. Il met dans la confidence son père, divorcé de sa mère, et sa belle-mère. Il a aussi trouvé l'exécuteur : Killer Joe, policier le jour, tueur à gages la nuit. Seulement, comme ils n'ont pas un cent à lui avancer, Joe exige une caution : Dottie.


La critique :  Rarement ces derniers temps je n'avais eu une aussi forte sensation d'ambivalence par rapport à un film que celle que je ressentais hier soir à la sortie de ce "Killer Joe", sautant allégrement d'un enthousiasme pour l'extraordinaire énergie d'un réalisateur qui bientôt ne lira plus Tintin à une exaspération devant l'absence totale de scrupules moraux dans ses choix de mise en scène pour arriver à une fin qui elle, en plus, se veut morale. La note de 6 est donc une moyenne de ces deux sentiments, un compromis tiède entre la volonté de souligner combien Friedkin n'a rien à apprendre d'un Tarantino, et le refus de cautionner la complaisance pour la violence d'un homme qui justifie tranquillement la peine de mort dans son interview au Nouvel Obs.

 

Comme "Bug", "Killer Joe" est adapté d'une pièce de théâtre de Tracy Letts, Prix Pullitzer 2008. Friedkin justifie ce choix en soulignant que les scénarios de grands films tels que "Casablanca", "Un tramway nommé Désir" ou "Cabaret" viennent du théâtre. Il constate dailleurs : "J’ai beau avoir tourné dans le désert ou je ne sais quels autres extérieurs, j’ai toujours filmé des personnages emprisonnés. Il y a toujours quelque chose de claustrophobique dans mes films…" Effectivement, sans doute moins que dans "Bug" où l'enfermement mental était le sujet même du film, il y a beaucoup de scènes qui se déroulent dans le huis clos du bungalow délabré où vit la tribu Smith, même si ces moments sont contrebalancés par des extérieurs tournés à la Nouvelle-Orléans (pour des raisons fiscales !) mais qui auraient pu être filmés dans la périphérie de n'importe quelle grande ville américaine, avec ses motels minables, ces friches industrielles et ces baraques à l'abandon, le tout sous un ciel constellé d'éclairs.

 

Car de l'enfermement, il y en a dans le système pervers de cette famille de white trash : le père au Q.I. limité et à la trouille palpable, la marâtre de belle-mère qui a vite compris le mode relationnel de sa nouvelle tribu, et le fils dealer à la petite semaine, impliqué dans tous les plans foireux et auteur de ce coup tordu suprême trouvé dans un faits divers en Floride par Tracy Letts : faire assassiner sa propre mère pour toucher l'assurance vie. Je parle de marâtre, car il manque dans ce descriptif la Cendrillon, Dottie, la petite soeur vierge mais peu effarouchée qui a réussi à préserver une forme d'innocence dans ce clan affreux, sale et méchant. C'est Friedkin lui même qui fait référence au conte de Perrault : "Cendrillon veut se libérer de cette famille, et la seule solution qui s’offre à elle pour y parvenir, c’est de tomber amoureuse de son prince, un flic qui est aussi tueur à gages".

 

Les acteurs choisis par Friedkin pour incarner sa tribu sont parfaits : Thomas Haden Church joue la veulerie avec une concentration extrême, Emile Hirsch parvient à donner un peu d'humanité à un garçon près à vendre sa soeur pour payer l'assassinat de sa mère, Gina Gershon dans le rôle de la belle mère justifie ce qu'en dit Friedkin : "Elle est trop intelligente. On ne lui propose que des rôles de pute alors qu’elle est bien plus intelligente que les rôles qu’elle interprète". Après avoir pensé à Jennifer Lawrence et à Ellen Page, Friedkin a finalement choisi l'Anglaise Juno Temple pour jouer Dottie, choix qui se révèle très judicieux, tant elle parvient à incarner à la fois la grandeur d'âme et une absence totale de repères moraux. Mais le meilleur choix est sans doute celui de Matthew McConaughey, récemment vu dans "Magic Mike", pour jouer le rôle titre, celui de ce policier tueur à gages qui va devenir l'ange exterminateur de cette famille ô combien dysfonctionnelle. Friedkin lui-même fait référence à un personnage auquel j'avais pensé pendant la projection, celui du Révérend Harry Powell dans "La Nuit du Chasseur". Même diction cauteleuse, même gestuelle décomposée, même explosion de violence, la référence à la compositio inoubliable de Robert Mitchum s'impose.

 

Il y a quelques chose d'étonnant dans la façon de filmer de Friedkin, un mélange de maîtrise absolue qui relève de la roublardise et la volonté constante de bousculer son propre système par des ruptures de ryhtme, entre des scènes bavardes aux dialogues tarantinesques et des scènes de poursuite virtuose qui n'apportent pas grand chose au récit, ou une façon d'étirer cetrains passages jusqu'à les rendre insupportables, comme celle de la fellation simulée avec un pilon de poulet. Cette complaisance dérange, ou en tout cas, elle m'a dérangé parce que la seule façon de la supporter est de se demander pourquoi la montrer ainsi, et que les réponses qui me sont venues ne me plaisent pas : parce que ça va plaire, parce que ça va choquer, parce que c'est la punition que méritent les coupables... Reste que c'est aussi ce qui fait la force de ce film, cette tranquille assurance dans son ciméma fièvreux que Friedkin résume ainsi en réponse à la question de Télérama  "Pourquoi filmez-vous ?" : "Parce que je sais".

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mardi 4 septembre 2012 2 04 /09 /Sep /2012 20:33
Film français de Xavier Giannoli

Interprètes : Kad Merad (Martin Kazinski), Cécile de France
(Fleur), Louis-Do de Lencquesaing (Jean-Baptiste)

Durée :
1 h 52

 Superstar.jpg

Note :
  3/10 

En deux mots :
Le court métrage
le plus long du cinéma français. Pénible.. 

Le réalisateur :
Né en 1972, Xavier Giannoli a commencé par des documentaires et des courts métrages, parmi lesquels "L'interview" avec Mathieu Amalric, qui obtient la Palme du court à Cannes en 1998. En 2003, il réalise "Les Corps impatients", suivi de "Une Aventure" en 2005, de "Quand j'étais Chanteur" en 2006 et de " A l'Origine" en 2009.

Le sujet : Un matin, les gens se mettent à prendre Martin Kazinski en photo dans le métro, puis mettent en lignes leurs photos qui font un buzz énorme. Pourtant, vieux garçon timide travaillant dans une entreprise qui emploie des handicapés, il n'a rien pour être célèbre. Fleur, la productrice d'une émission de télévision, réussit à la convaincre de venir s'expliquer à l'antenne. Mais le remède s'avère être pire que le mal.


La critique : Mais pourquoi donc suis-je allé voir cette bouse ? J'avais pourtant relu mes critiques de " Quand j'étais chanteur" et de " A l'Origine", et particulièrement cette dernière où déjà j'assumais mon aversion pour le poujadisme franchouillard qui suinte du cinéma de Xavier Giannoli, alors que seuls à l'époque les Cahiers du Cinéma et Libération avaient échappé à la vague d'enthousiasme de la critique lors de la projection cannoise. Pour "Superstar", certains ont gardé leurs lunettes aveuglantes, comme Le Monde qui parle "d'une des plus belles productions que l'année nous ait données à voir" ou Marianne qui évoque "un édifiant thriller existentiel", mais nombreux sont ceux qui prennent leur distance avec un film aussi inconsistant.

 

Peut-être était-ce le sujet de la célébrité jetable, de l'accès au quart d'heure warholien facilité par le fait que des milliards d'individus ont un appareil photo-caméra dans leur poche, et de l'emballement du buzz médiatique qui me semblait intéressant ? Toujours est-il que justement, ce sujet-ci n'est pas traité, ou alors sous la simple forme d'un enfonçage de portes ouvertes et d'une dénonciation populiste des méchants producteurs qui s'en foutent des vrais gens, lesquels gens se font d'ailleurs rebalancer la responsabilité de la méchanceté universelle quand ils se mettent à brûler leur idole !

 

Le pitch tient en une ligne : sans aucune raison, un inconnu devient célèbre du jour au lendemain grâce au buzz internet relayé par la télévision. C'est après tout le principe de la télé-réalité depuis plus de dix ans, sauf que là, la victime n'est pas consentante. Giannoli va donc étirer à l'infini ce postulat de départ qui aurait pu donner matière à un sympathique court métrage, avec une déjà bien longue première partie qui filme Martin Kazinski dans le rôle du pauvre pitit papillon pris dans la toile (web en anglais, ;-) ), puis, comme le film s'enlise dans les dénégations horripilantes de notre Français moyen, une deuxième partie où il va rencontrer une série de personnages caricaturaux à souhait qui tous vont l'enfoncer : le producteur sans scupule, le fils naturel de Fogiel et de Delarue, un avocat intéressé, un travelo au grand coeur et un rappeur cousin de Balavoine et de Joey Starr...

 

Déjà, s'il avait eu un minimum de courage et/ou d'intelligence, Giannoli aurait choisi un inconnu. Prendre Kad Merad comme symbole de l'anonyme, cela revient à confier à DSK la présidence du jury de la Rosière ! Remarquez, cela permet une mise en abyme amusante, quand on voit sur un panneau la photo de Kad Merad en couverture d'un tabloïd qui proclame "Kasinski, on le voit trop !" Dans son coming out tragique à la "Tchao Pantin", le malheureux Kad Merad se cantonne dans un rôle de simplet hébété qui bafouille en se grattant "C'est une erreur, il n'y a pas de raison", et le sentiment de fausseté s'installe très vite, entre le jeu stéréotypé, l'absence de vérité du personnage et l'impossibilté d'oublier l'acteur aux 2 millions d'euros annuels.

 

"Superstar" se veut une charge contre la machine imbécile de la télé réalité. C'est d'ailleurs ce que dit Pascal Mérigeau dans le Nouvel Obs, quand il énonce que ce film aurait "pour seul mérite d'alerter que déjà l'entreprise serait salutaire". Soit. Mais comment peut-on alors cautionner au nom du cinéma le fait de reprendre à ce point les procédés de cette même télévison qie l'on dénonce ? Toute la première partie est traitée comme un résumé d'un épisode de Secret Story ou de Un Dîner presque parfait, étiré, répété, remonté, commenté...Il n'y a pas un gramme de mise en scène sincère, que de la copie de copie, ponctué par des dialogues affligeants du type "L'homme qui ne voulait pas être céllèbre, c'est un messager ! " ou "Il est venu pour nous punir, ce mec !"

 

Le dernier film de Giannoli représente donc la France à la Mostra de Venise, avec un autre réalisateur abonné des festivals, Olivier Assayas. Voilà donc ce que le cinémé français estime avoir de plus présentable ; bonne chance face à Terrence Malick, Brian De Palma, Kim Ki-Duk, Paul-Thomas Anderson ou Marco Bellochio... Après tout, c'est une image assez fidèle de l'absence d'imagination et d'originalité de la production hexagonale actuelle que ce long pensum prétentieux et démagogue. D'ailleurs, Xavier Giannoli a-t-il eu un sursaut de lucidité quand il fait dire au producteur : "Au début, c'était intéressant, après c'est un peu long" ? Mais voilà, même au début, c'est long.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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