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Samedi 6 octobre 2012 6 06 /10 /Oct /2012 14:42

Film français de Marc Fitoussi

Interprètes :
Sandrine Kiberlain (Pauline), Audrey Lamy (Jeanne), Claudio Santamaria (Simone), Wladimir Yordanoff (M. Dominique)


Pauline.jpg

 

Durée : 1 h 41

Note :
  6/10

En deux mots
: Comédie policière à l'ancienne inégale.


Le réalisateur :
Né en 1974, Marc Fitoussi suit des études d'anglais et d'histoire de l'art avant d'intégrer la première promotion du Conservatoire Européen d'écriture audiovisuelle.
Il réalise plusieurs courts métrages, dont "Bonbon au Poivre" qui lui vaut une nomination aux Césars en 2007. La même année, il tourne son premier long métrage, "La Vie d'Artiste" avec Sandrine Kiberlain. Son deuxième film, "Copacabana", met aux prises Isabelle Huppert et sa fille Lolita Chammah.

Le sujet : Rédactrice en chef du magazine Le Nouveau Détective, Pauline déprime durant l'été après avoir été plaquée par son compagnon. Sa soeur Jeanne, actrice de série télé, décide de l'emmener avec elle et son mari Wilfried dans un hôtel-club en Italie afin de lui changer les idées. Mais quand une cliente de l'hôtel disparait, le goût de l'enquête s'empare à nouveau de Pauline.

La critique : Pour ma 500° critique, je n'avais vraiment
pas prévu d'aller voir ce film mineur, dont déjà le titre ne me disait rien, ce mélange de "Pauline à la Plage" et de "Martine petit rat de l'opéra", et dont l'intrigue me rappelait un paquet de comédies policières, genre en vogue dans le cinéma français (Pascal Thomas, François Ozon, Pierre Salvadori, Bruno Podalydès). Mais bon, ayant déjà vu "Reality", " Do Not Disturb" et " Elle s'appelle Ruby", peu tenté par un film mexicain glauque, et ne trouvant aucune avant-première d"Amour" ce week-end, va pour Pauline. Quand la lumière s'est éteinte au Georges V, et qu'est apparu le générique... de "Kirikou", j'ai cru y voir un signe du destin, mais la salle entière avait fait le même choix que moi et est allée en délégation revendiquer son dû, c'est donc bien les tribulations de la journaliste des chiens écrasés en Italie que je vous critique.

 

Marc Fitoussi ne le cache pas, il a voulu faire un film très stylisé qui puisse faire écho d'un point de vue formel aux classique qui lui ont servi de modèle et qu'il désigne ainsi : "des comédies effervescentes et légères, menées tambour battant ", tels que "L'Homme de Rio", "Vivement Dimanche" ou "Charade". La photographie est très sophistiquée, avec des couleurs saturées, et un soin apporté aux costumes pour que leurs teintes fassent écho à celles des décors comme chez Demy ; le résultat n'est pas toujours réussi, parfois plus proche de "Palace" que de "La Mort aux Trousses". De même, il multiplie les fermetures à l'iris, les split screens, les coups de zoom ou les apparitions des Unes de journaux en tourbillon, pour dater un peu son film, quand bien même l'histoire est contemporaine.

 

Film de cinéphile, "Pauline détective" aligne les citations : "Fenêtre sur Cour" quand Pauline voit son voisin d'en face ficeler une malle, "Diamant sur Canapé" pour le chapeau de Sandrine Kiberlain, ou "Le Mépris" pour l'Alfa du Roméo. En cela aussi, cela se voit trop, et on est loin de la capacité d'un Michel Hazavanicius à intégrer ces citations de façon cohérente au récit. C'est d'ailleurs sans doute la principale faiblesse du film que l'absence d'unité de ton : on passe de scènes enlevées avec des dialogues syncopés à des scènes basées sur un comique de situation qui ne fonctionne pas toujours, et cela se ressent sur le rythme de l'ensemble.

 

Heureusement, pour mettre du liant entre ces scènes, il y a Sandrine Kiberlain qui reprend le rôle classique de la belle enquiquineuse des comédies américaines des années 30 et 40. Marc Fitoussi, qui avait tourné son premier film avec elle, la voulait absolument pour ce rôle, particulèrement pour son phrasé si caractéristique : "Sandrine a l'art de faire résonner toutes les nuances d'une réplique. Je ne vois pas quelle autre actrice aurait pu incarner ce personnage qui réfléchit tout le temps à voix haute." Son petit jeu avec Claudio Santamaria qui incarne le maître-nageur qu'elle enrôle de force dans son enquête donne matière aux meilleures scènes du film, et il faut le reconnaître, elle danse bien la tarentelle !

 

Il est intéressant de lire les critiques des spectateurs sur Allociné : la plupart d'entre eux disent du film qu'il fait du bien car il permet de "se vider la tête". Soit, si c'est leur objectif, et il est sûr qu'on ne va pas se fatiguer les neurones, même pour suivre l'intrigue dont on sait de toute façon qu'elle est construite sur une fausse piste (le contraire ne serait pas drôle). Mais le revers de cette médaille, c'est que "Pauline détective" fait très certainement partie de cette longue liste des films qu'on a déjà commencé à oublier alors qu'on n'est pas encore rentré chez soi.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 3 octobre 2012 3 03 /10 /Oct /2012 21:15

Film italien de Matteo Garrone

Interprètes : Aniello Arena (Luciano), Loredana Silioli (Maria), Nando Paone (Michele)
 

 

Reality.jpg

 

Durée : 1 h 55

Note :  4/10

En deux mots : Comédie cafardeuse et pas drôle sur le miroir aux alouettes de la téléréalité. .

Le réalisateur : Né en 1968 à Rome, Matteo Garrone a commencé comme assistant réalisateur en 1986. Après plusieurs courts métrages, il réalise son premier long métrage en 1997, "Terra Di Mezzo". En 1998, "Les Hôtes" aborde le thème de l'immigration clandestine, et "Estate Romana" est un chronique tragicomique sur trois personnages. Présenté à Cannes en 2004, "L'Etrange Monsieur Peppino" est une variation sur le thème de la Belle et la Bête, alors que "Premier Amour" fait partie de la sélection officielle du Festival de Berlin en 2005. En 2008, " Gomorra", adapté du roman de Roberto Saviano, obtient le Grand Prix au Festival de Cannes.

Le sujet : Propriétaire d'une petite poissonnerie à Naples, Luciano arrondit ses fins de mois en menant une arnaque minable avec sa femme autour de robots ménagers. Pressé par ses filles, il se présente au casting napolitain de l'émission Grande Fratello, la version italienne de Big Brother. Convoqué à Rome pour une deuxième étape de casting, il se persuade qu'il va être retenu pour la prochaine saison de l'émission de téléréalité, et réussit à en convaincre sa famille et tout le quartier avec. Mais au fur et à mesure que le début de l'émission approche, le doute gagne son entourage, alors que lui est tellement sûr qu'il vend sa poissonnerie et le magasin de sa femme.

La critique : Matteo Garrone est bien parti pour intégrer le club des réalisateurs favoris de la Croisette, puisqu'en trois sélections, il a déjà ramené deux fois le Grand Prix, premier lot de consolation pour ceux qui sont passés à côté de la Palme d'Or. Pourtant, autant cette distinction s'imposait pour " Gomorra" en 2008, autant l'attribution de ce prix prestigieux à "Reality" me laisse dubitatif, tant les qualités de complexité narrative et de sobriété technique au service d'une intention limpide qui faisait la qualité du film précédent ne sont pas au rendez-vous de ce long pensum sur cette histoire d'un Narcisse dérisoire qui sombre progressivement dans la paranoia suscitée par le mirage de la téléréalité.

 

Garrone adore visiblement les plans-séquences, et il a tendance à en user, voire à en abuser. Victime du syndrome de "La Soif du mal" (ou d'autres films célèbres pour leur plan-séquence introductif, je pense à "Short Cuts" d'Altman, ou "Snake Eyes" de De Palma) il ouvre donc son film par un traveling aérien qui balaie Naples au pied du Vésuve sur la musique d'Alexandre Desplats (qui est allé pomper du côté de Danny Elfman) pour finir par attraper un carrosse blanc, rouge et or qui remonte la circulation avant de rentrer dans une propriété somptueuse qui s'avère être une usine à cérémonies de mariage. Ce plan, et le suivant qui suit à terre l'entrée du carrosse dans la propriété, puis le cheminement des jeunes mariés jusqu'à la salle où attendent leurs invités, n'apportent pas grand chose de plus au récit qu'un bon vieux montage cut ; au contraire, il étire l'action à l'infini et on se dit que l'indispensable énergie qu'il a fallu pour régler la synchronisation du ballet des centaines de figurants aurait pu être investie dans un secteur plus productif, scénario ou direction d'acteurs par exemple.

 

Le titre annonce la couleur : la "Reality" en question est celle de la téléréalité, et tout l'enjeu dramatique du film réside justement dans la lente déconnexion de Luciano avec la réalité véritable. Dans cette scène des mariages, il doit faire son numéro de drag queen pour amuser la galerie, et il se fait voler la vedette par Enzo, resté 116 jours dans la "Maison" lors de la saison précédente de Grande Fratello, et qui vient cachetonner en répétant son petit discours de mariage en mariage. La bonne idée de réalisation, c'est la ressemblance physique d'Enzo et de Luciano, qui justifie de façon subliminale l'idée que le poissonnier napolitain peut après tout avoir sa chance.

 

En son temps, Ettore Scola avait filmé le lumpen romain du quartier de Monte Ciocci dans "Affreux, sales et méchants". Ici, Matteo Garrone choisit aussi d'inscrire son histoire au coeur des quartiers populaires de Naples, et on pourrait baptiser son film "Pauvres, laids et obèses", tant il a réuni un casting de tronches autour du beau gosse sur le retour qu'est Luciano. A forcer ainsi le trait, il n'évite pas la caricature, voire parfois une commisération légèrement méprisante sur tout ce petit monde, et on se sent ainsi protégés de l'opprobre jeté contre les gogos qui suivent la télé berlusconienne puisque nous ne sommes décidément pas du même monde.

 

On comprend vite l'idée du film : Luciano s'est bercé d'illusions lors du casting romain (judicieusement, celui ne nous est pas montré, mais juste raconté par Luciano à sa sortie), et il va se jeter dans une fuite en avant dans cette conviction malgré le démenti des faits, voyant dans des clientes romaines des espionnes de la production, et se sentant obligé d'étaler sa grandeur d'âme en donnant ses meubles aux pauvres du quartier pour racheter l'expulsion brutal d'un SDF de sa poissonnerie dont il s'est persuadé qu'elle a été vue par les envoyés de l'émission. Son isolement du monde réel est symbolisé par un  jeu sur la profondeur de champ qui rend flou son entourage, et par la multiplication de plans-séquences erratiques en caméra portée qui suivent Luciano et laissent son environnement dans une sorte de brouillard. Mais le systématisme de ce procédé finit très vite par lasser, et faute de véritables rebondissements, l'ennui s'installe. Intention volontaire ou acte manqué ? "Reality" présente finalement le même désintérêt que l'émission qui fascine tant Luciano, puisqu'il épouse le même principe : enfermer des personnages dans un bocal et les filmer en continu à ne rien faire.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Lundi 1 octobre 2012 1 01 /10 /Oct /2012 07:03

Film portugais de Manoel de Oliveira

Interprètes :
Michael Lonsdale (Gebo), Claudia Cardinal (Dorotea), Leonor Silvera (Sofia), Jeanne Moreau  (Candidinha)


Gebo.jpg

 

Durée : 1 h 31

Note :
  3/10

En deux mots
: Chez les critiques apparemment, on ne tire pas sur une ambulance..
. Moi si.

Le réalisateur :
Né en 1908 à Porto, Manoel de Oliveira suit les cours d'une école d'acteur à 19 ans
et apparaît en 1933 dans le premier film parlant portugais. IL tourne en 1923 un documentaire, "Douro, Faina Fluvial" avec la caméra que son père lui a offert. Son premier long métrage en 1942, "Aniki bobo" annonce le néoréalisme italien. Il part s'installer en Allemagne où il étudie la couleur et les procédés techniques. Il tourne en 1963 "La Chasse", film sur la solidarité, ce qui lui vaut d'être interdit de tournage par le régime salazariste jusqu'en 1971 où il sort "Le Passé et le Présent". Depuis "Amour de perdition", il réalise yn film presque tous les ans, parmi lesquels on retiendra "Francisca" (1981), "Le Soulier de satin" (1985), "Le Couvent" (1995) et "L'étrange affaire Angelica" (2010). En 2008, il reçoit une Palme d'Or pour l'ensemble de son oeuvre.


Le sujet : Malgré l'âge et la fatigue, Gebo poursuit son activité de comptable pour nourrir sa femme Dorotea et sa belle-fille Sofia. Tous sont dans l'attente ou la crainte du retour de leur fils Joao, disparu depuis huit ans. Puis un soir, Joao réapparait, plein de rebellion et de colère contre la soumission de ses parents.

La critique : Pour ma 497ème critique, pourquoi ne pas faire coup double : premier film portugais, et premier film réalisé par un centenaire ? J'ai bien hésité avec "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais, mais depuis "Coeur", j'ai du mal avec les films de ce gamin de 90 ans. Tant qu'à faire dans l'antique, autant choisir Manoel de Oliveira dont j'aurais attendu les 104 ans pour enfin aller voir un de ses films. La critique était très enthousiaste, ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille, surtout quand Olivier Séguret écrit dans Libération : "Le secret et le mutisme sont les moteurs silencieux d'une mise en scène épurée, je dois bien l'admettre, jusqu'au génie", et que Serge Kaganski insiste dans Les Inrocks : "Au début, le minimalisme théâtral du dispositif déroute un peu. Puis on se prend à la rigueur économe de la mise en scène, on se laisse envoûter par ces ruminations existentielles". Avec mon expérience, j'aurais pu décoder le champ lexical : mutisme, épuré, minimalisme, rigueur, économe, ruminations, j'étais bien parti pour me faire chier.

 

Rarement j'ai autant eu au cinéma la sensation d'exhumer un film d'un autre âge, qui plus est adapté d'un auteur encore plus ancien, puisque le scénario est tiré d'une pièce de Raul Brandao (1867-1930), qui partage visiblement avec son homonyme stéphanois la finesse de sa technique et son efficacité face au but. Il s'agit d'un sombre huis-clos familial et mélodramatique sur la pauvreté et la soif d'ailleurs, prétexte à des lapalissades philosophiques du type : "Reste à savoir si on vient au monde pour être heureux", ou "La chance de notre vie, c'est qu'il ne nous arrive rien" ou encore "L'art console", le tout débité avec la conviction d'un croque-mort neurasthénique.

 

Car la critique s'enthousiasme aussi pour le jeu des acteurs ; il faut dire que fort de son droit d'aînesse, Manoel de Oliveira a convoqué le ban et l'arrière-ban des jeunes premiers : Michael Lonsdale, Jeanne Moreau, Claudia Cardinal, et qu'il s'est aussi entouré de ses acteurs fétiches portugais, dont le malheureux Ricardo Trepa qui maîtrise le français aussi bien que Eiji Okada dans "Hiroshima mon amour", puisqu'on parle de Resnais. Et bien, il a réussi à faire mal jouer des acteurs d'un aussi grand talent, avec mention spéciale à Claudia Cardinal dans un registre geignard, et un Michael Lonsdale qui introduit une telle distanciation dans son jeu qu'on en vient à se demander s'il ne veut pas nous montrer qu'il n'est pas dupe.

 

Manoel de Oliveira parle ainsi de son travail d'adaptation : "Le texte de "Gebo et l’ombre" se passe dans un seul lieu. C’est moi qui l’ai un peu aéré. Dans la pièce de théâtre, il n’y a pas de rue ni de changement de décor, parce que ce n’était pas viable. C’est la différence entre le théâtre et le cinéma : le cinéma est plus ample." Plus ample... Il y a bien trois plans fixes extérieurs, voilà pour l'amplitude. Pour le reste, il suffit de regarder la vignette en illustration de cette critique : elle vous donnera le cadre de la moitié du film, cette captation frontale d'un espace théâtral au mauvais sens du terme, filmé en plan séquence de 10 minutes. La critique s'est aussi extasié sur le travail du hors champ, réduit en réalité au fait qu'un personnage s'extrait de temps en temps du cadre pour aller chercher le café et revenir cinq minutes plus tard.

 

Pourtant, un des premiers plans du film montrait toute la virtuosité dont le maître portugais est capable : un plan fixe cadre depuis l'intérieur de la masure Sofia qui regarde à travers la fenêtre, puis qui sort dehors, revient et nous regarde, alors que le reflet de Dorotea s'inscrit sur la vitre comme un remord. Las, en une minute, il y avait plus de mise en scène que dans les 90 minutes suivantes, à l'exception peut-être de l'ombre sur Gebo dans le plan final.

 

Une mise en scène en jachère, un jeu d'acteur suranné, un texte prétentieux et répétitif, voilà autant de raisons qui expliquent que, n'en déplaise aux gérontophiles, oui, je me suis bien fait chier.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Samedi 29 septembre 2012 6 29 /09 /Sep /2012 14:53

Film français d'Olivier Dahan

Interprètes :
José Garcia (Obrera), Jean-Pierre Marielle (Le Guennec), Gad Elmaleh (Rayane Ziani), Joey Starr  (Shaheef Berda)


Seigneurs.jpg

 

Durée : 1 h 37

Note :
  7/10

En deux mots
: Comédie
pour collectionneurs Panini prévisible mais assez enlevée, plutôt une bonne surprise.

Le réalisateur :
Né en 1967 à la Ciotat, Olivier Dahan suit une formation de plasticien à l'Ecole d'Art de Marseille. Il réalise des clips pour IAM, Mc Solaar, les Cranberries et Zucchero. En 1994, il tourne son premier film pour la série "Tous les Garçons et les Filles de leur âge" d'Arte, "Frère". En 1997, il passe au grand écran avec "Déjà mort", avant de tourner "Le petit Poucet" en 2001, "La Vie promise" en 2002 et "Les Rivières pourpres 2" en 2004. Son biopic sur Piaf, "La Môme ", permet à Marion Cotillard d'obtenir l'Oscar de la meilleure actrice en 2007. En 2010, il tourne aux Etats-Unis " My Own Love Song", avec Renée Zelwegger et Forest Whitaker.


Le sujet : Ancienne gloire du football français, Patrick Obrera a touché le fond : après avoir déclenché une bagarre sur le plateau de Téléfoot, il se voit retirer la garde partagée de sa fille. Pour la récupérer et prouver sa réinsertion et la fin de ses problèmes d'alcool, il accepte un poste d'entraîneur en Bretagne, sur l'île de Molène dont l'équipe locale, composée de marins, est qualifiée pour le 7° tour de la Coupe de France. Dans le même temps, la conserverie, unique employeur de l'île, est mise en liquidation judiciaire. Seule solution pour la sauver : passer trois tours de Coupe. Pour cela, Obrera décide de faire appel à ses anciens coéquipiers.

La critique : Qui voit Molène voit sa peine, dit le dicton. Je l'avoue, je suis allé à reculons voir "Les Seigneurs", peu encouragé par une critique moyenne et une bande-annonce qui ne suggèrait guère la finesse, et je commençais à fourbir les expressions pour ma critique : "carton rouge", "hors jeu", "passe téléphonée", "c.s.c."... Le film débute par une scène d'exultation après une victoire, où le Stade de France célèbre le n°10 d'une équipe tricolore portant le maillot de 1998, au gabarit plus proche de Maradona période cure à Cuba que de Zizou. Sa remontée du couloir est ponctuée de unes de journaux qui décrivent le chemin de croix de l'ancienne star, se finissant par celle de Libé "De la pelouse au parquet", et par une lumière blafarde qui montre un homme vieilli qui disparait dans le noir sous le bloc "SORTIE". Tiens, il y aurait un peu de cinéma ?

 

La première partie du film, très dynamique, rappelle le début de "Space Cowboys", quand Clint Eastwood part à la recherche des anciens du projet Daedalus. Chaque rencontre avec un des anciens coéquipiers d'Obrera raconte une histoire, et les passionnés de foot peuvent donner des noms aux situations racontées : Omar Sy et la malformation cardiaque de Thuram découverte à 36 ans, Franck Dubosc et la Panenka ratée de Landreau, Joey Starr et le kung-fu de Cantona ; quant à Ramzy son côté guévariste et son goût pour la coke évoque El pibe de Oro, et son penchant pour les très jeunes escort girls, je vous laisse deviner, vous avez le choix... sans oublier son envie de gardien de jouer avant-centre, on a vu Barthez à ce poste avec France 98. Reste Gad Elmaleh en footballeur enfantin et dépressif ("Ils ont supprimé mon personnage sur FIFA 13 !"), au-dela de sa ressemblance avec Riccardo Montolivo, et bien... il fait (bien) du Gad Elmaleh.

 

C'est d'ailleurs un choix assumé d'Olivier Dahan que de jouer l'identification des acteurs et des personnages, comme l'explique Franck Dubosc : "Il n’y a pas eu de confrontation d’humour parce que chacun était dans son propre registre. Il ne s’agissait pas de jouer autre chose ; au contraire, il fallait jouer ce que l’on connaît le mieux. Avec autant d’acteurs, les gens n’ont pas le temps de rentrer dans une philosophie. Les spectateurs doivent tout de suite percevoir et admettre ce que l’on est." Le risque était d'enfiler ainsi une suite de sketchs, et c'est parfois le cas, ce qui n'est d'ailleurs pas gênant quand ils sont drôles, comme la scène où Gad Elmaleh mime les joueurs et l'arbitre sur FIFA 13. Mais il y a quand même une histoire, un fil rouge assuré par José Garcia et surtout par Jean-Pierre Marielle qui joue avec son brio habituel le président du club de la Mer d'Iroise.

 

Signe des temps, l'enjeu sportif se double d'un enjeu social avec la menace de fermeture de la conserverie, et le film retrouve des accents britanniques dans cette dimension-là, on pense à "The Full Monty" ou aux "Virtuoses", même s'il y a un petit côté clip du Front de Gauche dans certaines scènes. Les scènes de match ont été conçues comme des chorégraphies, et elles s'intègrent efficacement au récit ; Olivier Dahan réussit à se renouveler pour les trois matchs successifs, avec notamment un beau ralenti, un montage parallèle et une musique de suspens... pour une superbe toile ! Les répliques fusent, souvent drôles, comme cet échange presque subliminal entre Ramzi et Frédérique Bel, escort girl embauchée à l'auberge du village pour remonter le moral des troupes : "Il y a trop d'exploitation - Oui, ça tue l'exploitation !"

 

Alors oui, ce n'est pas toujours très fin, comme la scène du slip porte-bonheur de Gad Elmaleh, ou tout le personnage d'acteur refoulé de Franck Dubosc. Si toute la morale de l'histoire est bien sûr très prévisible, Olivier Dahan réussit plusieurs fois à prendre le contrepied  des situations attendues, à commencer par le résultat du match contre l'O.M., à mon grand soulagement de supporter ciel et blanc. Mais la force principale du film réside sans doute dans un rythme qui reste presque constant (légère baisse sur la fin), et un mélange d'énergie et de sincérité qui cadre avec le propos du film. Et puis, deux jours après l'avoir entendu chanter "Paroles, paroles" dans "Do Not Disturb", j'ai pu entendre Joey Starr beugler "Tri Martelod", Nolwenn n'a qu'à bien se tenir !

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de septembre 2012 - Communauté : Cinéma
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Vendredi 28 septembre 2012 5 28 /09 /Sep /2012 18:21

Film américain de Jonathan Dayton et Valerie Faris   

 

Sortie le 3 octobre


Interprètes :
Paul Dano (Calvin Weir-Fields), Zoe Kazan (Ruby Sparks), Antonio Banderas (Mort), Annette Bening (Gertrude) 


Ruby.jpg

 

Durée : 1 h 43

Note :
  5/10

En deux mots
: Comédie romantique gentillette et un peu momolle, loin de l'acidité revigorante de "Little Miss Sunshine".


Les réalisateurs : Jonathan Dayton et Valerie Faris ont fait leurs débuts en créant et réalisant la toute première émission de MTV, The Cutting Edge... Ils poursuivent leur carrière musicale à la télévision, en signant des clips et documentaires, récompensés par plusieurs prix, pour des artistes comme REM, les Red Hot Chili Peppers, les Smashing Pumpkins, Macy Gray ou Janet Jackson. En 1998, ils ont co-fondé Bob Industries, importante société de production de films publicitaires, pour laquelle ils ont réalisé des spots pour Volkswagen, Sony Playstation, Gap, Ikea, Apple et ESPN. En 2006, ils réalisent l'excellent "Little Miss Sunshine".


Le sujet : Calvin Weir-Fields est considéré par le monde entier comme un génie, pour avoir écrit à 19 ans un livre déjà devenu un classique de la littérature americaine. Mais 10 ans plus tard, il n'arrive toujours pas à trouver un second souffle. Encouragé par son psy à écrire une nouvelle coûte que coûte, sans  se soucier de la qualité, il invente un personnage, une fille dont il a rêvé et qu'il appelle Ruby. Mais le lendemain, il découvre dans sa cuisine Ruby qui prépare son petit déjeuner, de même qu'il se rend compte qu'elle obéit à tout ce qu'il écrit.

La critique : Y'a pas à tortiller, ça doit être mon mauvais fond : je préfère 100 fois qu'on me raconte l'histoire d'une mère de famille débordée, d'un père raté, d'un fils autiste et militariste, d'un oncle suicidaire et d'un grand-père défoncé plutôt qu'une jolie histoire d'amour, quand bien même celle-ci présente la particularité de confronter le créateur et sa créature. Je parlais hier pour "Do Not Disturb" du charme de l'inconnu dans les avant-premières, et des motifs qui peuvent me pousser à y aller ; pour "Elle s'appelle Ruby", pas besoin d'autres raisons que l'envie de voir ce que Jonathan Dayton et Valerie Faris allaient faire après "Little Miss Sunshine", dont j'annonçais il y a sept ans qu'il allait devenir culte, et ce n'est pas mon neveu qui me contredira !

 

Le changement de tonalité entre les deux films est-il dû au changement de scénariste ? Délaissant Michael Arndt, Jonathan Dayton et Valerie Faris ont choisi Zoe Kazan (petite-fille d'Elia Kazan) qui joue aussi le rôle de Ruby et dont c'est le premier scénario. Elle a raconté que c'est la vision d'un mannequin gisant dans les rues de New York qui l'a renvoyée au mythe du sculpteur Pygmalion donnant vie à sa statue Galatée et qui lui a donné l'idée de cette histoire. Ce thème n'est pas nouveau, de Hermione dans "Le Conte d'hiver" de Shakespeare à "Frankenstein" de Mary Shelley, jusqu'à "My Fair Lady", évoqué par la vision sur un écran d'Audrey Hepburn dans "Sabrina".


Calvin Weir-Fields est donc une sorte de J.D. Salinger qui accepterait de faire des conférences, et son rattachement aux clichés littéraires du siècle passé est symbolisé par son usage d'une machine à écrire Olympia, bien plus cinégénique que le Macbook qu'il achète à la fin. Victime du traumatisme de la page blanche, il va voir une autre figure du cinéma de la fin du siècle dernier, un psy joué par Eliott Gould, acteur qui incarna en son temps bon nombre de psychopathes. Sur ses conseils, il écrit une nouvelle où il donne vie à un personnage de ses rêves, sans se rendre compte du double sens de l'expression "donner vie".

 

Le début du film, très sage, se traîne en longueur, entre des scènes d'exposition pour bien situer le dégré de coincitude de l'écrivain, et l'apparition de la créature qui ne donne pas davantage de rythme, la multiplication des scènes "Mon Dieu, j'y crois pas", seul ou avec son frère ne faisant qu'étirer un récit où il ne s'est rien passé d'autre que l'irruption d'un personnage de papier dans la vie de Calvin. La visite à la mère (Annette Bening), ex-housewife en polo devenue New Age au contact de son sculpteur de compagnon (Antonio Banderas) n'arrange rien, bien au contraire, tant on se vautre dans des situations et des personnages caricturaux empruntés à "Meet the Fockers", c'est dire la légèreté.

 

Quand Ruby commence à vivre par elle-même, loin de la jeune femme rêvée qu'il a inventée, il tente de modifier son attitude en transgressant la règle qu'il s'était lui-même fixé, à savoir en décrivant sur sa machine le comportement qu'il souhaite retrouver. C'est cette partie la plus intéressante, à la fois par le potentiel comique qu'elle possède, l'exagération des qualités de soumission ou de bonheur de Ruby donnant quelques scènes où on retrouve l'énergie potache de "Little Miss Sunshine", mais aussi par la réflexion qu'elle induit sur la représentation fantasmée qu'on peut se faire de l'autre dans le couple, et qui ne correspond jamais à son attente et à son besoin.

 

Malheureusement, ce dérèglement chaotique ne dure pas, et le récit rejoint vite les rails de la comédie romantique, avec une happy end qui efface toute la pertinence du propos. Dans le rôle de Calvin, le Lorànt Deutsch américain semble flotter dans son costume d'écrivain bien sage, loin de la fièvre inquiétante d'Eli Sunday dans " There will be blood" et Zoe Kazan, compagne dans la vie de Paul Dano, apparaît plus comme un double féminin de Calvin que comme une créature fantasmatique. Notons pour mémoire une curiosité : après la présence de Marcel Proust dans le scénario de "Little Miss Sunshine", c'est la B.O. qui fait référence à la France, avec Plastic Bertrand (Bon d'accord, il est belge), Sylvie Vartan (Bon d'accord, elle est Bulgare) et Holden. A mi-chemin entre la comédie romantique et la comédie tout court, "Elle s'appelle Ruby" ne trouve jamais son propre style et encore moins le rythme qui faisait la qualité de "Little Miss Sunshine", accident heureux ou "Attrape-Coeurs" du duo ?

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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