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Jeudi 27 septembre 2012 4 27 /09 /Sep /2012 18:13

Film français de Yvan Attal

 

Sortie le 3 octobre


Interprètes :
François Cluzet (Jeff), Yvan Attal (Ben), Laetitia Casta (Anna), Charlotte Gainsbourg (Lili), Asia Argento (Monica)


Do-Not-Disturb-copie-1.jpg

 

Durée : 1 h 28

Note :
  7/10

En deux mots
: Sur un thème glissant, Yvan Attal réussit une comédie drôle et ironique.

Le réalisateur : Né en 1965 à Tel Aviv, Yvan Attal suit le cours Florent, et commence sa carrière d'acteur au théâtre. Il rencontre son premier succès au cinéma en 1989 avec "Un Monde sans pitié" d'Eric Rochant, rôle qui lui vaut le César du meilleur espoir. En 1997, il réalise un court-métrage, "I got a woman", avant de passer au long métrage en 2001 avec "Ma femme est une actrice" avec son épouse Charlotte Gainsbourg, suivi en 2003 de "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".


Le sujet : Ben est marié avec Anna, et ils veulent avoir un enfant, quand débarque Jeff, son vieux copain de l'époque des Beaux-Arts. Pour le distraire de sa petite vie rangée, Jeff emmène Ben dans une fête, où en fin de soirée et bien alcoolisés, ils s'engagent à tourner tous les deux un film pour un festival porno amateur. Reste à l'annoncer à Anna, et à passer à l'acte...

La critique : Le charme des avant-premières, c'est qu'on y va à l'aveugle, sans autre a priori que la lecture d'un pitch, la vision d'une bande-annonce ou la notoriété d'un réalisateur. Sachant que je n'ai vu aucun des deux films précédents d'Yvan Attal, que le synopsis et la bande-annonce me suggéraient une histoire quand même bien irréaliste (deux copains de toujours, hétéros confirmés, décident de tourner un porno gay par amour de l'art), je me demande encore ce qui m'a guidé vers ce film ; l'admiration pour le travail d'acteur d'Yvan Attal, sans doute, que j'avais beaucoup aimé dans les deux derniers films de Lucas Belvaux, "Rapt" et "38 Témoins". Mais, on le sait, les grands acteurs ne font pas forcément les grands réalisateurs.

 

Et bien, mon intuition s'est avérée justifiée, puisque ce "Do Not Disturb" est une des comédies françaises où j'ai le plus ri depuis bien longtemps (ce qui, j'en conviens, n'est pas très dur à trouver), sachant qu'en parlant de comédie, j'évoque immédiatement la définition qu'en donnait François Cluzet lors de sa présentation du film : "Une comédie, c'est une tragédie où on est ridicule". Car si on regarde ce film avec les lunettes d'un pessimiste dépressif, ce dont il nous parle n'est pas forcément drôle : le danger de l'absolu sincérité dans le couple, la douleur de se confronter au reflet de sa jeunesse à l'heure des choix adultes, la part d'amour frustré qui peut exister dans une amitié...

 

Contrairement à ses deux premiers films, Yvan Attal n'a pas écrit l'histoire originale, puisqu'il s'agit du remake du film de Lynn Shelton sorti en 2009, "Humpday", et qu'il est resté très fidèle au synopsis original même s'il a choisi d'étoffer le personnage de sa femme Anna, ce qui est cohérent avec le sujet de ses deux autres films. C'est ce défi qui l'a particulièrement intéressé : "Il n’était pas question pour moi de tout chambouler pour justifier le remake. Je voulais au contraire rester fidèle, en adaptant toutefois à la France. Malgré tout, il fallait que ce film devienne le mien et c’était un travail plus qu’intéressant de tourner le sujet d’un autre, de me l’approprier tout en répondant au cahier des charges des producteurs." Je n'ai pas vu le film de Lynn Shelton et je ne peux donc comparer, mais on sent la part personnelle d'Yvan Attal dans son traitement de l'histoire, ne serait-ce qu'à travers le personnage de Charlotte Gainsbourg, lesbienne agressive qui répond à la question de Ben "Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? - Je vis."

 

François Cluzet expliquait à la présentation du film qu'Yvan Attal était un réalisateur attaché à la situation beaucoup plus qu'aux dialogues. C'est vrai en partie, car il y a une belle mécanique pour rendre crédible des situations improbables et créer des quiproquos, des basculements des scènes, voire des délires surréalistes, comme cette apparition jubilatoire de Joey Starr dans la cellule de garde à vue voisine de celle où Ben et Jeff dessoulent où il se met à chanter Dalida. Mais il y a aussi une force percutante des dialogues, du type "C'est Jeff ! Jeff qui n'était pas là au mariage !" quand Ben présente Jeff à Anna, ou "Tu fais la fête avec des gens qui n'ovulent même pas !", quand Anna reproche à Ben de l'avoir abandonnée pour aller faire la fête avec Jeff.

 

La réalisation se met au service de cette histoire embrouillée, avec une caméra mobile, une faible profondeur de champ, une photographie assez crue et un montage nerveux. Yvan Attal fait dire à Jeff : "Le rôle d'un artiste, c'est d'aller là où il a peur d'aller", et on comprend bien qu'il s'agit là d'une profession de foi, et que  la scène de la chambre d'hôtel n'a pas dû être évidente à tourner. Mais cette prise de risque s'avère payante, et la qualité du film repose sur la capacité qu'il a à rendre une scène à la fois drôle et émouvante, comme celle où Anna révèle une aventure d'un soir après qu'elle ait été mise au couranr du projet des deux potes, lointain écho de la scène entre Nicole Kidman et Tom Cruise dans "Eyes Wide Shut".

 

Inutile de dire que les trois acteurs principaux sont excellents, justement dans leur capacité à jouer le tragique des situations comiques, et le choix de François Cluzet de préférence à un acteur "comique" s'avère particulièrement judicieux. Comédie ambitieuse mais accessible, "Do Not Disturb" est une des bonnes surprises de cette rentrée, notamment grâce à une dimension personnelle qui tranche avec le tout venant de la production française du moment.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 26 septembre 2012 3 26 /09 /Sep /2012 20:51

Film américain de Craig Zobel

Interprètes :
Ann Dowd (Sandra), Dreama Walker (Becky), Pat Healy (L'agent David)  


Compliance.jpg

 

Durée : 1 h 30

Note :
  7/10

En deux mots
: Parabole anxiogène et hélas réelle sur la capacité de tout un chacun à se transformer en bourreau par soumission.

Le réalisateur : Né à New York, Craig Zobel à grandi à Atlanta. Il fait des études de cinéma à la North Carolina School of the Arts, avant de réaliser des dessins animés en animation Flash connu sous le nom de Homestar Runner
. Il travaille comme producteur pour les films de son camarade de fac David Gordon Green, "Georges Washington", "All the real Girls" et "L'Autre Rive". En 2007, il réalise son premier film, "Great World of Sound".

Le sujet : Dans un fast-food de l'Ohio, la gérante, Sandra, reçoit un appel d'un homme qui se présente comme l'officier de police Daniels, et qui lui annonce qu'une de ses employées, Becky, est accusée d'avoir volé de l'argent dans le sac d'une cliente. Il lui demande de faire venir Becky dans l'arrière boutique, puis de procéder à une fouille au corps en lui faisant enlever ses vêtements. D'abord réticente et empathique vis-à-vis de Becky, Sandra s'exécute...

La critique : Compliance, cela signifie conformité, docilité, nous disent les dictionnaires. Ici, la traduction exacte serait plus précisément soumission et plus spécifiquement encore soumission à l'autorité. (Intéressant de voir une nouvelle fois le titre américain d'un film repris tel quel par les distributeurs hexagonaux, quand bien même il ne s'agit pas d'un mot du vocabulaire des élèves de 5° que demeurent la majorité des Français, comme pour " Inception" ou " Twixt"). Dès le générique, un immense panneau nous annonce qu'il s'agit d'une histoire inspirée de faits réels. Les fidèles lecteurs de ces critiques connaissent ma réticence devant cet argument d'autorité (" Les Saphirs"), à plus forte raison quand il est assené de manière aussi péremptoire : le fait que l'histoire qu'on nous rapporte soit réelle n'exonère pas le réalisateur de sa responsabilité dans le choix de la façon de nous la raconter.

 

Pourtant, dans certains cas, c'est la fidélité de ces fameux faits qui justifie la nécessité du film, qui s'il était une fiction, apparaîtrait comme l'exagération fantasmée d'un réalisateur soucieux de faire le buzz. C'était le cas de " 38 Témoins", très fidèlement adapté du meurtre de Kitty Genovese malgré sa transposition havraise, ou pour certains aspects, de "A perdre la raison", inspiré de l'affaire Geneviève Lhermitte. C'est le cas bien entendu ici, à tel point que la détermination de ma note dépendait de ce que Wikipédia me racontait de l'affaire du Mont Washington : si les épisodes les plus trash de ce huis-clos anxiogène avaient été inventés, je me serais senti odieusement manipulé. Vérification faite, tous les détails de l'histoire sont vrais, jusqu'à la phrase de Van à sa sortie du fast-food :"I have done something terribly bad". Seule différence, la serveuse était châtain et nettement moins mignonne que Dreama Walker, ce qui n'est pas non plus innocent...

 

Entre 2002 et 2004, un homme s'est fait passer au téléphone plus de 70 fois pour un officier de police auprès de gérants de restaurants ou d'épiceries en accusant une des employés d'avoir volé, jusqu'à l'affaire du Mont Washington dans l'Ohio où le canular a dégénéré en viol, et a permis l'arrestation du coupable, un père de cinq enfants. Quand je traduisais compliance par soumission à l'autorité, je faisais implicitement référence à l'expérience de Milgram, fidèlement racontée dans "I comme Icare", où sous couvert d'expérimentation scientifique, des citoyens ordinaires envoyaient des décharges (fictives, bien sûr) de 400 volts à des cobayes qui avaient mal répondu à un questionnaire.

 

En 2009, Christophe Nick avait produit un documentaire, "Le Jeu de la Mort", où il reprenait l'expérience de Milgram en remplaçant l'autorité du scientifique en blouse blanche par celle d'une animatrice de télévision. Tania Young, qui tenait ce rôle, avait un protocole d'une dizaine de phrases à dire pour vaincre la résistance des apprentis bourreaux. On les  retrouve dans l'argumentaire du faux policier de "Compliance", un savant mélange de menaces, de promesses et de flatteries, en jouant du régime de la douche écossaise pour fragiliser ses interlocuteurs, aussi bien ceux qu'il devait convaincre de commettre des délits au nom même de la loi, que la victime qu'il préparait à accepter le pire.

 

La scène du Mont Washington a été filmée par une caméra de surveillance diffusée depuis sur ABC, et Craig Zobel s'en est inspiré. Mais il l'a déployée avec tous les moyens du cinéma, privilégiant les plans serrés sur les personnages, les cadres qui comportent toujours un rayonnage ou un armoire en amorce pour suggérer l'exiguîté des lieux. Ce huis clos étouffant fonctionne, ponctué par la voix cauteleuse du prétendu officier qui répète en boucle ses arguments dans une ambiance hypnotique, et un sentiment pesant de malaise s'installe (il y a eu un départ violent dans la salle où je regardais le film). Craig Zobel a fait jouer les scènes sur deux plateaux connectés entre eux, Pat Healy disant son texte à l'aveugle qui était entendu sur l'autre plateau où jouaient Ann Dowd et Dreama Walker, et c'est cette distance qui rend possible l'acceptation de l'incroyable.

 

Craig Zobel raconte : "Lorsque j'ai découvert cette histoire, je me suis écrié : "Je n'aurais jamais obéi !" Puis je me suis souvenu de certains tournages durant lesquels j'avais accepté sans broncher des décisions dangereuses pour l'équipe. Je me suis alors rendu compte de l'universalité du sujet." C'est bien le mérite principal de ce film âpre que de nous renvoyer à nos propres représentations, individuelles et collectives, de ce droit fondamental à la désobéissance face à l'arbitraire et à la perversion.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Lundi 24 septembre 2012 1 24 /09 /Sep /2012 21:36

Film canadien de Ken Scott

Interprètes :
Patrick Huard (David Wozniak), Julie Le Breton (Valérie), Antoine Bertrand (L'avocat de David)  


Starbuck.jpg

 

Durée : 1 h 49

Note :
  5/10

En deux mots
: Comédie québecoise habile et qui fait le buzz ; mais quand on gratte un peu...

Le réalisateur :
Né en 1970 au Québec, Ken Scott commence sa carrière d'acteur au sein de la LIM, Ligue d'improvisation de Montréal. Il suit des études de cinéma à l'Université du Québec à Montréal. Il écrit des scénario pour la télévision puis pour le cinéma. En 2008 il réalise son premier film, "Les doigts croches".

Le sujet : A 42 ans David est un éternel adolescent : il travaille comme (mauvais) livreur à la boucherie paternelle avec ses frères, cultive du cannabis dans son appartement pour rembourser l'argent qu'il doit à des malfrats, et se fait jeter par Valérie qui lui annonce qu'elle est enceinte mais qu'elle ne veut pas d'un père aussi absent pour son enfant. Un jour, il apprend qu'il a eu 533 enfants avec le sperme qu'il a vendu à une clinique 20 ans plus tôt, et que 124 d'entre eux demandent que l'anonymat sur leur géniteur soit levé.

La critique : Pour "Starbuck", j'ai fait une entorse à la règle que je me suis fixé il y a bientôt sept ans et que j'ai respectée presque 500 fois, à savoir de critiquer des films sortis dans la semaine, voire pas encore sortis. Ce film est toujours à l'affiche trois mois après sa sortie en salles, plus de 350 000 spectateurs l'ont vu malgré une distribution modeste, et la moyenne des étoiles des spectateurs (4,4/5) est supérieure d'un point à celle de la presse (3,4), sans compter que deux amis, chacun de son côté, me l'ont recommandé chaleureusement. Ma résistance à aller le voir résidait sans doute dans une certaine méfiance devant la propension des comédies québecoises à tirer facilement les grosses ficelles des bons sentiments, et au fait que les trois critiques qui baissent la note d'Allociné sont ceux de Libération, Le Monde et les Cahiers du Cinéma, ça donne quand même une indication...

 

Générique, noir, une voix dans une salle d'attente, "David Wozniak, salle 4". Puis un plan fixe, une secrétaire explique à David comment s'y prendre : les revues porno, la coupelle en plastique ; la caméra est à 1 m de hauteur et bien sûr, le centre du cadre est sur l'objet de cette activité lucrative, et pour bien faire, on ne voit pas leurs têtes : après tout, le donneur est anonyme, c'est même ça tout l'enjeu du film. Après une scène sur la difficulté de David à fournir qui confirme mon inquiétude sur la subtilité relative des comédies de la Belle Province, ellipse de vingt ans, gros plan sur des factures impayées au même nom de David Wozniak pendant que le héros se fait attraper par deux mastards qui le plongent dans sa baignoire pour l'inciter à régler ses dettes.

 

Puis suivent quelques scènes qui finissent de brosser le portrait d'adolescent attardé de David : il arrive en retard à la boucherie familiale, se fait pourrir par son contremaître de grand frère, puis doit subir les angoisses de son petit frère qui va devenir papa, pour enfin se faire suspecter par son père d'avoir oublié d'aller chercher les "chandails", c'est-à-dire les maillots de l'équipe de foot, euh pardon, de soccer composée pour moitié de la famille Wozniak, puisque les Polonais, c'est comme les Italiens, ça reste catho et footeux. Bien sûr, l'imprécation fonctionne et malgré toute sa bonne volonté, les chandails partent à la fourrière avec le camion de David et la photo officielle se fera sans. On l'a compris, et son éviction de la vie de la mère de son futur enfant le confirme, David est un étalon sur l'échelle de la loose.

 

Puisqu'on parle d'étalon, signalons la signification du titre : Hanoverhill Starbuck est le nom du taureau à la génétique quasi parfaite qui est encore à ce jour le meilleur géniteur que le Centre d'Insémination Artificielle du Québec n'ait jamais eu. Car voilà le sujet du film, celui de la paternité ; à l'heure où David va se retrouver père tardif et pas forcément intentionnel, il se découvre géniteur de plusieurs centaines de rejetons dont 124 revendiquent au titre du droit à l'identité à connaître le nom de celui qui les a procrée. C'est d'ailleurs là que réside la première mystification du scénario : on ne voit jamais les mères, et un des enfants de Starbuck parle même de "famille adoptive", ce qui me semble bien abusif puisqu'ils ont bien été "adoptés" neuf mois avant leur naissance.

 

Le succès du film réside dans une habilité du réalisateur à être en permanence sur le fil entre le rire et l'émotion, sachant qu'on frôle constamment l'humour lourdingue et les bons sentiments (qui, comme le savent mes lecteurs assidus, ne font pas les bons films). Ken Scott parvient à éviter la plupart des pièges d'un tel scénario grâce à des ruptures de tonalité qui évoquent la comédie italienne des années 60-80, et une propension au burlesque qui fonctionne souvent bien, comme le réflexe pavlovien de David dès qu'il est acculé à proclamer "Yo no Soy David Wozniak !".

 

On rit, et plutôt souvent, et on peut se laisser attraper par l'émotion. Mais en même temps, une petite voix dans la tête nous interpelle sur ce qu'on nous montre en réalité : il n'existe pas d'autre accomplissement que la paternité, et plus précisément, la paternité biologique ? Dans l'échantillon statistique que représentent les 124 spermatozoïdes finalisés, il y aurait les bons, ceux dont David peut être fier (le footballeur, l'acteur, le chanteur) et ceux que l'ange gardien devra ramener dans le droit chemin (la junkie, le clone de Marylin Manson, l'homo qui passe de partenaire en partenaire et que dire alors de l'handicapé) ?

 

Je lisais la critique d'un spectateur qui disait que si le film avait été américain, il l'aurait détesté, ou il ne serait même pas allé le voir. Cela me semble assez juste, la québéquitude du film incite à l'indulgence, avec ses expressions en joual, cocktail de proximité et d'exotisme, et ces scènes buccoliques de barbecue géant et de soirée feu de camp où l'on chante du Roch Voisine au bord du Saint-Laurent. Mais l'influence des voisins du sud est évidente dans ce feel good movie, jusqu'à ce mélange de politiquement correct et de subtilement conservateur, le tout emballé dans une réalisation futée et efficace qui vous incite à débrancher votre cerveau, chose qui a presque failli marcher avec moi !

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 19 septembre 2012 3 19 /09 /Sep /2012 20:18

Film français de Siéphane Brizé

Interprètes :
Vincent Lindon (Alain), Hélène Vincent (Yvette), Emmanuelle Seigner (Clémence), Olivier Perrier  (Monsieur Lalouette)


Quelques-heures.jpg

 

Durée : 1 h 48

Note :
  5/10

En deux mots
: Deux films en un : une fiction chiante à mourir et un documentaire captivant sur l'assistance au suicide en Suisse.

Le réalisateur :
Né en 1966 à Rennes, Stéphane Brizé devient technicien à la télévision après un DUT d'électronique. Il suit des cours d'arts dramatiques, puis met en scène plusieurs pièces. Il réalise deux courts métrages avant de tourner son premier long métrage en 1996, "Le Bleu des villes". Il réalise ensuite "Je ne suis pas là pour être aimé" (2005), "Entre adultes" (2006) et "Mademoiselle Chambon" (2009).

Le sujet : A 48 ans, Alain sort de prison après avoir purgé une peine de 18 mois pour avoir accepté de transporter de la drogue dans son camion. Il se retrouve obligé de retourner vivre chez sa mère, qui supporte mal l'intrusion de son fils dans son univers bien réglé. Un jour, en cherchnat un somnifère, Alain découvre que sa mère a un cancer et qu'elle a pris contact avec une association qui accompagne les malades incurables pour un suicide assisté en Suisse.

La critique : A la caisse du cinéma, deux dames (tous les spectateurs avaient la carte vermeil) qui sortaient de la séance précédente s'enthousiasmaient pour le film qu'elles venaient de voir: "Quel beau film ! Quelle émotion ! Quelle leçon de vie ! Il ne faut pas attendre pour dire aux gens qu'on aime qu'on les aime ! On a perdu l'importance du toucher !" Forcé à les écouter puisque que pendant ce panégyrique la caissière ne pouvait me délivrer mon billet, je trompais mon attente en me préparant à la claque et en me demandant si j'avais bien mes mouchoirs, moi qui pleure chaque fois que je revois la mort de la mère dans "Bambi". Patatras ! Au bout d'une heure, rien, pas une larme, même pas un oeil humecté, juste un sentiment d'ennui et d'agacement. Mon coeur de pierre était-il en train de me jouer un tour ?

 

Il faut dire que ça faisait une heure que je voyais Hélène Vincent préparer le café, éplucher des carottes, peler des pommes, repréparer le café, remplir les bocaux de compote, rerepréparer le café avec autant d'intensité que Jeanne Dielman faisant la vaisselle, que je subissais des dialogues du type : "Tu vois ça ? C'est ce que m'a apporté ta mère, ce sont des compotes de pommes... C'est une année à pommes" ou à propos des pièces de puzzle : "C'est de la neige, c'est pas du nuage... - C'est bien possible, moi dans les blancs, je me mélange", et que j'en arrivais à compter la durée des plans fixes : 27 secondes sur Alain faisant le tri sur un tapis roulant, 39 secondes sur Yvette rerepréparant le café... Le personnage principal semblait être Cali, le chien, objet du quart des conversations entre les deux protagonistes.

 

Le souci de vérisme de Stéphane Brizé le conduit à étirer à l'infini les séquences, à mettre en scène le quotidien et le banal, à demander à ses acteurs de surjouer les silences, avec un effet finalement contraire : on ne croit pas à cet univers de nappes à carreaux et de casseroles à fleurs baigné par le son permanent de la télévision, ça pue la reconstitution naturaliste comme quand Olivier Adam ou Eric Holder tentent de nous raconter la vie des vrais gens. J'avais déjà eu cette impression de dilution et de fausseté quand j'avais vu "Mademoiselle Chambon" sur Canal, d'autant plus qu'à certains moments, j'ai retrouvé le jeu de Sandrine Kiberlain dans celui d'Hélène Vincent (Et en prime, je viens de découvrir en vérifiant l'orthographe de Kiberlain que "Mademoiselle Chambon" était adapté d'un roman d'Eric Holder !)

 

Les tentatives pour mettre du relief dans cet encéphalogramme cinématographique plat ne fonctionnent pas plus, que ce soit la brouille entre Alain et Yvette, dramatisée à l'excès et pas réellement expliquée, ou l'histoire capilotractée entre Alain et Clémence. Seul le personnage du voisin pris entre la mère et le fils parvient à exister un peu. Et puis au bout d'une heure apparaît le véritable sujet du film, celui de la décision de la mère qui se sait condamnée à brève échéance d'aller en Suisse pour bénéficier d'un suicide assisté. Stéphane Brizé raconte que c'est à la vision en 2005 d'un documentaire, "Le Choix de Jean" qu'il a eu l'idée du film. Stéphanie Malphettes et  Stephan Villeneuve avaient tourné ce documentaire sur Jean Aebischer, 58 ans, atteint d'un cancer avec des métastases cérébrales et qui se faisait accompagner par l'association Exit jusqu'à ce qu'on appelle dans le film "le choix de l'aide à l'autodélivrance".

 

Le mérite de Stéphane Brizé est d'avoir été visiblement très soucieux de restituer les protocoles de l'association Dignitas (qui s'appelle dans le film Volontas, mais qui reprend le slogan de Dignitas : Vivre dignement, mourir dignement), avec notamment l'étude préalable du dossier, la visite de l'équipe suisse où il est clairement affirmé que la personne a jusqu'au bout le choix de faire marche arrière, jusqu'à la délivrance de la boisson létale dans un petit chalet suisse, bien loin de "Soleil Vert". De même, le personnage de l'oncologue français qui suit Yvette, qui lui propose l'alternative des soins palliatifs et qui désapprouve tout en respectant, et à qui Yvette dit "Je comprends, votre métier c'est de soigner les gens, pas de les encourager à mourir" apporte un contrepoint qui peut aider le spectateur à se faire sa propre opinion.

 

Quand l'enjeu est réel, quand les dialogues sonnent juste, alors les choix de mise en scène de Stéphane Brizé prennent enfin du sens, celui du plan séquence final notamment. L'émotion se dégage enfin de la simplicité du dialogue, de la vérité d'une situation pourtant aussi inhabituelle et de la force de ce que cela remue en chacun de nous. Et puis, grâce à cette dernière demi-heure, l'oeil humecté, me voilà rassuré sur mon coeur de pierre !

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Samedi 15 septembre 2012 6 15 /09 /Sep /2012 19:11

Film américain de Michel Gondry

Interprètes : Michael Brodie (Michael), Teresa Lynn (Teresa), Laidychen Carasco (Laidy Chen)

  

 

The-We.jpg


Durée : 1 h 42

Note :  8/10

En deux mots : Gondry invente avec brio le bus movie pour une parabole qui montre combien le groupe adolescent pousse à la cruauté.

Le réalisateur : Né à Versailles en 1963, Michel Gondry fonde durant ses études à l'Ecole d'Arts Appliqués le groupe rock Oui-oui, pour lequel il tourne des clips. Il est remarqué par Björk, qui lui demande de réaliser plusieurs clips (dont «Bachelorette», «Army of me», suivi par les Rolling Stones («Like a Rolling Stone») et IAM («Le Mia»). 

Après deux courts-métrages, Michel Gondry tourne son premier long-métrage en 2001, «Human Nature», une fable philosophique avec Patricia Arquette et Tim Robbins. En 2004, «Eternal Sunshine of the Spotless Mind»
avec Jim Carrey et Kate Winslet obtient l'oscar du meilleur scénario. En 2006, il réalise en France "La Science des Rêves", puis en 2008 "Soyez sympas rembobinez".

Le sujet :
Le jour des vacances d'été, des élèves d'un lycée du Bronx prennent le bus de la ligne régulière qui va les ramener chez eux. Les groupes se placent dans le bus, et les rapports de force se manifestent : moqueries, vexations, petits rackets quotidiens... Et puis, au fur et à mesure que le bus se vide, les rôles sociaux s'estompent pour laisser apparaître la véritable nature de ceux qui restent.


La critique : Coincidence intéressante que la sortie simultanée de deux films américains réalisés par des Français, celui de Michel Gondry et le "Wrong" de Quentin Dupieux, alors que dans le même temps les films français qui viennent de sortir empestent la naphtaline, comme " Camille redouble", " Superstar" ou " Du vent dans mes mollets". A croire que pour exprimer de la créativité, de l'originalité et un véritable style, il faut traverser l'Atlantique... Paradoxalement, l'originalité de Michel Gondry par rapport à ses films précédents réside dans le classicisme de ce bus movie, qui joue à fond le principe de l'unité de lieu (un bus), de l'unité de temps (le parcours de ce bus) et de l'unité d'action (le délitement d'un groupe).

 

Challenge difficile que de filmer une quarantaine d'ados et quelques pauvres passagers pris en otage de leurs délires dans l'espace confiné d'un bus en mouvement, en réussissant comme le fait si bien Gondry à faire apparaître les effets de groupe tout en faisant exister chacun des personnages. Jamais depuis " Entre les murs" je n'avais vu un groupe dans un espace clos filmé avec autant de rythme et de vérité. Comme Laurent Cantet, Gondry a choisi de serrer le cadre sur chaque ado, jouant parfois de la profondeur pour saisir les échanges, mais aussi des regards, du hors champ et surtout d'un montage extrêmement dynamique. Car si le résultat donne l'impression d'une grande fluidité malgré l'enchainement des vannes, des déplacements, des changements de pôles, on a affaire à un scénario extrêmement écrit.

 

Michel Gondry portait ce projet depuis longtemps, peut-être depuis les bizutages qu'il a subis en 6° et en 5°. Il a commencé à travailler il y a trois ans avec une quarantaine d'ados d'un lycée du Bronx, construisant les personnages à partir du vécu des lycéens et des séances d'improvisation, ces derniers gardant à l'écran leurs prénoms. Ce travail préparatoire porte ses fruits tant vis-à-vis de la véracité des situations que de la qualité du jeu des jeunes acteurs aux tronches qui tranchent avec celles des acteurs des films Disney, et qui réussissent à donner la plupart du temps une impression de naturel, voire même d'improvisation ou de scènes saisies sur le vif.

 

Le film est découpée en trois parties : Les Tyrans, Le Chaos, Le Je. Les deux premières correspondent au "We" du titre et nous montrent comment en groupe les ados peuvent se figer dans des rôles : bourreau, victime, tête de Turc, bouc émissaire, suiviste, bonne copine, reine du bal... Dans cet espace clos, s'enchaînent charriages, joutes verbales, coups de pression : tout est rapport de force, et vae victis ! La plupart se taisent pour éviter d'être les prochaines victimes, d'autres hurlent avec les loups, et seuls un groupe suffisamment fort, celui des quatre Chen, réussit à se faire respecter. Et puis, comme dans "Les Dix petits nègres" d'Agatha Christie, les protagonistes descendent les uns après les autres, dont les tyrans, laissant certains qui s'étaient extraits de ce chaos prendre une place déterminante, et les petites histoires apparemment futiles prennent une autre résonnance à la fin du récit : c'est enfin la phase du "I".

 

Michel Gondry a su intégrer dans le récit le smartphone, prolongement de l'ado : messages envoyés à l'intérieur du bus, reçus de l'extérieur, vidéo reroutée de portable en portable, avec celle qui voit ce manège mais qui ne reçoit rien, personne ne pensant à lui renvoyer, comme quoi l'exclusion ne dépend pas de l'équipement numérique. On retrouve aussi Gondry dans sa façon d'insérer des scènes suédés ou tournées comme sur YouTube comme illustration des récits des lycéens, créant ainsi suffisamment de doute quant à la réalité d'un récit filmé image par image avec du papier vitrail. Ce n'est pas là la moindre de ses qualités que d'avoir réussi à "faire du Gondry" tout en renouvelant complètement sa façon de nous raconter une histoire et en nous impliquant d'un bout à l'autre dans ce qui est certainement son film le plus abouti.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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