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Vendredi 19 octobre 2012 5 19 /10 /Oct /2012 21:44

Film sud-coréen de Hong Sang-soo

Interprètes :
Isabelle Huppert (Anne), Yu Jung-sang (Le maître-nageur), Hyehyo Kwon (Jongsoo) 


Another.jpg

 

Durée : 1 h 29

Note :
  7/10

En deux mots
: Exercice de style lost in simple english
pompette, léger et grave.

Le réalisateur : Né en 1960 à Séoul, Hong Sang-soo a étudié la mise en scène à l'université de Chungang, à Séoul, avant de partir au College of Arts and Crafts de Californie et à l'Art Institute de Chicago. Il commence par réaliser des films pour la télévision, avant de tourner pour le cinéma "Le Jour où le cochon est tombé dans le puits" en 1996. En 1998, il présente à Cannes "Le Pouvoir de la province de Kangwon", puis en 2000 "La Vierge mise à nu par ses prétendants". En 2003 il réalise deux films : "Turning Gate", et "La Femme est l'avenir de l'homme". Suivent "Conte de cinéma" (2005), "Night and day" (2008), "Les femmes de mes amis" (2009) et "Matin calme à Séoul" (2011).


Le sujet : Une jeune femme écrit les scénarios de trois courts métrages, avec comme personnage central une Française qui s'appelle à chaque fois Anne et qui se retrouve dans la petite ville balnéaire de Mohang-ni. Chacune a une situation précise : l'une est une réalisatrice en visite en Corée, l'autre attend son amant coréen, la dernière se remet d'une séparation. Elles rencontrent divers personnages : un maître-nageur, un voisin réalisateur, un moine, une amie coréenne...

La critique : "In another country" est le neuvième film sud-coréen de ces critiques, et le premier de Hong Sang-soo, ce qui en dit d'ailleurs long sur la vitalité du cinéma du pays du matin calme, puisque seul Lee Chan-dong a eu le droit à deux critiques pour "Secret Sunshine" et " Poetry". Ce treizième film de Hong Sang-soo aurait pu s'appeler " Three Times", puisque comme dans le film d'Hou Hsiao-Hsien, il met en scène trois femmes jouées par la même actrice, et que comme lui, il ne s'agit pas vraiment d'un film à sketchs ni même de la compilation de trois courts métrages mais bien d'une oeuvre ayant sa cohérence propre. On voit d'ailleurs au début une jeune femme et sa mère coincées dans la station balnéaire où se déroulera l'intrigue qui évoquent la reddition d'un oncle dont on ne saura plus rien, puis la jeune femme qui prend un bloc et commence à rédiger le scénario du premier épisode.

 

Les trois femmes sont françaises et s'appellent toutes Anne, et peuvent apparaître comme les déclinaisons d'une même personne confrontée à diverses situations. Chacune a comme point commun d'arriver dans la même chambre d'hôte, de demander un parapluie à la logeuse, et sur ses conseils d'essayer de trouver la principale curiosité du coin, à savoir un petit phare, lighthouse en anglais. Toutes rencontreront un maître-nageur-serveur de barbecue à l'anglais rudimentaire, et toutes goutteront avec plus ou moins de modération au soju, l'alcool de riz coréen. Ce principe de répétition n'a rien de pesant, bien au contraire, puisqu'à chaque fois la structure change, et que c'est justement les variations qui deviennent intéressantes.

 

Autour d'Anne et du maître-nageur gravitent des personnages, certains récurrents comme le réalisateur coréen et sa femme enceinte et jalouse, la logeuse au parapluie, et d'autres spécifiques à un épisode, comme l'amant coréen dont l'apparition est elle-même déclinée (rêvée ?) trois fois, l'amie coréenne qui lors de la visite d'un temple lui explique que la prière aide faire taire "les milliers de singes qui bavardent dans nos têtes", ou le moine qui tente de répondre aux questions impatientes et capricieuses d'Anne. Il y a un jeu subtil sur la langue, Anne et ses interlocuteurs coréens partageant un anglais plus ou moins maîtrisé et soutenu par des gestes (on voit toutes les façons de mimer un phare), et on se délecte du va-et-vient entre les commentaires en coréen et ce qu'en devine Anne.

 

Hong Sang-soo a visiblement un style bien à lui, fait de libertés avec les canons du cinéma, et particulièrement vis-à-vis des sacro-saintes règles des raccords : au raccord dans l'axe il préfère le coup de zoom qui isole un personnage dans un plan large, et il n'hésite pas à s'affranchir dans la foulée des raccords de direction et de la règle des 180°, de même qu'il peut couper un plan en plein au milieu du mouvement d'un personnage. C'est un peu déroutant au début, mais on s'y fait très vite en se rendant compte que cet usage grammatical particulier participe de l'ambiance un peu suspendue de l'intrigue elle-même.

 

Isabelle Huppert n'a eu visiblement eu aucun mal à se glisser dans le style et la méthode particulière d'Hong Sang-soo (équipe réduite, dialogues glissées sous la porte chaque matin), et on sent son plaisir à accepter de frôler le ridicule (courir à petits pas, tituber sous l'effet du soju) ; en face d'elle, on remarque surtout Yu Jung-sang, acteur fétiche de Hong Sang-soo, qui incarne le maître-nageur qui semble aussi perdu que la visiteuse étrangère. Semble-t-il, Hong Sang-soo fait toujours un peu le même film à l'allure rohmerienne. Pour une première approche, je ressors plutôt charmé par une identité originale indiscutable, un mélange délicat d'humour et de gravité, et un sentiment de volatilité franchement agréable.

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 17 octobre 2012 3 17 /10 /Oct /2012 21:34

Film français de Laurent Tirard

Interprètes : Edouard Baer (Astérix), Gérard Depardieu (Obélix), Guillaume Gallienne (Jolitorax), Fabrice Luchini (Jules César)

Asterix.jpg

Durée : 1 h 49

Note : 3/10

En deux mots : Pompidou restera-t-il premier ministre ? Voilà le genre de question qu'on se pose en voyant ce film venu tout droit de 1966.


Le réalisateur :
Laurent Tirard a suivi des études de cinéma à l'Université de New York, avant de devenir lecteur de scénarii  pour la Warner Bros à Los Angeles. Il a ensuite été journaliste à Studio Magazine. En 1999, il réalise son premier court métrage "De source sûre". Il écrit le scénario de "Le Plus Beau Jour de ma vie" et de "Prête-moi ta main". Il tourne son premier long métrage en 2004, "Mensonges et trahisons et plus si affinités..." suivi en 2007 par "Molière", et en 2009 du "Petit Nicolas".

 
Le sujet : Jules César décide d'envahir la (Grande-)Bretagne. Il profite du fait que les Bretons arrêtent de se battre à cinq heures pour aller boire de l'eau chaude pour attaquer à ce moment-là. La Reine des Bretons, assiégée par César, envoie Jolitorax en Gaule pour ramener un tonneau de potion magique. Accompagné d'Astérix et Obélix, il doit déjouer les pièges des troupes de César.

La critique : Une nouvelle fois, j'ai l'impression de ne pas avoir vu le même film que la plupart des critiques. "Vraie réussite" par "l'humour, la qualité des dialogues et une certaine profondeur dans le comportement des personnages" pour le Nouvel Obs, "Une réalisation léchée, un scénario bien ficelé, un casting épatant et des dialogues ciselés" pour La Croix, et pour Libé, "l'Astérix de Tirard peut figurer aux côtés de celui de Chabat, qui reste le mieux réussi parce que le plus drôle"... Même s'il n'atteint pas le summum de mauvais goût racoleur d'"Astérix aux Jeux Olympiques", ce quatrième opus du petit gaulois gaulliste souffre d'une fidélité frileuse à la B.D. originale, d'un manque de rythme consternant et d'une direction d'acteurs en roue libre.

 

En rentrant du cinéma, je suis allé exhumer les deux albums dont le scénario a été tiré, "Astérix et les Bretons" et "Astérix et les Normands", que je n'avais pas relus depuis quelques décennies. A mon relatif étonnement, j'ai découvert qu'effectivement, la plupart des "gags" et des éléments de l'intrigue du film s'y trouvent. Cette découverte m'a amené à deux réflexions : la pemière, c'est qu'il y a un humour qui fonctionne sur le papier, et absolument pas à l'écran, un petit peu comme ce jeune lecteur de Tintin qui avait écrit à Hergé qu'il n'avait pas aimé le film "Tintin et le Mystère de la Toison d'or" parce que le Capitaine Haddock n'avait pas la même voix que dans les albums. Ici en plus, les acteurs qui incarnent les Bretons parlent avec un accent anglais ridicule, et en regardant Catherine Deneuve jouer ainsi la Reine, j'ai eu l'impression de voir Francis Blanche en Papa Schulz !

 

La seconde remarque, c'est qu'à la relecture, les albums d'Astérix ont pris un sérieux coup de vieux, et que le respect compassé de Laurent Tirard ne fait rien pour les dépoussiérer. Ils portent la marque d'une époque, celle de la V° République Gaulienne, quand le Général viraient l'OTAN du sol national et criait "Vive le Québec libre" au balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal. Astérix est le symbole du petit Gaulois qui n'a peur de rien, et le village où chaque baston se termine par un banquet se veut un condensé de la société française des Trente Glorieuses. Le principal ressort de la série est de faire rire en épinglant les travers de nos voisins : goths, bretons, normands, hélvètes, ibères, phéniciens, égyptiens et bien sûr romains, en enfilant les clichés comme des perles. Comme Laurent Tirard a repris l'essentiel de cette approche, c'est une description de l'Angleterre de 1966 qu'il nous offre : Beatles, nice cup of tea et rugby modèle "Allez France" (film sorti en 1964 !).

 

Après quatre adaptations d'Astérix par quatre réalisateurs ayant chacun un profil bien défini (un vieux briscard du film comique, un réalisateur venu de Canal +, un producteur propulsé derrière la caméra, un scénariste passé à la réalisation), le verdict est sans appel : le seul qui ait réussi cet exercice de style est Alain Chabat, et quand on revient sur ce qui a fait le succés de "Mission Cléopâtre", on se rend compte que c'est essentiellement dû à ce qui n'était pas à l'origine dans l'album : le jeu décalé des personnages (Djamel, Edouard Baer, Gérard Darmon), des jeux de mots réactualisés ("Je capte mal, Itineris"), un comique visuel lié à la musique et un incontestable sens du rythme.

 

On retrouve les mêmes défauts pour cet Astérix que pour "Le Petit Nicolas": une volonté de reconstitution minutieuse mais sans relief qui fige les personnages, une direction d'acteurs aux abonnés absents (la comparaison entre la performance toute en nuances de Luchini dans "Dans la Maison" et celle tout en luchineries ici est accablante) et surtout une absence impardonnable de sens du tempo : chaque scène s'étire, et il y a toujours 12 images de trop au montage pour que le gag tombe pile (c'est d'ailleurs ce qui fait aussi la différence avec l'album, assez remarquable dans son rythme visuel, je pense notamment aux pages dans la Tour de Londinium). Résultat, pour un film qui se veut comique, on ne rit jamais et on s'ennuie ferme ; à 60 millions d'euros le film, c'est quand même bien dommage.

 

Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Samedi 13 octobre 2012 6 13 /10 /Oct /2012 13:59

Film irano-japonais d'Abbas Kiarostami

Interprètes :
Rin Takanashi (Akiko), Tadashi Okuno (Watanabe Takashi), Ryo Kase (Noriaki) 


Like-Someone.jpg

 

Durée : 1 h 49

Note :
  6/10

En deux mots
: Comment filmer brillamment la vacuité profonde
?

Le réalisateur :
Né en 1940 à Téhéran, Abbas Kiarostami
suit des études aux Beaux-Arts.En 1969, il crée le département cinéma de l'institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes. Il réalise plusieurs films ayant l'enfance comme préoccupation : son premier court métrage, "Le Pain et la rue" (1970), ses premiers longs métrages, "Expérience" (1973),  "Le Passager" (1974), "Où est la maison de mon ami ?" (1987). "Close Up" en 1990 marque un tournant, à mi-chemin entre documentaire et fiction. En 1987, "Le Goût de la cerise" obtient la Palme d'Or à Cannes. En 2010, il tourne "Copie conforme" en Italie avec Juliette Binoche.

Le sujet : Akiko, une étudiante qui se prostitue occasionnellement pour payer ses études, se dispute au téléphone avec son copain, Noriaki. Elle accepte finalement d'aller chez un vieil homme, un professeur retraité, où elle passe la nuit. Le lendemain, le professeur la dépose à la fac où l'attend Noriaki. Celui-ci monte dans la voiture du professeur, qu'il prend pour le grand-père d'Akiko.

La critique : Rédiger une critique de ce "Like someone in love" se révèle être un exercice difficile. Première difficulté, lui attribuer une nationalité : film iranien, puisque réalisé par Abbas Kariostami ? Film japonais, puisque tourné à Tokyo, en japonais et avec des acteurs nippons, sans parler du fantôme d'Ozu qui plane au-desus du film ? Film français, puisque produit par Marin Karmitz, qui raconte même qu'il a vendu une éponge d'Yves Klein pour boucler son financement ? Puis vient le moment de lui attribuer une note, et on se trouve partagé entre le 3/10 pour la vacuité du scénario et la lenteur décourageante de la narration, et le 9/10 pour la beauté de la photographie, l'intelligence de la mise en scène, la place accordée au hors champ, le travail de la bande son... 3 + 9 : 2, on mettra 6/10... Ensuite, il faut bien résumer le film, dire de quoi il parle, et là encore, difficulté. La réponse me semble contenue dans le titre, qui reprend une chanson d'Ella Fitzerald qu'on entend chez le professeur : le film parle de personnes qui vivent comme des gens amoureux, mais qui à divers titres, n'en n'ont que les apparences, à l'image de Noriaki qui dit d'Akiko : "Si je la perds, je n'en retrouverais pas une comme elle."

 

Depuis très longtemps, au moins depuis "Close-up", Kariostami place le mensonge au coeur de ses films, ce mensonge dont Asghar Farhadi explique qu'en Iran il est transmis dans l'éducation familiale pour se protéger de la répression politique et religieuse. Ici, il fait dire au professeur en réponse à Noriaki qui lui jetait "Avoir de l'expérience, ça sert à mieux gober les mensonges ?" : "Quand tu sais que la réponse sera un mensonge, ne pose pas la question". C'est bien ce parti pris qu'il a choisi pour le film, celui du mensonge par omission : ne pas tout montrer, que ce soit dans la scène d'ouverture ou bien dans la scène finale interrompue cut avant qu'on ait réalisé ce qui venait de se passer, et entre les deux, que d'ellipses.

 

Le film s'ouvre par le générique sur fond noir, avec des bruits de conversations, puis un plan large, fixe, sur des groupes de gens dans un café, on entend la voix d'une jeune femme, on se demande si c'est une des deux à la table du milieu, ou une de celles derrière le comptoir, avant de comprendre par un regard de la jeune femme à droite, puis un rapide contre-champ, que depuis le début on était en caméra subjective à la place d'Akiko. Et ce sera presque le même cadre, avec juste la vitre qui s'interpose et permet le reflet du patron qui appelle le professeur depuis l'extérieur, et cette fois la caméra devient objective : Abbas Kiarostami ne nous montre que ce qu'il veut bien, le choix d'un cadre étroit obligeant le spectateur à recomposer ce qu'il voit comme les cobayes de ces expériences à qui on met des lunettes qui renversent la réalité et dont le cerveau met quelques heures à la remettre d'aplomb.

 

Murielle Joudet dans Chronicart fait très justement remarquer qu'à quatre reprises dans le film des personnages tombent de sommeil, et elle en vient à qualifier le film lui-même de narcoleptique. Ce n'est pas faux, c'est même assez vrai, tant la volonté de Kiarostami d'aller au bout de son système théorique ne prend absolument pas en pitié le spectateur fatigué : plans séquences de plusieurs minutes, plans fixes sur les personnages mutiques, étirement des scènes, prédilection pour les huis-clos, et particulièrement les intérieurs de voiture, constance depuis "Le Goût de la cerise" et surtout "Ten", filmé de bout en bout dans un taxi. Heureusement, il rentre aussi une dimension hypnotique qui elle, captive, comme ce plan d'Akiko dans le taxi qui écoute les messages que sa grand-mère en visite à Tokyo a laissé sur son portable et où les reflets de la ville filent sur les vitres du taxi, ou le tour de la place où la vielle femme attend alors que coule une larme sur la joue de la jeune fille en route pour assumer sa fonction d'escort girl.

 

A l'exception de Ryo Kase qui joue Noriaki, Kiarostami a choisi des acteurs débutants ou peu connus. Rin Takanashi a une moue qui évoque Shu Qi, et sous ma plume on sait que c'est un compliment ; Tadashi Okuno qui joue le professeur m'a rappelé en un peu plus facétieux Tatsuo Matsumura qui incarnait le professeur dans "Madadayo", le dernier film d'Akira Kurozawa. Film déroutant et exigeant, "Like someone in love" laisse d'abord le spectateur interrogatif, tant sur la signification factuelle de la fin tronquée que sur le sens même de ce qui lui a été donné à voir. Et puis, des images reviennent, des scènes s'incrustent dans la mémoire, et on se dit que même si on a pu piquer du nez en sympathie avec le professeur au volant de sa Volvo, il restera forcément quelque chose de ce film à la fois si japonais et si typique de Kiarostami, et c'est déjà pas mal.

 

Cluny

 

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Mardi 9 octobre 2012 2 09 /10 /Oct /2012 18:43

Film français de François Ozon

Interprètes : Fabrice Lucchini (Germain), Ernst Umhauer (Claude), Kristin Scott-Thomas (Jeanne), Emmanuelle Seigner (Esther)


Maison.jpg

Durée : 1 h 45

Note :  7,5/10

En deux mots : Thriller psychologique retors et brillant sur la maipulation et le processus de création.

 

Le réalisateur : Né en 1967 à Paris, François Ozon intègre la FEMIS en 1990 et rédige une maîtrise sur Pialat. Il réalise de nombreux courts métrages, avant de tourner son premier long en 1998 "Sitcom". Il enchaîne ensuite "Les Amants Criminels" (1999), "Gouttes d'eau sur une pierre brûlante" (2000), "Sous le sable" (2001), "8 Femmes" (2002), "Swimming Pool" (2003), "5x2" (2004), "Le Temps qui reste" (2005), "Angel" (2007), " Ricky" (2009), "Le Refuge" (2010) et "Potiche" (2010)..

 

Le sujet : Germain Germain est prof de français dans un lycée. Alors qu'il se désespère du niveau de sa classe de seconde, il repère la rédaction d'un de ses élèves, Claude, qui raconte comment il s'est fait inviter par un camarade de classe, Rapha, et dont il décrit la famille avec cruauté. Au contact de Claude dont il perçoit le talent, Germain reprend goût à l'enseignement et le pousse à continuer à écrire, et donc à s'immiscer davantage dans la maison de Rapha.


La critique : François Ozon est décidément un cas à part dans le paysage cinématographique français. Ni vraiment cinéaste populaire, ni vraiment tenant du cinéma d'auteur, il pousuit son petit bonhomme de chemin en balayant des genres très différents tout en ayant une remarquable constance. Ainsi, le titre "Dans la maison", objet de la fascination de Claude, pourrait s'appliquer à nombre de ses films : dans la maison à côté de la piscine, dans la maison de campagne du meurtre, dans la maison du patron de l'usine. Ce goût des intérieurs et la place qu'il leur accorde dans les intrigues est ici renforcé par le fait que pour la troisième fois après "Huit Femmes" et "Potiche", Ozon a choisi d'adapter une pièce de théâtre, celle de l'espagnol Juan Mayorga.

 

Pourtant, on n'est pas dans du théâtre filmé comme on pouvait l'être péniblement dans " Gebo et l'ombre", tant Ozon assume toutes les possibilités du cinéma, jouant aussi sur la multiplication des lieux : la maison des Rapha, bien sûr, mais aussi le lycée de béton froid et impersonnel, l'appartement bobo du couple Germain, la galerie de Jeanne, le tout étant encore démultiplié par la place centrale que prend ici la narration sous la forme de la lecture des rédactions de Claude, que nous entendons de sa bouche, de celle de Germain ou même de celle de Jeanne. Car s'il aborde de nombreux thèmes qui ont toujours fasciné Ozon (la manipulation, la perversité, la fascination pour l'extrême jeunesse), "Dans la maison" parle avant tout du processus de création et du lien entre la réalité que l'on vit et la fiction qu'on en extrait.

 

D'emblée, Claude porte en lui une sorte de monstruosité innocente, comme les ailes de Ricky. Lui le matheux sort tout de suite du lot des cancres qui désespèrent Germain qui comme chaqiue année proclame qu'il n'a jamais eu une classe aussi nulle en attirant notamment son attention par la phrase délibérément provocante de sa rédaction : "l'odeur si singulière des femmes de la classe moyenne". D'abord clairement manipulateur comme le suggère sa prose, mais aussi la façon qu'a Ozon de filmer ses sourires, ou son intonation quand il appelle Germain "maestro", il accepte progressivement de se faire manoeuvrer à son tour par son professeur, oubliant son projet de destruction initial pour se laisser hypnotiser par cette Mrs Robinson abonnée au Journal de la Maison.

 

Les trois personnages principaux sont ambivalents : Claude dans son jeu de qui-manipule-qui, Germain dans son clivage entre les obligations morales d'un prof un peu coincé et la fascination pour l'aventure créatrice qu'il vit enfin, et même Jeanne qui fait très vite part de sa désapprobation mais qui est la première voyeuse de l'histoire. Cette dualité des personnages est évidente, et soulignée par Ozon lui-même : le nom de Germain Germain, les jumelles (jouées par Yolande Moreau), les deux Rapha. Progressivement, le récit lui-même bascule dans cette dualité, avec des épisodes qui nous sont montrés comme réels puisque écrits par Claude, puis invalidés par le jugement de Germain, et on finit même par voir Germain apparaître directement dans les scènes qui se déroulent dans la maison des Rapha.

 

Une nouvelle fois, Ozon montre aussi ses qualités de directeur d'acteurs : vis-à-vis de Lucchini tout d'abord, qu'un tel rôle de professeur de littérature aurait pourtant permis de "faire du Lucchini" s'il avait été laissé en roue libre ; heureusement, il retient son jeu et réussit ainsi à montrer les conflits internes qui l'agitent. Ozon joue aussi parfaitement de l'opposition entre le jeu tout en force de Denis Menochet qui joue Rapha-père, et la présence diaphane d'Emmanuelle Seigner. Mais la force du film repose surtout sur la performance d'Ernst Umhauer qui donne au personnage de Claude toute l'ambiguïté nécessaire.

 

Je parlais de l'utilisation par Ozon des moyens du cinéma ; deux exemples, un au début et un à la toute fin. Pour suggérer l'effet de masse et d'uniformité (au sens premier du terme, puisque la rentrée est placée sous le signe de l'introduction de l'uniforme), Ozon filme l'arrivée des élèves devant le lycée puis leur entrée dans l'établissement en accéléré rythmé par la musique électro de Philippe Rombi, les transformant en fourmis empruntant un chemin prédéterminé, puis il les présente, toujours en accéléré sous la forme d'un gigantesque trombinoscope. Le plan de fin nous montre les deux protagonistes face à la façade d'un immeuble aux grandes baies vitrées où dans chaque appartement se passe une action potentiellement romanesque. Ce jeu démultiplié de "Fenêtre sur cour" invoque Hitchcock, auquel on pense tout au long du film, ainsi qu'à Clouzot pour la cruauté lucide. Ces références suffisent à confirmer que "Dans la maison" fait partie des films les plus réussis de François Ozon, et qu'il est même sans doute le meilleur depuis "Swimming Pool".

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques d'octobre 2012 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 7 octobre 2012 7 07 /10 /Oct /2012 10:00

Depuis décembre 2005, 500 critiques, 155 000 visiteurs uniques, 400 000 pages vues.

En avant vers les 500 prochaines !

 

500 b

 

 

Sur 500 films


 8 Dessins Animés

9 Documentaires

483 Fictions

 

50 films réalisés par des réalisatrices, dont 27 françaises

19 films réalisés par des binômes

1 film collectif

 


Par pays et par continents

 

Carte CC

 

Tableau-Pays-copie-1.PNG

 

Capture-Compt.PNG

 

 

Les réalisateurs les plus présents dans ces critiques


 1. Steven Soderberg (6 films)


2. Woody Allen (5 films)
2. Clint Eastwood (5 films)


4. Ken Loach (4 films)

4. Benoît Jacquot (4 films)
4. Jason Reitman (4 films)


7. Lucas Belvaux (3 films)

7. David Fincher (3 films)
7. Francis Ford Coppola (3 films)
7. Joel et Ethan Coen (3 films)
7. Ridley Scott (3 films)
7. Sam Mendes (3 films)

7. Steven Spielberg (3 films)

7. Wes Anderson (3 films)
7. Christophe Honoré (3 films)
7. Gustave Kervern et Benoît Delépine (3 films)
7. Michel Gondry (3 films)
7. Pascal Bonitzer (3 films)
7. Philippe Faucon (3 films)
7. Philippe Lioret (3 films)

7. Xavier Gianoli (3 films)

7. Asghar Farhadi (3 films)
7. Stephen Frears (3 films)
7. Olivier Dahan (3 films)


 

Les meilleurs Films


9/10

 

Three-Times.jpg   Ruban-Blanc-FPC.jpg   une-separation

 

8,5/10

 

Affiche-3-enterrements.jpg  Affiche-Ivresse.jpg  affiche Inside man 2005   Volver.jpg    Affiche-Paris-Je-t-copie-1.jpg

 

Le-Vent.jpg   Affiche-je-vais.jpg  Affiche-The-Queen.jpg   affiche-Les-Infiltres.jpg   Affiche el camino

 

Blueberry.jpg    No-Country.jpg    Affiche-entre-les-murs.jpg    Affiche-l-Echange.jpg    affiche-hunger.jpg

 

Affiche-La-Haut.jpg    Affiche-Prophete.jpg    affiche-vincere.jpg   Affiche-Serious-Man.jpg   Affiche-Tsar-copie-1.jpg

 

affiche-shutter-island.jpg    affiche-des-hommes-et-des-dieux.jpg    affiche-the-housemaid.jpg    Affiche-Moonrise.jpg

 


 et parmi les 57 films notés 8/10, trois que je noterais mieux aujourd'hui :

 

Affiche-Nouveau-Monde.jpg   Affiche-There.jpg   affiche-melancholia.jpg

 


Les pires Films

 

Affiche-300.jpg  affiche-Nord-Coree.jpg  affiche-Apocalypto.jpg  affiche-John-Rambo.jpg  affiche-Asterix-JO.jpg

Par Cluny - Publié dans : Edito - Communauté : Cinéma
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